Contes Spalliens : Chapitre 18 - Introduction des PJs

Le petit matin, après l'Evénement, dans la campagne, au nord-est de Bolidraks. Au loin de la fumée, une route, un chemin plutôt, serpentant entre les champs. Puis des bruits de pas se font entendre. Surgissent alors, au détour d'un chemin, un petit groupe de voyageurs.
En tête, une Elfe en armure de plate, lourdement armée, puis deux Demi-Elfes, l'un aussi en armure de plate, hache de guerre et bouclier, l'autre plus légèrement vêtu, un luth sur le côté ; à coté d'eux marche, l'air triste, un homme d'âge moyen en robe légère. Enfin, fermant la marche sur un poney, accompagné de deux chiens, dont un molosse, arrive un Halfling, en armure de cuir, en train de jongler avec une pierre à baliste (et c'est pas facile d'arriver à jongler avec une pierre). Tous les piétons sont plutôt chargés, notamment avec des sacs de selles.
Maintenant qu'ils sont plus près, on remarque qu'ils sont tous relativement sales et leurs visages sont ceux de personnes épuisées, réveillés au milieu de la nuit. En dernier, l'on remarque une petite fille de 6-7 ans, assise sur le poney, regardant le monde comme pour la première fois. Ses vêtements sont déchirés et brûlés, elle a un bandage autour de la tête.

"- Bon, je reprends. Moi, c'est Erin." Dit l'Elfe à la petite fille. "Derrière avec la hache c'est Alf, l'autre c'est Galdrin et le dernier avec les chiens c'est Dipsy et le mago c'est Tod. Et toi c'est ?"
Regard de merlan frit.
"- Moi, Erin, .., Alf,..., Galdrin,..., Tod, ..., Dipsy.,... et...." Là elle semble avoir compris, et cherche une réponse.
"- Atzla.
- Atezela ?
- Atzla !" Répondit la petite fille, avec un petit accent de reproche.
- On aurait quant même dû la laisser là-bas." Dit le Demi-Elfe à la hache, Alf. "On aurait peut-être même dû l'achever, après tout ses parents sont sûrement morts et ça m'étonnerait qu'on arrive à lui retrouver de la famille. Et quand bien même, ils auront pas d'argent à nous donner.
- Euh... Tu le penses vraiment, t'aurais fait ça ?" le musicien, Galdrin.
- Ben oui, c'est pas moi qui aie détruit sa maison. Ca aurait été humanitaire.
- Arrête de dire des bêtises Alf. " Rétorqua Erin. "Ca ne coûte rien de l'amener à la prochaine ville, en plus elle est sûrement Demi-Elfe elle aussi, tu n'as aucun sens de la famille.
- Moi, je l'aime bien, parce que mes chiens l'aiment bien, et si mes chiens l'aiment bien, alors c'est quelqu'un de bien, donc je l'aime bien, bien compris ?
- Tu peux répéter ça de tête ?" Demanda Erin.
- Euh,..., non !
- On arrive en vue de Ousivant, ça a l'air de bouger pas mal là-bas." C'était Tod, qui sortait de sa torpeur et de sa tristesse à la vue de leur destination.

