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Nels : Histoire d'un mage sans passé : Chapitre 28

C'était une de ces matinées comme on en a tous déjà vécu : l'atmosphère rendait l'air suffisamment lourd pour que l'on puisse presque le palper. Nous étions en chasse moi et mon vieux Maître, à la chasse au traître immonde qui avait préféré pour sa gloire personnelle servir le Sombre plutôt que de continuer dans la voie de l'honneur. Son nom ne révélait pas sa vraie personnalité : Hansbrück sonnait comme un des noms des grandes familles de Licht mais il avait échangé la gloire de ce fameux Royaume par l'infamie de la traîtrise. Basaïn était vêtu d'une tenue se rapprochant désormais plus de la mienne que de la tenue cérémonielle à laquelle il habituait son entourage. Je l'avais déjà vu habillé de la sorte de par mes cours particuliers avec lui. Je me rappelais alors la première fois que j'avais vu l'étendue de ses pouvoirs de maîtrise des
éléments :
Nous allions vers une salle d'entraînement à la maîtrise de l'eau qui se situait tout au bout d'une longue jetée et nous passâmes près d'un cours de maîtrise du feu : ce genre de cours se passe près de la côte de l'Ile par mesures de précaution. Un élève dans sa fougue lança une vague de feu, mais une forte rafale de vent et son manque de maîtrise fit que celle ci s'incurva. Comme elle avait pris de la force, il serait difficile de l'arrêter. Je vis mon Maître lever le bras droit, la bague Bleue émettant une aura d'une force incroyable, et au loin un grondement se fit sentir. Une immense vague sortit de la mer, et ne se contenta pas d'avancer vers le rivage mais entoura littéralement la vague de flammes avant de se transformer en une tornade qui s'évanouit aussi vite qu'elle était apparue. J'en étais à ce moment là encore au niveau d'un jeune apprenti, d'un nul inutile comme disait avec sa grande compassion Bardéak, et pourtant j'avais vu les mécanismes que Basaïn avait utilisé afin de réaliser ce prodige.
Nous étions encore à Mithland, et nous avions pris un cheval chacun. Direction : le fortin de l'Elite où nous avions trouvé tous les documents compromettants signalant un retour d'Alarkhan. C'était là aussi que nous nous étions rendus avec Naëria : il y avait deux différences désormais, d'une part j'étais en meilleure forme maintenant, et ensuite je n'avais plus aucun
attachement pour l'Elfe. Non pas que j'aie de la rancune mais je me sentais comme si l'on m'avait pris pour un idiot et c'est un sentiment que je n'accepte que quand je veux bien que la personne me prenne pour un idiot. Or j'avais été pris pour pire qu'un idiot, en plus on avait mis en doute mes capacités lors du Grand Conseil. Cette fois ci l'adversaire m'avait aussi pris pour un idiot et il allait lui en coûter. C'est au moment au je maugréais tous les supplices que j'allais faire endurer à ce cher Hansbrück, que Basaïn m'interrompit :
- Nels, je vais te demander de me laisser faire pour Hansbrück. C'est personnel.
- Mais Basaïn, je me suis fait avoir par lui et ...
- Laisse moi t'expliquer tout d'abord : lors de sa trahison, il ne s'est pas contenté de partir dans le plus grand des secrets. Il avait tout d'abord, d'après ce que nous avons compris ensuite, étudié divers manuscrits du Sombre avant de, avant de...
- Avant quoi Basaïn ?
- Avant de se faire confier une classe entière d'étudiants de la Guilde des Maîtres des tempêtes, et d'ensuite tous les immoler par le feu pour s'approprier leur vitalité. C'est ainsi qu'il comptait annoncer son passage au Sombre. Nous n'avions pas pu prévoir qu'il irait aussi loin, je fais partie ce ceux à cause de qui cet infâme mécréant a pu assouvir sa soif de puissance et ...
- Et donc vous allez venger ces jeunes gens alors que vous n'êtes coupable de rien Basaïn. Pouvait on prévoir qu'un homme bien considéré au sein d'une Guilde respectable puisse ainsi perdre toute humanité ? Non ! Alors cessez de vous considérer comme coupable et préparez vous au combat !

