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Chronique de l'anneau d'hiver : Chronique de l'anneau d'hiver - Chapitre 4

Un Chevalier qui surgit hors de la forêt.
Forêt de Mirabar





Nous nous faufilâmes jusqu'à la sortie sans problème, aucun bruit n'indiquant la présence de nos hôtes, seuls les bruits de nos pas et ceux des battements de mon coeur se faisant entendre. Une fois dehors, nous nous enfonçâmes dans la forêt afin de pouvoir faire le point. Au hasard de notre marche apparut une clairière. Nous choisîmes d'y rester car elle était entourée de sapins aux épines denses et basses sur les troncs. J'élaborai rapidement un périmètre de sécurité à l'aide de quelques pièges et dispositifs d'alerte alors que Conrad chassait et que Tanator préparait de quoi faire un petit feu de veille. Vu la position du soleil, la nuit n'allait pas tarder à tomber. Alors que Tan' venait d'allumer le feu, Conrad revint, deux lièvres posés sur les épaules.
- Les gars, voilà de quoi manger, je vais maintenant aller effacer les traces de notre passage dans la neige, sans quoi ils nous retrouveront en un instant.
- D'accord, mais sois prudent, à ton retour tu auras un bout de ces lièvres. Je ne sais pas toi, mais moi j'ai on ne peut plus faim.
- A tout à l'heure les gars.
Tanator se mit à la tâche, et avec les quelques racines qu'il avait trouvés lors de sa corvée bois, il nous mitonna un petit ragoût plutôt bienvenu, car toutes ces histoires nous avaient affamés. Pendant ce temps, je lui expliquai comment marchait l'alarme. Alors que j'en étais seulement à la goupille retenant l'arbre courbé afin d'actionner une sorte de ressort, ressort qui permettait à une corde passée autour d'une poulie faite avec des rondins d'actionner un petit bout de bois afin que ce dernier viennent heurter la surface d'une flaque, Tanator hurla « STOP » en se portant les mains sur les oreilles.
- Tu as aussi juré ma mort ou quoi ?
- Mais non, je t'aide à passer le temps, et c'est très intéressant, tu ne trouves pas ?
- Oui, mais ce n'est pas le moment.
- Il n'est jamais trop tard pour apprendre à sécuriser son terrain sais-tu !
- C'est pas bientôt fini ce raffut ? J'étais à peine parti que vous vous gueuliez dessus, je ne peux pas vous laisser seul une demi-heure les gars ? Vous voulez qu'on se fasse mettre en pièce maintenant ? Ca, c'était Conrad qui avait sprinté pour revenir au camp, notre discussion nous avait empêchée de l'entendre revenir. Il avait l'air furieux.
- Oui ça va, je me tais, dis-je, l'air boudeur.
Une demi-heure plus tard, il était de retour et il eut droit à son ragoût, mais il y apporta une petite touche personnelle d'après les odeurs sucrées qui émanaient de sa gamelle. Il avait apparemment trouvé d'autres choses comestibles sur sa route. Après cinq minutes d'un repas pris dans un silence pesant, notre ami des bois prit timidement la parole.
- On fait quoi maintenant ?
- On répare nos conneries... lui répondis-je en rongeant un os.
- C'était quoi cet anneau Zouran ?
- Quelque chose qu'on aurait sûrement pas du inventer, je le crains.
- En tout cas, je suis certain que la présence de prêtres d'Auril ET de Loviatar n'indique rien de bon pour la région...
- Tu as raison Tanator, là, tu marques un point.
- Aussi, je suggère qu'on récupère cet anneau et qu'on découvre un peu mieux de quoi il s'agit. Bon, ce doit être la fin de la journée, autant dormir dès que possible.
- Allez, reposez-vous, je prends le premier quart.
- Ca marche Conrad, réveille-moi quand t'en as marre, dit Tanator en repoussant sa gamelle et s'allongeant sous sa couverture.
- A plus tard, et coucou aux bestioles si t'en croises.
- Elles ont l'air de se faire rares malheureusement. Mais merci d'y avoir pensé mon p'tit gnome.

