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Nels : Histoire d'un mage sans passé : Chapitre 04

Bardéak, sur une barque, venu me voir? Une fois la surprise passée, je monte finalement sur la barque. Je suis encore dans le rêve de mon duel avec Karl, et pourtant il faudrait que je me réveille, afin d'écouter les nouvelles que m'apporte le Maître.
- Maître , où allons nous?
- Prends un peu le large, nous allons vers une grotte. Nous, enfin surtout toi, allons avoir besoin d'une base à l'écart des habitations pour préparer quelques armes. La caisse au fond de la barque est pleine de tout ce qu'il te faut. L'autre nouvelle est que tu n'as plus à appeler Maître qui que ce soit. Tu viens d'être nommé Maître de l'Académie, afin que tu puisses de temps en temps enseigner nos élèves.
- Je ne sais quoi dire, c'est un grand honneur. Je vais donc devoir me forger une nouvelle épée ?
- Tu deviens perspicace. Depuis que tu maîtrises le Vert, tu dois ajouter cette couleur à ton épée. L'épée quadricolore dont tu te servais à l'Académie, bien que puissante, ne t'est d'aucune utilité, depuis que tu as suivi les cours de Naëria.
- Vous savez je commençais déjà à maîtriser le Vert avant cela, Maître enfin Bardéak.
- Je sais, mais nous savons tous que ta maîtrise n'est devenue sans égale que grâce à elle hein?

Etrange que Bardéak me parle de Naëria juste après que je vous aie parlé de mon duel avec Karl. J'avais l'épaule gauche dans un piètre état, des os étaient effectivement brisés, mon bras gauche ne répondait plus... sans vous parler de la douleur. Je vis qu'une femme nous regardait, après que Karl se soit effondré. Elle était belle, terriblement belle, avec ses cheveux blonds clair, un teint de peau magnifique, des yeux verts. Elle se déplaçait avec grâce et légèreté, ce qui me parut tout à fait normal lorsque je me suis rendu compte que c'était une Elfe. Elle regarda ma blessure, vit Karl au sol, complètement groggy, et parla d'une voix cristalline :
- Que c'est il encore passé? Zohrskt, vous m'aviez promis qu'il n'y aurait plus de bléssés à vos cours...
- Si vous me permettez de parler Dame Naëria, dit Bardéak, je suis fautif. Mon élève ici présent, Nels, n'a pu s'empêcher de faire passer à Karl un mauvais moment, suite aux insultes de ce dernier.
- Soit Bardéak, mais votre élève s'est fait mal. Jeune homme, pensez vous que cela en valait la peine?
- Je pense que mon ami Elfe Leblis en valait la peine, ainsi que l'honneur de mon Maître Bardéak. Par contre, si j'avais pu m'épargner ce petit accroc, je vous avoue que ...
Je ne me souviens pas avoir pu terminer ma phrase. Je me suis réveillé dans ma chambre, au son d'une douce mélodie, une chanson qui m'en fit oublier la douleur de mon épaule. Naëria était penchée sur moi, sa bague verte brillait très intensément d'une douce lumière. C'est ainsi que je fis connaissance de la Maîtresse du Vert, ce fut elle qui prit soin de cette blessure et qui me guérit complètement. Je n'ai pas eu de cours avec elle dès le départ. Ce fut un Humain qui avait commencé, le Maître Verden, en groupe afin de repérer divers flux vitaux, savoir les interpréter, et il nous apprit aussi à maîtriser peu à peu la nature au sens de la connaissance des plantes et des animaux. Pourtant, les cours de Naëria sont parmi mes meilleurs souvenirs, sa voix, la manière d'enseigner... tout me plaisait, surtout elle en vérité.

Bardéak me sortit brutalement de ma rêverie :
- Nels! Réveille toi! Nous allons avoir besoin de toute notre concentration afin de combattre ces vilains Sombres. Il faut que tu te hâtes, le temps où ils vont attaquer ne vas pas tarder.

C'est ainsi que nous sommes arrivés dans une grande grotte, dont l'entrée ne semblait accessible que par la voie des eaux. Je dirigeais la barque depuis Greyport, grâce à ma maîtrise du Bleu. Je fis entrer notre embarcation dans la grotte. Elle était sombre à son entrée, mais rapidement nous pûmes débarquer près d'un couloir. Nous déchargeames d'ailleurs la grande caisse que m'apportait Bardéak. Nous primes le couloir en portant la caisse, et arrivâmes dans une grande salle, circulaire, et en regardant en haut, un immense dôme naturel la surmontait, creusé en son centre d'une sorte de cheminée à travers laquelle on pouvait voir le ciel.
- Au travail Nels, me dit Bardéak en ouvrant la grande caisse, c'est ici que tu dois te dépêcher de tout forger avant cette nuit. Il faut désormais nous tenir prêts.

