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Claire au pays des Kiwis : Première aventure

C'est par un beau matin de printemps passé de près de six mois qu'elle est partie à l'aventure. Elle voulait découvrir la Nouvelle Zélande et ses paysages fantastiques, alors elle y est partie. Partie... Et oui, sans même se retourner, elle a renié tout ce qui pouvait la retenir pour pouvoir s'échapper. Quelle aventure !

Elle atterrit dans une forêt de Kaoris, petits êtres de sexe indéterminé mais a priori féminin, armés de masses de plus en plus grosses et lourdes avec leur avancée dans l'âge. Elle réussit tout de même à sympathiser avec elles (on va supposer que ce sont des femelles, hein...) grâce à un formidable instinct de survie qui l'amena à se cacher derrière le chef du clan, un écrivain psychopathe du nom de Piedvelus. Ainsi, notre amie Claire devint elle-même une Kaori et elle apprit un certain nombre de choses, comme monter aux arbres ou croiser un avocat avec un poisson pour monter un élevage de chips et en faire des sandwichs à planter pour avoir de nouvelles Kaoris. Et en plus, elle trouvait ça génial.
Bref, la vie était belle et aucun souci ne se promenait à l'horizon de son esprit. De plus, elle avait la chance de côtoyer d'autres enfants perdus comme elle. De pauvres êtres égarés originaires de diverses contrées. Le grand chef Piedvelus les réunissait de temps en temps pour faire un bilan sur la guerre en cours (car oui, malheureusement, où que l'homme pose ses pattes il y a une guerre) contre les pôsom, de petits animaux kaorivores qui ne dorment jamais. Heureusement, la lutte organisée les tenait sous contrôle, grâce notamment aux loups à dents de sabres qui les gardaient à distance respectable des Kaoris. Tout allait donc pour le mieux.
Par ailleurs, Claire avait un peu de temps libre qu'elle passait à courir dans la jungle voisine avec ses nouveaux amis. Elle profitait aussi de la mer qui passait de temps en temps. Quelques lacs en vacances les accueillaient aussi parfois. Et quand ils étaient seuls ils essayaient de se rappeler comment on fait pour parler. Ils s'entraidaient donc en essayant à plusieurs, ce qui donnait à l'ensemble une consonance à faire paniquer un oiseau.

Le temps passait et les enfants se succédaient. Ils changeaient en effet régulièrement car certains arrivaient à retrouver la sortie pendant que d'autres se perdaient à leur tour. Ainsi, lorsqu'elle fêta le nouvel an kiwi et partit explorer la cité des Orks, il ne restait plus qu'une petite enfant avec elle.
La cité des Orks recelait bien des surprises et des mystères. Pour commencer, les choses et les lieux avaient le don de s'y déplacer chaque nuit, ce qui rendait difficiles les excursions diurnes et suicidaires les nocturnes. Les ballets aériens de sable étaient pourtant agréables à regarder sur fond d'étoiles, mais malheur à celui qui se risquait à vouloir les rejoindre. Heureusement pour elle, Claire a la tête à sa place et elle résista sans problème à tous ces délices assassins. Elle se risqua quand même à quelques folies gastronomiques qu'elle n'eut heureusement pas à regretter. Après tout, un estomac gélifié n'a jamais tué personne. Un estomac plein de gélatine non plus d'ailleurs. Y'a que les os gélifiés qui gênent un peu, quoique du coup ils gênent moins justement. C'est ce dont elle se rendit compte après avoir ingurgité quelques flans de ce pays mystérieux. Et c'est donc temporairement métamorphosé en poulpe qu'elle fut appelée à l'aide pour sauver un banc de crevettes qui nageaient à l'envers suite à leur rencontre malencontreuse avec un banc de sable aimanté. Dommage pour elles, mais seules leurs âmes purent être sauvées grâce à une purification par le feu à laquelle leurs corps ne survécurent pas. Comme elles étaient bien grillées du coup, ils les mangèrent.
Après ce triste échec, Claire décida de partir explorer quelques contrées inconnues avec la petite enfant. Comme toutes les nouvelles aventurières, elles ne trouvèrent absolument rien d'autre que des araignées et autres insectes que l'homme gagne à ne pas connaître. Les Kaoris y gagnent aussi d'ailleurs. Les araignées pas trop parce que ce sont de formidables garde-manger ambulants qui ne viennent pas à elle. Mais bon, il vaut mieux rester en haut de la chaîne alimentaire, non ? Elles croisèrent quand même quelques sous-chefs isolés qu'elles ne connaissaient pas et qui leur offrirent leur aide en cas d'expéditions futures. C'était de vrais explorateurs eux...