***



- Zouran, réveille toi on est dans la merde ! !
- Quoi, y'a plus rien à manger ? dis-je tout en gardant les yeux fermés. J'avais passé une nuit plutôt difficile, le froid n'aidant pas au repos apparemment. J'avais eu un sommeil sans rêve et je m'étais souvent retourné, n'arrivant pas à trouver une position confortable sur ce sol gelé.
- Ils nous ont retrouvés !
- Quoi Conrad ? ? Là, je me relevai d'un bond.
- Ils sont où ?
- Pas loin, autour de nous, une dizaine je dirais, Tanator est en train de survoler les alentours, prépare-toi, nous sommes dans la merde.
- Ca, tu l'as déjà dit, et là dessus, je m'étirai afin de défroisser mes muscles.
Alors que je remettais ma cape et sortais quelques composantes, Tanator apparut à côté du feu, l'air inquiet, ce qui est généralement considéré comme étant mauvais signe.

Le soleil ne semblait pas encore être levé, et je n'avais pas encore eu à faire mon tour de garde. Le vent froid aida à terminer de me réveiller, et alors que je remettais mes godillots, Tanator sortit un quignon de pain de son sac.
- Zouran, je crois que tu vas pouvoir déchaîner tes talents, on a de la visite.
- Au moins, on doit plus se casser la tête pour savoir comment récupérer l'anneau, il arrive.
- Ton optimisme fait parfois du bien Zouran, mais si combat il y a, essaie de concentrer tes monstruosités sur l'ennemi.
- Mais voyons Conrad, tu ne sais même pas de quoi tu parles. Si t'es encore en vie à la fin, je te montrerai ce que Tanator redoute tant.
- Je m'en passerai volontiers. Bon, Tan', résume-nous ce que t'as vu.
- Il semblerait qu'il ait vu notre petite troupe, dit une forte voix provenant de la lisière de la forêt.
- Nous vous avons longuement cherchés, vous ne pouviez pas rester dans votre cage non ? cracha une seconde voix. Nous tournions la tête dans tous les sens afin de repérer nos ennemis, mais nous ne voyions rien.
Là-dessus, Alarkan, Kel'Syrtas et une dizaine d'autres personnes surgirent autour de nous, nous étions encerclés.
- Allons Alarkan, ils t'ont tout de même procuré ton artefact, dit Kel'Syrtas en s'approchant de lui.
- Oui c'est juste. Messieurs, je tiens à vous remercier de nous avoir ouvert l'accès à l'Anneau d'Hiver... Anneau qui causera votre perte. Adieu.
Il tendit son bras droit vers nous, et un mince rayon bleuté jaillit de son poing, venant en ligne droite vers nous. Nous parvînmes à l'éviter, moi en baissant la tête et Conrad en plongeant sur le côté, l'elfe s'étant lui élevé de quelques mètres. Le rayon finit sa course contre un arbre et ce dernier se transforma en une statue de glace, chose que je constatai avec un frisson dans le dos. Et aussitôt après, dix hommes en armures vinrent à notre rencontre, l 'épée brandie. Trois au sud, trois à l'est, trois à l'ouest et un au nord. Et à chacun de ces points cardinaux se trouvait, en retrait, un dernier homme ; probablement des prêtres. Au nord, Alarkan et Kel'Syrtas se trouvaient de part et d'autres d'un homme en robe noire, tenant fermement un bâton et fouillant dans ses bourses après quelque chose... Un mage. La partie allait être serrée.

