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Nels : Histoire d'un mage sans passé : Chapitre 13

Le groupe d'élite de Mithland était un petit groupe de miliciens qui avaient un statut tout à fait particulier. Ils ne font plus partie de la hiérarchie normale et ont des droit étendus, en particulier pour ce qui est de l'enquête. Ces divisions d'élite ont une tenue particulière, la cuirasse étant plus lourde. Ma cuirasse de décurion porte le sigle de la milice, la fameuse faucille et le marteau, tandis que la leur n'en porte pas. La seule autorité compétente sur les Elites était Vahirn, et ce dernier n'acceptait aucune critique envers ses protégés. Cette protection était a double tranchant : aucune erreur n'était tolérée de la part de ses hommes et Vahirn lui même les punissait.
J'avais enchaîné pas mal de patrouilles au niveau de la seconde enceinte de murailles, et il fallait que je parte environ une semaine pour faire la patrouille de nos postes de garde de l'enceinte extérieure donc j'avais eu des jours de congé. Je pensais donc qu'il serait judicieux d'aller prendre des nouvelles de Drayde et de sa famille, cela faisait près de six semaines que je ne les voyais pas ou alors que je les croisais à peine. Je voyais de temps en temps Elanor sortir des Palais Judiciaires lorsque je convoyais des criminels, et j'avais croisé Drayde en coup de vent alors que je me rendais à la guilde des marchands pour recueillir leur plainte au sujet du convoi que j'avais défendu. La ville de Mithland était un petit état avec ses administrations propres, des Palais Judiciaires à la fois pour les conflits entre citoyens et pour les criminels avec des Accusateurs Publics, chargés de demander les punitions des criminels, sa Milice bien entendu, ses diverses Guildes qui faisaient pression sur le Conseil. Le Conseil de Mithland était composé de divers membres consultatifs, dont Vahirn en sa qualité de Capitaine, et des représentants des Guildes : les mineurs, les marchands, les médecins, et les questeurs. On était loin du petit village de Greyport et la simplicité avec laquelle les décisions étaient prises : la ville comptait pas loin de cinq cent mille personnes.
Je me rendis donc avec un coche chez Drayde, et me fis annoncer en tant que Nels décurion de la milice. Drayde sortit à ma rencontre, l'air réjoui de me voir. Peut être croyait il que j'avais déjà toutes les preuves nécessaires et qu'il n'avait plus rien à craindre de Vahirn mais il fut un peu déçu en apprenant que je venais juste aux nouvelles. Il m'invita alors à rester pour le déjeuner, que nous prendrions en compagnie de son épouse. Dame Alana me vit entrer vêtu tel le milicien que j'étais devenu, ce qui la rendit un peu plus froide à mon égard que la première fois que nous nous étions rencontrés. Elle me tendit sa main que je baisai et me dit :
- Je vois que votre ambition commence de se réaliser, vous êtes déjà décurion. Qui plus est votre exploit face à ces voleurs est tout à votre honneur.
- Dame Alana vous me flattez. Je n'ai accompli que la mission de la Milice, qui est de vous protéger.
- Heureusement que vous êtes là décurion.
- Dame Alana appelez moi Nels, mon rang de milicien n'est pas si important.

Les civilités se poursuivirent encore quelque peu, le temps de demander des nouvelles des enfants aussi. Le jeune Drayde était aux entrepôts de son père en train de s'occuper de la gestion des convois, et recevait aussi les fournisseurs. Elanor travaillait aux archives de la ville afin de préparer une procédure. Drayde profitait du fait qu'il ne voulait plus voyager vers Greyport afin de se reposer. Il avait néanmoins peur que la milice se demande pourquoi il changeait ses habitudes immuables, alors il me proposa de faire en sorte de l'escorter vers Greyport lors du prochain voyage, avec mes hommes. Sa femme ne devant pas être mise au courant pour le massacre des Elfes, je ne savais quoi lui dire. Je trouvai enfin une bonne raison alors que le repas commençait d'être servi :
- Drayde, je pense que le groupe d'Elite de la milice va vouloir vous garder... Ils savent combien votre commerce est important pour la cité.
- Je vois, je ne tiens pas à déranger la Milice, je reporterai donc quelque peu mon prochain voyage, qu'en pensez vous mon amour?
- Drayde c'est bien la première fois que je vous vois raisonnable, dit sa femme. Je vous remercie Nels de cette intervention.
- Ne me remerciez pas Dame Alana d'ailleurs je tenais aussi à vous dire que si vous avez le moindre problème que je puisse régler, vous pourrez me contacter.

