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Nels : Histoire d'un mage sans passé : Chapitre 26

Un orchestre qui se prépare à jouer n'est que très rarement agréable à entendre. Cependant, ce genre de cacophonie n'est rien comparé au bruit d'une bataille qui s'annonce. La plaine de Mithland résonnait du concert de ces hommes qui essayaient de vaincre leur peur morbide afin de se rendre au combat le plus vite possible. Les chevaux, animaux qui pourtant ne reculent pas devant la bataille, hennissaient nerveusement et leurs cavaliers semblaient avoir un peu de mal à les maîtriser. Les groupes se formaient alors qu'au loin nous entendions les grognements sinistres des Orcs, créatures des plus malfaisantes qu'il valait mieux approcher le moins possible. Dans le cas où elles approchent comme actuellement, mieux vaut prendre le parti de les éliminer.
- Que les fantassins s'avancent!
Les groupes d'hommes se mirent en formation de combat, serrés les uns aux autres en position dite de la tortue, mettant en commun la défense de leurs boucliers. Ne dépassaient de cette carapace mobile que les pointes des lances que tenaient les soldats de la seconde ligne. En effet, ceux de la première ligne les protégeaient des assauts en maintenant les lourds boucliers devant eux. Les secondes lignes eux pointaient les lances qu'ils faisaient passer entre les boucliers, tandis que les autres lignes mettaient leurs boucliers au-dessus d'eux afin de les protéger des archers ennemis, qui avaient tendance à viser en l'air. L'avantage de cette formation venait du fait qu'on s'en servait pour casser les lignes ennemies avec peu de pertes humaines. Une fois au contact, la formation restait en place, les premières lignes ne faisant dépasser des boucliers que leurs épées à lame courte en visant les artères fémorales des ennemis qui avaient le malheur de se trouver face à eux : la mort était assurée à moins de disposer d'un chirurgien dans les minutes qui suivaient, chose assez rare sur les champs de bataille.
- Seigneur Nels, nous avons bien reçu le signal des cavaliers...
- Attendez que les Orcs soient suffisamment proches pour lancer l'assaut.
- Bien.

La suite des rapports défilait devant moi, je n'y prêtais presque plus attention. Je fermai les yeux, et je vis ce que je sentais depuis quelques minutes déjà. Une fois que j'ai eu les yeux fermés, je sentis les lignes de vie tout autour de moi. Le Mage ne peut simplement compter sur les cinq sens conventionnels pour utiliser son potentiel à fond. Le simple fait de sentir le mana est un sens à part entière, qui devient aussi instinctif d'utilisation que la vue ou l'ouïe. Le fait de pouvoir ajouter des sens à ceux là est donné à tous, mais seuls les Mages le font avec efficacité.
Je les voyais, les lignes des humains qui s'en allaient au combat, pleines de la force de leur volonté à rester en vie, je sentais derrière moi celles de la population qui avait peur pour la sienne, celles des Orcs qui ne se rendaient pas bien compte de leur existence, mais il y avait un motif inconnu au tableau général : un vortex, un trou Noir ou quelque chose s'en approchant. Il semblait incurver vers lui les lignes de vie environnantes, sûrement le Chevalier Noir. Sa force ne m'impressionnait pas outre mesure, mais la maîtrise de l'art de l'absorption de vie qu'il semblait avoir était très grande.
Je me tournai vers les Centurions :
- Messieurs, vous connaissez votre métier de soldats. Je vous ai aidés pour ce qui est de la marche à suivre, c'est à vous de diriger ce combat.
- Seigneur, ce sera un honneur de défendre notre cité, mais pourquoi ne continuez-vous pas ?
- Je vais devoir prendre moi aussi part au combat, car nous avons un ennemi que vous auriez du mal à vaincre.