Nous avions dépassé la seconde enceinte et nous voyions au loin le fortin qui semblait illuminé d'une étrange aura : j'espérais juste que Hansbrück ne s'était pas décidé à sacrifier afin de se rendre quelque peu plus puissant. Nous attachâmes les chevaux, et Basaïn me fit le plaisir de me faire voir son épée : longue et fine, reflétant les premiers rayons du Soleil dans la pénombre du petit matin, dans un éclat qui n'était pas sans rappeler celui d'un miroir scintillant, qui aurait été fait du verre le plus pur. Je sortis mon épée aussi, bien décidé à ne pas interférer dans la vengeance dans laquelle se
lançait Basaïn. D'ailleurs nous étions attendus :
- Alors le vieux Basaïn se décide enfin à sortir de l'enceinte de son île ?, dit un Hansbrück plein de vanité.
- Je pense que tu devrais mesurer tes paroles, sale traître...
- Je ne suis pas un traître. Je suis en train de prouver ma puissance voilà tout ! Je vais prouver à tous que je suis le plus puissant, que je n'ai pas besoin de vous autres afin de combattre. Je peux moi seul inverser la tendance.
- Foutaises, foutaises, hurla un Basaïn furieux. Je vais te prouver que personne n'a besoin de toi vu que personne ne te pleurera une fois que je t'aurai tué, vermine.
Hansbrück fit signe à son élève qui était pendant tout ce temps là à côté de lui de s'éloigner, puis prit lui aussi son épée : une épée large et courte, mais qui semblait avoir des capacités à produire des flammes. Ils se ruèrent l'un sur l'autre mais je vis alors l'élève de Hansbruck sortir deux épées et lui aussi semblait vouloir se battre. Ce dernier fut alors soufflé par mes soins un peu plus loin, et je lui dis :
- Si tu veux te battre, je serai ton homme.

Basaïn et Hansbrück étaient déjà en plein combat, l'épée de Hansbrück avait créé un effet d'ignition de l'air qui semblait avoir entouré complètement Basaïn mais c'était sans compter sur les effets de l'eau si bien maîtrisés par ce dernier. Il ne fallut pas longtemps pour que Basaïn ne soit entouré d'un mur de glace bien épais, sans aucun problème pour lui. Il avait réussi facilement à contrer la plupart des sorts de Hansbrück, car ce dernier perdait beaucoup de temps en invocations et autres gestes. Il avait néanmoins une certaine adresse, car il avait évité une belle attaque d'épée de Basaïn, qui avait littéralement foncé sur lui, maintenant son épée bien droite.
Je n'allais pas pouvoir regarder longtemps le spectacle de mon Maître qui se battait. Je vis l'élève de Hansbrück se relever, vite, et foncer sur moi désormais. Il lança alors son épée gauche, avec force, vers moi mais je pus la dévier grâce à ma lame. L'épée se retrouva dans les airs, et j'espérais l'avoir déstabilisé : il avait perdu une de ses armes.
Il fit un mouvement de l'autre épée vers l'arrière en criant :
- Epée Nord, reviens. Sud en avant, dit il alors en lançant sa seconde épée.
C'était à mon tour d'être surpris : les épées semblaient s'attirer entre elles, car l'épée Nord comme il l'appelait se dirigea à grande vitesse vers lui tandis que l'autre prenait son envol en ma direction. Il avait de nouveau son épée Nord en main, et il semblait à l'aide de celle ci pouvoir contrôler facilement la trajectoire de l'épée qui était encore en l'air, et il visait la tête... J'utilisai la technique du brouillard pour échapper à ses yeux, et il fallait que je trouve le moyen de l'approcher. Je compris rapidement que ce serait dur : les deux épées tournaient autour de lui dans un bruit de vent étourdissant, et toute attaque de ma part m'exposerait à ses coups. Cependant, j'eus l'idée d'utiliser quelque peu une couleur que j'avais laissé volontairement de côté. Mon émeraude se mit a briller de manière intense et le diamant vert allait encore devoir prouver son efficacité envers toutes les couleurs. Je me concentrai, fortement et il dut voir la lumière de mon diamant à travers le brouillard. Je n'avais pas le choix et sautai le plus haut possible, tout en faisant pousser la végétation tout autour de lui. Il se débarrassa des hautes herbes grâce à ses talents en Rouge, puis relança
les deux épées vers moi. Elles tournoyaient comme si elles étaient reliées par une chaîne invisible mais je ne comprenais pas comment elles pouvaient aussi s'attirer à distance. Je ne pouvais que parer et je déviai les deux épées qui revinrent alors de suite dans les mains du guerrier, alors qu'il avait avancé vers moi. Il lança une salve d'éclairs mais je contrai son invocation en l'interrompant par un contre sort Bleu. Il est doué pour le Rouge car il lance un destructeur de sorts Bleus, qui est censé annihiler mon contre. Sa salve est toute proche de moi, mais je m'en protège par un bouclier de glace invoqué à la hâte. Les épées ne me seront pas d'une grande aide, nous allions tout droit vers un affrontement de mages.
- Cessons là d'utiliser nos armes de mortels, Mage de l'Académie. Utilisons plutôt les armes qui font de nous des êtres supérieurs...
- Je ne me considère pas comme supérieur.
- Tu as tort Nels...
- Tiens quel plaisir que tu connaisses mon nom, quel est le tien ?
- Moi ? Je suis Schroe d'Inger. Je viens du Royaume de Licht moi aussi, mais ces idiots ne comprennent pas que nous autres les mages ne sommes pas de la même catégorie que les autres.
- Thorketil était un mage, n'empêche qu'il aurait été sacrifié lui aussi.
- Il était faible...
- Tout comme tu l'es face à Alarkhan...
- Qu'en sais tu, donne m'en une preuve...
- La preuve, c'est que tu vas mourir désormais.

