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Nels : Histoire d'un mage sans passé : Chapitre 34

Avoir passé des années à côté de quelqu'un ne garantit pas forcément que l'on connaisse cette personne. Connaître ce vieil homme, que je savais bien plus vieux qu'il n'y paraissait, au point où je percevais le connaître me semblait naturel. Il m'avait repéré là où d'autres auraient pu passer des heures sans savoir que je m'étais camouflé : dans une ombre. L'oeil le plus exercé ne m'aurait jamais décelé, vu que j'excelle dans l'art de me cacher, pourtant il savait.

- Je tiens à te dire que la discussion que tu viens d'espionner maladroitement ne te concerne pas du tout, me dit-il d'un coup.
- Je venais juste vous faire un rapport de ce que j'ai vu, et je comptais tester quelque peu mes capacités.
- Tu me vouvoies encore, Nels, et je pense que maintenant il faudrait que tu perdes cette habitude. Je ne tiens pas à ce que l'on pense que je te suis supérieur.
- C'est un signe de respect, mon ami, et vous êtes après tout cordialement respecté auprès de tous nos pairs.
- Soit, mais n'oublie pas qu'il faut que nous soyons soudés et que ce genre de considérations n'entre pas en ligne de compte...

Nous fûmes rapidement interrompus dans notre conversation. De nouveau, une escarmouche avait eu lieu et dans un chaos total les hommes répondaient aux ordres contradictoires de l'organisation de Lemba. Dans son inutilité, il prenait nombre de décisions seul, ce qui faisait que ses subordonnés ne savaient jamais comment réagir à peine il leur était demandé de faire preuve d'un peu d'initiative. De loin je sentis une présence que je connaissais déjà, ce qui m'étonnait : je sentais distinctement sa présence, son mana, mais aux abords du camp alors que physiquement il n'avait pas bougé.
- Je ne te suis pas supérieur au point que tu le penses, mais je suis sûr que j'ai pas mal de choses à t'apprendre, jeune Grand Maître...
- Je n'en doute point, répondis-je.
J'étais tout de même assez intrigué par la nouvelle capacité que me montrait là ce vieux sage et je compris vite ce qu'il avait fait. Le plus vite que j'ai pu, je me suis rendu à l'endroit où nos belliqueux visiteurs avaient décidé de se manifester. Bien m'en prit, le spectacle en valait la peine : Basaïn avait par son exceptionnelle maîtrise du Bleu réuni une brume d'une épaisseur effrayante et celle-ci prenait peu à peu vie sous la forme d'un chevalier en armure. Le chevalier des brumes venait de naître. Sous les ordres de Basaïn, l'invocation qui n'avait d'humain que l'aspect avançait peu à peu vers ses ennemis.
A l'image de son Roi, un des capitaines Elfes dans son arrogance ne comprit pas que l'amas de brume qui était devant lui était son allié et ordonnait qu'on le perce de flèches. Les flèches le transpercèrent sans aucun effet notable, sans altérer sa forme ni son déplacement. Nos valeureux adversaires s'enthousiasmèrent du caractère vaporeux de la créature et lui faisaient face avec leurs épées dégainées. Le petit groupe d'assaillants était constitué de quelques Humains revêtus de pièces de cuir mal dégrossies en guise de protection, ainsi que de deux ou trois Gobelins qui avaient sans doute été pris en guise de pisteurs renifleurs. Cependant, l'épée prétendument immatérielle de l'ami chevalier des brumes se révéla être un scalpel des plus affûtés quand sa lame irradiée de mana bleu trancha sans un bruit ni accroc la tête du premier Humain à sa portée. Je comprenais mieux pourquoi Basaïn était un des seuls Grand Maîtres à ne jamais forcer sur l'activité physique : ce genre d'invocations lui permettait sans doute d'éliminer ses ennemis de manière plus rapide. Je pensais plus propre mais à la vitesse où le chevalier des brumes transformait ses ennemis en viande froide, je ne pouvais l'attester.

A la fin du combat, le chevalier des brumes commençait de se dissiper. C'était mon tour d'étonner la galerie. Basaïn ne faisait que rarement les choses au hasard, je commençais de le savoir, d'autant plus quand il me montrait de nouveaux sorts. J'avais lu au cours de ma semaine à Mithland de nombreux rouleaux concernant les méthodes d'apprentissage de la magie par observation. Rapidement, les hommes avaient repris leur poste et le chevalier, plutôt que de disparaître comme toute invocation ayant fini son travail, reprenait forme. Ce que j'avais pris pour un début de dissipation n'était que le début d'un renforcement énorme provoqué par un nouvel afflux de brume.
J'attendis que les Elfes soient plus loin, et d'un coup je me concentrai :
- Même après m'avoir confié les plus hautes responsabilités, on n'a de cesse de me tester n'est ce pas ?