Je descendis de la muraille, et j'entendais les Centurions qui donnaient leurs ordres : les Orcs étaient arrivés au point de non-retour pour eux, et la Milice allait leur montrer ce qu'il en coûte de défier les armées de Mithland. J'étais au pied des murailles du Mithland, et je vis au-dessus de moi voler les projectiles enflammés des catapultes et autres canons, ainsi que les énormes carreaux des balistes : le son en était assourdissant et au bout de quelques secondes, ce fut une véritable muraille de flammes que l'on voyait au loin tandis que les cris des Orcs étaient quasiment couverts par les cris de rage des combattants de la Milice. La charge avait sonné tandis qu'une seconde salve allait entretenir les feux des lignes d'Orcs. Les cavaliers s'élançaient avec leurs lances en avant, et le choc fut terrible : ils pourfendirent la ligne ennemie, laissant derrière eux des corps déchiquetés et piétinés d'Orcs qui n'avaient vu de la bataille que des flammes. Je sentais les lignes de vie qui s'emmêlaient, celles qui étaient impitoyablement coupées, celles des blessés qui vacillaient en quête de réconfort mais qui finissaient par s'éteindre comme un murmure. Je vis les armures Phyrexianes qui suivaient les cavaliers s'avancer impitoyablement à travers les ennemis, moins vite que les chevaux mais cette relative lenteur rendait leur tache encore plus importante : celle de séparer les groupes d'Orcs afin que les fantassins puissent s'occuper d'eux. Ce n'était à la rigueur plus mon problème, car les Orcs n'étaient pas là pour envahir la ville. Je le sus au moment où le ciel sembla noircir à vue d'oeil, comme si le coucher du soleil avait été accéléré, et que la tempête se forma. Ainsi donc les Chevaliers Noirs pouvaient eux aussi convoquer des Tempêtes élémentaires, et celle ci était non seulement une tempête élémentaire, mais une tempête élémentaire de drains de vie. Je sais que le nom est à rallonge mais les effets en sont des plus dévastateurs, surtout sur une ville...
Je le sentais alors je me mis à courir vers lui de plus en plus vite, ne me souciant pas de ce qu'il y avait sur mon chemin. Il ne fallait justement pas se trouver sur mon chemin à ce moment là car j'avançais en tuant tout ce qui ne portait pas l'insigne de la Milice tout en avançant. Je ne regardais même pas où j'allais n'étant guidé par le très fort aura qui se dégageait du Chevalier Noir. Le principal coupable de leur nouvelle capacité à produire des tempêtes élémentaires n'était autre que moi, maintenant que j'y pensais Vahirn avait pu s'enfuir lorsque j'avais convoqué la tornade blanche, et il leur avait sûrement suffi de scruter sa mémoire afin de comprendre les mécanismes complexes qui m'avaient maintenu en vie. La trajectoire du terrible nuage était imprécise : le Chevalier avait dû se surestimer et mettre trop de puissance dans celui ci. Tandis que je transperçais un Orc qui passait en travers de mon chemin, et que je faisais d'un autre un feu de joie, je vis au loin l'aura Noire du Chevalier qui dirigeait calmement son nuage, ne prêtant même pas attention à la direction de ses armées. J'avais encore le fameux artefact que j'avais récupéré dans les trésors du Royaume des Hauteurs, je m'en servis donc pour lui signifier ma présence par une salve de lumière. En continuant d'avancer je me rendis compte que mon dernier petit assaut ne l'avait même pas inquiété, il s'était à peine tourné vers moi et il me dit d'une voix étonnamment douce :
- Un Grand Maître... Moi qui pensais que cette engeance était encore terrée sur son Ile pour le pathétique Grand Conseil...
- Ne vous méprenez pas, notre engeance comme vous le dites si bien, vous exterminera tous, Chevalier Noir.
- Vous oseriez vous mettre en travers de ma route ?
- Je vais vous éliminer. Vous n'arrivez même pas à contrôler votre tempête élémentaire, alors pour me vaincre, il vous faudrait faire des progrès.

Nous étions enfin face à face, il était vêtu de son armure Noire comme la nuit, couverte d'inscriptions runiques qui lui donnaient un air encore plus sinistre, malgré le fait que le Chevalier soit lui-même assez beau, il fallait le reconnaître. Il avait de longs cheveux blonds qui encadraient un visage d'une finesse quasi féminine, assez étonnant de ne pas voir de stigmates dus à la souffrance sur ce visage. Il sortit son épée et me dit :
- Moi, Thorketil de Licht, Chevalier Noir au service du grand Alarkhan, ai décidé de te tuer.
