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Starwars - Galactic Princess : Cendro - Partie 4

« Je ne me réveillai que bien plus tard, dans le vaisseau de Mormak. J'avais été soigné. J'étais allongé dans un vrai lit, dans une pièce bien éclairée, un jeune esclave veillait sur moi. Il me regarda et se leva précipitamment.

« Je n'avais pas vu que vous étiez éveillé, Maître. », dit-il prestement.

Je connaissais ces intonations, je les avais employées moi-même, c'était un moyen de dire : "ne me punissez pas". Je le regardai, étonné.

« Depuis quand tu n'as pas dormi ? », demandai-je avant tout autre chose, « Et puis, je ne suis pas ton Maître, je suis un esclave, moi aussi. »

Il sembla décontenancé par mes paroles.

« Je vous ai veillé 4 jours, Maître. Et c'est Maître Mormak qui m'a attaché à votre service, lui-même. »

Son visage le confirmait, un vilain bleu signifiait clairement que Mormak voulait qu'il fasse son office de son mieux. Il lui avait donné un avant-goût de ce qu'il lui arriverait s'il me laissait mourir, en tout cas c'est ce que je supposai au moment de mon réveil. Il m'apporta un plateau sur lequel il y avait un repas comme jamais je n'en avais mangé dans les résidences du Hutt.

« Tu es sûr que c'est pour moi ? », demandai-je.

« Oui, Maître, le cuisinier du Maître les a apportés chaque jour, dans l'espoir que vous soyez éveillé. », dit-il.

Il baissa les yeux. Je regardai le repas, et, ayant moi-même été le plateau à roulette de Mormak, je compris ce qu'il souhaitait cacher. Il manquait l'un des petits pains fourrés qui se trouvaient sur tous les plateaux servis aux invités.

« Comment t'appelles-tu ? », demandai-je.

« Yolis, Maître », dit-il.

Je pris l'un des autres petits pains et lui tendis.

« Alors, Yolis, tu as eu raison de te servir. », ajoutai-je.

Il sursauta et s'éloigna un peu de moi. Je lui souris.

« Allons, prends et mange, je ne suis pas l'un d'entre eux. Je ne te frapperai pas pour des choses comme celle-là. », repris-je rapidement, « Je ne frappe en général que pour une seule raison : pour me défendre. »

Il regarda ma main un long moment avant d'oser prendre le pain qu'il mangea en me regardant du coin de l'oeil. Après quelques secondes, je me décidai à faire un tour d'horizon. J'étais dans une des suites du paquebot spatial privé de Mormak. Il y avait des vêtements coûteux à ma taille dans le placard de la chambre, une pièce entière de la suite consacrée à l'entraînement physique et un billet holo posé sur la table basse du salon.

« Salutations, Maître Cendro. », dit le chambellan du palais, un Twi'lek qui m'avait toujours terrifié, au moment où j'activai l'holo, « Mormak souhaite vous rencontrer dès votre réveil. N'hésitez pas à prendre des vêtements dans les placards de votre suite et ne faites pas attendre le Maître trop longtemps. »

Je me demandais où je me trouvais réellement, si c'était une mauvaise plaisanterie de la part du Hutt. Mais je me devais de tomber dans le piège pour avoir une idée plus précise de sa nature. J'allai donc prendre une douche, autant en profiter au maximum avant que le rêve ne se dissipe. Je retirai mes bandages et regardai l'ampleur des dégâts, les soins avaient été bien faits et les plaies étaient déjà grandement cicatrisées.

« Yolis ! », criai-je de la salle de bain.

« Oui, Maître. », me répondit-il bien plus proche de moi que je ne le pensais, « Puis-je vous aider ? »

Je sursautai, il était dans la pièce avec moi.

« Comment... », dis-je.

Il m'indiqua l'arrière de la porte et se prépara à me faire des excuses.

« Peu importe. », répondis-je promptement, « Ils m'ont fait des soins bacta ? »

« Oui, Maître. Maître Mormak a même informé la famille de son ancien garde du corps que les frais seraient à leur charge puisqu'il a dégradé une de ses propriétés. », répondit-il mécaniquement.

Je serrai les dents, c'était pourtant sur ses ordres qu'il avait fait ce type de chose.

« Voudrais-tu m'attendre à côté ? », dis-je.