Le repas fut excellent : il faut se dire que le régime militaire manquait un peu de saveur parfois, bien que très nourrissant. J'évitai de boire du vin, si la ville se retrouvait sous attaque soudaine il se pourrait très bien que mes hommes et moi ayons à nous battre contre les hypothétiques envahisseurs. Une fois le repas terminé, je pris congé de mes hôtes en les priant de donner mes respects à leurs enfants. J'aimais énormément la compagnie de Dame Alana, non seulement parce qu'elle était de toute beauté, mais aussi de par sa culture extraordinaire. Nous avions un peu parlé des poètes de Licht, de leur manière de parler du ciel et de la terre. Elle me parla un peu des coutumes de ce pays de légende, de l'armée de Licht dite l'armée de Lumière à cause du blanc omniprésent dans leurs armes et leurs armures. Drayde sous ses airs rustiques savait aussi apprécier un bon livre, et il nous conta aussi quelques légendes des pays des Mers, légendes sur les peuples lointains et leurs échanges avec Greyport.
Tant de littérature me donna envie de marcher un peu à travers les rues de la ville afin d'atteindre la caserne : n'étant pas de service je n'avais pas à me dépêcher. Je m'étais habitué à la ruche qu'était Mithland, avec ses convois de marchands, des Nains venant vendre des outils pour les mines, et ce petit groupe de gens vêtus de longues robes noires... Ils étaient dans une charrette, et semblaient ne s'intéresser qu'aux outils de métallurgie. J'étais si peu pressé que je me décidai à les suivre : je vis un soldat qui allait à cheval. Je réquisitionnai le cheval et dis au soldat de retourner à la caserne et prévenir que je ne reviendrai pas avant ma patrouille d'ici à quelques jours : il fallait que je sache qui étaient ces gens.

En ville la filature était aisée... Une fois la première enceinte franchie vers le nord, nous entrions dans une zone de champs cultivés pour les besoins de Mithland. Dans les enceintes, il n'était pas rare qu'un décurion passe à cheval donc ils ne se doutaient de rien. La charrette était désormais chargée non seulement d'outils de métallurgie mais aussi d'outils de minage, de nourriture et d'instruments d'orfèvrerie. Ils passèrent sans encombres la deuxième enceinte, au loin on voyait se profiler le canyon de l'Aigle, sorte de dédale de grottes qui servaient aux mères de Mithland afin d'effrayer leurs enfants, lorsqu'ils n'étaient pas sages on les menaçait d'aller les y abandonner. Ce qui me posait problème c'est que ces grottes sont réputées inhabitables, car elles sont trop obscures. Etait ce vraiment là qu'allait la charrette?
J'en serais fixé dans les minutes à venir, car à la porte nord de la troisième enceinte un grand carrefour où diverses routes se séparaient dont une qui allait vers les montagnes. Ils lancèrent leurs chevaux aux galop sur une route un peu trop étroite pour ce genre de chevauchées... Je les suivais du regard et remarquai qu'ils s'étaient engouffrés dans une galerie. Un bouquet d'arbres se trouvait pas loin, je décidai d'y attacher mon cheval et de poursuivre à pied. Il y avait un grand manteau sombre à l'arrière de la selle, je décidai d'attendre la nuit pour inspecter un peu ces galeries. Malgré le fait que je ne porte aucun de mes artefacts, je pouvais encore utiliser pas mal de mes connaissances et celle du Noir me serait primordiale pour me déplacer.