Les portes de la ville étaient ouvertes mais des gardes filtraient les entrées. Des charrettes de gravats sortaient régulièrement et des flots de réfugiés se massaient devant les portes, les nouveaux arrivés tentant désespérément d'entrer, mais seuls les blessés étaient admis, les autres finissaient par rejoindre un des campements temporaires qui s'étaient assemblés pendant la nuit.
Erin prit la parole :
"- Bon, vu qu'Atzla est blessée, ils devraient nous laisser entrer. Après, je ne sais pas...
- Moi je vais vous laisser ici, je n'ai pas envie de continuer. Et puis, je sens que je peux me rendre utile ici.
- Tu abandonne le mercenariat, Tod ?
- Oui, du moins pour l'instant.
- Bon, Dipsy, Alf et moi on vous attend dehors. Je crois avoir vu un haras en arrivant, avec un peu de chance ils ont des chevaux à vendre.
- Et n'oubliez pas de parler de l'appareil qui nous est tombé dessus, ça peut les intéresser." Rappela Alf
"- Peut-être, mais ils ne nous donneront rien." Répondit Galdrin.
"- Si tu fais rien, t'auras rien. C'est ma foi."
Donc, à l'entrée de la ville, le groupe se sépara, et Erin, Atzla et Tod se dirigèrent vers la garde.
- Bon ! Nom, profession, origine et, surtout, raison pour laquelle je vous laisserais passer.
- Erin, euh... ,bah... mercenaire, pour l'instant, on revient du Cimetière des Elfes, et en chemin, y a une météorite qui nous est tombé dessus, détruisant le village où on s'était arrêtés et tuant nos compagnons et nos montures. Et apparemment, elle a fait du dégât par-là aussi." Les murs de la ville et plusieurs maisons visibles à travers les portes étaient fissurés, et une fumée sinistre s'élevait par-dessus les toits, laissant entendre qu'un incendie avait brûlé plusieurs maisons.
"- Je ne crois pas que ça soit à cause de votre objet que la ville est comme ça ...
- Ah oui ! Alors pourquoi est-ce que ...
- Plusieurs objets nous sont tombés dessus cette nuit, un peu partout, et la terre a tremblé. On ne sait pas encore bien ce qui ce passe, mais des combats violents sont signalés plus vers l'ouest. Il parait que la route vers Bolidraks est coupée après Lemieu.
- ... vraiment coupée ?
- C'est ce qu'on dit, la situation est très confuse. Je suis là pour que personne n'en profite." Le ton fatigué du garde laissait clairement entendre que les mercenaires étaient des pillards potentiels.
"- La petite, là, c'est la seule survivante du village. Elle est devenue amnésique et n'a plus de famille, je voudrais la faire ausculter.
- Quel est le nom du village détruit ?" Dit-il en regardant Atzla avec un air beaucoup plus concerné qu'avant. La fillette, qui suivait Erin en regardant tout ce qui se passait sans donner signe d'y comprendre quelque chose, lui rendit son regard, tout en restant immobile et silencieuse. Le garde eut un peu l'impression qu'elle lui lisait les pensés.
"- Je ne sais pas, à vrai dire on n'a pas demandé aux villageois. Il était à environ 7 heures de marche dans cette direction. Il n'y avait qu'une dizaine de fermes autour de la place principale. De toute façon maintenant, vous pouvez le reconnaître facilement, puisqu'il fume encore...
- D'accord. Vous pouvez passer, le temple où les blessés sont centralisés se trouve à peu près au bout de cette rue. Par contre, après nous vous serions reconnaissants d'aller au château pour donner vos renseignements aux officiers."
Le garde se tourna alors vers Tod, qui s'était mis un peu en retrait pour montrer qu'il n'accompagnait plus l'Elfe.
- Et vous ?
- Tod, mage, je viens vous aider à dégager les gravats.
- On n'a pas de quoi payer...
- Pas grave, ce sera gratuit." Le garde le regarda longuement. Il semblait avoir pas mal d'expérience en garde de porte, et donc en physionomie. Le mage ne donnait vraiment pas l'image de quelqu'un qui prépare un mauvais coup, ni même de quelqu'un qui est capable d'en faire. Il avait surtout l'air de quelqu'un qui a envie d'oublier, sans avoir envie de boire pour autant.
"- D'accord, passez, y a des maisons effondrées un peu partout. Mais on a déjà dégagé tout le monde, du moins ceux qui étaient capables d'appeler à l'aide."

Tod décida, dans un premier temps, d'accompagner Atzla et Erin. Il pensait en effet que, là-bas, il trouverait quelqu'un qui lui dirait où il pourrait se rendre utile.
La ville en elle-même n'était pas dévastée, seules certaines maisons peu solides, surtout dans les quartiers pauvres, s'étaient effondrées. Par contre, beaucoup de personnes semblaient blessées ou traumatisées, et le temple de Bolidraks qui reprenait en gros le principe de nos églises, était plein, et au fur et mesure que des blessés arrivaient de la campagne, les prêtres se retrouvaient dépassés.
Aussi Atzla, bien que sa blessure à la tête semblait grave, dut attendre qu'il n'y ait plus de vies en danger. Pendant ce temps, Tod avait été envoyé vers un vieux bâtiment qui demandait beaucoup de travail.
Dans le temple, Atzla sembla beaucoup intéressée par le travail des prêtres et l'aspect du bâtiment, jusqu'au moment où l'un d'entre eux eu recours à un sort de soin pour un cas particulièrement grave. Elle sembla alors vraiment stupéfaite.
"- Tu n'as jamais vu quelqu'un lancer un sort je parie." Lui dit Erin, en Elfe, car de toute façon elle ne comprenait pas la langue Commune de la côte Ouest. "Tu vois, les prêtres reçoivent de l'énergie magique de leur Dieu, le Dragon d'Or là-bas au-dessus de l'hôtel, et eux ont appris à s'en servir. Je n'en sais pas plus, faudra demander à Alf pour plus." Atzla ne sembla pas plus comprendre, mais regarda quand même avec attention l'imposante statue plaquée or de Bolidraks, le dieu dragon.
"Ah ! On vient pour toi." Conclut Erin, en Commun à l'approche d'un prêtre relativement âgé.
"- Bonjour, je vous prie d'excuser l'attente. C'est la petite qui est blessée ?" Erin fit oui de la tête "Et c'est votre enfant ?
- Hein ? Non, non. Elle vient d'un village du coin. Maintenant elle est orpheline.
- Que lui est-il arrivé exactement ?
- On ne sait pas trop. On l'a retrouvé à peu près comme ça, on a soigné sa blessure comme on a pu, mais son esprit a l'air touché. On pense qu'elle est amnésique.
- Voyons ça ..." Le prêtre retira le bandage et commença à ausculter Atzla. La blessure était large et longue, mais peu profonde et bien soignée, elle laisserait certainement une 'belle' cicatrice, mais c'est tout. Le crâne était intact, mais il savait que ça ne voulait rien dire. Le cerveau pouvait être touché qu'en même.
"- Qu'est ce qui vous fais dire qu'elle est amnésique, quels sont les symptômes ?
- Et bien, elle ne comprend rien à ce qu'on dit, et on a essayé plusieurs langues, elle ne réagit pas beaucoup à ce qui ce passe, sauf si celà la concerne directement, comme si elle ne comprenait rien...
- Mais elle mange toute seule, elle se déplace normalement, et vous avez réussit à lui faire dire son nom ?
- Oui."
Le prêtre réfléchit. Il existait beaucoup de type de troubles mentaux différents, mais leurs études ne faisaient que commencer. La psychiatrie n'avait pas 20 printemps, et les experts étaient à Principatus ou à Wrax, de longs mois de voyage. Il pouvait la soigner par magie, mais cela lui demanderait au moins un jour de travail. Et ses jours étaient précieux, pour la même dépense de temps, il pouvait sauver beaucoup de personnes. La vie est faite de choix et de décision.
"- Je ne peux rien faire. Son corps n'a rien, c'est son esprit qui est touché, et il s'agit de quelque chose de trop complexe. Seul le temps peut faire quelque chose.
- Mais je ne peux pas la garder, je suis mercenaire. Vous ne pouvez pas au moins la prendre et vous en occuper ?
- Ce n'est pas notre rôle. Il existe un orphelinat placé sous la garde de Nais sur la route de Lemieu. Ils pourront s'en occuper mieux que nous." Et le prêtre partit vers d'autres blessés.