Pendant ce temps, un plat de poisson disparaissait mystérieusement le soir du nouvel an... Un chat retrouva par hasard quelques arêtes dissimulées dans un cimetière d'éléphants à quelques kilomètres de là. Personne ne sut jamais trop ce qui s'était passé à l'exception semble-t-il de quelques vieux chats qui parlèrent vaguement de cache-cache et de plan thaumique. Mais comme aucun chat ne réussit à comprendre les dires du vieux sage Rabia l'histoire s'oublia vite. Seul le chat résidant de la maison cherche encore le coupable. Tout ce qu'il a obtenu pour l'instant c'est un totem de forme étrange (c'est une Kaori qui court en fait...).

Pendant ce temps, dans la ferme Spencer, un drame se préparait. La petite fille de la famille, dernière-née d'une longue lignée de déséquilibrées motrices incapables de courir dans la colline sans se vautrer dans les fleurs, devait accueillir toute une assemblée de jeunes voyageurs à la recherche de la source fabuleuse du pays des petites Kaoris.

-- On raconte que ce sont les bains de pieds dans l'eau de cette source qui rendent les Kaoris si grandes et si fortes. Aussi, certains pensent que quiconque se baignera dans la source deviendra grand et fort. Tout cela est bien évidemment parfaitement faux. Les Kaoris ne prennent pas de bains de pieds. Par contre elles subissent un entraînement intensif dans la rivière en aval de la source où elles doivent nager douze heures par jour à contre-courant. C'est ça qui les rend fortes. Grandes elles le deviennent avec l'âge et leur partie poisson y est peut-être pour quelque chose... --

Revenons à notre petite déséquilibrée. Son problème était délicat : elle n'avait pas fait ses devoirs... Non mais vous vous rendez compte ! Heureusement, une des trois supernanas se baladait dans les environs et son quatrième sens la conduisit irrésistiblement à venir en aide à cette pauvre enfant. Franchement, que serait le monde sans les supernanas et leur extraordinaire dévouement envers les causes perdues (j'entends par là ignorées de tous) ? Bref. Une fois les devoirs accomplis, il fallait encore accueillir les voyageurs. Claire fut invitée et ravie de l'être. Elle participa aux rites de la famille et, étant elle-même une fille, elle descendit la colline avec les autres femmes de la famille, main dans la main, en courant et en tombant dès que l'une d'elle faisait un faux pas c'est-à-dire à peu près tout le temps. Deux jours plus tard, elles arrivèrent enfin au pied de la colline où les hommes avaient ripaillé et échangé leurs verres à boisson respectifs en signe d'amitié profonde. C'était là un élément majeur de la cérémonie car nul homme aimant la boisson ne peut sacrifier son verre à un autre sans le considérer vraiment. La fête continua encore quelques heures, hommes et femmes réunis cette fois, et tout le monde put apprendre à connaître les autres, échangeant idées et connaissances. Enfin, les voyageurs repartirent chez eux en titubant (les hommes avaient beaucoup bu, les femmes étaient beaucoup tombées). Ils ne prirent pas du tout la direction de la source. D'ailleurs, aucun d'entre eux ne connaissait la direction, parce qu'aucun n'avait même pensé à poser la question.

Après avoir mentalement rangé ce nouvel exploit dans son sac des bonnes actions accomplies, Claire partit de nouveau pour la cité des Orks. Au programme, découverte des guildes en place. Après la cuisine, place à la culture. Elle prit donc le temps de découvrir un peu les musées et les bibliothèques des différents groupuscules ethniques, histoire de ne pas rester trop inculte. Et puis surtout elle voulait rencontrer le chef de la guilde des danseurs. Il était réputé excellent et très bon professeur. Malheureusement, Claire ne put entrer dans la guilde en tant que nouveau membre parce que déjà, elle n'est pas Ork, et puis il faut un long apprentissage qu'on ne fait pas en trois jours. Elle fut quand même admise à une représentation où elle fit forte impression. Décidément, les supernanas n'ont pas fini de nous surprendre... En plus, comme elle a la fâcheuse habitude de chanter en dansant, elle fut aussi remarquée par les bardes qui lui proposèrent un voyage prolifique dans une région éloignée. Ce qu'ils ne lui dirent pas, c'est qu'ils avaient reçu une demande du chef local pour l'envoi d'un barde particulièrement mauvais qui pourrait faire fuir la population locale un peu trop "sauvage" (entendez par là réticents à se laisser gouverner). Comme ils n'avaient pas de mauvais barde (pas dans une guilde, faut pas abuser) ils avaient cherché ailleurs et ils avaient trouvé Claire... Enfin, heureusement pour le chef commanditaire, elle refusa...

