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Starwars - Galactic Princess : Cendro - Partie 6

« Alors que les semaines passaient, je prenais un peu plus d'aise dans le palais de Mormak. Les adversaires s'enchaînaient sur l'écran holo de ma suite. J'avais utilisé toutes les données que je possédais sur les potentiels combats que j'aurais à mener pendant le premier tournoi. Les combats s'enchaînaient, eux aussi, mais pour l'instant, je n'avais eu aucun mal à les gagner.

Depuis sa libération, Yolis n'avait pas changé ses habitudes d'un pouce, il s'était seulement un peu plus accroché à moi, comme un petit frère très sage et silencieux. Il lui avait fallu quelques heures pour comprendre que je ne le chasserais pas de mon service parce qu'il était maintenant libre, avec le recul, je me dis que je lui aurais certainement rendu un grand service en lui prenant un billet aller simple pour n'importe quelle autre planète de l'empire. Il était devenu plus démonstratif, sans pour autant délaisser la peur qui s'accrochait à lui constamment.

Alors voilà, le tournoi venait juste de commencer et les combats se faisaient plus difficiles que ceux que j'avais menés avant. Ce n'était pas réellement pour me déplaire. J'avais aussi appris bien des choses sur les affaires que faisait mon maître et j'avais vendu l'ensemble à mon contact aux cheveux roux sans réel retour jusque-là. Je dois dire que je ne cherchais pas réellement de retour, mettre Mormak dans une situation délicate me suffisait largement.

Lors des quarts de finale, à la fin du mois, j'eus la visite d'une personne étrange. C'était un humain d'un mètre quatre vingt environ, certainement le patron d'une équipe au vu de son habillement et de son comportement. Il s'adressa à moi alors que j'étais seul dans les vestiaires. Il me proposa de me coucher, de perdre contre un gros montant.

« Allons, jeune homme? », dit-il, « Je veux vous faire comprendre que cette défaite pourrait nous être très profitable, mutuellement profitable. »

« Je crois... », répondis-je, « ... que vous ne comprenez pas la situation : je porte un collier de soumission qui pourrait me faire exploser la tête si je ne gagnais pas, ou en tous cas si je ne faisais pas tout ce qui était en mon pouvoir pour gagner. »

« Allons, ce combat ne sera certainement pas le dernier de votre carrière, vous venez de la commencer. », dit-il.

« Il me semble que vous ne connaissez pas Mormak assez bien, il a tué des esclaves pour moins que cela. », répondis-je.

« Vraiment ? Je vous assure... »

« Ne cherchez pas, vous ne me ferez pas me coucher sans combattre. », dis-je sans colère, « Trouvez-vous un combattant qui fera un bon adversaire. »

Il se pencha vers moi et murmura.

« Vous pourriez perdre bien plus qu'un combat et quelques milliers de crédits, petit crétin. Bien plus. Ne prenez pas mes menaces avec légèreté, vous vous le reprocheriez amèrement. »

« Je n'ai rien à perdre en dehors de ma vie, monsieur. », répondis-je sur le même ton.

« Réfléchissez-y et couchez-vous. », dit il avant de tourner les talons et de sortir des vestiaires.

Je croyais complètement à ce que je venais de dire, je n'avais rien à perdre en dehors de ma vie. Je ne pensais pas qu'il pourrait me prendre bien plus que ma vie même.

Lorsque j'entrai sur le terrain, l'adversaire qui se trouvait face à moi était un jeune homme d'à peu près mon âge, il semblait souple, rapide et efficace comme j'aurais pu l'être. Le combat qui suivit fut long et difficile. Il utilisait une technique efficace et proche de la mienne. Ce fut un grand moment pour le public, me sembla-t-il, même si ma concentration ne me permit pas d'en juger directement.
Au fur et à mesure de l'affrontement, je sentis la colère prendre le pas sur mon entraînement, je devins plus instinctif, rapide et violent. Je sentis aussi la présence diffuse de la femme rousse, comme une odeur de parfum, ou comme sa présence dans mon environnement. Inexplicablement, mes coups devinrent plus puissants, plus précis aussi. J'avais aussi beaucoup plus de mal à les retenir et je laissais l'ensemble de ces sentiments prendre le dessus sur ma réflexion. Etrangement cela fit la différence et je sortis victorieux du combat par K.O.

Lorsque je sortis de mon combat, fatigué, mais heureux, je vis l'homme me faire un signe avec colère. Un esclave de Mormak m'apporta un plateau sur lequel était posé un petit morceau de papier.

