banniere

Retour

Contes Spalliens : Chapitre 04 - Sans soucis aucun

Une autre capitale, toujours le même soleil.
Cette fois-ci pas d'empereur, et pour cause. Il s'agit de Principatus, réputée première vraie ville humaine de l'histoire, capitale de l'état de Brunrivage, membre de la Confédération de l'Aga et de l'Opse, et capitale Fédérale elle-même. Donc pas d'empereur. On ferra sans.
Lysa se leva de son lit, un hamac pour être précis, qu'elle avait, pour l'instant, installé à trente mètres de hauteur dans un arbre du parc des ambassades, sur la concession de Ragemat pour être encore plus précis. Ce n'est pas qu'elle était pauvre, mais elle était à demi Elfe sauvage (elle préférait les termes Vert ou des Bois) et donc se devait de vivre dans un arbre, peut importe qu'elle soit orpheline, n'ait jamais vu d'Elfe Vert et ne soit même jamais sortie de la ville. Certains de ses amis lui avaient fait remarquer qu'elle pourrait au moins demander l'autorisation ou dormir un peu moins haut ; ce à quoi elle répondait que les arbres n'étaient à personne et que plus bas elle risquait d'être handicapée à vie si elle tombait, alors qu'à trente mètres, elle ne survivrait certainement pas, ce qui était préférable.
Comme vous vous en doutez, peu de monde arrivait vraiment à la comprendre, mais les jardiniers, en général, la toléraient, quand ils l'avaient repérée, car elle changeait d'arbre environ tous les mois. A côté de son hamac se trouvait un sac dans lequel elle rangeait ses affaires et provisions, et plus loin, entre deux branches, se trouvait une bassine d'eau de pluie pour la toilette. Ses principaux ennemis étaient les singes du parc, qui, parfois, trouvaient son sac et le vidaient consciencieusement. Après de tels incidents, qu'elle découvrait souvent le soir en rentrant pour manger et se coucher, on avait souvent droit à une petite course poursuite dans les arbres, qui se terminait toujours par un barbecue de singe improvisé. Les preuves étant ainsi faites que l'Elfe Vert est un prédateur naturel des singes, en milieu urbain au moins, et que les mêmes singes vont moins vite que les projectiles magiques utilisés pour les chasser, ce qui n'est guère surprenant.
Quant à son travail en lui-même, elle était bibliothécaire. Cela principalement parce qu'elle ne connaissait rien d'autre. Orpheline, d'origine inconnue, elle avait été élevée par le vieux bibliothécaire, qui était toujours en vie, et qu'elle aidait de plus en plus au fur et à mesure que le temps passait. De cette enfance studieuse elle avait acquis, vous l'aurez deviné, une bonne connaissance de la magie et un véritable talent pour ce qui est de tomber à l'improviste sur les inconscients qui fument, ou se livrent à d'autres crimes de même gravité, tel qu'annoter les pages des livres la bibliothèque. Elle était d'ailleurs particulièrement fière d'être capable de refaire la reliure d'un livre à une main, mais, bizarrement, cela n'impressionnait guère, certains ajoutaient même qu'elle était sûrement la seule à avoir essayé. Des ignorants, certainement.
Ah ! Aussi. Il est important de noter que de temps en temps elle aidait la milice sur certaines affaires. Cela avait commencé par la plus grave affaire que l'on puisse imaginer, le vol d'un livre de la bibliothèque. Ce dernier n'étant pas particulièrement dangereux, sauf en temps qu'arme de jet d'efficacité douteuse, la milice n'avait pas paru très impliquée. Aussi avait-elle résolut l'affaire d'elle-même, grâce à l'aide d'une bande de gamin : Taki, un lunatique élève d'un vieux moine guerrier alcoolique, Thorin, un jeune paladin franchement taré, même selon les normes du reste de la bande, qui n'avait d'ailleurs de paladin que le nom et Valana, certainement la moins discrète et la moins efficace voleuse de la ville, vu qu'elle ne piquait furtivement les bourses qu'aux personnes qu'elle avait déjà assommées pour une raison ou une autre. Avec le bibliothécaire et certains lecteurs réguliers, c'était ses seuls et véritables amis.
Mais revenons au présent de narration. Donc ce matin, après s'être étirée et avoir failli y rester, dans un faux mouvement, Lysa se rendit compte de quelque chose d'important.
Deux minutes après elle atterrissait lourdement au bas de l'arbre (elle avait voulu installer un réseau de cordes et de planches pour pouvoir voyager dans tout le parc sans toucher le sol, mais tout le monde avait été contre) et entreprit de courir vers l'entrée de l'ambassade, car justement elle était déjà ouverte :
«- T'es en retard, tu vas encore te faire engueuler.
- Je sais, pourquoi tu crois que je cours à ton avis ?
- Attention, sinon tu pourrais te faire virer à force. »
Crétin de garde ! Bon à fond dans l'allée principale, y a pas grand monde à cette heure.
Ah merde, un chariot.
Bon, roulade sous les chevaux...
Tiens j'ai réussi, c'est la première fois !
La salle de spectacle. ...
Merde (bis) j'ai pas regardé l'heure exacte sur l'horloge, si ça se trouve je pouvais arrêter de courir.
« - T'as encore un peu de temps, Lysa.
- Juste celui d'arriver.
- Pourquoi tu dors pas plus prés ?
- Et je le ferai quand mon jogging ? »
Enfin la prochaine fois, je préparerai peut être un sort de vol la veille, c'est moins fatigant.
Là, ça y est la bibliothèque !
Nonnnnnnnn !
« - Bang ! (bruit d'une jeune Demi Elfe rentrant à pleine vitesse dans un Giff de belle taille, en armure, qui venait d'apparaître au détour du chemin)
- Paf ! (bruit de la même Demi Elfe rebondissant sur le Giff et atterrissant en équilibre sur le rebord d'une fontaine.)
- Qu'est c'est ? (Giff mal réveillé cherchant l'origine du léger choc qui vient de le ralentir un peu.)
- Plouf ! (devinez)
- Au pardon, je ne t'avais pas vu, c'est que je suis en retard pour ma garde.
- Paarreeiill. (splatch, splatch, splatch, splatch, splatch)
- Pourquoi court-elle comme ça ? La bibliothèque n'ouvre bien que dans une demi-heure, non ?
- Si, mais elle y va une demi-heure avant pour préparer le déjeuné du bibliothécaire.
- C'est lui qui l'oblige ?
- Non, mais elle l'a décidé, alors elle le fait. Elle est comme ça !»

Dvorak

Précédent - Suivant