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Starwars - Galactic Princess : Cendro - Partie 2

Après avoir repris contenance, peut-être plusieurs jours plus tard, Cendro connecte l'holodesk.

« Où en étais-je déjà ? Ah oui...

J'appris les règles du premier tournoi comme l'ensemble des autres novices de Vriil. Ce n'était pas très compliqué à comprendre, pas de coup mortel, aucune autre règle, on gagnait en faisant sortir l'adversaire de l'aire de combat, en lui faisant perdre conscience ou en lui faisant crier qu'il abandonnait.

Maître Vriil nous fit visiter le terrain, un cercle de plastacier installé au centre du terrain d'entraînement auquel on avait rajouté des gradins permettant aux spectateurs de regarder le spectacle.

Je dormis très mal la nuit précédant le tournoi. Revoir Mormak me terrifiait à tel point que j'en tremblais dans mon lit. Plusieurs autres esclaves vivaient autour de moi et je m'étais pris d'amitié pour certains d'entre eux. Ce qui n'allait certainement pas m'aider à les battre le lendemain.

Je fus réveillé assez tôt par le bruit de l'atterrissage d'une navette, je savais qu'il y avait peu d'invités qui pouvaient se permettre de payer le passage à travers la barrière planétaire de Lineane. Ce devait être Mormak. Pour la première fois, je me demandais s'il ne fallait pas mieux que je m'enfuie en tentant ma chance dans la forêt entourant le camp. Puis mes doigts touchèrent mon collier et je me souvins de son existence, cette chose faisait tellement partie de moi que je ne la sentais plus. Je soupirai et me laissai aller à pleurer, je ne pouvais rien faire.

Le tournoi commença trois heures plus tard. Nous avions mangé, nous étions préparés et nous nous sommes présentés devant les spectateurs. Mormak trônait près de ses gardes du corps au milieu de la tribune d'honneur. Un froid glacial me pénétra lorsqu'il posa ses yeux trop grands sur moi. Qu'allait-il penser ? Devrais-je retourner vivre dans le palais ? Allait-il m'abattre ?

Vriil prit la parole pour dire qu'il n'y avait que deux groupes, les novices et les expérimentés, dans la classe des esclaves. Il expliqua que dans le but de nous préparer à l'Arène, il ne souhaitait pas faire de différence d'âge. Puis il y eut un tirage au sort. Mon groupe se composait de deux adultes nettement plus forts que moi, aussi bien physiquement que techniquement, et d'un jeune garçon qui me ressemblait, mais qui était nettement plus marqué que moi au niveau psychologique. Je me demande encore ce qu'ils lui avaient fait pour qu'il soit dans cet état.

Le premier tirage indiqua que je devais rencontrer ce garçon, Vaal, au premier tour puis l'un des plus forts du camp parmi les novices au second si je gagnais.

Et ce ne fut pas réellement difficile. Mais je ne gagnai pas comme je l'aurais dû, en tout cas pas aux yeux de Mormak. Vaal était terrifié. Il ne chercha même pas à prendre une position de garde correcte. Lorsque je frappai la première fois, il prit le coup en plein visage sans tenter de l'esquiver. Il me regarda d'un air pitoyable et je vis des larmes couler sur ses joues en silence. Ne sachant trop quoi faire, je le projetai juste à l'extérieur du cercle pour arrêter son supplice. Du coin de l'oeil je vis les yeux déconfits de son Maître, un Humain, que je n'avais pas réellement remarqué dans la foule des élèves. Maître Vriil s'approcha de lui et entama une conversation assez animée. Je compris qu'il y avait un problème quand l'homme se mit à hurler contre Maître Vriil. Je regardais Vaal dans les yeux, il avait tout abandonné. Les larmes coulaient toujours mais rien ne semblait plus exister pour lui.

Ma tête tourna une nouvelle fois vers son Maître plus agité que jamais, il avait quelque chose dans la main.

Mes yeux se reposèrent sur mon adversaire. Il s'y lisait une terreur intense. Je ne pus rien faire d'autre que regarder son corps tomber... »

Cendro fait une longue pose en regardant l'holodesk comme perdu dans ses souvenirs, puis avale difficilement sa salive.

« Je ne pus rien faire d'autre que de regarder son corps tomber au sol après que le collier de soumission lui a détruit le visage. »

Il semble très affecté et coupe temporairement la connexion, elle revient après quelques secondes.

« Je ne suis pas certain que ce que je raconte est aussi salutaire que ce que disait Aline, mais je vais le faire jusqu'au bout. »

Il se mord légèrement les lèvres.

« Pour Mormak, ce que j'avais fait contre ce gamin était une faiblesse, j'aurais dû l'assaillir de coups, sans m'arrêter jusqu'à ce qu'il tombe au sol sans connaissance, et puis, il y avait les larmes qui coulaient sur mon visage, j'avais été incapable de me contenir.

Je me sentais coupable de n'avoir pas été assez méchant... Si j'avais réussi à faire en sorte de le mettre KO, son maître ne l'aurait peut être pas exécuté... Je me sentais coupable de sa mort.