Afin de rapidement diminuer les effectifs ennemis, Tanator et moi-même lançâmes une boule de feu sur les guerriers, en train d'approcher dangereusement. Les côtés est et ouest furent soufflés, et seuls deux guerriers à l'ouest se relevèrent. Conrad nous entoura d'un anneau de feu afin de nous permettre de nous protéger du corps à corps qui allait s'engager, ce qui nous permit de nous entourer d'images miroir juste avant qu'une vague de froid vienne nous glacer le sang. Après cela, je décidai de rejoindre Tanator en l'air afin d'être moins vulnérable alors que Conrad se recouvrit d'une couche de bois et reçut la bénédiction de son dieu, qui se répercuta sur nous. Mais juste après, nous sentîmes une sorte de présence malveillante commencer à nous oppresser légèrement, venant contrer les effets de la bénédiction. Pendant ce temps, Tanator avait relancé une boule de feu en direction du nord. Lorsque je m'élevai, je pus voir qu'il avait malheureusement raté Kel'Syrtas mais qu'Alarkan et le mage avaient été pris dans la tourmente. Je décidai alors d'immobiliser et blesser si possible les prêtres et le mage. Lorsque mon dernier tentacule de poulpe disparut de ma poche, une bonne dizaine de tentacules noirâtres et longs d'au moins deux mètres chacun surgirent du sol et commencèrent à onduler de gauche à droite, tentant de se saisir des personnes présentes aux environs. Les jambes de Kel'Syrtas se firent encercler par deux tentacules et elles le firent tomber à terre, alors que le mage disparut pour réapparaître quelques mètres plus loin et enchaîna immédiatement avec un éclair qui se dirigea vers moi. Étant en pleine ascension, j'eus du mal à l'esquiver entièrement, et je reçus une violente décharge électrique qui me grilla le flanc gauche et m'arracha un cri de douleur. Ma robe venait de perdre un bout d'étoffe alors qu'à mon nez parvenait une odeur de viande cuite. Pendant ce temps, Tanator livrait un combat sans répit au prêtre à l'est. Le fidèle d'Auril avait tenté de le mettre dans une zone de silence, mais il résista au sort et en remerciement, il lui avait envoyé des flèches enflammées ; deux d'entres elles étant encore fichées dans son corps, une dans sa jambe droite et l'autre dans sa poitrine. Ses vêtements étaient roussis et il semblait émaner de lui des fumerolles. Ensuite, le prêtre avait confectionné une arme magique pour attaquer à distance, mais Tanator l'acheva grâce à des projectiles enflammés. Mais c'est avec horreur qu'il découvrit une sphère de glace, venant du nord, volant à toute vitesse à sa rencontre.

Alors que Tanator faisait face au prêtre, Conrad avait tenté de se débarrasser des trois guerriers, toujours derrière le mur de feu. Il s'était concentré pendant un long moment et durant ce temps, les épines des sapins environnants s'étaient mises à se détacher des arbres et venir tournoyer autour de lui, en formant une espèce de tourbillon vert. Et alors que Tanator dissipait l'arme du prêtre et que je me prenais l'éclair, le tourbillon d'épines partit en un instant sur les cinq guerriers encore en vie. Ils se retrouvèrent transpercés de toute part et retombèrent sur le sol, morts, le corps en charpie. Sur ce, il dissipa son mur de feu. A ce moment, une sphère glacée éclata au milieu de notre petit groupe, nous privant d'air et nous gelant chairs et poumons. Étant en hauteur, je ne fus que légèrement touché, ce qui ne fut pas le cas de Conrad, sur qui une mince couche de glace s'était formée. Alors, je lançai mon rayon paralysant sur le mage, mais le ratai alors que lui dissipa mes tentacules. Quand la furie des aiguilles se fut apaisée, une boule de feu, surgit de derrière les Hauts Prêtres d'Auril et de Loviatar, leur éclata dessus. Après la vague de flammes, la stupeur put se lire sur leur visage. A ce moment, le mage appela les deux prêtres. Ils se ruèrent sur lui alors qu'un imposant chevalier monté sur son destrier les chargeait. Lorsque les prêtres touchèrent le mage, tous trois disparurent et le chevalier arriva une seconde après là où ils se tenaient l'instant d'avant. Alors, il changea de cible et se dirigea vers le prêtre à l'est de notre position. Voyant cela, Tanator et moi nous concentrâmes sur le dernier, au sud. D'un regard, nous fûmes d'accord, et quelques secondes plus tard, cinq projectiles magiques partirent des doigts de Tanator en ligne droite vers l'ennemi, alors que l'énergie de mon sort se concentra autrement que je ne l'avais espéré, et le hiatus qui s'ensuivit forma un projectile grisâtre qui partit également sur le prêtre. Lorsqu'il fût heurté par les projectiles de Tanator, il s'effondra, mort. Mais quand ma sphère entra en contact avec son corps, ce dernier se mit à flotter à deux mètres du sol, inerte.

