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Les Novices : Livre I - Chérubins sanglants (partie V)

Kurt


Un


Un vieux moine du nom de Julien de Foucault, un français, vint trouver Kurt, la nuit venue. Il dirigeait et formait de jeunes chasseurs parce que la situation avait empiré, désormais les vampires ne se comptaient plus sur les doigts de la main et les morts s'entassaient dans les cimetières qu'on ne compte plus. L'épidémie prenait forme partout.
- C'est une véritable gangrène, il y en a dans tous les pays du monde, les novices sont tellement nombreux et tellement fous, les cultes pour les créatures que vous êtes sont de plus en plus répandus, les gens ont peur, lui avait révélé le moine.
- Et moi ?, demanda Kurt, en quoi puis-je vous être si utile ?
- Un contre poison. Je veux avec votre sang non souillé, fabriquer un contre poison, qu'un de nos druides ou un de nos prêtres transformera en incantation pour immuniser les novices nés, ils pourront échapper à la brûlure du soleil, ne deviendront pas totalement inhumains, ils garderont comme vous leur âme, et si jamais leurs créateurs venaient à mourir, les novices nés redeviendront de simples mortels, exulta le vieux moine.
- Comment saurez vous quels mortels protéger ?, demanda Kurt.
- Il est vrai que le seul problème est qu'il faudra que les gens viennent à nous, mais avec leurs si grandes craintes, soyez sûr qu'ils viendront.
- Que ferez vous de moi après ?
- Nous te relâcherons, tu es déjà si bien puni..., lui répondit Emmanuel.
Kurt soupira, sa démarche était lourde et absente, ce qui fit mal à Emmanuel. Kurt s'allongea sur la table en bois de la cuisine et se laissa ouvrir les poignets par le vieux moine, qui recueillait le sang dans deux boules en verres.


Deux


Kurt se promenait aux alentours du château, pour pouvoir le haïr une dernière fois, Emmanuel lui avait trouvé une place dans un bateau qui partait pour la France, il sera en permanence dans sa caisse en bois, surveillé par le jeune chasseur.
- Je vais t'accompagner pour vérifier que je n'ai pas fait d'erreur en te laissant en vie, lui avait dit Emmanuel.
Kurt s'enfonça au fond du jardin, il n'y était jamais allé, c'était ici que se reposait la gargouille, le jour levé. Kurt se rappela cependant qu'il n'y avait jamais eu de boutons d'or à cet endroit. Cassie aimait beaucoup ces fleurs.
Kurt s'agenouilla devant les fleurs et creusa, c'était plus fort que lui, il fallait qu'il creuse sans savoir pourquoi, il raclait la terre avec ses ongles, il allait plus vite, car son envie était plus forte. Puis il vit deux mains fines, osseuses, sortir de la terre. Il les attrapa et se mit à reculer pour faire sortir le corps tout entier. Ce n'était plus qu'un squelette qui avait encore quelques bouts de peau sur le corps, mais qui ne ressemblait plus à sa petite soeur.
- Cassie !, fit Kurt heureux de l'avoir retrouvé.
Il la serra dans ces bras.
- Stéphanie m'avait menti, je n'aurais jamais tué maman, se défendit-elle éreintée.
- Je sais ce qui s'est passé, ce n'est pas de ta faute. Il faut que tu retrouves des forces et je t'emmènerais avec moi en France.
- Non, je suis morte Kurt, j'ai bu le sang de ma propre mère, cela m'a contaminée, je ne puis vivre avec la culpabilité et ce sang qui me brûle le corps, c'est un vrai supplice.
Kurt se décida à ne pas pleurer, sa soeur détestait ça.
- C'est vrai, approuva-t-elle en ayant lu ses pensées.
- Que vas-tu faire à présent ? Le château est vide, il est à toi...
- Enterre moi de nouveau cher frère, supplia-t-elle après lui avoir donné un baiser sanglant sur les lèvres.
Il la prit dans ses bras et la remit doucement dans le trou. Il tremblait de tous ses membres en la recouvrant de terre. Lorsqu'elle fut de nouveau ensevelie, il se laissa aller. Les boutons d'or repoussèrent immédiatement après cela.
Kurt s'éloigna vite, il descendit au village et adopta les gestes des humains pour ne pas se faire remarquer. Emmanuel l'attendait sur le quai une valise à la main.
- Ce sont mes outils de travail, répondit Emmanuel qui voyait bien le regard qu'il jetait dessus.
- As-tu pleuré ?, remarqua-t-il ensuite.
Kurt lui jeta un regard noir, il se couvrit mieux le visage, Emmanuel n'insista pas.
- As-tu des nouvelles de Mademoiselle de Valwade ?
- Oui, je me suis renseigné, répondit Emmanuel, c'est une bien belle femme. Elle s'est accointée avec un homme aisé, elle croit comme tout le monde que vous êtes mort.
Kurt fut soulagé d'apprendre cela, elle au moins était encore vivante.
Le capitaine du bateau fit retentir la cloche.
- On embarque!, fit Emmanuel.
Kurt le suivit, ils montèrent sur le bateau avec d'autres hommes et quelques femmes. Kurt ne se retourna jamais pour regarder s'enfuir les décors de son village. Il s'enferma dans son cercueil et jusqu'en France, il ne but et ne se réveilla pas. Sur le quai du port, les rayons du soleil transpercèrent le hublot et dansèrent sur le bois vernis du cercueil.

Kei

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