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Neige Rouge : 5 Apocalypse

Un hélicoptère de l'armée américaine, quelque part au-dessus de l'Alaska.

Elle tenta de bouger mais son corps était coincé dans le peu de place qu'elle avait pu se faire dans l'hélicoptère plein de Marines', elle se demandait encore comment elle avait réussi à passer sans se faire repérer. Elle n'eut pas longtemps à attendre pour comprendre, ce qui lui évita les courbatures.

Elle sentit une main gigantesque la prendre par le col et la sortir de sa cache. L'hélicoptère était en route depuis un petit moment, elle supposa donc qu'elle ne serait pas reconduite manu militari à la porte de la base. Lorsqu'elle apparut dans le cockpit, des visages fermés se tournèrent vers elle. L'ensemble des hommes portait des combinaisons qui n'avaient pas grand-chose à voir avec les classiques uniformes militaires standards. Ils arboraient d'étranges combinaisons souples couvertes de plaques de métal, et frappées de trois épées illuminées, s'élevant vers le ciel.

« Vous savez, Mlle Diningam, qu'il me faudra certainement faire un rapport sur votre comportement. », commença Astings, « Quoiqu'il me semble que vous en savez maintenant un peu trop pour que je puisse vous laisser partir ainsi. »

Le colosse qui la tenait resserra son étreinte. Elle regarda Astings dans les yeux, elle n'avait jamais vu cet homme, pas ce Charles Astings là. Ses pupilles brûlaient d'une ferveur qu'elle ne lui avait jamais cru pouvoir l'habiter. Il parlait avec une détermination qui lui fit froid dans le dos.

« Cette fois, votre scoop risque de vous coûter un prix plus important que vous ne pouvez payer, Asheley et j'en suis désolé. », ajouta-t-il, « Mais je ne peux me permettre de vous voir publier ce qui va suivre. »

Elle attrapa lentement le poignet qui lui enserrait le cou et, sans effort apparent, brisa l'étreinte du colosse. Il y eu aussi un bruit d'os. Elle se retrouva accroupie proche de l'homme qu'elle venait de blesser, celui-ci n'osa pas crier sa douleur, puisqu'il avait sa propre arme plaquée au visage.

« Je crois que vous m'avez sous-estimée, M. Astings, je ne sais pas ce que vous comptez faire par la suite, mais je ne suis pas uniquement là pour faire un récit croustillant des erreurs de l'armée. », dit-elle calmement, « Vous vous trompez sur mon compte. »

La tension qui avait monté dans l'espace confiné n'était pas la meilleure chose pour un règlement pacifique du problème. Asheley posa finalement l'arme de guerre qu'elle tenait une fois qu'elle fut parfaitement sûre qu'elle ne serait pas la cible des autres militaires présents dans le cockpit.

« Expliquez-vous, Mlle Diningam, de quel droit avez-vous enfreint l'interdiction d'accès à l'entrée de la base et pris place dans un hélicoptère de l'armée américaine en partance pour une opération classée secret défense ? »

« Le droit du sang, Astings, je veux la peau de Danté, et je l'aurai que vous soyez sur mon chemin ou non. »

Le lieutenant général fit la moue.

« Vous semblez en savoir beaucoup, Mlle Diningam, ne me dites pas que c'est grâce à vos contacts dans le milieu journalistique, je ne vous croirais pas. »

« Opus Inquisitum... », Dit-elle.

Le silence tomba sur les regards incrédules des militaires et de leur lieutenant général.


Un avion cargo, quelque part entre l'Alaska et la Russie.

Shaad attendait avec une certaine appréhension le moment où le cargo prendrait la destination du sol. Anya tentait de soigner tant bien que mal ses jeunes passagers. Plusieurs avaient sombré dans le coma, certains autres avaient des crises si violentes qu'ils avaient été obligés de les attacher pour éviter qu'ils ne se blessent. Shaad avait comme compagnon de route le jeune Sean et une fille du nom de Rosa, qui le regardait fixement depuis le moment ou Stern l'avait conduite près de lui. Il se demandait d'ailleurs ce qu'elle regardait ainsi.

Depuis près d'une heure, une sorte de murmure emplissait la tête de Shaad, comme une voix qui parle doucement sans discontinuer. Il commençait d'ailleurs à avoir mal au crâne. Il était incapable de percevoir le sens des mots, mais il comprenait l'essentiel. Cette voix lui disait qu'il n'était plus seul au monde, et qu'il ne le serait plus jamais. C'était à la fois agréable mais aussi incroyablement terrifiant pour une personne qui avait fait de la solitude une forme de normalité. Sean dormait allongé près de lui, comme si de rien n'était, c'était incroyable les progrès qu'avait faits le garçon depuis qu'il était parti. Contrairement aux autres, Anya n'avait pas eu besoin de lui faire d'autres injections, et il semblait dormir paisiblement, ses spasmes avaient disparu et il ne semblait plus souffrir non plus. Il était arrivé à la petite Rose de cligner des yeux, ce qui sembla impressionner Anya.