Derrière nous, le chevalier mettait le prêtre en pièce. Il l'avait chargé et le prêtre s'était retrouvé désarmé. En vain il avait tenté de fuir, et lorsque sa tête roula sur le sol, le cheval de l'inconnu se cabra, son cavalier brandissant haut sa hache en clamant le nom de son dieu :
- Pour toi Grumbar !
Après cela, il fit faire demi-tour à sa monture et avança vers nous tandis que nous nous rassemblions, moi toujours en l'air, à un mètre du sol, Tanator étant redescendu quelque peu avant. Arrivé à deux mètres de nous, la montagne de muscle et d'acier s'arrêta, descendit de cheval, et lentement ôta son heaume. De courts cheveux châtains foncés ornaient un visage découpé à la hache. Fier et dur, son regard se posa tour à tour sur chacun de nous. Ses yeux bruns semblaient refléter une détermination sans faille. Son armure de plate, recouverte de différentes runes, lui donnait un air quelque peu étrange. Mais une force indéniable se dégageait du colosse, qui devait bien faire deux fois ma taille. Mais c'est surtout sa hache qui m'a marqué, jamais je n'en avais vu une aussi grande. Le manche à lui seul m'égalait en hauteur. Et la vue de cette double lame au bout de ce manche, encore dégoulinante du sang de sa dernière victime, avait de quoi forcer le respect.
- Bonjour messieurs, Balkoth Kermag, pour vous servir.
- La bonne rencontre chevalier Tolgarien, vous êtes bien loin de chez nous, mais je suis heureux que nos routes se soient croisées.
- Tu veux dire qu'il est aussi d'Athalantar ? Mais c'est au sud d'Eauprofonde tout de même.
- Exact messire gnome, je viens de bien loin, et il semble que la providence m'ait guidée jusqu'à vous à temps.
- Mais si nous faisions connaissance après nous êtres éloignés d'ici ? proposa Conrad.
- Très riche idée, je ne tiens pas à recroiser ces prêtres maintenant.
Et c'est en discutant avec Balkoth que j'entamai la fouille des corps. A part leurs armes et armures, d'assez belle facture, nous ne trouvâmes pas grand chose, mais sur les corps des prêtres, Conrad put recueillir des fioles et des rouleaux de parchemins ainsi que deux bourses contenant quelques pièces d'or, mais pas de réel butin.
- Leur butin doit se trouver dans le temple, si butin il y a, commenta Tanator.
- Mais dites-moi, vous êtes un mage du feu d'Athalantar, c'est bien cela ?
- Tout à fait exact, actuellement je suis Pyromage, ce qui est un grade intermédiaire dans la hiérarchie. Mais je compte rapidement monter les échelons, car ça ne devient marrant que par après. Mais vous-même, vous êtes quelqu'un d'important dans votre ordre ?
- Hélas pas encore, mais j'y aspire. Car vous saviez que les Champions de Mythril reçoivent une armure tout en Mythril ? Vous imaginez l'aisance avec laquelle on peut combattre avec une telle chose sur le dos ? Oui, un jour, j'en aurai une également...
- En attendant, aidez-moi à creuser un trou. Nous allons enterrer leurs armes et armures, au cas où nous en aurions besoin plus tard. Ensuite, je propose qu'on s'arrête dans un endroit sûr, histoire de faire le point et de réfléchir à la suite.
Et une vingtaine de minutes après que le combat eut pris fin, nous quittions la zone. Nous suivions le druide, qui d'un pas sur, s'avançait dans la nature. Pendant que nous creusions, il avait entrepris d'interroger la nature afin de nous trouver un abri. Et à présent, il nous y guidait. Après un quart d'heure de marche, il s'arrêta et nous désigna un renfoncement sous le sol, une espèce de terrier situé sous un pin mais à l'entrée très large. Il posa ses mains à plat sur l'écorce de l'arbre et devint immobile, comme en transe. Quelques longues secondes plus tard, il se tourna vers nous. J'allais lui demander ce que c'était lorsqu'il prit la parole :
- L'ours qui y habitait est parti depuis deux semaine selon le pin que j'ai interrogé. Je ne pense pas qu'il reviendra. Mais je vais tout de même inspecter les lieux avant, on ne sait jamais.
- Au pire des cas, tu lui serviras de repas, ce qui finalement n'est pas si mal, tu aideras ainsi encore plus la nature, lui dis-je en tapotant le bas de son dos.
- Merci, c'est très gentil de ta part, mais quoi qu'il advienne, je reviendrai te hanter malgré la mort.
- Héhé, j'aimerais voir ca, lui répondis-je en lui bottant les fesses.
- Allez, va te faire dévorer, et n'oublie pas de dire bonjour au grand cerf avant de revenir me hanter. Et il disparut dans la noirceur du sous-sol.
Après quelques minutes, il réapparut dans l'entrée de la tanière et nous fit signe de le suivre. L'abri était donc sûr.

