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Nels : Histoire d'un mage sans passé : Chapitre 15

Lorsque j'étais en train de m'habiller, je me vis dans un miroir mon reflet : mes traits étaient tirés, j'avais des cernes sous les yeux et le teint blafard. Mes vêtements noirs accentuent encore plus cette impression, de par le contraste qui se fait avec la couleur de ma peau. Le phénomène étrange a dû avoir une certaine incidence sur mon métabolisme, ainsi que le drain de vie car j'ai dormi à ce qu'on m'a dit près d'une semaine et pourtant je me sens encore faible et fatigué. En sortant de ma chambre, je vis Elanor qui se tenait là, semblant faire les mille pas. En m'apercevant elle me dit :
- Vous vous êtes remis, c'est très réjouissant.
- Je pense que j'ai désormais une dette envers vous. Vous avez su sauvegarder mon esprit, grâce à la mélodie que vous chantiez fort bien d'ailleurs.
- Merci, mais je pense que vous avez encore besoin de repos, vous ne pouvez pas vous battre sans arrêt.
- Tel est le rôle des mages de l'Académie, Dame Elanor. Nous nous devons de défendre à tout prix les populations face au danger que serait le Sombre. La puissance de destruction qu'ils peuvent atteindre est effrayante croyez moi.
- La votre aussi...
- J'en suis le premier effrayé. Je pense qu'il faut que je retourne à l'Académie, mais avant il faut que je m'entretienne avec le Conseil. Savez vous si votre père les a averti ?
- Pourquoi vous hâtez vous tant ? Vous ne vous plaisez plus dans la ville de Mithland ?
- Dame Elanor, je ne peux pas me permettre de m'écouter, ni de me reposer plus que le nécessaire. D'autres vies sont en jeu, et ce serait folie de ma part de ne pas me presser.
- Soit, si c'est votre destin... Par contre, j'exige en tant que votre garde malade que vous preniez un bon repas avant que de rencontrer le Conseil. Je ne tiens pas à ce que vous défaillissiez en cours de route.

C'est ainsi que nous nous retrouvâmes autour d'un bon repas, qui fut agréable de par la nourriture elle même mais aussi de par la conversation d'Elanor. Elle semblait intriguée par la puissance des mages et semblait découvrir littéralement certains aspects de la magie Blanche. Il est en effet assez impressionnant de découvrir les capacités étendues que peut avoir un mage expérimenté lorsqu'il doit combattre. Cependant, l'image de la tornade de mana que j'avais produite, par je ne sais quel moyen, était encore gravée dans mon esprit. Je ne réagis pas de suite à ce qu'elle me dit à ce moment là :
- Votre bague qui a une perle ressemble énormément à celle de mon oncle...
- Ah oui ? Votre oncle ?
- Oui, le frère de ma mère, l'oncle Zohrskt.
- Zohrskt de Licht ? C'est votre oncle ?
- Oui tout à fait. Cela fait longtemps que nous ne le voyons pas... Il doit être très occupé. Vous le connaissez aussi ?
- Oui, tout à fait. C'est un de mes Maîtres...
- Il est donc si puissant que ça ? Moi qui ai toujours cru qu'il n'était juste que bon escrimeur...

Drayde entra à ce moment là, et annonça très vite :
- Désolé de t'interrompre mon cher ami mais il y a tout un groupe de gens qui veulent te voir... dont mon beau frère...
- Mon oncle est là père ?
- Oui il est là, dis je, qui plus est un homme âgé vêtu de bleu est là, ainsi qu'un homme plus grand et vêtu de noir. Il y a aussi une Elfe avec eux n'est ce pas Drayde ?
- Ils savaient que tu identifierais tout le groupe avant d'entrer... Je les fais entrer.
J'avais senti des auras près de la maison mais je pensais me tromper, cependant ils entrèrent tous : Basaïn, Bardéak, Zohrskt ainsi que Naëria. J'allais pour m'incliner devant mes Maîtres mais je me rappelai finalement que je n'avais plus besoin de le faire, je me contentai si l'on peut dire de baiser la main de Naëria. Bardéak, tout naturellement, prit la parole avec sa voix tonitruante :
- Là où tu passes il faut que tu trouves des Sombres, dis Nels...
- En effet mon cher Bardéak. Que me vaut le plaisir de voir tous mes maîtres d'un coup ?
- Nous allons te l'expliquer d'ici peu. Le Conseil attendra je pense, dit Basaïn de sa voix de sage. Il faut avant que nous allions tous les cinq au fameux fortin où se réunissait l'Elite... Tu comprendras une fois sur place.
- Basaïn, vous savez toujours entretenir le mystère, dit Zohrskt, pour ma part je voudrais rester un peu avec ma famille si ce n'est trop demander. Nels me fera le rapport de Grand Maître de l'Académie à Grand Maître.
- Grand Maître ? m'étonnais je...
- Oui oui, le temps n'est pas à la parlotte, me coupa un Bardéak très en forme, il faut y aller. Ma Dame, dit il à Elanor en s'inclinant, nous vous volons ce mage ci, mais en échange on vous laisse Zohrskt... Je pense que vous gagnez au change, n'est ce pas Nels ?
- Bardéak, cessez donc de vous moquer de Nels, dit Naëria. Et qui disait que nous n'avions pas besoin de parlottes ?