Lorsque je sortis du cercle pour me diriger vers les gradins, j'avais l'impression que son sang coulait sur mes mains. Je me sentais tellement sale. Lorsque Mak m'annonça que je devais reprendre le combat, puisque, hasard du sort, j'enchaînais avec le combat suivant, il vit mon visage et comprit. Il me frappa le visage de petites gifles pour me faire revenir à moi.

« Allons, Cendro, reviens... ce n'est pas de ta faute... », dit-il, « Il faut que tu fasses tes preuves. Mormak ne semble pas réellement de bonne humeur... »

Il ne savait pas trop quoi me dire visiblement. Il semblait lui aussi très choqué par ce qu'il venait de se produire. J'articulai difficilement un :

« Il est mort. »

Ce qui nous laissa tous les deux dans un état assez inconfortable.

Je remontai sur le ring sans réelle envie de combattre, ce qui ne fut pas l'état d'esprit de mon adversaire. Son premier coup me surprit et m'envoya valser à l'autre bout du terrain. Je réussis à ne pas sortir de la surface en m'agrippant comme je pus. Ce fut une erreur. Avant même d'être sur mes pieds, l'homme commença à me frapper à coups redoublés. Dans l'incapacité de me défendre, j'encaissais encore et encore, jusqu'à l'extrême limite de mes forces. Puis, il me sortit du ring d'un uppercut puissant.

Je repris mes esprits après quelques secondes. Il me soutenait la tête.

« Désolé de n'avoir pas été fairplay, mais je ne voulais pas que tu subisses le sort du petit Vaal. », dit-il.

Maître Vriil s'approcha pour voir mon état. Il semblait affecté de la scène qui avait eu lieu avant. S'apercevant que j'étais revenu à moi, il eut un demi-sourire et retourna sur les gradins.

Malheureusement Mormak ne prit pas mon échec aussi facilement. Je fus traîné vers sa tente pour recevoir sa punition. Dès mon entrée, il me hurla dessus... Ses borborygmes signifiaient que j'étais un bon à rien incapable de me défendre et qu'il était hors de question qu'il continue à payer pour une personne qui ne lui rapporterait jamais rien.

Son premier garde du corps me frappa dans le dos et ajusta un coup de genou dans le ventre qui me plia en deux. Sachant que j'avais plus rien à perdre, je n'ouvris pas la bouche et je fixais Mormak doit dans les yeux. J'étais hors de moi. Le garde me frappa encore, et encore, et encore. Et à chaque fois qu'il m'envoyait rouler au sol, je me relevai et reprenai la place où je me tenais au départ. Après près de trois heures de ce petit jeu, ce fut Mormak lui-même qui m'asséna un coup d'une violence incroyable, m'envoyant dans le décor de sa tente. Je perdis finalement conscience après ce coup.

Lorsque j'ouvris les yeux, j'étais allongé dans un lit à l'infirmerie. Mon visage avait gonflé et je portais des bandages un peu partout. Je restais trois jours seul à me remettre, la douleur était à peine atténuée par les sédatifs que me donnait régulièrement le Docteur Ameck.

« Cet immondice de Hutt n'y a pas été de main morte. », me dit-il après quelque temps, « Tu n'as heureusement rien de très grave. Mais ce sera douloureux plusieurs jours. »

J'étais couvert de bleus et de coupures plus ou moins graves dues à ma chute après le coup du Hutt.

Je vis aussi le Maître Vriil.

« Il te laisse ici encore deux ans. », me dit-il avec un sourire, « Il va falloir que tu fasses mieux que cette fois, mais j'ai réussi à le convaincre que tu étais encore jeune et que tu serais un très bon combattant. »

C'était donc pour cela que je n'avais pas été abattu comme Vaal. Je le remerciai.

« Il ne faut pas que tu t'en veuilles pour le jeune Vaal. », me dit-il, « Je n'ai pas non plus pu faire grand-chose pour lui. Il est peut-être mieux là où il est actuellement... »

Je compris que la discussion qu'il avait eue avec l'Humain était une tentative pour sauver la vie de l'enfant. La nuit qui suivit cette discussion, je vis le visage de Vaal exploser encore et encore dans mes rêves, incapable de le sortir de mon esprit. Le quatrième jour, je fus éveillé par une grande agitation dans l'infirmerie. On amenait un jeune homme à la peau verte et écailleuse et aux cheveux noirs. Il semblait grièvement blessé et était inconscient. Le Docteur Ameck donnait des ordres aux trois droïdes médicaux avec une certaine fébrilité, disant à intervalle régulier qu'il n'était pas équipé pour gérer ce type de problème et que ce serait un miracle s'il arrivait à le sauver.

Mais finalement, après plusieurs heures, il allongea le corps du jeune homme près de moi dans un lit mitoyen.

C'est ce jour-là que je rencontrai Sid pour la première fois.