« Maître, je ne peux pas, je... », dit-il paniqué, « Maître Mormak m'a demandé de vous avoir toujours à l'oeil. »

Je le regardai en souriant.

« Je ne vais pas aller bien loin, tu sais. », répliquai-je, « Par ailleurs, il me semble que cet ordre était une image. »

En voyant son visage, je compris que je n'aurais moi non plus pas voulu tenter le Hutt.

« Ok, mais tu t'assois ici et tu évites de me faire peur, d'accord ? », dis-je.

Il hocha la tête. Je pris donc mon temps sous la douche, me délassant autant que possible. Je revis les dernières minutes de Sid, et finis par poser la tête contre le carrelage froid. J'avais fait tuer mon grand frère. Je finis par transformer la tristesse en colère. Mormak le payerait de sa vie, je m'en fis la promesse. En quelques minutes, la colère devint de la haine. Un sentiment loin de ma façon de penser habituelle. Je ne souhaitais plus être faible, lâche ou m'apitoyer sur moi-même. Je me mordis la lèvre et refoulai ma tristesse. C'était le moment d'aller voir Mormak, et de lui faire comprendre que son jouet comptait bien finir réellement libre.

Je sortis de la douche et pris une serviette. Je me rappelai, un peu gêné, de la présence de Yolis dans la pièce, trop tard. Ce qui n'était pas grave puisqu'il s'était assoupi la tête posée contre le mur en écoutant le bruit de l'eau. Ce garçon était assez jeune, certainement 10 ans pas plus. Il avait les cheveux blond sable et une petite corpulence. Il me ressemblait sauf pour la couleur de ses yeux, les miens étaient bleus, les siens noisette. Je le portai facilement jusqu'au lit, ce qui accrédita la thèse qu'il ne devait pas manger à sa faim. Je le couvris et m'habillai. Je pris ensuite la direction de la salle de réception de Mormak sur le pont principal. Sur le chemin, je passai devant les cuisines et décidai d'y faire une halte. Le but n'était pas de me restaurer mais de voir si mes anciens compagnons d'infortune étaient toujours vivants après 4 années. Lorsque je poussai la porte, tous les yeux se baissèrent. Ça me glaça le sang.

Je regardai autour de moi, tentant de reconnaître un visage. Mormak avait certainement renouvelé son cheptel pendant mon absence, parce qu'il me fallut un moment pour trouver une personne que je connaissais.

« Continuez. », dis-je, « Ne vous occupez pas de moi. »

Le travail reprit sans un regard. J'arrêtai un garçon à la peau noire dans l'assemblée, pendant qu'il préparait les plateaux du repas.

« Gid... », demandai-je, « C'est bien toi ? »

Il mit quelques secondes à lever les yeux.

« Oui, M... Cendro ? », finit-il par dire, « Pardon... Maître Cendro. »

« Par pitié, pas toi, s'il te plaît. », dis-je, « Je porte encore le collier, tu sais. »

« C'est Maître Mormak, il nous y a fermement invités. », dit-il.

« Tu veux dire qu'il vous a menacés de mort, c'est ça ? », contrai-je.

Il hocha la tête affirmativement.

« Je dois aller lui parler maintenant. Je reviendrai te voir un peu plus tard, tu me raconteras les dernières nouvelles du palais. »

Il me regarda, interloqué. Sans lui laisser le temps de répondre, je sortis de la pièce et repris mon chemin vers les quartiers de Mormak. En chemin, je croisai un groupe de Gamorréens, les gardes du palais, qui escortaient une jeune femme d'une grande beauté. Je supposai à son visage maquillé que c'était une originaire de Naboo. Elle me sourit. Je lui retournai son sourire. Je perçus l'étrange sentiment que j'avais ressenti auprès de Sid deux fois auparavant. A ce moment, elle arrêta les gardes et fit un geste d'apaisement de la main alors que ceux-ci commençaient à se montrer agressifs.

« Allons, nous avons tout le temps, Messieurs. », dit-elle d'une voix douce.

A ma plus grande stupéfaction, les gardes se calmèrent et attendirent patiemment.