Je sentis que ma phrase avait affecté le vieux Maître, et d'un coup le chevalier se mit en position de combat. Bien lui avait pris, car d'un coup derrière lui, s'était présenté mon propre champion : j'avais réussi en observant mon Maître à créer une invocation de flammes. J'aime beaucoup le feu et j'avais l'occasion de défier celui qui m'avait formé. Nous n'eûmes pas le temps de finir : des gardes étaient venus chercher Basaïn à la demande de Lemba, qui voulait aussi me voir par la même occasion.

Il semblait furieux et sa charmante épouse se tenait derrière lui avec un regard mêlé de mépris et de colère envers celui qui, s'il lui avait permis d'avoir le statut de Reine, semblait surtout lui faire passer des moments où elle aurait préféré se cacher. Je me demandais si le genre de télépathie que j'utilisais avec Basaïn me permettait de lui faire "entendre" ma voix.
Nous nous tenions, moi et Basaïn, debout devant le chef de la coalition qui hurlait et gesticulait. Mes élèves en rentrant de notre expédition n'avaient pas su tenir leur langue, et tout le camp savait que j'organisais de charmantes petites sorties entre amis mages la nuit. D'aucuns avaient répliqué qu'il s'agissait de dérèglements non conformes à la morale, que nous n'étions qu'une bande de dépravés qui s'étaient montré des signes d'affection au-delà de ce qui était couramment admis. Les élèves de l'Académie, fort échauffés par notre sortie, avaient à ce moment là rué dans les brancards et réglé allègrement leur compte à tous ces moqueurs...
- Vous imaginez-vous, criait un Lemba incendiaire, que nous avons perdu une dizaine d'hommes de ma garde royale à cause de vos élèves qui ont usé de violence à l'intérieur même du camp ? Je ne sais pas ce qui leur prend, et de plus on m'a alors seulement signalé que vous aviez quitté le camp vous-là !, ajouta-t-il en me pointant du doigt...
Je commençai de tester malicieusement ma nouvelle idée en essayant de transmettre ma pensée à Naëria :
- Dis-moi, ne lui as-tu pas dit que j'étais bien plus intéressé par les Humaines? ou par les reines elfes...
Le rougissement des joues de mon interlocutrice non consentante me prouvait que pour une fois, l'entrevue avec Lemba n'allait pas manquer d'intérêt. Basaïn fut informé le plus vite que je pus : j'allais être assez occupé avec la Reine pour présenter mon rapport.
Basaïn commença donc d'expliquer qu'il avait donné des ordres pour que j'explore des galeries qu'il avait repérées et qu'il serait judicieux que le convoi s'y déplace. Ainsi nous aurions une position à l'entrée des Terres Maudites afin d'y rester et de regrouper une fois pour toutes les troupes de la coalition toute entière. Personnellement je n'écoutais que d'une oreille : j'avais même trouvé le moyen de lui permettre de me répondre :
- Dis-moi ma petite Elfe en sucre, je ne savais pas qu'il était aussi hyperactif...
- J'avais oublié à quel point tes dons en magie te rendaient arrogant par moment...
- Arrogant ? Regarde donc de quel côté tu te trouves désormais. Qu'avais tu besoin de te mettre avec un tel clown ?
- Cesse d'insulter un monarque, cela ne te ressemble pas...
- Dis-moi donc, tant que je discute avec toi, est-ce qu'il est aussi actif dans tous les domaines ?
- Cesse donc !

Le rouge aux joues lui allait très très bien, mais je me suis surpris à prendre plaisir en étant méchant avec elle. J'avais toujours pris à coeur la vengeance quand il s'agissait de choses graves. Dans le cas présent, j'avais l'impression de prendre plus à coeur mon honneur que j'estimais bafoué qu'autre chose.
Je fis un geste à Basaïn, qui venait de prendre la responsabilité de mon geste. Je voulais voir à quel point j'avais de l'emprise sur Naëria. Je voulais, chose qui ne m'était pas encore arrivée, savoir si je pouvais la manipuler à ma convenance et ce, sans me soucier des conséquences.
Je pris la parole de manière plus conventionnelle :
- Je ne voudrais manquer de respect à personne, je voudrais simplement me retirer parce que je ne suis, après tout qu'un simple exécutant...
- Mais vous n'imaginez pas que je vais vous laisser vous en sortir à si bon compte voyons...
- Pourquoi cela ?
- Mais mes gardes... ils ont été blessés...
- Je vais les soigner alors...