Quelques minutes plus tard, je guidais le convoi vers le fameux fortin. J'avais de nouveau revêtu ma grande cape noire, je me sentais ainsi nettement mieux. Une fois hors de la première enceinte, Basaïn s'approcha de moi et me dit :
- Tu nous as fait très peur Nels...
- Vous voulez parler de ce que j'ai produit n'est ce pas ?
- Oui, dit il, ce phénomène est connu mais tu l'as produit à une puissance que je n'avais pas encore vue.
- A quoi est il dû, Basaïn?
- Qu'as tu ressenti Nels ?, dit Naëria en s'approchant.
- La vibration et le gémissement de la Terre elle même... Et ensuite le mana affluer autour de moi de manière presque effrayante. Même lors de mes concentrations de mana les plus intenses, il ne m'a jamais été aussi facile d'en réunir autant à la différence que celui ci n'était pas contrôlable... juste canalisable.
- C'est bien ce que je t'avais dit Basaïn, fit Bardéak, il a failli tout casser.
- C'est à dire ? demandais je inquiet ...
- C'est à dire que par instinct de survie tu as laissé ton corps fusionner avec le mana, et le fait que la Terre souffre à cause du Sombre t'a aidé à accumuler un maximum d'énergie, ajouta Bardéak. Nous savions tes capacités impressionnantes pour ce qui est de l'accumulation de mana, mais de là à avoir produit une tempête élémentaire...
- C'est donc ça une tempête élémentaire?, demandais je, j'ai donc failli...
Je restai silencieux un bon moment, Bardéak et Basaïn se mirent à discuter un peu à l'arrière tandis que moi et Naëria restions en avant. Une tempête élémentaire du Blanc, voilà ce qu'était cette tornade, donc j'avais énormément de chance d'être en vie. Une tempête élémentaire est un phénomène produit avec l'aide d'une seule sorte de mana, que le mage appelle à lui en grandes quantités, puis il doit entrer en vibration avec le mana, la drôle de vibration que j'avais ressenti, pour que par résonance celui ci se multiplie, d'une manière incroyable. Le mage n'avait plus qu'à canaliser ce flux intense, tout du moins essayer car les phénomènes induits sont rapidement incontrôlables, qui plus est le mage étant en vibration avec le mana, il a tendance à être rapidement dématérialisé et absorbé par le flux, ce qui était par contre arrivé aux Sombres autour de moi.
Plongé dans cette réflexion intense sur ma mort évitée, je sentis la main de Naëria qui saisissait la mienne. Depuis que j'avais quitté l'Académie, j'avais pensé à elle à de nombreuses reprises pourtant lors de ma dernière quête, j'avais l'esprit si encombré que son souvenir était un peu plus estompé. La revoir à mes côtés me réjouissait d'autant plus que cela me rappelait des jours heureux passés à l'Académie. Elle prit la main de mon épaule gauche, meurtrie par le drain de vie de Vahirn, et souriante me dit :
- Tu as bénéficié des soins d'un autre Elfe que moi...
- Tu dis bien, un autre Elfe. Et puis ce n'étaient que des soins...
- Et c'est cette jeune fille qui te veillait après tout... En quelle tenue étais tu à ce moment là ?, rit elle soudain.
- Ce sont des docteurs qui m'ont déshabillé. Après tout, je ne vois pas en quoi ce serait si dérangeant...
- Bien sur... Monsieur se laisse voir nu par n'importe qui, c'est du grand art...
- Madame serait elle jalouse ?
- Ce ne serait pas le problème de Monsieur...