« Vous l'avez senti, n'est-ce pas ? », dit-elle, voyant que je ne comprenais pas, elle continua, « N'affrontez pas trop vite votre Maître. Le destin vous offrira d'autres occasions bien meilleures dans le futur. »

Avant que j'eus pu lui répondre ou lui poser la moindre question, elle fit demi-tour et se laissa emmener par les gardes gamoréens comme si elle n'avait rien dit. Un peu interloqué par cette rencontre, j'arrivai finalement devant la porte des quartiers de Mormak. Il me fallait maintenant supporter sa présence et les humiliations qu'il allait inévitablement m'infliger. Je pris un grande bouffée d'air et expirai calmement, tentant de faire descendre la vitesse des battements de mon coeur. Je me jurai que je ne lui lâcherais rien et que j'appliquerais les mots de Mak à la lettre : "Personne ne te tapera plus dessus sans que tu puisses te défendre".

Je frappai vigoureusement à la porte. C'est Hirul Tor, le chambellan qui l'ouvrit. Son visage s'illumina d'un sourire, il me sembla nettement moins impressionnant que dans mes souvenirs. Il me fit signe d'entrer en silence, Mormak était en train de discuter avec plusieurs de ses "amis" d'affaires. Hirul s'empressa d'aller prévenir le Hutt de mon arrivée.

« Approche, Cendro ! », cria le Hutt.

Alors que je m'exécutais, le droïde protocole eut le malheur de commencer à traduire la demande du Hutt en langage châtié et prit un violent coup de queue qui l'envoya valser dans le décor. Je pus voir dans les yeux des deux adolescentes humaines qu'il avait attachées au bas de l'estrade qui lui servait de siège, qu'il n'avait aucunement modéré ses ardeurs.

Une fois devant l'estrade, je m'inclinai puis me relevai pour le regarder en face.

« A votre service, mon Maître. », ajoutai-je en constatant que ce que la femme du couloir disait était plus que de bon aloi. Mormak était encadré par des Gamoréens, il était visiblement devenu paranoïaque.

« Voici mon ticket pour le top de l'Arène, Falina. », dit-il à son interlocuteur, un Humain d'une trentaine d'années, « Ce garçon les battra tous. »

Dans ma tête, la voix d'une femme émergea. « Arkanienne près de l'invité, elle va tenter d'assassiner Mormak. Arrête-la, maintenant ! »

Alors que la phrase se terminait, je vis la jeune femme aux yeux blancs et aux longs cheveux noirs sortir une arme. Sans réfléchir aux conséquences, je lui attrapai le poignet et, comme si je devais vider ma fureur sur elle, je lui brisai toutes les articulations du bras en la plaquant au sol, puis, sans réellement comprendre ce que je faisais, je lui brisai les cervicales, froidement.

Mormak poussa un gloussement que je ne sus réellement interpréter. Je pris l'arme et lui apportai.

« Falina, ta chance vient de tourner. J'avais le pressentiment que tu finirais par me doubler, et mon esclave vient en même temps de me prouver sa valeur. Dis-moi, qu'y a-t-il donc dans ce pistolet hypodermique ? J'espère pour toi que l'Arkanienne avait fait les choses en grand. »
Une fléchette partit du pistolet que Mormak tripotait pendant son discours et se planta dans la jambe de l'Humain.

« Voyons, combien avais-tu payé ? Suffisamment, j'espère, pour qu'elle use d'un poison génétique, n'est-ce pas ? », dit-il en passant sa langue sur ses lèvres.

Je vis le visage paniqué de l'Humain virer presque instantanément au violet.

« Visiblement non, quelque chose de plus commun... Dommage... », ajouta-t-il en souriant.

Il ne fallut que quelques minutes pour que l'Humain arrête de respirer au sol. L'influence de la femme du couloir avait disparu et je me mordis la langue pour ne pas crier qu'il fallait l'aider. Une fois qu'il eut expiré, Mormak se tourna vers moi.

« Très bien, jeune homme. », dit-il, « J'aime beaucoup ton style, même s'il est sans détour. J'espère que tu seras aussi efficace dans l'Arène. »

Il me regarda un moment, puis ajouta.

« Retirez 1 000 crédits standards sur les dettes de ce garçon, Tor, et offrez-lui ce qu'il voudra à condition que ça reste dans la limite du raisonnable en remerciement de son action. », dit-il.

« Si je peux me permettre, Maître. », dis-je.

Il me fit signe de continuer.

« J'aimerais que vous attachiez Gid, qui travaille actuellement aux cuisines, à mon service. », ajoutai-je, « Si cela vous convient... »

Il me regarda un instant, puis finit par éclater d'un rire qui secoua l'ensemble de sa carcasse.