Le travail de forgeron en tant que mage du Rouge comme je le suis n'est pas aussi physique que celui de travailleurs comme les Nains mais mentalement il est aussi fatiguant. Il s'agit à l'aide du pouvoir du Rouge et du feu de modeler le métal, le tout par télékinésie. Le fait de maîtriser aussi les autres couleurs me permet d'équilibrer le travail de modelage par le feu, par exemple en refroidissant très rapidement le métal grâce aux sorts de glace du Bleu. Basaïn avait aussi prévu des pierres précieuses non taillées, afin que je les taille ou que je les polisse dans le cas des perles, par le pouvoir du mana correspondant. La pierre précieuse associée à un artefact agit sur le mage comme un catalyseur dans sa quête de synthèse du mana. Le métal que j'utilise est un métal que nous appelons le vulcanium, tellement résistant que les blocs que nous utilisons sortent intacts des volcans. Ce métal a la couleur du basalte, et est très résistant par rapport à son poids. Il me faut alors pas mal de temps de chauffe pour le faire fondre, mais le fait que je maîtrise le Rouge m'aide. Me voilà donc devant une masse de vulcanium en fusion, concentré, avec ma bague et mon médaillon rouge qui illuminent la grotte.

Pendant toutes mes opérations, je n'ai le temps de penser à rien. Bizarrement, ces moments là sont pour moi de véritables havres de paix. Je ne sais toujours rien de mon passé, je me demande si j'avais de la famille, des enfants... Qui sait si un jour ils me reverront. Bardéak a disparu dans une des galeries avant que je ne commence mon travail, et je ne me soucie guère de ce qui arrive autour de moi. J'en suis à l'irradiation de mana Bleu de mes saphirs qui feront part de la poignée de mon épée, afin de les rendre plus réceptifs. On appelle irradiation le fait d'accumuler lors de la taille d'une pierre un maximum de mana, puis de faire passer la masse d'énergie à travers la pierre, afin qu'elle serve effectivement de catalyseur et de réserve de mana. Le mage n'a plus qu'à sertir ces pierres dites actives sur les artefacts ou sur les bagues qu'il va utiliser. Plus la pierre est grande, plus il faut l'irradier : en un sens c'est ainsi que l'on peut reconnaître un mage puissant d'un apprenti.

La nuit était tombée au moment où j'avais enfin fini. Bardéak revint dans le dôme, depuis la barque avec du bois, et des ustensiles de cuisine, et quelques provisions. Nous prîmes des forces et je me rendis compte que j'étais très fatigué. Je ne m'étais pas seulement fait une épée mais aussi un fourreau, une cuirasse, un bouclier un peu spécial qui se cachait autour de mon bras gauche et qui se dépliait un peu comme un éventail, une dague, des couteaux de jet et tous ornés de pierres précieuses, toutes taillées par mes soins.

- Bardéak, ne sommes nous pas loin de Greyport en cas d'attaque?
- Je ne pense pas. A l'Académie, avant de te rejoindre j'ai eu un topo avec Basaïn, qui m'a expliqué que depuis cette grotte nous sommes censés etre proche du point de passage de leurs troupes. Vu que tu as fini de manger, viens avec moi, ce n'est pas le moment de faire la vaisselle.

Je le suivis à travers un couloir sombre, pas celui d'où nous venions mais celui où il était allé durant mon travail. Au bout de quelques minutes de marche assez rapide, nous arrivâmes à une grande salle, carrée, avec un dôme en forme de pyramide tronquée, et l'ouverture était carrée et plus grande. Sur ce dôme carré on pouvait voir des milliers de nids : des corbeaux nocturnes, rapides volatiles, qui sont des charognards capables de voler des heures à la recherche de nourriture pour leurs petits. Bardéak me dit de ne pas faire un bruit, afin de ne pas effrayer les plus jeunes, puis sembla se concentrer. Je sentis l'accumulation de mana autour de lui, le Noir faisait effet au vu de la noirceur de sa bague de Jais. La noirceur de la pièce semblait lumière quand on la comparait a la noirceur de sa bague. Puis il s'adressa aux oiseaux :
- Oh descendants du Grand Karasu roi des Corbeaux ! Votre peuple sait combien le Sombre et son culte est dangereux. Je demande votre aide pour le combattre. Allez et repérez les alentour de Greyport, si vous les trouvez venez et dites le nous.
Un murmure répondit, impressionnant, ce fut comme si ces oiseaux etaient dotés d'une forme d'intelligence supérieure à celle que l'on croyait. En fait c'est la mise en commun de leurs capacités qui nous transmis ce message :
-Mages, nous aimons peu le Sombre, nous trouverons, et avertirons, vous devrez souvenir à nos fils.
-Oh Corbeaux de la nuit, répondit Bardéak, une fois la bataille finie, vous aurez de quoi manger pour vos fils.
-Mage, tu auras ta bataille.. mais Sombre est déjà la nuit, car ils viennent. Nous le sentons. Vous rester par ici pour être prêts à nous donner la nourriture pour nos fils.

Je savais que certains animaux pouvaient communiquer, mais cette communication m'intéressa au plus haut point : ces animaux semblaient ne former plus qu'un avec une volonté propre. Il ne nous restait plus qu'une chose à faire, attendre patiemment. La patience est une qualité de mage, surtout avant une bataille pour laquelle j'étais si motivé. Les duels à l'Académie n'avaient que peu d'enjeu, sauf des fois me faire blesser afin que Naëria me soigne, mais cette fois ci je ne combattais pas autant pour moi que pour les gens que j'avais vu dans Greyport, des gens pas très "culturés" dirait le vieux Jack.

Un croassement, les oiseaux sont de retour.
-Nous avons vu le Sombre, dit la voix ...

Nels

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