banniere

Retour

Contes Spalliens : Chapitre 36 - Compte Spallien

« - Donc, si on bouge cette mollette, on arrive directement à la valeur recherchée ? »
Blood et Black regardaient le prototype que Turner avait construit pendant les combats. Ils étaient tout simplement ébahis par le travail du Gnome, qui prenait tout de même l'espace d'une très grosse armoire.
Turner était lui ahuri de trouver des gens aussi intéressés par son travail.
« - Oui, répondit Turner, je dois cependant souligner que les rouages sont encore assez fragiles. Il reste encore beaucoup de détails techniques et pratiques avant d'avoir quelque chose d'utilisable.
- Cependant ça marche ! C'est tout bonnement incroyable !
- Pourquoi ? J'ai juste repris les principes de Garin, et je les ai extrapolé au calcul à n variables. Personne n'a jamais douté que c'était réalisable en théorie, mais on doutait beaucoup de la réalisation pratique. Je dois admettre que la partie mémoire-transmission, qui permet d'utiliser plusieurs fois les blocs de calcul sur la même équation m'a posé beaucoup de problème.
- Mais pour le graissage et l'entretien des transmission ?
- C'est le grand problème de ma machine à l'heure actuelle. Elle nécessite une révision complète avant chaque utilisation sérieuse. Et la consommation d'huile atteint des sommets.
- Mais vous pensez vraiment pouvoir l'améliorer ?
- Cela ne pose aucun doute. »
Turner rayonnait, même ces collègues l'avaient plus ou moins pris pour un simple d'esprit quand il s'était attaqué au problème des puissances et des fractions indéfinies.

Pour leur défense, il rajouta cependant qu'à l'époque il n'avait rien de concret. Maintenant qu'il avait un prototype, au prochain congrès, après la mousson, ce sera lui le roi. Il s'apprêta à reprendre l'explication de certains points délicats quand il remarqua l'expression songeuse de Black.
« - Un problème ?
- Non ! Non, c'est juste que je pensais à l'intérêt commercial d'une telle machine à calculer.
- Pourtant je vous assure que beaucoup de monde en a besoin : en hydraulique, en physique, en astronomie, pour le calcul des trajectoires des corps célestes, les économistes, mêmes les militaires, pour les tables de tir.
- Mais tous savent déjà faire les calculs de tête, avec des bouliers et autres techniques de comptage. Qu'est ce que votre machine apporte de plus ?
- La certitude. Un homme est faillible, pas la machine, si elle est entretenue correctement. Et puis n'importe qui avec niveau de calcul moyen peut s'en servir, seul les meilleurs mentats arrivent vraiment à faire des calculs de ce niveau dans un temps raisonnable. Croyez moi, je connais mon travail. »
Ce coup ci, ce fut Turner qui sembla songeur un instant. Tout d'un coup, il se tourna vers Black et Blood.
« - D'ailleurs, vous êtes où avec le vôtre ? Avec la visite de l'assureur et les travaux de réparation, j'ai failli oublier pourquoi vous êtes chez moi !!
- Ha, le vol ! Ce n'est pas vraiment à nous qu'il faut poser la question, on a passé notre temps à étudier votre machine. Par contre, reprit Black avant que Turner ne réponde, les autres avaient l'air d'avoir du nouveau.
- Mais ils ont passé leurs temps à dormir ou à courir en forêts ! Ils ne sont même pas partis voir les Kobolds !
- Demandez leur, vous verrez. », répondit Blood, un sourire aux lèvres.