Naëria ne put s'empêcher de prendre la parole :
- C'est déjà fait...
Je connaissais sa voix, elle était affectée par notre petit dialogue. Sans jamais avoir été loin, lors de ma formation en Vert avec elle, il avait fallu qu'elle s'ouvre beaucoup à moi. J'étais dans un état assez étrange, ne prenant en considération dans mon esprit qu'un sournois esprit de vengeance assez malsaine...
Je me retirai donc après que Lemba a consenti à ma demande et je ne fus pas surpris de voir Naëria s'éclipser au même temps en prétextant vouloir voir les blessés. Elle n'était que peu surprise de voir de la brume en sortant de la tente et me rejoignit immédiatement... C'était mon tour d'être cruel je n'avais aucune envie de me retenir et l'occasion était trop belle. Je la pris dans mes bras aussitôt qu'elle eut passé le mur d'illusion que j'avais formé. Elle me repoussa lentement, et je lui dis :
- Je n'irai pas plus loin que cela, c'était juste pour que tu sois consciente de la faiblesse de ta volonté.
Elle blêmit, et m'annonça assez crânement :
- Crois-tu que je sois de celles qui laissent passer de telles provocations ?
- Qui a le plus à craindre ? Le roturier devenu Maître, qui sait qu'on l'attend et ce, de façon sincère ? Ou la jeune Elfe qui a décidé de prendre son propre destin en main, ainsi que bien d'autres choses, et qui pour ce faire a épousé la risée de la Coalition ? Penses-y...

Je fis disparaître la nuée tout en me déplaçant vers ma chambre dans l'ombre. Je naviguais de mieux en mieux quand je le faisais et j'avais une drôle de sensation : je contrôlais ce que les autres ne voyaient pas. Lemba ne saurait jamais que j'aurais pu sans problème passer la nuit dans ma tente avec son épouse. Il ne savait pas qu'elle commençait de le haïr au point de vouloir sa mort.
Une présence trop connue venait de me ramener sur terre. Le vieux mage avait décelé mes sorts depuis un bon moment mais m'avait laissé continuer. Je ne comprenais pas ses motivations, je ne comprenais pas pourquoi s'il me désapprouvait, il m'avait néanmoins laissé humilier Naëria. Il me dit :
- Je te pensais beaucoup moins gamin, je te laisse faire mais...
- Voila, voici que tu te prends pour le Père de toute la terre, alors que toi-même tu ne sais où nous allons...
Je m'étais surpris à le tutoyer mais je ne regrettais pas. Il ne comprenait pas que je rendais simplement à quelqu'un la monnaie de sa pièce et que, si elle ne m'avait pas trahi, jamais je n'aurais eu besoin de lui faire cela. J'aurais même pu faire pire...
En entrant dans ma tente pour la dernière nuit au camp avant notre départ pour la forteresse que j'avais trouvé, je commençais de me déshabiller quand je tombai sur une lettre que j'avais écrite à Elanor. Elle ne méritait pas que je me comporte de la sorte, me suis-je dit, mais en réalité sur le coup je n'en avais strictement rien à faire.