« Vous avez perdu. »

Je ne compris pas sur le moment la raison de l'absence de Yolis et de Gid, qui m'attendaient à chaque fin de match. Le sourire de l'inconnu me fit comprendre que j'étais sur une piste. Quand l'idée fit jour dans mon esprit, je ne pris pas le temps de me changer et me dirigeai au pas de course vers ma suite dans le palais de Mormak.

Quand je poussai la porte, je pris l'ampleur de mon erreur, l'endroit avait été détruit. Tout était sans dessus dessous, mais surtout l'environnement avait une horrible couleur rouge. Mes yeux tombèrent sur le corps de Gid, gisant sur le sol, le visage contre le plastacier. Il avait été battu, son visage n'était plus qu'une pulpe sanglante. On l'avait aussi éventré du dessous du sternum jusqu'au bas ventre, ses organes étaient éparpillés sur le sol dans une marre de sang.
Je me retins à l'embrasure de la porte, cherchant du regard le corps de Yolis. Je le trouvai sous un tas de coussins et de débris qui devaient être des meubles avant l'attaque. Il respirait lourdement, allongé sur le dos, les bras et jambes écartés. Je m'approchai précipitamment de lui et cherchai le communicateur quelques secondes.

« C'est Cendro... », dis-je quand la connexion se fit, « Envoyez un docteur dans mes appartements rapidement ainsi que la sécurité. Faites vite. »

Je reportai mon attention sur Yolis qui semblait souffrir le martyr. J'en compris rapidement la raison en regardant l'angle que faisaient ses bras et ses jambes, que l'on avait certainement cassés avec la plus grande violence. Lui aussi avait subi des tortures incroyables, mais son visage n'était pas aussi détruit que celui de Gid, comme si on n'avait pas voulu le tuer.

« Cendro... », dit-il lors d'un bref moment de conscience, « Tu as gagné ? »

« Chut... reste avec moi, mais ne fait pas d'effort. », répondis-je, « J'ai gagné le combat, mais j'aurais dû le perdre... J'aurais dû... Je suis désolé. »
« Il m'a fait une piqûre... Il a dit que ça t'apprendrait... », murmura-t-il, « Et il m'a frappé... Je sais pas pourquoi... J'avais rien fait de mal... »

Il se mit à pleurer quelques secondes avant de perdre de nouveau conscience.

Je suivis l'équipe de secours jusqu'à la zone hôpital du Palais. J'eus la surprise de voir Mormak lui-même attendre devant la porte d'entrée de la salle d'opération. Alors que le brancard qui transportait Yolis entrait dans celle-ci, on me signifiait que je n'étais pas autorisé à aller plus loin.

Mormak me regarda.

« Tu as été contacté et tu as refusé ? », dit-il.

« Oui, Maître. », répondis-je.

« Tu te demandes si tu n'aurais pas dû faire ce qu'il te disait ? », continua-t-il.

« Oui, Maître. », répondis-je de nouveau en tournant la tête vers le garçon que l'on opérait dans la pièce à côté.

« Tu sais que je t'aurais tué si je l'avais découvert, n'est-ce pas ? »

« Oui, Maître. C'est une des raisons qui m'ont fait prendre cette décision. L'autre était que je n'avais rien à perdre. Sur celle-ci, je me trompais lourdement. », dis-je.

« Tu as été parfaitement franc, Cendro, j'aime ça. », dit-il en faisant signe à Tor, « Je veux que ce garçon soit soigné à mes frais, Tor, et qu'on fasse au mieux. S'il meurt, vous en répondrez. Je veux aussi que la sécurité trouve ceux qui sont entrés chez moi et qui ont tué un de mes esclaves et blessés un des suivants de mon champion. Je les veux vivants, je m'occuperai personnellement de les châtier comme il se doit. »

Je dois dire que ce discours me laissa perplexe pendant un moment. Jamais je n'avais vu, ni même imaginé, ni encore rêvé que Mormak réagirait un jour comme cela à mon égard. Je me demandai instantanément ce que ça allait cacher. Mais pour une fois, je me trompais sur les motivations du Hutt.

Alors que j'attendais en me tordant les mains devant la salle d'opération, et que l'on traitait Yolis au bacta, le Hutt faisait tout ce qui était en son pouvoir pour retrouver le commanditaire. Je pris aussi conscience de l'ampleur de son pouvoir, ce jour-là.