***



- Tu sais que tu tombes doublement bien ? Nous n'avions plus de nourriture en stock, dis-je à Balkoth en dévorant un quartier de viande séchée.
- C'est à dire que j'avais entendu parler d'aventurier dans la région de Mirabar, alors je suis parti à votre recherche. Je suis en quête d'aventure, la vie à la caserne est on ne peut plus ennuyeuse.
- Bein je ne sais pas vous les gars, mais pour ma part il peut rester dans l'équipe, dis-je tout sourire en donnant une tape dans le dos de Balkoth
- Évidement, un guerrier de sa valeur, ça ne se refuse pas.
- Et de plus, je me porte garant de lui, un Chevalier de notre Saint Ordre Élémentaire est un allié de choix. Et bien, soit le bienvenu dans notre petite troupe.
- Merci les gars, mais dites-moi, sur quoi êtes-vous pour le moment ?
- On est en chasse.
- Ouep, on chasse le prêtre. N'est-ce pas Tanator ?
- Oui, nous avons deux gars en vue, et ils devraient se planquer s'ils veulent rester en vie.
- Mais qui sont-ils ?
- Alarkan Froid Regard, haut prêtre d'Auril et Le Grand Supplicieur Kel'Syrtas, prêtre de Loviatar.
- Je ne connais pas, mais ne serait-ce pas les deux qui se sont téléportés à mon arrivée ?
- Exactement, et laisse moi te dire qu'ils nous ont mis en pétard, nom d'une caisse à outil !
- Pourquoi parles-tu d'outil tout d'un coup ?
- Bein pour nous les gnomes, les outils sont des objets sacrés, aussi nous jurons sur eux, plutôt que sur nos vies ou la parole d'un dieu, tu comprends ?
- Ces gnomes... Mais ton teint est fort sombre pour un gnome classique, d'où viens-tu ?
- Tu as raison, je ne suis pas un gnome des rochers comme les humains les appellent. Mon père était commerçant en bijoux, et il allait régulièrement s'approvisionner à Blingdenstone, ville située en Ombreterre, non loin de la cité drow de Menzoberranzan, tu en as sans doute entendu parler. Et ma mère était une habitante de Blingdenstone. Un jour, mon père a laissé tomber son commerce et s'est établi avec ma mère. Je suis donc une espèce de mélange entre un svirfnebelin et un gnome « classique ». J'aurais pu rester en Ombreterre mais que veux-tu, les aléas de la vie sont ainsi faits, et à cause de deux trois malheureux incidents, on m'a demandé de quitter la région...
- Attends, tu es en mélange de gnome et de quoi ? Il avait l'air perdu, le preux chevalier...
- Un svirfnebelin, gnome des profondeurs si on traduit en commun. Mais pardonne-moi, je me suis emporté, je n'ai pas été trop vite ?
- Non non, j'ai compris, merci. Je comprends mieux la raison de ta couleur de peau, mais chez vous, vous vénérez Grumbar alors ?
- Le dieu des Cailloux ? Bien entendu, il y a de nombreuses cérémonies en son honneur, surtout lorsque nous entamons l'exploitation de nouvelles galeries dans les mines. Mais je ne suis pas un de ses adeptes. Je suis un fidèle de Séluné, son dogme est vraiment celui que je recherchais. Vois-tu, il y a quelques semaines, nous étions au...
- Ah oui. Et demain, on fera quoi ? Balkoth semblant ne pas s'intéresser au passé mais bien au futur, je lui répondis.
- Demain ? Mais la matinée est à peine entamée !
- Peut-être, mais tes compagnons se sont endormis.
- Mais enfin, nous avons à peine fait quelque chose de notre journée, et voilà qu'ils se reposent. Soit, nous irons au temple de nuit alors. Si nous continuions à papoter ?