Tout en nous chamaillant tels deux enfants, nous arrivions peu à peu au fortin des Sombres. L'Elite avait du choisir cet endroit pour l'éloignement de la ville ainsi ils pouvaient se livrer à leurs rituels dangereux sans être découverts. Les rituels sombres étant des supplices atroces sur des victimes diverses, donc un rituel très bruyant. Nous descendîmes de cheval, et les laissâmes attachés à un bouquet d'arbres pas trop loin ni trop près. Naëria sentait une présence vivante, mais aucun de nous trois ne la sentait. En nous approchant du fortin, je dégainai mon épée, ainsi que mes trois compagnons : mieux valait être prudent. Nous entendîmes alors des cris venant de l'intérieur, des appels à l'aide, ainsi que des coups répétés sur quelque chose de métallique. En entrant, Bardéak prit une torche qu'il enflamma rapidement, moi et Basaïn nous utilisâmes nos épées en épées de lumière. L'entrée était celle d'un fortin ordinaire, avec une petite cour et des abreuvoirs pour les chevaux. Une grande porte était de l'autre côté de la cour, nous y allâmes moi et Bardéak, et l'ouvrîmes : nous étions dans une sorte de sanctuaire, avec un autel couvert d'inscriptions Sombres ainsi que des appareils de torture accrochés un peu partout sur les murs, certains étant encore recouverts de sang. Nous comprîmes vite d'où venaient les cris : dans une sorte de cage il y avait une femme, complètement affolée à notre vue et qui désormais nous suppliait de ne pas lui faire comme aux autres. Je lui demandai de se calmer, que nous n'allions pas lui faire du mal, et que ceux qui avaient essayé n'étaient plus là. Basaïn et Naëria commencèrent de regarder dans une bibliothèque immense près de l'autel Sombre, et je demandai à la femme qui était dans la cage de s'éloigner de la porte. Me servant d'un arc électrique, je fis fondre rapidement la serrure de la porte de la cage et la fis sortir. Elle chancela littéralement dans mes bras, évanouie. Bardéak me dit alors :
- Dis donc tu as le chic pour faire tomber les femmes...
- Bardéak trêve de plaisanteries, il faut la porter en ville.
- Je me porte volontaire alors, chef, dit il.
Il la prit dans ses bras et me dit :
- Je prends une monture en plus, pour la dame. Tu n'as qu'à monter sur le même cheval que Naëria, à moins que tu ne préfères Basaïn...
- Du moment que ce n'est pas toi Bardéak, tout me convient. Dépêche toi ! Qui sait combien cette femme a besoin de retourner dans un milieu un peu plus accueillant. Nous étudierons pendant quelque temps les écrits Sombres laissés ici.