« Tu as de l'audace. », dit-il, « C'est nécessaire pour remporter la victoire dans l'Arène, qu'il en soit ainsi. »

Hirul Tor me prit à part. Il m'indiqua plus que cérémonieusement que je devais encore à Mormak près de 385 000 crédits standards sans compter les intérêts qui viendraient évidemment s'ajouter chaque année. Ce qui ne me laissait pas grand choix pour régler mes comptes. Il m'expliqua que 25 % des gains de Mormak seraient déduits de cette somme à chaque combat ; plus ma cote augmenterait, plus j'aurais de chance d'avoir de gros combats, et plus l'argent coulerait à flot. Il m'indiqua aussi que si je faisais un parcours moyen, je pouvais espérer retrouver ma liberté au bout de 2 ou 3 ans et que j'aurai aussi une place toute trouvée dans la section de protection du Hutt. Bien sûr, cette annonce me parut plus qu'alléchante, j'aurais ainsi ma vengeance assez facilement.
Toutefois, après avoir salué le Maître en me retirant, je dus m'arrêter dans le couloir. Je m'appuyai lourdement contre le mur, tentant de retrouver mes esprits, j'avais sauvé la vie de Mormak et j'avais demandé des choses que l'on ne demande pas à un Hutt. J'avais aussi tué une personne de sang-froid, pour la première fois de ma vie. La tête me tournait, j'avais fait le contraire de ce que j'étais venu faire, et j'étais en train d'entrer dans ses bonnes grâces.

Je retournai à ma chambre et m'aperçus que Gideon, celui que j'appelais Gid et qui était une sorte de compagnon de galère, était déjà arrivé dans ma suite. Il portait un plateau de repas. Il me regarda passer la porte. Il posa le plateau sur la table basse en baissant les yeux et recula pour me laisser passer.

« Gid, pourrais-tu me trouver de quoi nourrir correctement trois personnes, s'il te plaît ? », dis-je en regardant le plateau, « Sais-tu où se trouve Yolis ? »

« Je ne devrais pas avoir trop de difficulté pour la nourriture, le cuisinier en fait toujours trois fois trop, surtout pour les invités. Quant à Yolis, je crois qu'il est toujours dans votre chambre, Maître, il a peur de votre réaction après ce qu'il a fait. »

Je le comprenais complètement. Je me levai et me dirigeai vers la porte de ma chambre.

« Excusez-moi, Maître... », dit-il avant que je ne touche la porte.

« Oui ? », dis-je en me retournant.

« Merci... », finit-il avant de sortir.

J'entrai dans la chambre et vis le petit garçon pelotonné dans un coin de la pièce, tentant de se faire le plus petit possible. Je m'approchai doucement. Je vis qu'il se balançait d'avant en arrière en tremblant.

« Bonhomme, c'est moi qui t'ai couché dans le lit, tu sais... », commençai-je doucement, « Tu n'as rien fait de mal. »

Des larmes ruisselaient sur ses joues, il ne m'écoutait pas.

« Il ne t'entendra pas. », dit une voix féminine dans mon dos.

Je me retournai prestement. C'était la femme du couloir. Elle était rousse, aux yeux d'un vert parfait, grande, certainement plus que moi, et ne portait plus les habits outranciers des Naboos.

« Qu'est-ce que... », commençai-je.

« Je ne suis pas là pour te tuer, si c'est ce que tu veux savoir. », dit-elle, « J'ai besoin de toi pour avoir les informations qui me sont nécessaires. En contrepartie, tu auras tes victoires. »

« Vous voulez que je vous livre les secrets de mon maître, c'est ça ? », répondis-je.

« Tu comprends vite. », dit-elle, « Je veux savoir ce qu'il trame dans le palais et avec ce que je vais faire pour toi, tu deviendras son favori très rapidement. Tu es déjà très doué, mais ce ne sera rien en comparaison de ce que je peux faire, tu as pu le voir dans la salle du trône tout à l'heure. Tu es un instrument parfait. »

« Un instrument, rien de plus. », répondis-je pensif.

« Si on veut, c'est mutuellement profitable. », ajouta-t-elle, « Je me fiche de ta croisade personnelle, mais je ne t'empêcherai certainement pas de tuer cette larve immonde bouffie d'orgueil. Réfléchis, tu as le temps, je ne pars que dans dix jours. »

« C'est tout réfléchi. », répondis-je, me préparant à poursuivre.