- Enchanté Thorketil, laisse moi te dire que moi, Nels, vais te massacrer avec plaisir.
Il avait commencé à se concentrer, car je vis le nuage perdre considérablement de son intensité. Il sortit son épée, sûrement faite de Vulcanium elle aussi, à la différence qu'elle semblait être faite de morceaux simplement collés les uns aux autres, j'en voyais d'ailleurs les jointures assez nettement.
Je sortis mon épée à mon tour, et le saluai d'un hochement de la tête. Contrairement à de nombreux humains qui paraissaient plus vertueux, les Sombres ont un certain sens de l'honneur sur le champ d'honneur, à l'exception d'hommes comme Vahirn. Il répondit à mon salut, et s'avança vers moi. Je pris mon épée à deux mains, la lame de celle ci étant bien placée à la verticale, et je m'élançai en avant, abattant mon arme de haut en bas de toutes mes forces. Il évita le coup en sautant en arrière mais ne s'était pas rendu compte que j'avais créé un léger effet d'onde de choc, ce qui le secoua quelque peu dans son armure. Il grimaça un peu, mais revint rapidement à la charge. Malgré son air efféminé, il était suffisamment fort pour courir assez vite avec son armure, et il me le fit comprendre en tentant une attaque frontale avec la pointe de son épée. J'eus peine le temps de rouler sur le côté qu'il me balança un drain de vie, que je pus dévier grâce à un sort de renvoi. N'empêche, il était doué car j'avais bien reculé, et je ne compris pas de suite pourquoi il prenait de l'élan pour une attaque à distance à l'épée : la sienne étant composée de blocs accolés les uns aux autres je n'aurais nul doute aucun mal à la briser en cas de choc puissant. Il se mit à courir de nouveau, et nos épées s'entrechoquèrent dans un grand fracas. Nous fûmes repoussés chacun de notre côté mais je pus me remettre sur mes appuis assez vite. Je m'élançai à nouveau, avec la même position de combat que précédemment, ma lame étant placée bien à la verticale. Je bondis en avant et, m'étant approché quelque peu, je l'abattis de nouveau de toutes mes forces, ce qui créa un effet de choc accompagné d'un effet de vent, que j'avais préparé par un sort du Bleu. Thorketil se retrouva sur le dos un peu plus loin, et se releva alors que je m'approchais de lui.
Il lança son bras de bien loin, et je compris ensuite pourquoi son épée était constituée de blocs : ils se séparèrent, tous, reliés par une longue et fine chaîne, et se dirigeaient vers moi un peu comme un cobra se jette sur sa proie. Je ne pus l'éviter, ce qui me valut une belle entaille au bras gauche. Il maîtrisait parfaitement sa chaîne car quelle que soit mon esquive il parvenait à m'effleurer, et ce dans le cas où je me débrouillais le mieux pour éviter ses lames. Il continuait de m'entailler d'un peu partout, sans doute espérait-il me vider de mon sang. Je ne sentais plus la douleur de toutes les manières, autre chose venait de me troubler encore plus : le Chevalier essayait de scruter ma mémoire, et ma tête me faisait mal comme la fois où je m'étais réveillé dans l'Académie accueilli par Bardéak. La douleur devenait atroce et je vis d'un coup le visage du Chevalier changer du tout au tout :
- Depuis quand les Maîtres scellent leurs mémoires?
En effet, je sentis très précisément une douzaine de sceaux sur mon esprit alors que le Chevalier essayait de les briser. Nul doute que ces sceaux étaient ceux qui m'empêchaient de me souvenir de ce que j'étais avant mon passage à l'Académie. Ces sceaux semblaient avoir été faits avec une puissance démesurée, ce qui expliquait pourquoi le Chevalier mettait autant de puissance dans ses tentatives pour les briser, et ce qui occasionnait ce mal de crâne.
- Chevalier, si vous continuez de tenter de forcer ma mémoire, je vous massacre...
- Mon cher Maître, vous ne pouvez plus m'arrêter, je vais vous tuer !, hurlait-il dans un rire sadique.