Après près de deux heures, Yolis sortit de la salle d'opération. Le médecin, par chance ce n'était pas un droïde, se dirigea vers moi.

« Vous avez un lien de parenté avec ce garçon ? », me demanda-t-il.

« On peut dire cela, oui. On peut aussi dire que ce garçon n'a rien de plus proche d'un parent que moi. », répondis-je.

« Nous l'avons soigné de notre mieux, mais il reste un point pour lequel nous ne pouvons rien faire. », dit-il, « Il a été empoisonné avec une substance inconnue. Elle s'attaque à son système nerveux. Je n'ai pas la moindre idée des dégâts qu'elle pourra faire avant de disparaitre de son métabolisme, voire même si elle disparaîtra un jour. »

Il fit une pause en regardant mon collier.

« Il va mourir, Maître Cendro, et je n'y peux rien. », ajouta-t-il finalement, « A moins qu'on arrive à isoler ce qui est en train de le tuer avant que ça ne le fasse. On devait vous en vouloir énormément. Vous vous êtes opposé à la Mafia locale, n'est-ce pas ? »

Je fis juste un signe affirmatif de la tête.

« Même dans ce cas, je n'ai jamais vu autant d'acharnement. », dit-il.

« Ils sont en train de perdre énormément d'argent, Docteur. », murmura Tor qui s'était approcher dans son dos, « Ils ne peuvent pas se permettre de le laisser gagner encore, surtout la coupe du premier tournoi du championnat. »

« ... et ils les ont tués pour que je ne gagne pas... », m'effondrai-je.

Le médecin me regarda.

« Vous pourrez le voir dans quelques minutes, le temps qu'il revienne à lui. Il sera certainement un peu dans le coton. Nous le maintenons sous antidouleur à cause du poison. Très franchement, je ne sais pas combien de temps cela va faire effet. », finit par dire le médecin avant de prendre congé.

« Pourquoi eux ? », demandai-je à Tor, « Ils auraient aussi bien pu me briser les jambes pour que je ne puisse pas participer. Ça aurait été plus simple. »

« Vous ne comprenez pas, Maître Cendro. », répondit-il, « S'ils vous estropiaient, le tournoi aurait été remis en cause. Ce sont les règles pour éviter ce type de pression. Ils ne pouvaient pas se le permettre. Ça aurait compromis leur possibilité de gagner la convention dans son entier. »

Je secouai la tête. C'était tellement stupide...

Je lui fis signe que j'allais aller veiller Yolis, et j'entrai dans la chambre. Le garçon était bandé de partout, le médecin avait remis ses membres en place et suturé ses plaies, mais c'était bien pire maintenant que son visage avait eu le temps de bleuir et de gonfler. Il tenta d'ouvrir les yeux, mais ses paupières étaient trop enflées pour le lui permettre.

« Tu devrais pas être là... », dit-il, « Tu vas rater ton match. »

« Il n'a aucune importante. », répondis-je, « De toute façon, Mormak a fait annuler la journée d'aujourd'hui. »

« Tu mens très mal. », dit-il doucement, « Il n'aurait jamais fait ça. »

« Je le croyais aussi, mais il l'a fait. »

Je lui pris la main.

« Je vais rester avec toi, un moment. », dis-je en tentant de ne pas fondre en larmes.

Il se rendormit sans m'entendre, du moins je le suppose.

Les heures passèrent. Il alternait les moments de conscience plus ou moins complète et les moments de délire dû aux drogues. Malheureusement, je savais que, d'après ce qu'en disait le médecin, les drogues ne feraient plus effet très longtemps. Sa main était très froide, comme s'il était déjà mort.

« Maître Cendro, », dit une infirmière, « Maître Mormak souhaiterait que vous vous rendiez dans la salle d'audience au plus vite. »

Je lui fis signe que j'y allais et me penchai vers Yolis, ne sachant pas trop s'il m'entendait ou non.

« Tiens bon, je reviens, bonhomme. »

Je quittai le quartier médical d'un pas rapide. Mormak n'aimait pas qu'on le fasse attendre. Quand je passais la porte de la salle principale, elle avait été débarrassée de son apparat habituel. J'entendis un homme crier, et Mormak hurler sur lui des insanités que je ne lui avais jamais entendues.

« Je veux plus que des bavardages, maintenant. », hurla-t-il, « Avec quoi tu as empoisonné le petit ? »

L'autre, un Humain, le regardait en souriant.