Je vais en direction de la galerie qu'ils ont empruntée au grand galop, mais je n'y entre pas. Je décide de grimper à la paroi. Les excavations produites par l'érosion qui avaient formé le canyon de l'Aigle étaient comparables à de grandes cuves à ciel ouvert ; je ne m'attendais pas vraiment à voir le spectacle qui m'attendait : des sortes de géants de métal qui extrayaient du minerai à l'aide de lourdes pelles au bout de leurs bras. D'autres géants de métal prenaient le minerai ainsi arraché à la montagne et le convoyaient. Je sentais une aura de mana autour de ces géants, ainsi qu'un flux vital... Est ce que c'étaient des choses vivante s? J'allais en avoir le coeur net, la roche sur laquelle je me tenais céda sans doute à cause des vibrations dues à l'extraction et je me retrouvai quelques mètres plus bas, entouré de ces géants métalliques dont je ne connaissais pas les intentions. L'un de ceux qui avait des lames les plaça devant moi, mais non pas pour me blesser et il cria :
- Fuyez la Milice nous a retrouvé.
- Non ! Je ne vous veux pas de mal !
- Pourquoi nous avoir suivi ?
- Géants qui êtes vous ? Pourquoi vous cachez vous ? Je ne vous veux aucun mal.
- Que pourrais tu nous faire humain ?
- Regarde un peu le ciel et vois.

Le nuage qui était au ciel s'embrasa littéralement à cause des éclairs qui l'irradièrent et rendirent une impression de nuage de feu qui s'approchait :
- Comme tu le vois je pourrai être destructeur mais je ne le veux pas. Je veux juste savoir pourquoi des hommes vous apportent des outils.
Une silhouette s'approchait, un vieil homme de par sa manière de marcher. Il me regarda, vit l'emblème de la Milice, puis regarda au ciel et dit en soupirant :
- Ce n'est pas un de ces miliciens qui viennent de temps en temps. Il est beaucoup plus puissant et sait maîtriser le Rouge... Jeune homme excusez nous pour la violence avec laquelle nous vous avons accueillis.
Il me guida jusqu'à une grotte et m'invita à entrer. Par une autre entrée passa le géant, qui ouvrit son ventre qui cachait ... un homme comme moi, un peu plus fluet toutefois. C'est là que je compris : ces géants n'étaient que des exosquelettes que ce peuple utilisait afin de travailler plus facilement. Le vieil homme semblait s'y connaître un peu en magie, je voulais donc discuter avec lui. J'allais donc le voir :
- Excusez moi si j'ai utilisé ainsi mes pouvoirs... en voyant les hommes qui venaient ici habillés de noir j'ai eu peur.
- Vous aussi craignez le peuple Sombre? Nous n'en sommes pas. Vous avez du sentir le mana qui est la source d'énergie des armures, cela vous a troublé j'imagine...
- Tout à fait. C'est pour cela que j'ai cru qu'il s'agissait d'une race que je ne connaissais pas.
- Nous avons dû apprendre à nous défendre contre des agressions d'une extrême violence. Beaucoup d'entre nous ont déjà disparu alors qu'ils allaient en dehors du canyon avec leurs armures.
- Comment fonctionnent vos armures ? Et comment se fait il que vous ne viviez pas dans Mithland ?
- Pour ce qui est des armures, je vais vous expliquer... Pour ce qui est de Mithland, c'est long comme histoire... Comment dois je vous appeler ? Décurion ?
- Appelez moi Nels. Et vous c'est ?
- Appelez moi Gellus. Notre peuple n'est pas d'ici. Nous avons été des nomades qui se sont installés ici voila des années... et ce sans vouloir faire de mal. Nous avons goûté à la vie de troglodytes et nous avons aimé : Mithland est entouré de trois murailles, nous avons tout un canyon qui nous protège...
- Et ces fameuses armures ?
- Pour creuser les premières grottes nous nous y mettions à plusieurs. Or nous avons vite compris que le mana est une source d'énergie très canalisable. Venez voir la nouvelle armure dont nous allons disposer.

