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Contes Spalliens : Chapitre 35 - Recrutement

Elminster ouvrit les yeux. Il resta un moment à fixer le plafond. Enfin, il décida qu'il ne le connaissait pas ; mais tout lui paraissait flou, confus et il n'arrivait pas à savoir si c'était son esprit ou son corps qui le faisait le plus souffrir. Sa raison vacilla.

Elminster rouvrit les yeux. Il se sentait un peu mieux, mais il y avait toujours le même plafond inconnu au dessus de sa tête. Il prit sur lui et se releva afin d'améliorer sa vision des choses.

« Vous êtes réveillés ! »
Un jeune aide soignant était assis dans une chaise derrière son office, encombré de pots et de flasques médicinales. La pièce était grande et propre, comprenait sept autres lits, mais tous étaient vides.

« - Vous avez eu beaucoup de chance. Si la patrouille ne vous avez pas trouvé, vous ne seriez plus de ce monde.
- Où suis-je ?
- A la garnison de Marnix. Un des soldats a réussi à arrêter l'hémorragie et j'ai recousu les plaies.
- Et l'autre ? » fit Elminster, qui retrouvait sa mémoire.
« - Vous l'avez eu, vos maléfices ont fini par le broyer. En tout cas, vous êtes sacrément courageux pour vous attaquer seul à l'une de ces machines. »
Il y avait de l'admiration dans sa voix. Mais le mage choisit de remettre les pendules à l'heure.
« - Il m'a tendu un piège, c'est lui qui m'a attaqué.
- Comment ça ?
- Il y avait un putain de tank endommagé au milieu de la route. Il a attendu que je lance mes sorts pour détruire son adversaire avant de m'attaquer par derrière.
- Mais vous l'avez eu quand même !
- Il était déjà endommagé ! Ce putain d'oiseau barbelé était déjà à moitié bousillé !!!
- Ne vous excitez pas comme ça, vous allez rouvrir les plaies. »
Mais Elminster était déjà reparti dans le coma.

Une putain de chance. C'est tout ce qu'il avait eu. De la chance. Et la chance est un allié plutôt capricieux. Ah ! Elles étaient belles ses techniques de chasse. De la merde, oui. C'était lui la proie.
Cela faisait maintenant une semaine qu'il avait affronté pour la première fois un oiseau barbelé, et il venait tout juste de se remettre à marcher. Mais ça allait quand même beaucoup mieux. Une fois conscient, il avait pu faire jouer ses relations et bénéficier de soins spéciaux. Cependant, ses relations ne l'aideraient pas pour le combat, c'était une des pierres angulaires des accords entre l'Hydre et le conseil de la Fédération.

S'aidant de son bâton, Elminster rentra donc en boitant dans un des bistrots qui se trouvait à proximité de la nouvelle école de magie. Cela ne voulait cependant pas dire qu'il trouverait de l'aide, les formations étaient beaucoup orientées vers la magie de ville et le combat en était presque volontairement banni.
L'entrée d'Elminster en fut d'autant plus remarquée. La plupart des mages portaient en effet des robes pompeuses et, du point de vue physique, peu pratique. L'agent de l'Hydre, avec sa tenue légère, son bâton ferré et surtout son lance projectiles, faisait tout de suite tache. Son accent étranger et sa peau claire n'arrangeaient pas les choses, la majorité des étudiants venant des riches familles bourgeoises de Principatus même.

« Monsieur ? » fit un des serveurs, apparemment chargé de placer les clients.
« C'est pour déjeuner. » répondit un Elminster qui n'aimait pas être trop direct et qui avait vraiment faim.
Sans grande surprise, il constata qu'on le menait dans un recoin à l'écart, sur une petite table inoccupée. Il prit cependant place et commanda un repas simple mais honnête, avec de l'eau.
Il s'agissait d'un vieux truc qu'on lui avait appris pour lever les doutes sans pour autant être trop démonstratif. Un client, qui, dans ce genre d'auberge ne prend pas de vin ou de bière se fait vraiment remarquer. Il suffit après coup de changer discrètement l'eau en vin pour affirmer son statut (il est cependant de bon ton de payer l'eau au prix du vin si on ne veut pas se faire d'ennemi).

Tout en mangeant, Elminster essaya de voir à travers les robes si certains valaient plus que le premier abord. Il eut cependant la surprise de constater qu'il y avait des étudiantes parmi les étudiants, toutes les brides de discussions qu'il captait portaient sur comment consolider une maison ou retrouver un objet.
Il allait se désespérer quand il entendit parler d'un mage, auditeur libre et étranger, qui payait ses cours en accomplissant de menus travaux, toutes sortes de travaux.
Avec toute l'indiscrétion et la délicatesse qui le caractérisent, Elminster s'insinua dans la conversation t obtint rapidement l'adresse du jeune mage.

La maison était petite, mais relativement bien entretenue. Elle se trouvait dans un ancien quartier cossu, maintenant en voie de bourgeoitisation, situé près de la maison des mages. Un panneau, récemment opposé sur la porte d'entrée, signalait le commerce de manière discrète et rapide : « Franc Champs - Mage - Tous les jours de 18 heures à 20 heures ».
Un cadran solaire présent sur une maison en face n'indiquait que 15 heures mais Elminster frappa quand même au battant, il avait compris dans l'auberge que l'après midi était libre.
Il fut tout de même surpris quand il vit la porte s'ouvrir assez rapidement sur un jeune homme d'aspect filiforme, à la peau excessivement claire, mais aux cheveux presque noirs. Un serpent somnolait tranquillement autour de son cou et, Elminster le nota avec plaisir, il était habillé d'une tunique plus pratique qu'esthétique. Par contre, son expression n'était pas particulièrement accueillante et il lui tendit froidement une main gantée de cuir.
« - Vous venez pour un service ?
- Oui, mais c'est quelque chose d'assez spécial, je ne suis pas sûr que vous ayez les compétences requises.
- Vous mettez en doute mon statut de mage ?
- Oh, non. Mais on en n'est plus au temps des tours d'ivoire. Je serai direct : de quoi êtes vous capable au combat ? »
Franc Champs réfléchit un instant, puis répondit, toujours calmement et presque sans émotion :
« - Quel type de combat ?
- Le corps à corps, le combat physique.
- Pour le physique seul, je vous tue même désarmé. Pour le physique magique, je peux me débrouiller. Mais mon prix dépend de l'adversaire. »
Elminster ne releva pas les prétentions, si c'était vrai il s'en réjouissait. Par contre, il arrivait à la difficulté, il ne devait pas dévoiler l'objectif avant d'être sûr de la participation.
« - Il s'agit d'adversaires très puissants sur le plan physique, mais ne disposant d'aucun pouvoir magique. Ils sont très rapides et assez discrets.
- Ils utilisent des armes ?
- C'est possible.
- Ils se savent en danger ?
- Je crois que oui, malheureusement.
- Et est ce que c'est légal ?
- Alors oui, aucun souci. »
Franc Champs marqua une pause, un soupçon dans la voix :
« - Alors pourquoi ne sollicitez vous pas l'armée ou la garde du Prince ?
- C'est assez compliqué. Disons que les opérations doivent rester secrètes.
- Ils disposent de corps d'élite.
- Oui, mais rattachés aux troupes régulières.
- Et les, hum..., opérations secrètes justement ?
- Là, c'est moi qui n'ai pas les accréditations suffisantes.
- Et pour le paiement ?
- Aucun problème. » mentit Elminster, « Mais par contre, en quoi croyez vous ? »

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