Le Monde des Ténèbres - Rencontres : 04 - Voyages...

La suite de ces petites chroniks avec certainement un belle surprise à la fin : à la demande express de Go@t !

Celle-ci est en trois parties.

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Je roulais tranquillement sur une route, on ne peut plus connue, la grande 66... Sous mon corps, les vibrations de ma machine étaient rassurantes. Vous vous demandez peut-être ce que l'on peut faire sur cette route, vide, mais historique. Et bien, c'est ma vie, mon habitude, mon bonheur et mon désir. Le voyage est tout pour moi. Ne me prenez pas pour ce que je ne suis pas, je ne suis pas un vagabond. Je ne suis pas non plus quelqu'un de présentable, mais je suis toujours là quand on a vraiment besoin de moi. Je ne fais que passer, je ne suis jamais un poids, je reste un moment puis je disparais comme si de rien n'était.

J'étais là parce que je prenais des vacances. Mais aussi parce que je cherchais quelques personnes que j'avais perdues de vue depuis les lustres, un certain Docteur Stuart, spécialiste en archéologie. Et je roulais simplement pour le plaisir, pour me sentir libre. Quand...

Dans le lointain, une explosion illumina un ciel entre chiens et loups, brûlant de ce que les anciens appelaient le Mana. Les plus jeunes l'appellent maintenant Quintessence. Quelle différence, ce ne sont que des mots, rien de comparable avec la sensation formidable de le sentir couler en vous. Je tournais la poignet de ma Harley qui poussa un hurlement de plaisir.

Nous arrivions à la limite d'une zone semi-désertique de l'Oklahoma, assez loin de toute habitation pour que les frasques d'un mage ou d'une fée ne risquent pas de déranger des Dormeurs. Ce qui m'étonnait, c'était la violence de l'explosion. Une correspondance ou un Périple ne pouvait pas être à l'origine de ce type de phénomène de transport. Et croyez-moi, je connais de milliers de moyens d'aller d'un endroit à un autre.

Alors que j'atteignais l'endroit de « l'impact », je compris que ce que je venais de voir n'était ni intentionnel, ni contrôlé. Un bras énorme reposait, arraché, à quelques mètres de l'endroit où je me trouvais. Il était velu et purulent, il dégorgeait d'un sang verdâtre à l'odeur d'encaustique et d'acide. Un Formori ? Que venait-il faire seul dans un coin aussi sauvage ? J'examinais rapidement le cratère laissé par l'explosion. De l'autre côté, il y avait un corps, peut-être humain, mais avec la distance et la fumée, je ne pouvais l'affirmer.

Autant prendre quelques précautions. Je sortis ma fidèle Winchester, un modèle 94 Héritage vaguement modifié par mes soins pour faire face à ce type de problème, je veux dire par là des choses pas très « naturelles ». Je fis le tour du cratère, qui devait approcher les 15 mètres de diamètre et regardais le corps. C'était un corps humain, je ne m'étais pas trompé, il était bien trop petit pour être celui d'un adulte. Un gamin, certainement de 13 ou 14 ans. Cela confirma mes soupçons sur la nature incontrôlée du phénomène. Je sentis un puissant Vortex se dissiper dans les environs du cratère. Il n'y avait qu'une seule raison pour qu'un Vortex se crée dans cet environnement et disparaisse aussi vite qu'il est venu. Et cette raison, c'est l'instant Nova. J'accrochais la Winchester dans mon dos, et me penchais sur le corps au sol. Il portait une veste de treillis militaire dont la capuche cachait son visage. Ce que je pus rapidement remarquer c'est qu'il respirait encore, pas énormément, mais c'était déjà un espoir.

Ah oui, j'ai certainement dû oublier de vous parler de mon plus grand défaut : je suis d'une curiosité maladive. C'est aussi un peu pour cette raison que je suis connu pour toujours me trouver dans les mauvais endroits aux bons moments.

Après m'être assuré, par quelques moyens ésotériques de ma connaissance, que le corps n'avait pas subi de dégâts qu'un mouvement aurait pu rendre fatal. Je tournais le corps. C'était un jeune garçon, de 13-14 ans, qui portait des cernes d'un noir profond. Ce que je pus déduire de sa respiration maintenant plus dégagée et ample, c'est qu'il dormait. La première chose qui me vient à l'esprit est certainement : « Je connais ce garçon. » J'étais parfaitement incapable de savoir où je l'avais vu mais j'étais persuadé de l'avoir déjà rencontré quelque part.

Je posais sa tête sur mes genoux et testais son pouls. Il n'y avait aucune inquiétude à avoir pour sa vie. Il dormait simplement. Comment pouvait-on dormir après avoir été attaqué par un Formori ? Ce mystère m'intriguait de plus en plus.

Le ciel se couvrit rapidement. Je n'avais d'autre choix que de trouver une solution pour passer la nuit. D'après la carte que je portais toujours sur moi, il y avait encore une centaine de kilomètres avant la prochaine ville digne de ce nom. Et chercher un motel entre ici et Bordertown serait certainement vain. Je n'avais donc pas d'autre choix. J'étendis ma conscience jusqu'à mon refuge entre les mondes et je fabriquais le Vortex qui nous permettrait de le rejoindre, c'est mon pouvoir.

Une fois à la maison, Je laissais ma Harley dans le garage et transportais le corps du jeune homme jusque sur le sofa. Je lui retirais chaussures et veste de treillis et le laissais dormir après l'avoir couvert.

Je m'installais dans le fauteuil qui lui faisait face et regardait un peu ses papiers. Stephen Bailley. Ce fut plus la photo du passeport que le nom qui me rappela quelque chose, c'était dans le journal que je l'avais vu. J'avais d'ailleurs trouvé l'article déplorable. C'était une sorte d'avis de recherche sur sa personne pour le meurtre de onze de ses camarades ainsi que de l'incendie d'un bâtiment. Ce qui m'avait fait dire que ce n'était qu'une supercherie orchestrée par les hommes en noir, c'était le peu de descriptions. Les journaux étaient toujours friands de détails généralement sordides et morbides. L'article n'en possédait pas un seul. J'avais eu beau chercher dans tout les tabloïds pas un mot sur les détails de l'évênement.

Lorsqu'il se réveillerait, j'aurais certainement les détails qui me manquaient pour assouvir ma curiosité. Je secouais la tête, qu'allais-je bien pouvoir faire de lui ? Je n'eus pas besoin de chercher bien loin pour comprendre qu'il était dans un pétrin bien plus noir que je ne le pensais à la base. Il avait dû tuer un Formori avant cet instant Nova qui l'avait amené dans l'Oklahoma. Il avait donc un certain nombre de monstres sur le dos. Je trouvais aussi une carte de visite au nom de Walter Downing dans son portefeuille. Lui c'était un politicien, un Ordonnateur du Pouvoir. Presque aussi dangereux que les Formori mais beaucoup plus prévisible. Et pour compléter le tableau, le jeune homme ne trouvait rien de mieux que de foutre le souk en ville... Il avait donc un groupe de la Réduction des Dégâts de la NWO sur le dos. Treize ans et autant d'ennemis que de cheveux, ça ne présageait rien de bon pour les dix ans à venir. Il avait évité les Saans c'était déjà un bon point.

Il venait aussi de se faire un ami, en tout cas potentiellement.