Le Monde des Ténèbres - Rencontres : 05 - ... Entre...

Stephen

Lorsque j'ouvris un oeil, je me demandais ce qu'il avait bien pu m'arriver. Puis je me souvins que les plus terribles cauchemars peuvent se réaliser et que j'étais certainement en train de vivre le plus abominable.

J'avais tanné ma soeur pour qu'elle me traîne à l'unes des soirées qu'elle faisait avec ses amis, simplement parce qu'il y avait une fille qui me plaisait beaucoup dans le tas. J'avais fumé des trucs pas net et pas mal picolé ce soir là, je me suis alors étalé seul, sur un pieu et je me suis endormi. Quand je me suis réveillé au beau milieu de la nuit, ils étaient tous morts. Maman m'avait toujours dit que les monstres n'existaient pas, elle se trompait terriblement. C'était gros, simiesque, ça sentait l'acide et l'ordure, et ça portait le bras de ma soeur dans une de ses mains, une de ses quatre mains. Il s'est passé un truc bizarre, je me suis réveillé chez moi, dans mon lit, je me souviens de rien entre ces deux moments.
Ca avait empiré, des hommes qui se présentaient comme des représentants du FBI m'ont arrêté, ils m'emmenaient je ne sais où lorsque notre voiture fut attaquée par une horde de créatures monstrueuses, et l'un des hommes en noir a fait sortir une mitrailleuse lourde de son épaule.
J'ai couru hors de la voiture. J'étais dans une forêt. Je ne savais d'ailleurs pas comment je m'étais retrouvé aussi loin de ville en aussi peu de temps. Mais je me savais aussi poursuivi par ces bêtes, et savoir ce que je faisais là n'était pas ma priorité. Elles m'ont rattrapé, enfin, quelques unes d'entre elles, et je me suis cru mort à ce moment, mais une nouvelle agression a eu lieu. Des êtres mi-homme mi-loup, d'une force et d'une rapidité incroyable. L'un d'eux se battait avec un énorme couteau dont la lame brillait comme de l'argent.
Maman m'avait toujours dit qu'il ne fallait pas croire aux loups-garous. Je peux dire que j'y crois maintenant. Mais je ne veux pas y croire.
L'une des créatures immondes m'a sauté dessus, je me suis dit que je ne pourrais pas faire face, mais une petite voix, en moi, m'a dit que si je la laissais sortir pendant un moment, je survivrais. Bizarrement, je n'avais pas vraiment envie de la croire, mais je ne voyais aucune autre solution. Alors, j'ai fait ce qu'elle disait, je n'avais pas dormi depuis plusieurs jours, je ne savais plus vraiment où j'étais. Je me suis enfoui en moi, laissant cet autre moi faire comme il entendait.

Je vais tenter de voir si le cauchemar continue. J'ai terriblement peur de savoir où je suis. Je me sens bizarre, comme hors du temps. Je me sens presque mort, pourtant, je veux comprendre. Pourquoi moi ?


Jet

Ça y est, il ouvre un oeil, ce n'est pas trop tôt, remarquez ! Ca fait plus de 17 heures qu'il dort. Maintenant, je commence par quoi ?

« Salut, Tu n'as rien à craindre de moi, j'espère que c'est réciproque... »

Et voilà, je suis toujours terriblement empoté avec les entrées en matière. Il ne semble pas vraiment réagir, il doit se méfier.

« Vous êtes qui ? Je suis où ? »

Oui, ce n'est pas totalement perdu. On va tenter d'être plus convainquant.

« Je m'appelle Jet Edward MacLeenen et tu es chez moi. Je sais que tu as eu d'énormes problèmes dernièrement, et vu ton état de fatigue ainsi que ton état mental actuel, tu as subi tout cela sans comprendre. Je suppose que la question qui trotte dans ta tête actuellement, c'est 'Pourquoi moi ?' Non ? »

« Comment savez-vous tout cela ? »

Un point, il semble étonné, et moins sur la défensive que curieux.

« Parce que j'ai commencé à être ce que je suis en me posant cette même question. »

« Et vous êtes quoi ? »

Oula, pas maintenant, il n'est pas près pour comprendre, en plus, je suis un très mauvais professeur.

« Tu veux un café ? Manger un petit quelques chose ? »

« Ouais, j'aimerais aussi des réponses. »


Stephen

Pourquoi il évite le sujet ? J'ai l'impression qu'il est aussi mal à l'aise que moi en fait. Est-ce que j'ai aussi envie de savoir que cela ?

Autant jeter un oeil à l'endroit avant de prendre une décision sur la marche à suivre. Il va bien falloir que je m'en sorte, et il semble savoir pas mal de choses ce mec. Je vais aller faire un petit tour, je crois que je suis suffisamment reposé pour pouvoir me le permettre. Ça ressemble à une maison standard, une maison d'un quartier plutôt chic, c'est assez étrange, j'ai comme l'impression de n'être nulle part.

« On est où exactement ? »

Les volets sont fermés dans toutes les pièces. Aucun moyen d'avoir des renseignements sur l'environnement.

« Si je te dis 'nulle part', ça te convient comme réponse ? »

Il est allé faire du café, je m'aperçois maintenant que j'ai une faim de loup, je ne sais pas depuis combien de temps, je n'ai pas mangé.

« Comprenez que j'aimerais savoir. Je me sens un peu prisonnier ici, et je ne vous connais pas. »

Il est un peu bizarre, je suis tombé sur qui ?

« Ce n'était pas un moyen d'éviter la question, c'était la réponse la plus proche de la réalité. »

Il est malade, c'est sûr. Il revient vers moi avec une tasse de café.


Jet

Je ne vais pas m'en sortir comme ça, il va falloir que je lui fasse passer l'envie de douter de mes propos. Je ne vais pas passer mon temps à prouver ce que j'ai à lui dire. Si ça prend trop de temps, il va finir par se faire tuer.

« Tiens, bois ça, ça devrait te faire du bien »

Allons-y

*
* *

Jet tira simplement sur la corde qui retenait les volets en position basse. Un univers de noirceur absolue apparut derrière la vitre de la maison. Un infini de ténèbres se révélait être la réponse correcte à la question « Où suis-je ? ».

« Tu as ta réponse ? », dit-il

Le garçon regardait l'extérieur sans comprendre, la tasse de café à la main. On est habitué à trouver quelque chose derrière la vitre. Jet redescendit le volet et se dirigea vers le fauteuil.

« Ici, tu n'as rien à craindre, c'est mon Univers, mon Rêve, mon Refuge, l'Ilot du vortex. Ne t'inquiète de rien, bientôt tout sera expliqué. »