« Quelle importance pour vous, Maître Hutt ? C'était votre esclave avant-hier encore. »

Mormak claqua de ses doigts boudinés. Un droïde de torture fit son entrée dans la pièce.

« Je n'ai pas le temps de prendre le thé, alors vous allez parler... avec ou sans votre coopération. », dit-il, « Dans le second cas, je vous promets que ce sera très douloureux. Par ailleurs, je crains que je n'aie pas réellement besoin de vous maintenir en vie. »

« Maître ? », dis-je.

Il se tourna vers moi.

« C'est cet homme ? », demanda-t-il.

Je dévisageais l'homme assis. Il avait déjà été maltraité et je n'étais pas sûr de son identité.

« Visiblement, le Champion ne me reconnaît pas. », dit l'homme, « C'est certainement que ce n'est pas moi. »

Son intonation... son comportement suffisant... oui, c'était bien lui, il n'y avait pas de doute.

« Oui, Maître, c'est lui. », dis-je avec une voix blanche.

« Alors commençons... »

Après près de 50 minutes de cris et de douleur, j'avais finalement réussi à récupérer le nom du poison. Je sortis de la salle en courant en espérant que ce ne serait pas trop tard.

Quand j'arrivais dans le secteur médical, je cherchais rapidement le docteur. Il regarda un moment le nom sur le databloc ; puis il leva les yeux vers moi.

« Je suis désolé, Maître. », dit-il, « Mais je ne peux plus rien faire pour lui. Les dégâts sont trop importants. »

Il baissa les yeux et j'entendis un hurlement en provenance de la chambre de Yolis.

« Les médicaments ne font plus d'effet. », ajouta le médecin.

J'entrai précipitamment dans la chambre. Dans le lit, le corps de Yolis était tendu. Son visage était couvert de sueur et exprimait une incroyable douleur. Je m'installai auprès de lui et posai mes mains sur son visage.

« Je suis désolé. », dis-je, « Je ne peux plus rien faire... Excuse-moi. »

« J'ai mal, Cendro, aide-moi... »

Sa petite voix était tellement haut perchée, tellement saccadée. Il était pitoyable. Peut-être est-ce toujours comme cela quand on est en train de mourir. Il sembla se calmer un peu. Je plaçai sa tête sur mon épaule tentant de la caler contre moi au mieux. Il eut une nouvelle crise. Il tenta de garder un peu de contenance et tenta d'éviter de crier. Mais la douleur était tellement forte qu'il ne put que gémir.

« S'il te plaît... Je n'en peux plus... Aide-moi... Je veux que ça s'arrête... S'il te plaît... », gémit-il.

« Je ne peux rien faire, je suis désolé... Yolis, pardon... »

« Tue-moi... », murmura-t-il avant une autre crise particulièrement violente.

Il hurla si fort qu'on l'entendit à l'autre bout de l'aile médicale. Il ne revint qu'après plusieurs terribles minutes...

« Arrête ça... s'il te plaît... », me supplia-t-il.

« Je ne peux pas, bonhomme. », dis-je les larmes aux yeux.

« Grand frère, s'il te plait... Je sais que je vais mourir. Aide-moi... ça fait trop mal. »

Il tremblait de tout son être. Il claquait des dents. Ses yeux tournaient follement dans leurs orbites. Je posais mes mains sur le visage de mon ami. Une sur le menton, et l'autre sur son front. Je respirai profondément.

« J'espère que nous nous reverrons, dans la Force. », dis-je, « Je t'aime, petit frère. »

« Merci... », dit-il en souriant.

En un geste brusque, je lui brisai les cervicales. Il cessa de respirer presque instantanément. Je le tins un long moment contre moi. Il semblait paisible.

Lorsque je passais la porte de la chambre, mon coeur était froid. J'avais complètement lâché prise. La vie n'avait plus aucun goût, plus aucune raison d'être vécue. Ce que j'avais affronté jusque-là n'était rien, rien par rapport au fait de perdre les deux seuls êtres chers de ma vie. J'avais récupéré une illusion et perdu deux amis, simplement parce que je n'avais pas conscience de les avoir.

J'entrai dans la salle commune du palais, sans prendre le temps de frapper. Je m'arrêtai devant Mormak.

« Il est mort, Maître. », dis-je.

« Tu as fait ce que tu devais faire. », répondit-il, « Il est l'heure de la vengeance, maintenant. »

Nehwon

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