- D'accord, tu me parlais de ton passé là tout de suite, qu'as-tu fais pour devoir quitter les tiens ?
- Hé bien plutôt que de raconter tout par épisode, je vais te conter l'ensemble de ma jeunesse. Installons-nous au chaud, on sera plus à
l'aise.
Après avoir sorti une gourde du sac, je m'enroulai dans ma couverture, alors que Balkoth commençait à retirer son armure.
- Tu pourrais me donner un coup de main ? Ca m'évitera de me tordre dans tous les sens.
- Pas de problème, mais alors mets-toi à genoux. Je dois faire quoi ?
- Tu vois la lanière entre les deux morceaux de métal sur mon bras là, la cubitière et le brassard ? Il faut la desserrer. Oui comme ça, et maintenant, on va faire la même chose de l'autre côté.
- Que sont ces runes sur le plastron ?
- Ah, ces runes renferment l'énergie du plan élémentaire de la Terre, et elles me permettent d'avoir recours à quelques sorts.
- Ah, c'était de toi la boule de feu qui a surgi du bois durant le combat alors !
- Bein oui, elle n'est pas venue toute seule, mais ce n'était pas une boule de feu, c'était un genre de petite comète.
- Mince alors. Mais c'est surpuissant ça ! Et tu sais lancer quoi d'autre ?
- Oh, surtout des sorts d'appoint, comme un sort qui renforce l'efficacité de mes muscles, me soigner, ce genre de choses quoi.
Tout en discutant, je continuais de desserrer courroies et sangles.
- C'est bien foutu ces armures, j'essayerais bien d'en faire une un de ces jours.
- Ne rêve pas petit Zouran, il faut des années de travail pour arriver à un tel degré de maîtrise.
- Oh je m'en doute bien, mais juste essayer de forger une pièce, histoire de me rendre compte du boulot que ca demande et d'ainsi encore mieux pouvoir apprécier un travail bien fait. Tu comprends, j'aime découvrir les choses, les comprendre et ainsi mieux apprécier le monde dans lequel je vis.
- Moi, tant que j'ai une hache pour couper ceux qui m'emmerdent, j'ai de quoi apprécier le monde, dit-il en se pliant de rire. Et j'en profitai pour lui mettre un peu de poil à gratter dans le dos.
- Hey mais c'est quoi ça ? Zouran ! !
- Chuut tu vas réveiller les deux autres, lui chuchotai-je en portant un doigt à ma bouche.
Et ainsi, il se tortilla pendant de longues minutes, le visage rouge de colère, mais surtout à cause du poil à gratter je pense. Il essaya d'abord d'aller sous son armure, mais il se rendit vite compte qu'il ne pouvait accéder au bas de son dos, aussi il entreprit d'ôter le plastron le plus vite possible. Quand il eut fini de se tortiller et de se gratter, il tourna vers moi un regard quelque peu mauvais. Et je me roulai en boule dans mes couvertures, tout en me tordant de rire.
- Ah c'est hilarant, c'est ca, marre toi seulement, et étouffe toi dans ta couverture. Il n'avait pas l'air d'avoir apprécié ma blague, pourtant très drôle.
- Mais c'était pour te souhaiter la bienvenue, ce n'était pas bien méchant.
- Tu vas voir, ma hache non plus n'est pas méchante, murmura - t'il du bout des lèvres avec un grand sourire. Allez, repose-toi, ce soir on aura du boulot si j'ai bien compris.
- D'accord, mais juste une dernière question : où est ton cheval ?
- Je l'ai envoyé pas loin, il surveille, il sait se montrer très discret sais-tu.
- Ah ok, bon je vais me reposer alors, réveille-moi dans trois ou quatre heures.

Zouran

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