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Contes Spalliens : Chapitre 39 - Contact

Lisa se leva un peu plus tard que d'habitude, la mousson approchant elle rapprochait son hamac de la bibliothèque. Elle avait travaillé dur ces derniers temps, Valana était impatiente des résultats de ses études.
Même la bibliothèque de la Confédération, l'une des plus importantes de la planète, n'était pas suffisante. Il avait été relativement rapide de trouver que les arbres fétides ne poussaient que dans les îles occidentales, de l'autre côté du globe. Par la suite, on avait établi que le commerce de la plante était nul, du moins vers le Continent.
Par contre, il avait fallu un jour entier pour trouver toutes les significations existantes de la plante, et en particulier de sa fleur. Cela représentait une petite liste, mais, en gros, elle symbolisait les espoirs déçus, le décalage, et surtout les fausses promesses. Valana était surtout intéressée par une tradition moins courante, limitée à une région de l'île principale, qui associait la fleur à la femme, en particulier à la courtisane, qui met ses atouts en avant, puis trompe et trahit.

Le problème avait été de trouver des informations sur les assassins ou les sociétés secrètes. Même si certaines étaient anciennes et puissantes, le monde souterrain changeait quand même assez souvent. En vingt ans, le paysage avait complètement changé. Et chacun de ces groupes avaient ses propres règles, y compris les assassins solitaires.
Point positif : ces dits assassins n'hésitaient pas à voyager pour trouver de nouveaux clients.
Point négatif : certains étaient de véritables brutes, plus dangereux que des 'ombres' Elfes Noirs, capables d'assassiner n'importe qui, n'importe où, à partir du moment où ils n'étaient pas attendus.

« - De toute façon », avait remarqué Taki, « ce ne doit pas être un super assassin, la victime n'était pas super importante.
- Les assassins de là-bas se font payer en fonction de la cible, pas de leurs compétences, et ils ne refusent jamais un contrat si ils n'ont rien de plus gros.
- Ha...
- Oui. Même le plus doué ne refusera pas d'assassiner un vagabond pour une pièce d'argent si personne ne lui propose mieux. C'est leur définition de l'honneur. »

Lysa se retrouva donc à faire le tour des ambassades pour chercher des informations récentes. Mais même si l'information était connue, ce n'était pas sûr qu'on la lui donnerait. Depuis 5 jours, elle avait l'impression de faire du sur place.

Pendant ce temps, Valana s'était mise à chercher le mobile. Narens n'était pas pauvre, mais il n'était pas particulièrement riche non plus. Le secteur de l'expertise et de l'entretien maritime n'était pas vraiment chaud en ce moment, tous étaient beaucoup trop occupés à essayer de garder leur personnel homme-serpent, que ce soit par la force ou les promesses.
Valana avait bien interrogé la famille sur ses affaires, et son fils y prenait activement part, mais rien ne semblait indiquer une faute grave envers un client ou un concurrent vengeur. Du point de vue privé, il n'y avait effectivement aucun mari jaloux, ni aucun cadavre dans le placard.
Et le temps passant, elle dut lâcher du terrain à ses adversaires. Le Sarais finit donc par être jugé et condamné, mais elle réussit à transformer la peine en prison à vie.
Cela ne fit évidemment aucun heureux, les Humains réclamant la mort, les Sarais (et leurs défenseurs) la jugeant bien trop lourde pour un innocent. L'affaire avait pris une importance disproportionnée, focalisant l'attention. C'était surtout la première mort d'un homme.

Malheureusement, il y en eut d'autres. La situation empirait de jour en jour, sous la pression de l'ambassade de Ragemat, et de Bolidraks, le prince avait été contraint d'interdire les déplacements des Sarais sans autorisation. Les pressions sur les logements salubres et leurs emplacements se faisaient de plus en plus fortes, des réfugiés arrivant de la campagne pour chercher refuge en ville, augmentant aussi le nombre de chômeurs.
Et bien entendu, les Humains se liguaient contre les Hommes-Serpents. Beaucoup ne se déplaçaient plus que par groupe, la majorité ne se rendait plus travailler et ceux qui vivaient isolés dans des quartiers humains avaient été contraints, à force de menaces et d'insultes, à partir. Cependant, à cause de l'interdiction de circuler librement, ils commençaient à se regrouper dans les marais situés à l'aval de la ville, le long de l'embouchure du fleuve.
Les agressions et les morts étaient évidemment du lot.

Heureusement, la chance sembla sourire à Valana. Alors qu'elle passait maintenant la majeure partie de son temps à maintenir l'ordre dans les rues, avec l'aide de Thorin qui avait fini par récupérer de sa blessure, le capitaine Valos lui demanda un service.

« - On a eu un meurtre du côté du port aux Léviathans. Une fille a été saignée dans sa chambre par son petit ami, qui s'est enfui après.
- Et vous voulez que je parte à sa recherche ? C'est qui ?
- Justement on ne sait pas. La fille vivait avec ses jeunes frères, qu'elle avait élevés, mais ne les tenait pas vraiment au courant. Ils l'ont vue monter avec un homme, discutant joyeusement, et n'ont pas cherché à en savoir plus. C'était une jeune fille intelligente qui savait ce qu'elle faisait.
- Elle s'appelait comment ?
- Tout le monde l'appelait Mion. »
Puis voyant la réaction de Valana, il ajouta :
« - Vous la connaissiez ?
- Oui, vaguement, on a appris à lire dans la même classe... Je vais voir ce que je trouve. »

Avec Thorin, elle se décida donc à faire un tour dans les quartiers à méchanceté visible, par opposition aux quartiers plus riches où l'on poignarde dans le dos, la nuit. Cela faisait longtemps qu'elle n'y était pas allée. C'est là qu'elle remarqua un homme à l'aspect dit louche, qui s'enfuit à son approche, alors que les autres avaient plutôt tendance à juste aller voir ailleurs si elle y était.
Thorin prit sa poursuite directe, elle lui coupa la retraite par un raccourci. Elle l'attrapa brusquement par le cou et le plaqua violemment contre le mur. L'homme, suivant l'effet recherché, se mit à parler tout seul :
« - Ce n'est pas moi... Je les ai juste redirigés vers la bonne personne... J'ai tué personne... Je vous jure... Ne me faites pas de mal ! »
Valana réfléchit vite et bien. Que faisait-elle dernièrement ? Ah oui.
« - Et vers qui les as-tu redirigés ? Qui a tué Natens ?
- Je ne sais pas, il est généralement dans un bar du quartier des diplomates, l'Arche, je lui amène des clients et lui résout leurs problèmes.
- Il ressemble à quoi ?
- C'est un homme d'environ 40 ans, avec une jambe de bois. C'est comme ça qu'on le reconnaît. Mais il engage des types pour le boulot, c'est pas lui qui...
- D'accord, d'accord ... Maintenant tu viens avec moi au poste de garde.
- Mais j'ai tout dit ! S'il vous plait, je vous jure de quitter la ville.
- Tu veux rester dehors après avoir parlé ? Sans quatre grands murs et plusieurs gardes pour te protéger ? »

Le contact réfléchit un peu, puis se laissa emmener à la prison. Cela permit à Valana d'en apprendre plus.

Dvorak

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