Bardéak partit en courant dehors afin d'emmener cette femme au plus vite. Les chocs psychologiques qu'elle a dû recevoir ont dû être terribles et les cris au cours des supplices auxquels elle a dû assister seront certainement gravés dans sa mémoire. Basaïn trouvait des rouleaux et des parchemins qu'il disait habituels dans des loges du Sombre comme celle ci, mais Naëria sembla effrayée : elle tenait dans ses mains un grimoire qui paraissait neuf, ainsi que des lettres dont les feuilles étaient récentes. Pour un culte qui était éteint depuis longtemps, ces publications étaient fort récentes, et la description de la manière optimale du sacrifice des Elfes n'était pas à son goût. Elle ne se sentait pas bien, et ce malaise était communicatif. Nous trouvâmes une lettre inquiétante, dont les feuilles étaient neuves, parlant à la fois de la fabrication d'Orbes, mais surtout de la constitution de groupuscules armés qui devraient se joindre au moment où le grand Alarkhan le déciderait. Naëria ne suppportait pas vraiment l'ambiance qui régnait là, elle faiblit d'un coup. Basaïn prit quelques lettres et grimoires, je pris Naëria dans mes bras et lui dis :
- Alors on se sent faible ?
- Cesse de te moquer, est tu donc sans coeur ?
- Non, la preuve c'est que je te porte jusque la sortie...
- Dis tout de suite que j'ai grossi!
Nos chamailleries reprirent de plus belle, Basaïn malgré sa patience nous tança quelque peu :
- Je voudrais que vous vous comportiez en grands Maîtres dignes. Les affaires que nous avons à régler sont graves et demain il faudra réprimander le plus vertement possible le Conseil pour son manque de prudence.
- Bien Basaïn... Excuse moi, dis je en me retenant de rire face à ce vieux monsieur tout énervé.
Je sentais bien que Naëria se sentait nettement mieux mais elle ne demandait pas à être posée de nouveau au sol. Je continuai de la porter jusqu'au cheval, elle s'installa en amazone et je pus monter. Elle passa mes bras autour de sa taille, prétendument pour ne pas tomber, et nous nous mîmes en route vers le centre ville, à une bonne allure. Basaïn commença de se concentrer, puis je sentis son signal... Toujours la même impression, non pas des mots mais comme des sensations très exactes de ce qu'il essayait de me faire comprendre.
- Nels, l'heure est grave. Ces informations ne sont pas les premières que nous avons par rapport à un retour de Alarkhan parmi ses fidèles.
- Il serait donc plus puissant que jamais...
- Tout à fait. Le problème c'est qu'ils réunissent toute une armée dans leur ville maudite, et que nous ne savons pas combien ils sont, pas plus que qui les dirige...
- Alarkhan ne devrait il pas être mort ?
- Si, mais qui sait qui utilise son nom, ou alors s'il est encore vivant, ce serait tout de même très improbable.
- Dans ce cas il faut avertir tous les royaumes de cette menace.
- Nous le ferons, et pour cela il faut que nous te fassions officiellement Grand Maître. Tu nous seras utile sur le terrain. Penses tu que Mithland puisse bien se défendre ?
- Ils ont des alliés de poids... Qu'ils ne connaissent pas. Connaissez vous les Phyrexians?
- Le peuple nomade qui construit des machines ? Oui, mais pourquoi cette question ?
- Au nord de la ville, il y en a toute une colonie, or il leur manque deux choses : un Nain pour les aider à creuser des galeries... et un formateur pour qu'ils puissent irradier des cristaux pour leurs machines.
- Je vois... Tu comptes sur moi je parie ?
- Vous êtes le plus expérimenté...
- C'est donc pour cela que tu me vouvoies ?
- Entre autres...
Nous arrivions à l'enceinte centrale, à la porte nous attendait Bardéak avec la monture de Naëria, qui semblait dormir. Il nous informa que la femme que nous avions trouvé était suspectée de meurtre et que Vahirn avait demandé à s'occuper lui même de l'affaire... Il se servait sans doute de prisonniers pour ses sacrifices. J'essayai de réveiller Naëria, mais pour une Elfe elle semblait avoir le sommeil très lourd. Bardéak nous dit alors qu'il avait croisé Zohrskt qui lui avait dit que Drayde nous proposait le logis, "sûrement à cause de cette histoire de mariage entre Nels et sa fille"... Je sentis une forte brûlure à la cuisse : décidément les Elfes pincent très fort surtout en colère. Nous nous dirigeâmes alors vers la maison de notre hôte.
Une fois dans la cour, je vis que toute la famille était au complet et nous attendait, Zohrskt y compris. Je descendis de cheval, puis alors que je tendais la main à Naëria pour l'aider à descendre, elle préféra se laisser tomber sur moi ce qui me força à la prendre prestement dans mes bras... J'ai connu moins embarrassant comme situation, malgré le fait que ce ne soit pas un calvaire, d'autant plus que par réflexe ses bras entourèrent rapidement mon cou...
- Mes amis, laissez moi vous montrer vos chambres et nous dînerons, dit Drayde, demain sera une journée difficile pour vous.
- D'autant plus que je pense, Nels, que vous auriez besoin de repos, dit alors Elanor. Laissez moi vous mener vers votre chambre, dit elle en me prenant le bras.

J'étais assez embarrassé, et je n'avais pas besoin d'avoir de nouveaux paramètres à prendre en compte dans mes actions. Elanor me demanda au fur et à mesure ce que nous avions été faire, qui était l'Elfe, pourquoi elle était sur mon cheval : j'avais l'impression d'être interrogé assez brutalement. Les questions étaient posées l'une après l'autre et je n'avais pas le droit à la réflexion... Une fois devant ma chambre, je me félicitai d'en avoir fini et pus entrer, tout du moins avant que je n'entende la voix de Naëria :
- Nels j'avais oublié que j'avais quelque chose pour toi...
- Oui Naëria, tu peux me le donner ?
- Le dîner sera bientôt servi, ma Dame, dit Elanor, et ...
- Ce sont les vêtements d'apparat de Nels mademoiselle, je peux les lui donner? C'est dommage que je ne puisse les lui mettre moi même...
- Je ne savais pas que telles étaient les méthodes de l'Académie madame, dit Elanor dubitative...
- De l'Académie non, mais ce sont les miennes avec Nels dira t'on n'est ce pas? Il y a plusieurs tenues dans ce ballot, dit elle en pointant son doigt sur le bagage qu'un serviteur portait derrière elle... Je t'aide à choisir?
- Je pense que je peux encore m'habiller seul, et que j'ai trouvé ma chambre mes Dames... Je vous rejoindrai dans la Grande salle.
- Oui il est vrai que vous connaissez la maison, dit Elanor, je vous attends pour dîner.
- Dépêche toi Nels, j'ai grand faim et un peu sommeil aussi dit alors Naëria...