Shaad commençait à se demander ce qui lui était arrivé pour que sa simple présence change quelque chose dans la condition de ses voisins. Mais il n'osa pas poser la question. Soudainement, le devant de sa bouche commença à le faire souffrir. Très rapidement la douleur devint presque intenable.

« Anya, pourriez-vous... »

Il s'arrêta en plein milieu de sa phrase et regarda autour de lui, et se trouva terriblement égoïste. Les autres avait certainement bien plus besoin que lui des médicaments qu'il s'apprêtait à demander. Anya s'arrêta à sa hauteur. Elle le regarda et se pencha sur lui.

« Bon sang, si vite... », dit-elle, « Ca doit te faire un mal de chien. »

Elle tendit la main vers la poche de son pantalon et en sortit un mouchoir. Elle le passa sur le menton de Shaad. Il était couvert de sang lorsqu'elle l'approcha de son propre visage. Elle souleva le bord de ses lèvres, il se laissa faire même si c'était assez douloureux.

« C'est bientôt fini, tu ne devrais plus avoir mal très longtemps. Normalement, la gencive se régénérera très rapidement. Je ne peux malheureusement pas faire grand-chose pour toi pour l'instant. »

« Qu'est-ce qui m'arrive ? », demanda-t-il.

Elle soupira en le regardant dans les yeux.

« Je comprends que tu ne puisses plus attendre les réponses à tes questions. », fit-elle, « Tu es en train de devenir l'un d'entre nous. »

« Et vous êtes quoi ? »

« Nos corps ont été modifiés par une maladie assez étrange qui nous oblige pour survivre à parasiter d'autres corps humains et à nous nourrir de leurs réserves d'hémoglobine. », expliqua-t-elle, « Comme nous sommes dans le haut de la chaîne alimentaire à la place que devrait occuper l'humain, nous nous devons de posséder des attributs permettant de chasser nos proies. »

Shaad la regarda sans comprendre, sa bouche semblait avoir un peu gonflé mais elle faisait de moins en moins mal. Lorsqu'il passa sa langue sur ses dents, outre le goût du sang, il rencontra deux protubérances devant ses canines.

« Comment c'est possible, aussi vite ? », dit-il alors qu'il commençait à comprendre.

« Normalement la transformation que tu es en train de subir a lieu en plusieurs années, comme c'est une forme d'évolution plus qu'une mutation, le processus n'est pas douloureux. », continua-t-elle, « Mais chez toi, c'était étrange, certainement à cause des concentrations de ce sérum qui t'ont été injectées. J'ai bien peur qu'il y ait d'autres désagréments dans le futur. Nous avons tous eu le temps de nous y faire, tu n'auras pas ce loisir. »

Son regard semblait rempli de pitié.

« Ca va être si difficile ? », demanda-t-il maintenant terrorisé.

« Personne n'a jamais vécu ça avant toi. », répondit-elle finalement, « La seule chose que je puisse te promettre c'est que je ferai de mon mieux pour que ce soit le plus supportable possible. »


Une tour de verre dans le milieu de Manhattan.

Weathley Mattheson releva les yeux.

« J'aimerais comprendre, tu viens ici me dire que les épreuves ont disparu, qu'un chargement de chasseurs est en cours de voyage vers la base du Dr. Snow, que celui-ci est passé dans l'Outre-Monde sans nous avoir fourni ce qu'il nous devait. Et que c'est Danté qui mène le bal. », cracha-t-il sur son interlocuteur, « Et tu penses que tu vas ressortir d'ici en un seul morceau. »

Son homme de main se tortilla sur son siège, incapable de contenir sa nervosité.

« Pourquoi ai-je choisi un incapable comme toi pour ce type de mission, qu'est-ce qui m'a pris ? », hurla-t-il.

Une voix sifflante s'extirpa de l'un des murs du grand bureau.

« Vous avez fait ce qu'il fallait faire, M. Mattheson, vous avez envoyé une partie sacrifiable. »

« Vous avez raison, Augustus, complètement raison. »

Mattheson s'extirpa de son siège, un gigantesque siège de ministre.

« Et il est temps que je fasse ce qu'il faut pour que la reine ne puisse pas prendre mes autres pions. »

Il dégaina avec célérité une arme d'un calibre plus que conséquent, visa rapidement le visage de son sous-fifre encore surpris par le geste et vida le chargeur.

Nehwon

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