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 Autrement...

Autrement... : Partie 11 - Rencontre

Jordan tentait de rester présentable devant le commissaire de police qui prenait sa déposition, mais la puissance qu'il avait dû supporter et canaliser se faisait maintenant douloureusement sentir sur son système nerveux. Il tremblait de façon incontrôlable. Ce n'était pas la première fois qu'il avait ce type de problèmes, mais la fatigue nerveuse des derniers jours augmentait la violence de ses spasmes.

" - Vous dites que vous avez vu que quelqu'un avait posé une bombe mais que ce n'est pas cet objet qui a causé la plus violente explosion", disait le détective.
" - En effet, j'ai l'impression qu'il y a autre chose, mais je suis dans l'incapacité de vous en dire plus. J'ai été très secoué par ce que j'ai dû faire pour les gens de l'hôpital. Je n'ai pas pu déterminer la provenance de l'autre explosion."
" - Je comprends, je vais vous laisser vous reposer."
" - J'ai une requête pour les services sociaux, puis-je savoir qui s'occupe de cette affaire ?"
" - Je crois que M. le maire est encore dans les locaux."
" - Je vous remercie, je me tiens à votre disposition dès demain."

Jordan sortit du bureau et descendit les marches. Julian et Thomas somnolaient sur les banquettes du poste de police, étroitement surveillés par une femme policier qui semblait avoir trouvé cette solution moins monotone que la garde standard. Le Maire était en effet présent dans la salle principale pour répondre aux journalistes qui étaient mystérieusement apparus à une vitesse phénoménale après l'annonce de l'évènement sur les canaux de la police.

" Grâce à Dieu et à M. Lewis, archimage de l'université, il n'y a pas eu de blessé grave, mais cet hôpital était le symbole d'une solution pour les personnes qui ont subi de plein fouet l'Eveil. Et j'ai bien peur que cette action terroriste ne soit une marque de xénophobie primaire contre les personnes du troisième monde."

Jordan s'approcha du groupe.

" Monsieur le Maire a malheureusement raison, à mon avis. Cet attentat a été prémédité et orchestré contre les représentants du troisième monde, mais je ne suis pas certain que ce soit de la xénophobie. Il me semble que ce serait plutôt de la manipulation politique."

Les journalistes dirigèrent leurs micros et caméras vers Jordan qui comptait bien faire passer un certain nombre de messages.

" - M. Lewis ! Est-ce vrai que vous avez sauvé l'intégralité des patients de l'hôpital juste à temps ?", demanda un journaliste.
" - J'ai en effet aidé à sauver les patients. Mais les deux enfants que vous voyez là-bas ont fait une grande partie du travail. Si vous voulez des héros, c'est à eux qu'il faut remettre la médaille."

Jordan s'approcha de M. le Maire et lui indiqua qu'il aimerait lui parler. Les deux hommes s'éloignèrent civilement du groupe de journalistes qui préparaient déjà les spéculations de leurs éditions du lendemain.

" - Les patients de l'hôpital ne doivent pas être placés n'importe où, j'ai de la place à l'université, je pense que je vais pouvoir faire aménager rapidement de quoi les accueillir."
" - Je vous en serais reconnaissant. Ils sont à l'hôpital militaire pour l'instant, mais je pense que vous avez raison sur ce point, il vaut mieux les déplacer le plus vite possible, nous n'avons pas les moyens de les maintenir dans ces locaux très longtemps. Et nous n'avons pas le personnel soignant adéquat."
" - Je veux de plus prendre la responsabilité de ses deux jeunes gens. Les parents ne viendront pas les chercher tout de suite, et je crois que ce serait leur faire courir un grave danger que de les remettre à leur père. "
" - J'en ai été averti par leur mère", dit une voix féminine dans le dos de Jordan.
" - Jordan, je voulais d'ailleurs vous présenter Mme le Juge Amélia Kerialtek. Elle est responsable de la partie du tribunal pour enfants traitant des questions de magie et d'éveil."

Amélia était une jeune femme élégante au regard très clair et au visage ovale. Elle paraissait sûre d'elle et dynamique, mais aussi très sensible. Elle portait un tailleur gris assez strict et un porte-document en cuir brun sous le bras. Sa tenue droite et ses cheveux blonds attachés en chignon faisaient ressortir la droiture de sa fonction. Jordan tendit la main à la jeune femme.

" - J'ai l'impression que vous êtes exténué, M. Lewis, et il me semble que ces enfants aussi.", dit-elle en pointant du doigt Thomas et Julian.
" - Ca a été une soirée assez remplie, je dois dire."

Elle le regarda intensément comme si elle imaginait d'un coup bien des soucis qui lui passaient par la tête. Il sourit.

" - Vous ne verrez que ce que je vous autorise à y voir. Vous le savez, n'est-ce pas ?"

Elle paru très choquée de ce qu'il venait de dire.

" - Vous êtes télépathe et c'est pour cela que vous êtes un très bon magistrat, en plus de votre compétence manifeste pour le droit. Et vous savez parfaitement que ce qu'a dit la mère de ces enfants n'est pas un mensonge."
" - Oui, j'avoue, je suis assez sensible quand il faut démêler le vrai du faux et je sais maintenant qu'ils peuvent avoir confiance en vous."

Elle lui tendit un formulaire de l'université dûment rempli et signé par la mère de Thomas et Julian.

" - Protégez-les du mieux que vous pouvez, je ne suis pas sûre d'être capable de faire revenir le père à des sentiments plus sensés sur les éveillés."
" - Je vous promets de faire de mon mieux. "

Il s'approcha des enfants. Julian ne dormait pas, il ouvrit les yeux.

" - Nous partons", dit simplement Jordan.
" - C'était papa, hein. Il nous en veut, n'est-ce pas ?"
" - Je n'en suis pas certain, nous verrons demain.", répondit Jordan qui s'attendait à cette question.

Il prit Thomas dans ses bras. Le gamin était tellement épuisé qu'il ne réagit même pas au mouvement. Il posa une de ses mains sur l'épaule de Julian et ils disparurent du poste de police.

Nehwon

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