Mon crâne allait vraisemblablement exploser, et tout mon corps était atteint par les attaques psychiques qu'il tentait sur moi. Il avait réussi à me maintenir à distance et désormais il m'empêchait de bouger. Je ne sentais plus mon corps et mes sens s'engourdissaient, enfin mes cinq sens corporels, car je sentis le mana affluer vers moi à nouveau, de manière intense. La plaine émettait sa vibration encore une fois et elle gémissait de plus en plus fort. Ce coup ci je savais comment maîtriser la vibration. Je sentis le point de pression qu'utilisait dans mon esprit le Chevalier, et je parai son attaque. Il ne fut pas surpris, mais profita de ce que je ne bougeais pas encore pour foncer de plus belle sur moi, ce qui lui fut fatal. Il fut accueilli par une tornade Blanche, qui détruisit son armure, la réduisant en miettes. J'avais réussi où les Sombres avaient échoué : j'avais pu contrôler la Tempête. Cependant il n'avait pas dit son dernier mot... La bataille faisait encore rage, et malgré la victoire certaine qu'avaient acquis les Miliciens, les Orcs leur menaient la vie dure. Pendant ce temps, le nuage Noir, bien qu'ayant perdu en intensité, continuait de flotter au-dessus du champ de bataille, quand soudain il s'abattit sur toute une compagnie de fantassins qui chargeait : les pauvres hommes furent littéralement absorbés vivants dans la mort la plus ignominieuse tandis que résonnait le rire horrible du Chevalier. Celui ci portait les marques laissées par les débris de son armure lors de la Tornade, mais son teint devint de plus en plus blafard, tandis que des rides apparaissaient sur ce visage qui avaient une telle finesse : il devenait peu à peu un véritable monstre assoiffé de sang. Je sentis les lignes de vie de ces pauvres hommes venir à lui et alimenter l'aura immonde des hommes du Sombre, il n'avait pu me battre par lui-même il avait pris la voie de la facilité en prenant la vie des autres...
- Thorketil, tu es un homme mort...
Il ne parlait plus, tout ce qui sortait de sa bouche n'était que des hurlements aigus qui lui ôtaient tout son caractère humain : en voulant accumuler trop de puissance son esprit cédait la place aux plus bas instincts et c'est ainsi qu'il fit s'abattre de nouveau le nuage mais cette fois ci totalement au hasard sur le champ de bataille. J'eus à peine le temps d'influer sur la trajectoire de celui ci, ce qui fut heureux : il s'abattit sur un petit groupe d'Orcs qui faisaient de la résistance. Il vit que je m'étais un peu déconcentré et il tenta une vague noire sur moi, mais je pus contrer son sort avant qu'il ne finisse de le réaliser, heureusement les sorts du Bleu permettent ce genre de réactions rapides. Il fit jaillir des liens de Mort, comparables aux Drains de vie, de son bras, et me les lança furieusement. Je ne connais meilleur remède à la Mort que la Vie, alors je fis pousser une barrière Verte, composée de plantes qui absorbèrent son attaque. Il essaya ensuite de continuer le duel à l'épée, la sienne avait repris une apparence plus normale avec une lame monobloc, et il l'avait chargé de mana Noir de destruction : une de ses attaques ayant fini sur le sol, les végétaux moururent tous dans un rayon de deux mètres environ. Heureusement pour moi, j'étais à quelque distance et j'en profitai pour faire pousser dans ce même rayon de deux mètres des ronces épineuses et ce, le plus vite possible. Il se dégagea tant bien que mal, et je lui envoyai une forte décharge de vent encore une fois. Les hurlements de Thorketil se firent encore plus aigus, et je sentis qu'il tentait de reprendre le contrôle de lui-même, mais il avait atteint le point de non-retour : son esprit avait été totalement consumé. Je compris enfin pourquoi on l'avait envoyé : nul doute qu'il aurait été sacrifié à son tour afin de transmettre cette énergie à ceux qui en savaient le contrôle. En attendant, je ne pouvais pas le laisser continuer ainsi, et je comptais bien le faire payer pour ses crimes. Il essayait de cumuler le plus de pouvoir possible et je sentais autour de lui une résonance se former : il essayait de