Le dîner promettait d'être corsé, je ne m'y attendais pas. J'ouvris le bagage, il y avait une demi douzaine de tenues d'apparat. Je choisis une tenue blanche, pour changer un peu mes habitudes, et je mis la longue toge d'apparat, avant de remettre mon pectoral. J'enlevai mes gants noirs et mis mes bagues à même la peau, tandis que le diamant à mon bras droit n'avait pas raison d'être en place. Un pantalon blanc aussi ainsi que des chaussures complétaient la panoplie. Une cape blanche avec les insignes de l'Académie et je suis fin prêt. Je sors de la chambre et surprise, Dame Elanor m'attend... Elle aussi vêtue de blanc. Je commence à redouter le pire de ce dîner.
- Seigneur Nels, le blanc vous va bien. D'ailleurs nous sommes assortis. Vous me donnerez bien le bras je suppose, en bon gentilhomme....

Nous voilà bras dessus bras dessous, arrivant dans la Grande Salle, avec Naëria qui m'attend et qui me voit au bras d'Elanor... Décidément je préfère la bataille à la mondanité. Le dîner sera d'ailleurs un vrai concours de petites phrases assassines durant lequel Bardéak eut tout le mal du monde à ne pas éclater de rire, tout comme le jeune Drayde...
La nuit m'aida à me calmer, et très vite, au petit matin, je me levai, me préparai et je revêtis le vêtement d'apparat noir pour me rendre au conseil. Ils nous attendaient depuis le jour précédent et je savais que Basaïn allait analyser plus attentivement les archives trouvées dans la loge des Sombres. Nous aurions des arguments de poids donc. Cependant avant de me rendre au Conseil, il fallait que je parle à quelqu'un.
Il ne me fallut pas longtemps pour le trouver : je sortis de chez Drayde et je le vis au loin pester contre quelqu'un qui l'avait bousculé. Je le hélai au loin :
- Angus !
- Nels ! Alors de nouvelles aventures ? Mais tu es tout beau... C'est Elanor qui doit être contente...
- Tel n'est pas le sujet de la conversation. Ca te dirait de redevenir mineur ?
- Qui engagerait un Nain à Mithland ?
- Je connais quelqu'un... Laisse moi prendre un cheval, on y va.
En chemin je lui expliquai le cas des Phyrexians et l'aide que ce peuple pourrait apporter à la lutte contre les Sombres. Il parut ravi de pouvoir prendre sa retraite de guerrier, et de reprendre son activité première : le minage. J'arrivai au canyon de l'Aigle au bout de quelque temps, je le présentai à Gellus. Ce dernier avait aussi une surprise pour moi : il me montra une armure aux jambes plus longues, qui tenait une épée, une armure de combat. Ils le firent mouvoir : sa vitesse était très supérieure à celle des machines de minage, et elle semblait encore plus forte. Je lui dis que j'aurais bientôt de nouvelles surprises pour lui, et pris congé : ce fut ma première action de la journée. J'arrivais dans les locaux du Conseil peu après Basaïn et déjà l'assemblée grondait : chacun voulait rejeter la faute du recrutement de Vahirn en tant que chef de la Milice sur l'autre et personne ne voulait se mouiller pour ce qui était de lui choisir un nouveau successeur. Basaïn demanda la parole et tant bien que mal leur tint ce discours :
- Hommes du Conseil ! Moi Basaïn, Grand Maître du Bleu et du Blanc de l'Académie, suis venu non pas pour vous juger mais tout d'abord pour savoir ce qui avait provoqué cette tornade blanche de lumière que vus avez tous vu. Il s'agissait de Nels, Grand Maître de la Magie Totale, tel est son titre à l'Académie.
Etant assis près de Bardéak, il se pencha vers moi et me dit :
- Félicitations gamin, t'es le seul à avoir ce titre... Emu ?
- Un peu..
Bardéak lui poursuivait :
- ... sa lutte fut grande, et il fut blessé dans la bataille mais il vous a tous sauvés grâce à cela. Nous avons visité aussi la fameuse cache de vos Elites, qui étaient des Sombres et avons recueilli des preuves qui nous prouvent que vous n'êtes pas le seul Royaume à avoir ce problème. Un grand rassemblement semble avoir lieu dans la ville maudite et nous ne pouvons fermer les yeux sur tous ces problèmes. Nous autres à l'Académie, malgré notre puissance, ne pouvons lutter seuls et avons besoin de vous et des autres royaumes afin de détruire le culte Sombre.
- Mais que vont dire les Miliciens ? Ils ne laisseront pas Mithland sans défense.
- Nous vous avons trouvé de nouveaux alliés, les Phyrexians. Ils aideront la ville à se défendre. D'ailleurs nous devons aussi penser aux autres villes qui courent d'énormes risques en particulier les Royaumes du nord. Vous êtes désormais prévenus, Conseil de Mithland, mais nous nous devons de prévenir les autres aussi.
- Et que déciderons nous? L'Académie aura tout pouvoir sur nous ?
Bardéak se leva et prit la parole :
- L'Académie n'a jamais eu l'intention de prendre la place de n'importe quel Royaume, pourtant notre puissance nous le permettrait dans beaucoup de cas. Une fois les Royaumes avertis, il vous faudra choisir les représentants pour le Grand Conseil de l'Académie. Ce n'est qu'à ce moment là que des décisions seront prises. Nous autres, les Grands Maîtres, avertirons nous mêmes les Royaumes. Faites dès maintenant votre choix de représentants parmi des hommes droits et sages, vous serez bientôt avertis de la date du Grand Conseil.