Nous traversions des couloirs où des enfants jouaient, des vieux discutaient et des femmes étaient occupées à toutes sortes d'activités que ce soit pour les enfants, ou même certaines assemblaient des ensembles mécaniques avec une précision effarante.
- Voici notre atelier Nels ..
Je reconnais alors les hommes en noir qui étaient dans la ville aujourd'hui, ils forgeaient diverses pièces de métal. L'un d'entre eux est en train d'assembler autour d'un homme toute une série de pièces métalliques tout en vérifiant qu'il reste libre de ses mouvements, grâce aux articulations des pièces entre elles. Les autres semblent vérifier les bras de la dite armure, sur lesquels ils sont en train de mettre les lames pour l'extraction du minerai. Le métal utilisé est d'un gris argenté qui ne brille pas mais qui dégage une impression de solidité quasiment comparable à celle du vulcanium. Je demandais alors à Gellus :
- Quel est ce métal ?
- Ce métal est d'origine volcanique, nous le nommons le Phyrex. C'est pour cela que notre peuple est le peuple des Phyrexians. Notre technologie nous avait permis d'en extraire en grandes quantités mais seuls les Nains savent creuser des galeries adéquates... or nous ne connaissons pas de Nains.
- Comment faites vous pour le mana ?
- Vous voyez ces cristaux ? Ne vous moquez pas, mais nous les utilisons en réserve d'énergie pour les armures.
- C'est vous qui les irradiez ?
- Oui c'est bien moi. Le problème c'est que je ne suis pas aussi puissant que vous. Nous plaçons ensuite ces cristaux dans les armures, autour du pilote. Ce mana, même faible, nous permet de faire des machine suffisamment fortes pour extraire du métal.
- Mais pas assez rapides pour des machines de combat... voilà ce que je vous propose : j'irradie plusieurs cristaux pour que vous puissiez vous défendre, et vous avez une dette envers moi.
- Je vous montre où sont les cristaux de suite.

Je me mis au travail au plus vite : je voyais mieux d'où les Sombres de Mithland prenaient leurs victimes. Quitte à ce qu'il y ait une bataille, je tenais à ce que les Phyrexians puissent de défendre de leur mieux. Le soleil se levait au moment où j'avais fini le travail. J'allai voir Gellus, lui montrant les cristaux irradiés :
- Gellus, dépêchez vous de construire vos nouvelles armures... Je pense que les Sombres sont en ébullition...
- Nels, faites attention à vous. Imaginez juste le danger que vous représentez si un Sombre récupérait votre énergie...

Je m'en allais vers la ville tout en pensant à ce qu'il m'avait dit... Je n'y avais jamais pensé : si un Sombre me sacrifiait il aurait accès à un pouvoir que même moi je ne maîtrise pas une fois qu'il est totalement déchaîné. Il fallait donc que je redouble d'efforts pour défaire la conspiration Sombre qui semblait s'être installée à Mithland...

En arrivant à Mithland, il y avait une grande agitation sur les marchés... Elanor, fille de Drayde avait été enlevée durant la nuit. J'arrivai chez eux au grand galop sur le cheval, et arrivai très vite. Une fois à l'intérieur, Vahirn était déjà là, et une servante était allongée sur un sofa. Vahirn m'expliqua :
- Elle était avec dame Elanor, mais a sûrement été assommée lors de l'enlèvement.
Elle se réveilla alors avec de grands cris, puis une fois calmée dit :
- L'Elfe était trop rapide, il était trop rapide....

Vahirn se tourna vers un de ses lieutenants dans la pièce et lui dit :
- Que l'Elite se réunisse, nous partons immédiatement.
- Je viens aussi, dis je.
- Tu n'es pas de ceux de l'Elite dit le lieutenant...
- Je dois ça à Drayde, pour mon honneur personnel..., rétorquais je.
Vahirn acquiesça, puis je pris Drayde à part et lui demandai de me dire où étaient mes affaires : il les avait déjà emballées en paquetage. Je dis à Vahirn que j'allais le rejoindre à la porte Sud, et il s'en alla vers la caserne pour organiser ses troupes.
Je me tournai vers Drayde :
- Soit c'est vraiment un Elfe, et ta fille ne craint rien, soit c'est un milicien et il faut se dépêcher...
- Je te donne mon meilleur cheval Nels, fonce et ramène moi mon enfant...

Quand je disais qu'il allait y avoir du sport, je pensais pas que j'aurais même pas le droit à un échauffement...

Nels

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