créer un nuage Noir de plus grande envergure cette fois ci. Le diamant de mon bras gauche scintillait de Rouge, d'un rouge pur comme celui avec lequel on symbolise la colère. Je ne le laisserai pas faire. Je comptais bien le rôtir sur place mais j'avais le problème de son nuage Noir qui se promenait au-dessus de nos lignes à nouveau, ce qui me faisait craindre un autre massacre qui lui donnerait assez de puissance pour créer un nouveau nuage et ainsi de suite. Je ne le laisserai pas faire. Je courus le laissant là prostré comme un ivrogne mais continuant d'accumuler du mana à n'en plus savoir qu'en faire d'autant plus que son esprit se perdait de plus en plus, et je sentis les liens de contrôle entre le nuage et lui. Je sentis la vibration du mana qui s'amplifiait, et j'essayais à nouveau d'entrer moi-même en résonance avec le mana, tout en essayant de déstabiliser la fréquence de vibration du lien entre le Chevalier et le nuage. Je réussis, heureusement, à briser les liens. Je ne le laisserai pas faire. Je me retournai, il me regardait d'un air furieux et je voyais son aura qui prenait la forme d'une nébuleuse que j'avais déjà vu une fois : une Vague de Mort... Je ne savais que faire mais me vint une idée : les bras écartés face à lui, je déclenchai une grande barrière de mana, tout en déchargeant le mana Rouge sur Thorketil. Je ne le laisserai pas faire. Je sentis les lignes de vie du Chevalier Noir le quitter, et se dissoudre dans la flamme ardente qui finissait de consumer la bête sauvage qu'il était devenu : la puissance qu'il avait accumulée lui avait fait perdre tout sens de raisonnement. Cependant, sa vague Noire venait encore vers moi et la barrière avait intérêt à être efficace si je ne voulais pas multiplier les victimes sur le champ de bataille, voire dans la ville même car l'intensité de la vague était forte, trop forte pour que je puisse simplement l'éviter. Je créai tout d'abord la grande barrière, à l'aide du Bleu, ce qui donna une couleur bleu saphir à l'atmosphère qui m'environnait et cette lumière devenait de plus en plus intense avant de créer un titanesque mur de l'Esprit derrière moi, muraille infranchissable à condition que lors de la création du sort l'esprit du Mage ait bien canalisé le mana. J'étais devant ce mur et je n'avais plus le temps: la vague allait m'atteindre, et je lançai un sort de mur de Vie pour me protéger, advienne que pourra.

Mon crâne était au point d'exploser, je sentais comme des dards d'énergie qui me transperçaient le cerveau de part en part. Je tentais de retrouver les sceaux de ma mémoire et je compris mieux : Thorketil en avait endommagé un à force de persévérance dans ses attaques et mon ancienne mémoire entrait en conflit avec mes nouveaux souvenirs, enfin c'est l'impression que j'avais à ce moment là. Je me sentais couler dans un océan de cris immondes, de râles de souffrance émis par des milliers de personnes, j'entendais au loin des supplications et des appels à l'aide, je sentais mon corps qui me brûlait et je n'avais qu'un sentiment en tête : la haine et l'envie de destruction. C'est à cet instant que j'entendis une voix douce, que j'avais déjà entendu, qui chantait une musique des plus apaisantes pour mon esprit. Peu à peu je me sentais remonté du gouffre de souffrances dans lequel j'étais...

Une main chaude et douce était posée sur mon front, j'étais emmailloté de bandages, et j'avais du mal à bouger.
- Enfin tu te réveilles, dit une voix.
La main passa dans mes cheveux, et je la saisis de ma main gauche, enfin celle qui n'était pas couverte de bandages.
- Elanor, c'est toi qui as tenu à me momifier?
- C'était pour mieux te conserver, mais maintenant que tu te réveilles, je doute que j'aie besoin de continuer le traitement...
-Je vais me lever, je ...
Je perdis surtout connaissance au moment où j'essayais de bouger du lit. Je replongeai immédiatement dans le même cauchemar atroce, ne pouvant en réchapper avant des instants qui me parurent une éternité... Qu'y a t'il de si effrayant dans ma mémoire ?

Nels

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