Il se figea, semblant commencer une longue invocation. Je fermais les yeux pour voir le mouvement du mana, et il se concentrait tout autour de lui dans un cercle pas très grand. Le cercle s'enflamma, et il semblait voleter au dessus
des airs à quelques centimètres. La chaleur avait permis la formation sous lui d'un coussin d'air, et les flammes autour de lui étaient une bonne protection. Il semblait maîtriser les flammes à sa convenance et il fonça sur moi de toute la vitesse qui lui était autorisée autrement dit il allait très vite. Il se dirigeait doit sur moi, et je ne savais pas vraiment comment j'allais faire pour l'éviter. Je tentai l'invocation le plus vite possible d'un épais mur de glace, mais celui ci ne tint pas longtemps face à la terrible tornade de flammes. J'eus à peine le temps de l'éviter, mais le fait qu'il soit sur une sorte de coussin d'air lui donnait une certaine inertie qui l'empêchait d'effectuer des mouvements courts et précis. Le mur ne semblait même pas avoir affaibli la tornade, et il se tenait de nouveau face à moi... De nouveau, un brouillard épais se leva entre lui et moi : du fait de la chaleur le éplacement d'air qui se dégageait autour de lui devait être suffisamment intense pour qu'il ne puisse entendre mes déplacements, et je ne savais toujours pas comment
traverser sa barrière de feu. Je saisis mes couteaux de jet, et les glaçai le plus vite possible avant de les lancer en sa direction : aucun résultat, et en plus il pouvait déterminer ma position... J'avais eu la bonne idée de me déplacer juste après mon tir et je pus sentir à travers le brouillard que la tornade se tenait non loin de l'endroit où j'étais. Il allait falloir le prendre au sérieux, et le plus vite possible : je me mis dans la position du lotus, et commençai ma phase de concentration et d'accumulation. Elle fut assez rapide, mais la sombre obscurité qui tombait autour de moi allait sûrement
me dévoiler à ses yeux... Il vint comme prévu mais ne s'attendait sûrement pas à se retrouver face à une vague Noire.

Un rire terrible dans sa cruauté sembla traverser les airs :
- Crois tu vraiment que tu puisses m'atteindre avec des sorts que je maîtrise parfaitement ? Ne penses tu pas que tu devrais abandonner ?
Il ne m'avait pas vu, et il ne sentit ma présence que trop tard :
- Technique secrète du Déplacement de l'Ombre... Tu es mort Schroe d'Inger.
Grâce à ma vague Noire et à la technique secrète, j'avais réussi à passer dans l'Ombre qui s'était étendue sous la tornade de flammes.
- Et maintenant mon ami, laisse moi te montrer pourquoi tu ne tiendrais pas plus de quelques secondes face à Alarkhan...
A ce moment là je me rappelai de mes lectures dans le fameux fortin, notamment de techniques horribles afin de tuer, notamment en détruisant complètement tout le système nerveux et d'autres techniques qui lacéraient l'esprit , un peu
comme si une distorsion détruisait toute pensée à la victime avant de la séparer de son corps dans les pires souffrances... Toutes ces techniques m'étaient bien sur interdites, et je ne les avais jamais pratiquées pourtant j'avais réussi à en créer la base dans mes mains... Je posai ma main sur sa tête, il ne pouvait plus rien faire, nous étions au sol car la tornade venait d'être annihilée. Au loin je voyais le combat d'épée se continuer entre Hansbrück et Basaïn, mais il sembla cesser... On me regardait et Basaïn semblait surpris...
Je ne savais pas ce qui se passait mais ma colère flambait de plus belle et ce fut comme si je m'étais entendu dire :
- Technique Interdite : Lacération de l'Esprit...

