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Le Monde des Ténèbres - Rencontres : 03 - Politique

Dans un autre style, la suite de votre apéritif.

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Walter Downing regardait par la baie vitrée qui faisait office de mur extérieur à son bureau au 28e étage d'une tour de verre et d'acier. Depuis qu'il avait lu le journal, ce matin, plusieurs choses importantes le tracassaient. La journée ne s'était pas bien passée et maintenant que le ciel était noir, il devait faire au plus vite pour réparer les dégâts. Il entendit la porte se refermer derrière lui et imagina que Dominic avait, comme à son habitude, fait une entrée plus que discrète. Ce garçon l'ennuyait souvent mais c'était un surdoué de l'information, c'était d'ailleurs l'un des meilleurs éléments de son staff.

- Que veux-tu, Dominic ?
- Monsieur, je ne voulais pas..., répondit le jeune homme.
- Je sais, mais ce n'est pas la question. Je ne vois pas de solution et j'aimerais aussi comprendre ce qu'il se passe. Ça fait deux incartades en moins de trois jours, c'est étrange.
- J'ai quelques informations. Le jeune qui a provoqué l'explosion d'hier soir ce nomme Stephen Bailley, c'est un abandonné. Il est possible de penser que c'était son premier instant Nova.
- Savez-vous où trouver ce jeune homme ?
- Oui, Monsieur, il vit en banlieue dans une petite maison d'un quartier de classe moyenne.
- Et il a quel âge ?
- 13 ans, Monsieur.
- C'est un peu jeune pour un instant Nova, non ?

Walter se retourna pour faire face à son secrétaire qui ne devait pas avoir plus de vingt ans. C'était un garçon un peu efféminé, qui portait un costume gris qui ne lui allait pas du tout et dans lequel il semblait engoncé. Dominic releva ses lunettes et chercha quelques instants dans ses papiers, comme si la réponse pouvait s'y trouver.

- Je te demande ton sentiment, dit Walter un peu brusquement.
- Je... Je ne sais pas, Monsieur. Il n'y a pas de statistiques sur le sujet.

Son dédale se voyait comme le nez au milieu de la figure, pas de base, pas de réponse. Il ne pouvait pas faire un choix sans un écrit pour l'appuyer.

- A-t-on envoyé des protecteurs pour ce jeune homme ?
- Monsieur, je ...
- C'est bien la procédure, non ?
- Oui, mais...

Walter se massa les tempes. Cette journée n'en finirait donc jamais ?

- Vous savez ce qui va se passer si ce jeune homme tombe dans les mains de nos ennemis ?
- Oui, Monsieur.
- Je ne veux pas que nous perdions une recrue comme cela.
- Bien, Monsieur. Je fais le nécessaire de suite.
- Parfait et priez pour qu'il ne soit pas trop tard.

Dominic sortit rapidement du bureau. Walter fit de nouveau face à la fenêtre, regardant le ciel qui s'emplissait de nuages plus que menaçants. Son fils avait fini dans les mains des hommes en noir et il avait toujours du mal à contrôler ses sentiments quand la même situation se présentait.

- Notre accord n'a pas été respecté, Monsieur Downing, dit une voix derrière lui.
- Lord Astings, je ne vous attendais pas de si tôt.

Il se retourna une nouvelle fois, c'était de pire en pire.

- Je ne vous comprends pas bien, Lord Astings, dit-il au personnage installé dans l'un de ses fauteuils, en face de son bureau. La mission que vous nous aviez confiée a été réalisé dans les temps, me semble-t-il.
- Il était convenu que nous ne devions pas être soupçonnés. Un Nosferatu a été témoin de la scène.
- La cible a bien été retirée, il me semble.

L'homme en face de lui était un jeune aristocrate au costume démodé, mais il n'était pas dupe, c'était une créature de la nuit pas un humain. Il devait certainement avoir au moins le double de son âge, d'ailleurs.

- Ce n'est pas de cette partie du contrat dont je vous parle. Votre homme devait faire les choses de façon à ce que l'on croit que c'était une faction adverse qui bougeait enfin.
- Vous ne lui aviez pas tout dit, d'après ce que j'en sais. Comment voulez-vous que mon "homme" fasse les choses dans les règles de l'art si vous ne lui donniez pas toutes les pièces du puzzle.
- Ce sont nos règles, Monsieur Downing.
- Je ne peux que vous comprendre, mais cette personne ne pouvait pas faire ce que vous vouliez sans ces informations.

Il avait gagné. Ce que ne savait pas son interlocuteur, c'est qu'il avait fait les choses de façon à ce qu'une partie de la mission échoue.

- Il me sera difficile de sortir votre homme des griffes des Nosferatus, je ne suis pas en très bons termes avec ces "monstres".
- Je crains de les comprendre. Vous ne trouverez pas beaucoup de personnes qui aiment qu'on les traite de monstre. Quand à mon "homme", ne craignez rien pour lui. Il saura certainement s'en sortir mieux que si vous tentez de l'aider.
- Très bien, l'homme fit glisser une mallette sur le bureau, vos honoraires.

Il disparut en un léger brouillard. Walter avait horreur de ces manières, mais on ne pouvait pas changer les habitudes d'une personne de plus de cent ans, c'est trop tard.
Il posa une main sur le cuir de la mallette mais ne l'ouvrit pas. Il savait parfaitement que ce qui s'y trouvait était ce qu'il attendait. Maintenant, il n'avait plus qu'à finir le travail. Il s'installa dans son fauteuil et prit le téléphone. Il composa le numéro d'un bar en ville.

- J'aimerais parler à Alicia Stone, s'il vous plait, dit-il au barman qui venait de décrocher.
- Très bien, Monsieur Downing.

Quelques instants passèrent.

- Que puis-je pour vous, Walter ?, dit une voix féminine.
- C'est moi qui peux quelque chose pour vous, Alicia. Le Prince sort à l'instant de mon bureau. J'ai les preuves que vous vouliez. Il est évident que ce ne sera pas gratuit.
- Je m'en doutais un peu, Walter, vous voulez toujours ce tableau de Picasso ?
- C'était le prix convenu.
- Très bien, je passerai dans la soirée de demain pour régler les derniers détails.

Il raccrocha. Rien de tel qu'une fin de soirée comme celle-ci pour se remettre sur pied. Les Nosferatus avaient les infos qu'ils voulaient avoir. Les Toréadors avaient trouvé un moyen de se débarrasser du Prince et il avait suffisamment de preuves pour faire tomber une partie du Clan Ventrue. Maintenant, il reste cette histoire d'instant Nova. La présence d'un Formori dans les murs de la cité ne lui disait rien qui vaille. Il devait en avertir la Tribu des Seigneurs de l'ombre. Que pouvait-il bien en tirer ?

Nehwon

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