« Je connais ta réponse. », éluda-t-elle, « Tu n'as pas réellement le choix non plus. Dommage que nous nous soyons rencontrés dans ce type de situation. Mon maître aurait certainement été charmé de faire ta connaissance. »

Alors que j'étais sur le point de lui demander qui était son maître, elle me tourna le dos et se dirigea vers la porte.

« Je te recontacterai, tu n'auras rien à faire, juste écouter et apprendre. », dit-elle avant de passer la porte, « Je ferai le reste. »

Elle sortit sans me laisser le loisir de poser plus de questions.

Il était arrivé tant de choses depuis que je m'étais réveillé dans le vaisseau de Mormak. J'allais devoir maintenant remettre mes idées en place. Pour le moment, j'avais d'autres problèmes en tête. Je regardais l'enfant, derrière le lit, qui aurait certainement pu être moi et me demandais subitement ce qui avait changé en moi depuis mon départ pour le camp d'entraînement. J'hésitai un instant, puis me dirigeai vers lui.

« Je vais te faire une promesse : tant que tu seras près de moi, tu n'auras plus rien à craindre de Mormak ou de ses gardes. », lui murmurai-je, « Mais il faut que tu sois fort encore un peu, ce sera rapidement plus facile. »

Il sembla m'avoir compris et releva la tête. Ses yeux rougis semblaient ternes et sans espoir. Il me fallut plus d'une demi-heure pour arriver à le convaincre de venir avec moi dans le salon. Pendant ce temps, Gid avait réussi à trouver des plateaux-repas et il les avait posés sur la table basse en face des canapés. Ils parurent tous deux surpris lorsque je leur indiquai qu'ils pouvaient se servir. Gid ne se fit pas particulièrement prier, ce fut une autre paire de manches en ce qui concerne Yolis.

« Je ne pensais pas qu'on pouvait autant abîmer quelqu'un. », dis-je doucement, « Je l'avais pourtant déjà vu une fois, sur la piste d'entraînement du camp de Maître Vriil. »

Ils me regardèrent.

« Qu'est-ce qu'ils t'ont fait pour que tu aies si peur, dis-moi ? », ajoutai-je après un moment, « Qu'y a-t-il de différent entre nous deux ? »

Il rougit, me laissant sans réponse, et baissa rapidement les yeux. Ce fut Gid qui prit finalement la parole.

« Quand tu étais au camp d'entraînement, pas mal de choses ont changé, en particulier à cause de l'Alliance Rebelle, qui traîne dans le coin régulièrement et qui a déjà pris pas mal de cargaisons d'armes et de nourriture appartenant au Maître. », commença-t-il, « Mormak n'est pas des plus tendres depuis ton départ. »

« Il ne l'était déjà pas quand j'étais là. », corrigeai-je.

Il secoua la tête.

« Il y a 4 ans, il ne tuait que rarement les esclaves qui lui déplaisaient, il se contentait de les humilier encore et encore. », continua-t-il, « Maintenant, il les punit sauvagement. Il est même arrivé qu'il les donne en pâture à ses invités pour d'autres formes de supplices. Je n'en ai que vaguement entendu parler, parce que je n'ai plus l'âge pour ça. Ils ne prennent que les enfants, mais il paraît que c'est bien pire que tout le reste. »

Il fit une pause.

« Ceux qui en reviennent sont marqués à jamais... comme lui. », conclut-il en indiquant Yolis du menton.

Je le regardais.

« Aucun n'en a jamais ouvertement parlé ? », demandai-je.

« Soit ils en meurent, soit ils ont tellement honte de ce qui s'est passé qu'ils tentent d'oublier. », dit-il.

J'enlaçai affectueusement le gamin et le tins un instant dans mes bras. Il me regarda en retour en se demandant ce qu'il devait faire.

« Tu n'as rien à faire. », dis-je, « Ca veut simplement dire que tu peux compter sur moi. »

Je me souvins de ce que ça m'avait fait lorsque Battou m'avait demandé mon amitié.

« Amis ? », lui demandai-je en lui tendant la main.

Il étudia la proposition aussi longuement que je l'avais fait.

« Oui... », dit-il dans un murmure et il esquissa un sourire.

Je fis de même avec Gid, qui ne se fit pas prier, même si c'était plus une concrétisation qu'une vraie demande. »

Nehwon

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