Un cri horrible retentit, tandis que les yeux de Schroe perdirent toute lueur alors que je regardais dans ses yeux... Je le vis mourir, mais sans aucune émotion et je lançai son corps au loin d'une chiquenaude, avant de le transformer en cendres. Basaïn continuait son combat, mais il avait déjà gagné, et je ne prêtais pas attention à ce qui se passait autour de moi. Ma bague Noire avait littéralement entouré mon bras gauche d'une aura terriblement sombre qui cachait toute lueur, même celle du rubis lors de l'embrasement du cadavre de Schroe d'Inger. L'aura était menaçante et me rappelait un peu les
ténèbres dans lesquelles j'étais lors de mon malaise suite au combat face à Throketil, cette même obscurité que j'avais dans l'esprit. Souvent quand je côtoyais un peu plus Naëria, elle me disait que j'étais le clair obscur de la magie, car elle avait décelé des côtés on ne peut plus sombres de ma personnalité... Elanor disait par contre que j'avais un caractère de feu, qui ne pouvait être contenu "dans un esprit aussi petit ". Basaïn ne s'était jamais penché sur la question, tout du moins en ma présence. La puissance contenue dans mon bras avait besoin d'être évacuée, je n'en pouvais plus, et j'avais l'impression que mon corps comme mon esprit souffraient de cet état. Je vis le combat continuer entre Basaïn et Hansbrück et ne pus me retenir : une ombre souleva littéralement Hansbrück, puis je pus apparaître de nouveau derrière lui... mais quelque chose m'en empêcha :
- Technique de la Lumière Ardente...
C'était à mon tour d'être littéralement soufflé, alors que je me trouvais en l'air. Je retombai lourdement au sol, tandis que Hansbrück ne se relevait pas. Basaïn se tenait près de moi avec un regard apeuré, mais plein de détermination. Derrière lui, Hansbrück s'était relevé, et il se préparait à attaquer mon ami Basaïn. Il n'en eut pas le temps. L'Ombre me transporta
encore et une fois derrière lui :
- Technique de l'Ombre Ardente, Technique Interdite de Lacération...
Le traître n'eut pas le temps de penser à quoi que ce soit, pas plus qu'à placer des dernières paroles : son corps se décomposa tandis que son esprit était détruit de l'intérieur. La terrible puissance qui me venait de cette aura sombre ne s'était hélas toujours pas amoindrie, et ma colère me transformait l'esprit en un véritable bûcher. Je vis alors mon vieux Maître, entouré d'une aura impressionnante, qui ne me laissa pas de temps pour réagir :
- Technique Ancestrale, Tornade Bleue de Destruction...

Une douce main est sur mon front, et je reconnais encore et toujours la même mélodie... Trois combats à Mithland et je me retrouve toujours au même endroit quand ça s'achève : dans un lit. Basaïn se tenait debout derrière Elanor, qui prenait comme d'habitude soin de moi. Je finirai sûrement par la fatiguer à force. Sur un signe de Basaïn elle sortit.
- Alors Basaïn, je n'avais pas si bien réparé ce sceau n'est ce pas ?
- De quoi parles tu Nels... ?
- Vous le savez aussi bien que moi... Je ne veux pas savoir quel est mon passé. Ne lui dites pas non plus ce qui s'est passé, dis je en pointant la porte par laquelle Elanor était sortie.
- Elle sait juste que tu as été attaqué par les deux mages à la fois.
- Combien de temps ai je dormi ?
- Moins de deux heures depuis que je t'ai ramené.

Cette force que j'avais ressenti n'était pas de la colère, elle venait d'ailleurs. Ma maîtrise des techniques interdites en était la preuve... Pourtant je ne voulais pas avoir plus d'explications et sûrement que la réparation du sceau par Basaïn lui même avait pu endiguer ces pensées. Basaïn sortit, Elanor rentra, et je pus enfin avoir une discussion autre que guerre,
sorts, techniques prohibées ou ancestrales... Non elle me montrait en fait la robe de mariée que portait sa mère à l'époque...
Comment ça une robe de mariée ?

Nels

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