A ce moment là, nous, les mages de l'Académie, nous retirâmes car d'autres délibérations propres au Conseil devaient avoir lieu. Nous retournâmes chez Drayde, afin de prendre congé et récupérer nos affaires. Un nouveau départ devait avoir lieu, et Naëria qui m'avait pris le bras lors de notre sortie du conseil ne me quitta pas jusque notre arrivée chez Drayde : en effet les destinations avaient déjà été décidées et nous allions encore une fois être séparés. J'en étais tout aussi triste, j'ai une profonde affection pour elle. Elle partirait pour Lelanide, au Nord Est, afin que ce soit une Elfe qui annonce aux Elfes le Grand Conseil. Basaïn devait former les Phyrexians, Bardéak irait vers le Sud Est vers le royaume d'Hirmeth, où il a semble t'il des liens. Je me dirigerais vers un voyage en deux temps : d'abord avec Zohrskt vers Licht, puis vers le Royaume des Hauteurs, un Royaume perché sur des montagnes très hautes.

J'étais dans ma chambre, préparant le paquetage qui contenait désormais mes vêtements d'apparat... Grand Maître de la Magie Totale... Ce titre était exagéré tout de même. Je sentis l'aura de Naëria, j'allais lui ouvrir la porte :
- Je pars...
- Déjà? Le voyage est long, prends soin de toi.
- Je sais que ce sera long... très long.
Je ne pus m'empêcher de la prendre dans mes bras. Une réaction très instinctive en réalité... Mais je ne m'attendais pas à ce que les lèvres de Naëria atteignent les miennes aussi vite :
- La suite pour nos retrouvailles à l'Académie d'accord ?
Elle ne me laissa pas répliquer : elle avait déjà pris l'escalier et devait être un étage plus bas...

Je sortis mon paquetage sur l'épaule, vêtu comme le jour où j'avais débarqué depuis l'île à Greyport... et une nouvelle aventure m'attendait : la découverte du fameux Royaume de Licht ainsi que le Royaume des Hauteurs. Zohrskt était sur un cheval blanc, prêt lui aussi. Drayde me serra la main et me dit :
- Je t'offre le cheval sur lequel tu es parti pour sauver ma fille.
- Je te remercie Drayde, merci pour tout.
Elanor était à la porte d'entrée, je la saluai d'un signe de la main : mon manque de passé m'handicapait face aux réactions féminines que je ne connaissais pas : Naëria en était l'exemple le plus flagrant...
Je montais sur mon cheval, nous allions vers Licht, vers l'Ouest... vers le Royaume de Lumière... Peut être que je ferai un jour la lumière sur mon passé...

Nels

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