Elle était sur le départ, au petit matin, quand survint un nouveau drame qui retint toute son attention : une maison avait disparu. Les propriétaires devaient déménager le jour même vers un endroit plus isolé à l'écart de la ville avec leur maison. Mais celle-ci avait disparu au cours de la nuit et personne n'arrivait à la retrouver. Certes, tous les bâtiments se déplacent la nuit dans la cité mais on les retrouve très vite avec un peu d'habitude. Et là, tout un bataillon de déménageurs orks n'arrivait pas à mettre la main dessus ! Incroyable, non ? Ne pouvant réfréner son instinct supernanique, Claire se précipita à la recherche de la demeure pour la rendre à ses propriétaires. Elle commençait à connaître la ville et savait donc comment chercher. Elle ne trouva toutefois rien de plus que les déménageurs. C'est qu'ils connaissent leur métier quand même... Elle chercha une bonne partie de la journée sans succès et dut finalement se résoudre à repartir pour la hutte de Piedvelus avant d'avoir résolu l'énigme. Quelle déception pour elle ! Sa nature profonde s'en trouvait blessée : elle n'avait pas réussi à aider quelqu'un dans le besoin. Elle ruminait cette idée sur le chemin quand quelque chose l'interpella : un attroupement de Kaoris en un très large cercle autour d'un arbre géant. Les Kaoris vivent généralement dans des arbres comme celui-là. Claire s'approcha doucement des Kaoris pour ne pas les effrayer plus et elle s'aperçut alors que l'arbre ployait étrangement. Il semblait y avoir quelque chose d'énorme au sommet. Elle s'approcha suffisamment des Kaoris pour qu'elles la remarquent et demanda ce qui se passait. Toutes gémirent à l'unisson, signe de grande détresse. Plus de doute, quelque chose les avait délogées de leur abri. Claire s'en retrouva toute remontée, d'autant plus qu'elle avait échoué dans sa tâche du matin et qu'elle se sentait de se battre pour deux causes dans l'immédiat. Elle entreprit donc d'escalader l'arbre et aucune Kaori ne pensa à l'en empêcher. Elles si protectrices de leurs habitats en général ne jugeaient pas opportun de tenter de l'arrêter. Claire réalisa donc une ascension sans opposition. Elle arriva à hauteur du sommet et ralentit, ne sachant pas trop ce qui l'attendait. La surprise fut en effet de taille : elle se retrouva au milieu d'un tas d'oeufs un peu plus petits qu'elle. Et au-dessus se trouvait... la maison. Voilà qui expliquait sa disparition ! Elle était partie pour avoir ses petits tranquillement à l'abri des carambolages nocturnes et aériens de la cité des Orks. Elle avait dû oublier que le déménagement la préserverait. Il fallait prévenir les propriétaires et les déménageurs. Elle envoya pour se faire une Kaori avec un mot signé de sa main (les Orks et les Kaoris ne se font malheureusement pas confiance) et finalement la maison fut réinstallée avant la tombée de la nuit, tous ses oeufs avec elle et les propriétaires bien au chaud à l'intérieur. Claire put quant à elle rentrer avec un grand sentiment de devoir accompli et d'honneur supernanique défendu. Elle reprit ses activités d'aide des Kaoris et de cuisine pour Piedvelus, sans oublier de se détendre régulièrement.

Le temps s'écoulait paisiblement même si elle commençait à penser à partir de là pour découvrir un peu le reste du pays. Mais elle était bien ici (ou plutôt là-bas) et puis les ballades apportaient toujours leur lot de nouveauté. C'est au cours de l'une d'elles par exemple qu'elle eut la chance de voir une des plus rares créatures qui soit : un hippogriffe. C'est un petit animal assez ridicule, croisement d'un cheval et d'un aigle. Peu de personnes ont le loisir d'en voir un au cours de leur vie et elle fut vraiment heureuse d'avoir ce privilège, bien consciente de sa chance. Elle regretta juste de ne pas pouvoir faire un petit tour de vol avec lui, mais les supernanas ne peuvent voler que lorsqu'elles sont réunies. Il faut le pouvoir des trois pour qu'elles puissent donner la pleine mesure de leurs talents. Elle laissa donc l'hippogriffe tranquille dans son trou au sommet de la montagne et s'en repartit, sa journée largement gagnée à ses yeux. Ce qu'elle ignorait c'est qu'elle allait aussi entendre la bramée du késako et croiser un banc de champignons hallucinogènes sur fond de ciel bleu...

Dipsy

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