Les portes de la muraille extérieure venaient de laisser passer un cavalier qui avançait à bride abattue. L'Urbs avait été marquée par de nouvelles apparitions qui ne laissaient plus de doute, le culte Sombre avait gagné de nouveaux adeptes. On avait même repris les recrutements au sein de l'armée et on disait que, dans les cours les plus secrètes du Château de la lignée, on entraînait de nouveau les jeunes membres de la Garde Royale aux arcanes les plus secrets de la magie. Le cavalier arrivait aux portes du palais, tendant un sceau que les gardes reconnurent :
- Des nouvelles du Second, des nouvelles du Second...
Le Prince aux cheveux noirs avait insisté pour qu'on ne parle plus de lui en qualité de membre de la famille royale. Il se faisait appeler le Second, car il ne serait jamais dans le Royaume celui qui mènerait les affaires. On ne l'avait pas puni pour ce qu'il avait fait au traître Altec, mais il avait eu une attitude qui l'avait fait aimer des hommes de troupe : il avait demandé à devenir simple soldat.
Bien mal en prit à ceux qui le défiaient en duel, en pensant que le "gamin" n'était qu'un faible. Les lieutenants lui manquaient de respect, le forçaient à travailler de façon injuste le plus souvent, mais il effectuait toutes les tâches avec ardeur. Il passa alors lieutenant lui-même, puis les gradés le reconnurent comme un de leurs égaux, puis supérieur. Il allait et venait avec ses hommes, les considérant comme ses frères.
La suivante Aurora arriva dans la cour où le Roi supervisait un entrainement. Bien qu'il n'ait jamais été d'accord avec les choix de son entêté de fils, il prenait régulièrement de ses nouvelles. Le Second avait pourtant laissé des nouvelles fort inquiétantes. Les Sombres avaient réuni une armée considérable disait le messager. Il raconta comment il avait hérité du message : il disait à son supérieur que son enfant devait être né, et le Second avait glissé le parchemin dans sa main. Le Roi renvoya le soldat vers sa famille et demanda à voir les capitaines de sa garde.
- Voici ce que dit le Prince, dit le Roi, les troupes sont nombreuses et nous forcent à nous diriger vers la forteresse du Sud. C'est la forteresse qui sert à la protection des mines de Vulcanium...
La suivante Aurora n'entendait que de loin ce qui se passait. Elle cherchait à savoir. Depuis l'incident Altec, elle se sentait quelque peu coupable. Un jeune homme blond, avec une longue chevelure, se tenait à coté d'elle. Il entendait de bien plus loin et lui dit :
- Rora, ne t'inquiète pas, il va bien pour le moment...
- Lupus, je ne m'en fais pas tant que ça
- Je sais bien que tu t'en fais pour lui...
- Tout comme je m'en ferais pour toi si tu étais dans la même situation.
- Je sais bien, mais je sais bien aussi que tu aimes plus mon frère. Je ne suis qu'une sorte de petit frère pour toi, tandis que lui...
- On aime beaucoup les petits frères, tu sais Andrus... Et je ne vois pas vraiment de quoi tu parles.
- Je suis jeune, mais je ne suis pas niais tu sais... Puis, demande-toi pourquoi mon frère agit de la sorte, faisant oublier qu'il est Prince mais rappelant qu'il est soldat ? Je suis l'Héritier, je pourrais régner avec lui à mes côtés mais il préfère qu'on oublie qu'il est de sang royal. Mes parents sont certains qu'il le fait...
- La Reine m'en a déjà parlé. Ton frère aurait laissé entendre qu'il y pensait... Il pourrait tout de même réfléchir un peu plus. Il y a dans les autres royaumes des dizaines de princesses qui...
-Qui ne t'arrivent pas à la cheville, Rora. Il y tient, je le sais. Je lui ai déjà opposé votre différence d'âge comme argument, il a failli me frapper...

Le Roi s'était approché de son fils pendant que la discussion se déroulait. Il se tourna vers la jeune suivante et lui dit :
- Aurora, mon enfant, je sais que tu aimes énormément mon fils. Cependant, si tu ne l'aimes pas de cette façon, il faudra qu'il comprenne que ce mariage n'a pas lieu d'être...
- Mon bon Roi, comment voulez vous qu'une paysanne comme moi pense qu'elle peut ne serait ce que penser continuer de vivre auprès de la famille royale, alors que vous n'avez plus besoin de moi...
Le Roi l'interrompit :
- Ce n'est pas l'avis du Prince Andrus, et tu sais bien qu'il est difficile de lui faire entendre raison. C'est ce qui l'a poussé à être dans le sacré pétrin où il se trouve maintenant...

La suivante resta interdite tandis que le Roi expliquait la situation à son Héritier : Andrus avait battu retraite dans la forteresse du Sud, et expédié ses troupes vers l'extérieur afin qu'elles utilisent les galeries pour fuir. Il comptait prendre la même direction avec une poignée de ses fidèles, ses hommes qu'il avait formés non seulement au combat mais aussi à la magie. Il avait d'ailleurs choisi son cercle de fidèles de manière étrange, observant des troupes à la manoeuvre et demandant humblement qu'on puisse mettre à sa disposition des éléments qu'il avait repérés. Le Roi ne s'opposait pas à ce qui avait été appelé "caprices" par certains, son fils lui ayant expliqué ses motivations.

Quelques jours plus tard, les troupes arrivaient dans la ville : même constatation. Détail qui avait son importance : le Second avait envoyé avec eux des mages qui avaient eu pour mission de boucher derrière eux les galeries. Un des mages du Bleu qui était là avait senti une énorme quantité de mana à un moment donné, comme si on avait entouré la forteresse du Sud d'un sort de dissimulation...