La salle principale de la vieille demeure était relativement calme. Braveheart et Dark jouaient aux cartes à un bout de la table, et Claymore astiquait un appareil étrange qu'il avait sorti de son paquetage d'aventurier. L'entrée du propriétaire des lieux fut donc très remarquée.
Il s'arrêta un instant sur le seuil pour regardait la pièce, puis, ayant capté toute l'attention, posa la fameuse question :
« - Est ce que ... ? C'est quoi cet appareil ?
- Un lance grappin hydraulique, avec câble d'acier de 15 mètres.
- Un câble d'acier ?
- Ben, oui, comme ils utilisent sur les chantiers, sauf que là c'est plus fin, meilleur acier, inoxydable.
- Matériel de l'armée de Wrax. », précisa Braveheart, « Ils n'en vendent pas, donc on n'en vois pas beaucoup, même dans les milieux spécialisés.
- Mais vous aviez déjà des masques à gaz de Citadelle, les derniers modèles. Vous ne pouvez pas avoir du matériel de Wrax en plus. »
Turner était vraiment surpris. Même un artiste de l'engrenage vivant dans sa tour d'ivoire ne pouvait ignorer que les deux grandes puissances économiques du moment se regardaient en chien de faïence depuis plusieurs décennies, se cherchant des poux, sans jamais, pour l'instant, être tombé dans la guerre. Et les deux étaient en pleine course à l'armement, entraînant les autres nations.
« - Et nos armures viennent d'Eldarian, nos armes de Bragdur, nos montures venaient (RIP) de Spalles et j'ai acheté mes composant de sorts à l'université de Principatus. », précisa Dark.
« - Tout ça doit coûter horriblement cher !
- On est très doués. D'ailleurs si vous leur demandiez où ils en sont ? », Black, rentrant dans la pièce, détourna la conversation d'un sujet dangereux.
- Ah, oui ! Vous avez vérifié la piste des Kobolds ?
- J'ai été voir plusieurs fois l'atelier des kobolds, et je n'ai rien vu qui ressemble de près ou de loin à une machine à calculer, ni même à une horloge, dit Dark.
- Sûr ?
- Oui, ils sont très, très pris avec les balistes, canons hydrauliques et autres lances projectiles. Sur ce point vous aviez raison ; ils avaient même un char d'assaut en court d'armement ! »

Turner eut un moment l'air désespéré, mais ce repris très vite : « Alors les autres ont trouvé une autre piste ?
- Et bien il paraît que Claymore a quelque chose, mais là, c'est vraiment à vous de juger.
- Pourquoi ?
- Ca vrai ! Pourquoi ? Ma témoin être très valide !
- Un témoin ? Pas un ivrogne au moins !
- Non, moi avoir trouvé Dryade dans forêt. Elle a vu deux individus bizarres courir la nuit juste avant l'événement. Eux avoir parler dans une langue étrangère quand l'événement est arrivé.
- La Dryade qui vit près d'un banc de sable ?
- Ca être, avec grand chêne sur le banc de sable.
- Je n'ai jamais vraiment eu confiance dans les esprits follets. Mais elle passe pour avoir très bonne réputation ... »
Turner resta un moment songeur. Braveheart l'interrompit : « Euh... Elle a bonne réputation après de qui ? Je croyais qu'elles évitaient le contact avec les hommes.
- Oh, ce sont les loutres qui m'ont dit du bien d'elle. », répondit Turner, sans vraiment y réfléchir. Puis il vit l'expression de Braveheart et apporta une précision : « Ma famille a toujours était très proche des loutres, j'ai appris à nager avec elle. Et comme elles sont l'emblème de la ville, on ne les chasse pas sur son territoire. Il y en a beaucoup. C'est tout à fait normal... Vous venez de la ville ?
- Oui. », confessa Braveheart, apparemment isolé dans son incompréhension.
« - Et à quoi ressemblaient tes suspects, Claymore ? Grandes capes forestières, casques en fer, pieds poilus ? » Cette foi, c'était Blood qui recentrait la discussion.
« - Oh non ! Ils s'éclairaient avec un cristal. Et pourtant le ciel était très clair.
- Donc Humains.
- Mais si ils avaient une source lumineuse, peut-être qu'ils n'avaient rien à se reprocher.
- Le lieu est situé très à l'écart, dans les plantations d'arbre. Ils n'avaient aucune raison de se cacher.
- Ce serait utile de savoir quel genre d'accent ils avaient » dit Turner, « Ne peut-on retourner voir cette dryade pour préciser ce point ?
- Pas la peine je l'ai déjà fait. », répondit Black, « C'était une variante du commun central avec une forte tendance à aspirer les 'h', c'est tout ce dont elle se souvient.
- Au niveau des commanditaires possibles, est-ce que ça resserre la liste ? », demanda Blood.
« - Je ne sais pas, il faut que je revois mes notes sur les participants du dernier congrès. Mais je pense que oui ! »

En quittant la pièce, il entendit Blood apostropher Claymore dans la langue étrange qu'ils partageaient avec Black :
« - How do you do to have this clue ?
- I have always been very good with Fairy people.
- Oh, stop it with this story, will you ; you had only five year old !
- I don't see the point...* »
Il n'entendit pas la suite, de toute façon il n'y comprenait rien.


* en anglais dans le texte

Dvorak

Précédent - Suivant