banniere

Retour

Contes Spalliens : Chapitre 23 - Une lumière couleur sang

L'éclaireur avait rapidement flairé le piège quand il avait vu deux Elfes Noirs l'approcher, ils considéraient sans doute que tous étaient des soldats d'élite formés à la magie car l'on ne voyait pas de Drows, à la surface, autre que les Feriors. Ces derniers n'avaient donc pas eu le temps de frapper et les intermédiaires impériaux, un peu pris de court, n'avaient pas fini leurs incantations. Seul Marius, qui avait réussit à repérer sa cible avant qu'elle ne commence à bouger, l'avait touchée avec une balle perforante.
Cependant, bien que le groupe de trois soit aussi sous attaque, il fuyait comme prévu vers la forêt. C'était donc à Charles et Valérien d'agir.

- Il arrive, il est là ! », cria Charles, indiquant la direction avec un premier obus explosif. Celui-ci semblait bien parti, mais la méduse ralentit subitement et l'explosion eut lieu au moins dix mètres devant elle. Heureusement que ces champs sont déjà moissonnés, pensa Charles.
Puis leur adversaire reprit brusquement sa vitesse maximum, surprenant Valérien au moment de sa sortie du nuage de fumée laissé par l'explosion, son tir de laser lourd partit complètement à côté.
Charles refit alors rapidement feu, essayant cette foi un tir direct et non en cloche. L'impact s'en trouva moins précis, mais la méduse n'eut pas vraiment le temps de réagir, et l'obus atterrit à moins de trois mètres d'elle.
- Touché, cria Valérien, tandis que son tube laser crépitait d'énergie, dans l'attente d'une décharge. Cependant plus rien ne bougeait dans le champ. Aussi finit-il par décharger son arme vers la dernière position de leur adversaire.
- On l'a eut ?
- Je ne sais pas. C'est peut-être une ruse, on voit mal d'ici, répondit Charles, qui scrutait le dernier impact, distant d'environ deux cents mètres.
- Envoie un projectile pour assurer le coup, et ensuite on va vérifier.
- Le problème, c'est qu'il n'en reste que deux. Après l'arme sera inutilisable. » Valérien considéra un instant la question.
- En se rapprochant, on devrait pouvoir utiliser nos grenades.
- D'accord, vas-y par la droite. Je te couvre.

Valérien, son arme en bandoulière, se mit donc à avancer prudemment, une grenade à la main, tandis que Charles le suivait à dix mètres, attentif au moindre mouvement.
Mais à mi-distance, un tir laser sembla sortir de terre et atteignit Valérien à l'épaule droite, lui carbonisant l'articulation. Son bras tomba par terre et sa main s'ouvrit, lâchant la grenade, qui s'enclenchât. Charles ne marqua cependant qu'un court instant de surprise et l'obus partit au moment où le bras tombait. Ayant eu le temps de viser, l'obus atterrit presque sur l'origine du tir ennemi.
Cependant il n'eut que le temps de plonger avant l'explosion de la grenade et Valérien, qui était tombé à genoux, retenant sa douleur, disparut dans la boule de feu qui s'en suivit.

Charles se releva prudemment, observant à travers la fumée ce qui était maintenant un champ de bataille. L'odeur de la chair brûlée, qu'il avait appris à reconnaître, lui assaillait les narines. Il s'accroupit et ajusta la position présumée de l'ennemi.
Cependant la fumée cachait encore beaucoup de terrain à sa vue, si la méduse était encore opérationnelle, il était mort lui aussi.
Mais rien ne vint.
Quand la fumée se dissipa, il vit l'éclat du soleil qui se reflétait sur la lance perforante. Celle-ci se trouvait plantée dans le sol, à quelque distance de son dernier tir. En se rapprochant, il finit par voir les restes de la méduse, qui dépassaient du sol. Celle-ci s'était sans doute enterrée en attendant la suite, et n'avait pas résisté à la vue de la grenade dans la main de Valérien.
Il récupéra la lance et se dirigea vers le corps de son ami. Il n'y avait rien à faire, la réserve d'énergie de son laser semblait même avoir explosé à la suite de la grenade, le cadavre était presque coupé en deux.

Lentement, Charles se dirigea vers la radio. Puis il appela la garnison :
- Ici le chef de patrouille Orape. L'éclaireur ennemi a été détruit, l'arme est récupérée. Le chef de patrouille Deruel a été tué.
Une voix qui semblait lasse, et que Charles ne reconnut pas, lui répondit.
- Compris Charles, j'envoie des techniciens à ta position ainsi qu'une évacuation sanitaire pour le corps.
- Ce n'est pas vraiment la peine. Le feu a déjà commencé son oeuvre.
- ... Compris, les intermédiaires impériaux de ton groupe devraient bientôt arriver sur place. Ils accompliront le rituel.
Dans une nation en guerre depuis deux mille ans, on a des cérémonies d'adieu parfois expéditives.
- Et pour le reste de l'opération, des nouvelles ?
- Bonnes et mauvaises. Le groupe de trois a été détruit, mais Arilyire est blessée. L'autre éclaireur a réussi à s'enfuir, et il a abandonné son arme dans le corps d'un des Feriors.
- Alren ?
- Non. Je dois libérer la ligne, au revoir.

Charles commença à rassembler du bois. Puis les techniciens et le reste de son groupe arrivèrent sur place et l'aidèrent. Enfin, quand le bûcher fut suffisant, tous se rassemblèrent et les Intermédiaires invoquèrent le Feu Sacré.
La lumière, comme toujours, brillât d'un éclat qui paraissait normal à première vue, mais rapidement la teinte des flammes commença à rappeler celle du sang.

Et ce soir là, des lumières couleur sang brillèrent dans de nombreuses villes et forteresses Spalliennes.

Dvorak

Précédent - Suivant