La suivante Aurora fut demandée quelques jours plus tard. Elle fut intriguée, vu que les Princes étaient de jeunes hommes parfaitement formés, on n'avait plu besoin d'elle dans les appartements royaux. La Reine tenait tout de même à ce qu'elle reste et la convoquait généralement pour discuter. Les projets du Prince aux cheveux noirs ne lui déplaisaient pas : malgré la différence d'âge les membres de la lignée vivaient très vieux et étaient capables de faire en sorte que leur conjoint vive plus longtemps que la moyenne. Aurora pensait qu'il s'agissait encore une fois d'une de ces discussions. Cela la fit sourire de penser que la Reine la relançait encore une fois pour ce qui était de ces hypothèses de mariage. Elle ne s'attendait pas à voir la large silhouette dans le salon où elle entra. Une dispute semblait se dérouler, alors elle ne dit rien. Elle afficha un grand sourire à Andrus qui était de retour...

- Mais enfin Andrus, ne me fais pas croire que ce que tu affirmes était vrai pour tous ces hommes...
- Lupus, répondait il, crois-tu vraiment que j'aurais fait tout cela si je n'en avais pas été sûr?
Le Roi prit la parole ce qui soulagea la Reine, qui en avait assez de la dispute des deux Princes :
- Lupus, cela fait quelques mois que ton frère suit cette piste...

Aurora alla vers la Reine qui lui expliqua toute la situation. Les hommes d'Andrus, sa garde personnelle, avaient été recrutés par lui personnellement. Or, depuis l'épisode Altec, Andrus avait développé considérablement sa connaissance du Sombre, et était capable de les détecter. Il avait donc réuni tous les Sombres qu'il avait croisé et leur avait fait croire qu'il comptait prendre le contrôle du pays. Ils lui apportèrent toute leur collaboration et réunirent leurs troupes cachées immondes vers la forteresse du Sud.
- Maintenant comment veux tu que l'on explique aux autres que tu as massacré toute ta garde personnelle? Que tu as aussi passé par les armes toute une série de nos ennemis et que tu es encore en vie ?
Sans un bruit, sans crier garde, le jeune Andrus avait levé sa main gauche ornée de bagues de cinq couleurs et un éclair d'une puissance énorme venait d'en sortir. Le jeune Lupus, visé, le contint sans aucune peine. Cependant, l'intensité de cet éclair augmenta et se démultiplia au point que le Roi s'étonna de la maîtrise atteinte par ses fils. Cessant son sort, le jeune Andrus dit alors :
- Tu comprends mieux que j'ai tous les arguments qui expliquent ma victoire ?
- Je sais bien que nous sommes bien plus puissants que la majorité des autres mais...
- Cesse donc de te préoccuper des autres, nous nous devons de maintenir la paix. Combien d'autres familles devront payer si nous ne nous occupons pas des Sombres ?
- Essaie de m'écouter quelque peu, Andrus, hurla Lupus. Quand donc vas-tu écouter ce que je te dis ?
- Voila, voici que tu te prends pour le Père de toute la terre, alors que toi-même tu ne sais où nous allons...

Andrus se tourna vers Rora, qui le regardait assez énervée. Elle n'aimait pas le voir devenir obtus au possible. Elle recula quand il avança vers elle pour la saluer, et disparut dans le couloir. Tout du moins elle avait commencé d'avancer dans celui-ci, et attendait le jeune Andrus.

Le Roi s'était avancé et avait posé la paume de sa main droite sur le front de son fils.
- Si ton frère a hérité d'une grande réflexion, je reconnais bien là mon impulsivité.
Reculant de deux, trois pas, il asséna un coup d'épée le plus rapidement possible que personne n'aurait pu prévoir. Retenant la lame à quelques centimètres de son visage entre son index et son majeur, Andrus soupira :
- Même après m'avoir confié les plus hautes responsabilités, on n'a de cesse de me tester n'est ce pas ?

Il s'approcha de son frère et le prit dans ses bras :
-Mon frère, ne sois pas furieux contre moi. Je fais tout ceci pour que tu n'aies pas à le faire. Personne ne m'ôtera cette place, je serai le Second car le seul qui soit capable de te protéger. Maintenant, j'ai quelqu'un d'autre que je veux protéger à rejoindre...

Il alla dans le couloir, et on devina que deux ombres se blotissaient l'une contre l'autre. La suivante était tellement rassurée de voir le prince revenir indemne, qu'elle s'était laissée aller à le prendre dans ses bras...

Je me réveillai avec un mal de crâne qui me mit de très mauvaise humeur. Je me levai et allai veiller à ce que notre déplacement se passe bien.

Nels

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