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Contes Spalliens : Chapitre 02 - Mâtine

C'était un beau jour qui se levait, un beau ciel sans nuage, le soleil réchauffait le lac de toute sa puissance et une légère brume s'en dégageait, rendant le spectacle de la capitale encore plus féerique. La beauté de l'instant était quand même quelque peu atténuée par les lunettes de soleil, malgré plus de 20 ans passés en surface, et l'adoption du mode de vie humain, le soleil était toujours quelque chose que Celadrï ne pouvait affronter sans aide.
De plus, même en ce matin idéal, il ne pouvait s'empêcher de penser avec tristesse à sa charge et tout ce qu'elle impliquait. Les Elfes Noirs pensent souvent être durs et leur mode de vie être le plus rigoureux de tous les peuples, cependant rien n'avait préparé Celadrï au monde dans lequel il vivait. Il était empereur, et ce depuis maintenant 5 ans, et chaque matin, quand il se levait, il ne pouvait s'empêcher de penser à la guerre et au nombre de ses sujets qui mourront aujourd'hui, pour les plus chanceux...
Sa mélancolie, il en était conscient, venait cependant plus de la mort de sa femme, l'ancienne impératrice, l'héritière de la lignée, que de son titre en lui-même. Et quand sa fille aura l'âge de régner, et qu'elle prendra le poste qui est sien, il sait que la tristesse ne le quittera pas, du moins jusqu'à ce qu'il rejoigne sa femme. Mais sa condition d'Elfe repoussait ce moment à un futur lointain ; et en homme d'honneur, le suicide n'effleurait pas sa pensée.
Il prit son déjeuner, s'habillât, et descendit à son bureau pour exercer son métier. Jadis un empereur déléguait les problèmes aux gouverneurs locaux et ne s'occupait lui-même que du plus grave, menant les troupes lors des combats majeurs. Mais maintenant, le progrès et la diffusion des communications longues distances faisaient qu'il se retrouvait tous les matins avec une pile importante de paperasses en tout genre, heureusement déjà classées par ordre d'importance par ses aides. Mais lui-même commençait par vérifier les protections du palais, on n'était jamais trop prudent, c'est pourquoi sa fille était élevée plus loin des zones de front, vers les terres indépendantes du Sud. De temps en temps, il se téléportait pour lui rendre visite, mais dans l'ensemble il ne la voyait pas beaucoup, et il n'avait pas réussi à se libérer pour son huitième anniversaire. Il regrettait son ancien rang de Ferior, et dans ce sentiment rejoignait la réflexion de Frédéric sur la difficulté des problèmes.
Cependant, des sentiments positifs lui venaient aussi, et cela surtout quand il lisait les rapports venant du Cratère ou ceux de Pacohol, la situation s'améliorait, et si l'espérance de vie des soldats était en baisse, celle des simples citoyens avait augmenté de manière notable. Le taux de mortalité était enfin, après trois années de rouge, repassé au-dessous du taux de natalité, et le moral de son peuple, Elfes ou Hommes, était plus haut que jamais, on regardait vers l'avenir avec espoir, ainsi nombreux étaient les soldats qui chargeaient au nom de leur future impératrice, dont le statut scellerait pour toujours l'alliance, longtemps impensable mais devenus nécessaire, entre Drows et Spalliens.
Mais là encore la nostalgie le reprenait, car ce succès était celui de sa femme, c'était elle qui avait accordé sa confiance au Réfugié et ainsi fondé le Cratère, c'était elle aussi qui avait réussi à transformer leur mariage en véritable alliance de sang entre deux peuples longtemps ennemis. Et même s'il n'avait pas été étranger à tout cela, son rôle avait surtout était celui d'un soutien. A vrai dire, il avait un peu l'impression de n'occuper ce poste d'empereur que par substitution, de ne faire que la liaison entre deux grandes impératrices.
Car sa fille se montrait précoce et talentueuse, et maîtrisait déjà 6 langues, savait les lire et écrire, calculait aussi bien qu'un enfant peut espérer le faire, maniait l'épée avec détermination, si ce n'est efficacité, et semblait naturellement prédisposée pour la magie, faisant la fierté de ses parents Drows, pourtant très exigeants.
L'actuel empereur de Spalle était donc très dur avec lui ; mais il s'acquittait de sa tâche mieux que quiconque n'aurait pu le faire après la mort de sa femme. Ses décisions étaient justes, réfléchies et personne ne les critiquait. Cependant, il restait prisonnier du passé, et le palais impérial ne connaissait la joie que lorsque l'héritière venait visiter la capitale, celle-ci, en plus d'être surdouée, était aussi particulièrement charismatique, comme sa mère, et semblait tout prendre comme un jeu, parfois comme un jeu très sérieux, mais comme un jeu quand même. Elle paraissait frivole, ce qui serait normal pour son âge, mais son entourage proche la trouvait en réalité étonnement mûre, comme si elle bénéficiait déjà de la bénédiction divine qui caractérise les empereurs Spalliens. Et cet aspect de sa personnalité était particulièrement voyant quand sa mère lui rendait visite...

Dvorak

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