En sortant du temple, Erin se dirigea vers le château pour passer sa colère sur le garde de service.
En chemin, elle croisa Tod, qui apparemment venait juste de convaincre les manoeuvres de le laisser s'occuper seul du transport d'un bloc, qui devait peser facilement plus d'un quintal. Celui-ci se trouvait sur d'autres gravats, un peu en surplomb. Sous le regard silencieux des ouvriers, d'Erin et d'Atzla, il sortit alors une petite fiole de mercure de son sac, puis tout en effectuant une incantation très courte, il en laissa tomber une goutte. Celle-ci ne toucha pas le sol, mais, à environ un mètre de lui, se mit à léviter et à s'aplatir, formant un fin disque translucide d'un mètre de diamètre.
Sans autre forme de procès, et surtout sans phrase du type : 'tremblez mortels, voici le terrible disque de ...' que les ouvriers semblaient attendre, il leur fit signe de faire tomber le bloc dessus. A la surprise générale, le disque tint le coup et Tod commença à le guider vers la sortie de la ville. Très intéressée par tout cela, Atzla se mit à le suivre.
"- Eh ! Nous, on va au château, regarde, il est par-là. Je suis sûre que tu n'as jamais vu de château non plus ... Oh, et puis c'est pas grave, je vais plutôt te confier aux autres."

Arrivé au niveau de la décharge, Tod fit disparaître le disque et la pierre tomba avec les autres.
- Pourquoi ne l'as-tu pas gardé pour faire plusieurs aller-retour ?
- Il allait bientôt devenir instable. Il ne reste pas assez longtemps.
- C'est moins bien qu'une brouette alors." Dit avec un air railleur un homme de passage, qui justement venait de décharger une brouette de pierres, qui devait contenir à peu prés autant que le disque.
- Je ne suis qu'un débutant." Répondit Tod, avec un ton neutre et sans passion. L'homme repartit sans continuer, déçu du manque de combativité.
Il alla s'asseoir à l'écart, et sortit son livre de sort. Atzla partit lire par dessus son épaule.
"- Je ne sais pas si tu sais lire, mais c'est surtout des schémas là dedans.
- Rah ! J'ai oublié, les autres sont au haras !" Erin s'enquit alors de Tod. " Tu ne retourne pas charger d'autres pierres ?
- Non, je suis un peu vidé. Il faut que je me repose et que je révise le lancement du sort, la magie est très prenante pour l'esprit, surtout que je m'étais plus préparé pour des embuscades que pour un chantier.
- Bon, je vais me reposer un peu aussi en attendant les autres."

Pendant qu'Erin vérifiait son matériel, au cas où elle ait perdu ou oublié quelque chose pendant la nuit dernière, Atzla continua à regarder par-dessus l'épaule de Tod, qui n'y faisait pas attention. Puis, au bout d'une vingtaine de minutes, Atzla prit la fiole de mercure et, avant que les autres aient vraiment le temps de réagir, fit apparaître un disque flottant.