Je ne devais pas avoir l'air très frais quand il a ouvert les yeux, le lendemain. J'avais énormément de mal à dormir à cause de l'état de mon corps ainsi que de l'hématome qui couvrait mon visage. Mes rêves me torturaient en plus de cela. Le film de cette journée repassait encore dans ma tête quand je fermais les yeux. Je revoyais le visage terrifié de mon adversaire, la main de son Maître et l'explosion. Je me sentais si coupable qu'il m'était arrivé de souhaiter mourir. Mais je n'avais aucun moyen de faire ce que mes crises de déprime me poussaient à penser.

Je ne sais pas pourquoi mais quand il a posé les yeux sur moi, j'ai tout de suite voulu cacher mon état. Ses yeux miroir portaient une expression que je n'avais vu que dans le regard de Mak. Je ne voulais pas apparaître tel que je l'étais devant lui. Je me forçai à sourire mais mon visage me rappela que j'avais été torturé instantanément. Ce qui limita considérablement l'impact de mon geste.

« Salut. », dit-il l'air assez fatigué, « On est où, exactement ? »

Cela m'étonna. On n'arrivait généralement pas par hasard dans le camp de Maître Vriil. Je supposai qu'il avait certainement dû perdre la mémoire après l'accident, ou l'affrontement, dont il avait été victime et que ce ne serait que temporaire.

« On est dans le camp d'entraînement de Maître Vriil. », lui répondis-je en tentant d'être le plus clair possible avec ma mâchoire douloureuse, « Je ne crois pas t'avoir déjà vu ici ! »

« Je me nomme Sid. Je cherchais cet endroit, mais je dois dire que je ne me souviens plus de grand chose après avoir sauté du train-speeder. », répondit-il.

Il cherchait visiblement à faire le point dans sa mémoire. Bon sang, j'avais toujours freiné des quatre fers pour me battre et ce gars sautait d'un train-speeder en marche pour trouver le camp. Je me demandais ce qui avait pu le pousser à faire ça. Je crois qu'à ce moment là, il s'est passé quelque chose d'étrange entre nous. Je me suis trouvé un peu gêné par ce sentiment.

« C'est très dur. », dit-je sans savoir comment combler le vide, « Mais Maître Vriil est très fort. »

Ce n'était pas bien malin comme réplique, et je pensais instantanément qu'il était compétent, mais pas assez pour éviter à Vaal de mourir pour rien. Ce qui me fit monter les larmes aux yeux. Je tentai de lui dire que j'aurais préféré ne pas être là... ou quelque chose dans le genre, mais je ne voulais pas éclater en sanglot. Je vis son regard se poser sur mon cou, et je me sentis très mal à l'aise, me disant que maintenant qu'il savait que j'étais un esclave, il ne m'adresserait plus la parole.

Ce qui ne fut pas le cas.

Dans les jours qui suivirent, nous parlâmes d'un nombre incalculable de choses. Sid semblait curieux de tout, très heureux en général, et particulièrement quand il pouvait parler avec quelqu'un, comme s'il avait le mal du pays ou quelque chose dans ce genre. Alors que mon visage guérissait, il me fit rire en me racontant sa vie de façon humoristique, en particulier son enfance sur Alméria. Il me libéra du poids qui pesait sur moi concernant la mort de Vaal, bien que je ne me souvienne pas lui avoir parlé de cet épisode. Alors que nos discussions assez enjouées soignaient mon âme un peu plus que je n'ai voulu me l'avouer à l'époque, mon corps guérissait en parallèle, et je pus, après deux semaines, reprendre l'entraînement. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, Sid sortit de l'infirmerie en même temps que moi.

Alors que nous arrivions sur le champ d'entraînement, à l'endroit où se trouvait le cercle de plastacier qui servait d'arène, Maître Vriil arrêta les élèves pour qu'ils puissent nous voir arriver. Il me fit un clin d'oeil, et m'indiqua de reprendre ma place dans les rangs, puis il dit :

« Je vous présente Sid'Artha, qui fera prochainement partie de notre groupe, selon les règles qui régissent le camp. »

Il fit une pause le temps que Sid s'approche de lui.

« Voici un jeune homme qui promet : vous vous plaignez souvent des quelques kilomètres de marche que vous faites tous les jours. Ce jeune Falleen vient de faire 15 kilomètres avec deux côtes cassées et un poumon perforé. Prenez-en de la graine. »

Il attendit que les regards convergent à nouveau vers lui.

« Ce qui ne va pas m'empêcher de te demander de prouver ta valeur, pour que je t'accepte comme élève. », ajouta-t-il dans un sourire.

Sid salua le Maître. Ce qui l'impressionna visiblement, et fit murmurer dans l'assistance. Je ne comprenai pas ce que cela signifiait mais ça devait avoir une importance. J'appris après que c'était une tradition perdue d'avant la guerre des clones, et qu'il était étonnant qu'un guerrier de l'âge de Sid réagisse ainsi. Il prit une position de combat assez peu orthodoxe, très souple sur ses jambes, mais très stable, ce qui dénotait d'une bonne connaissance du combat à mains nues. Etrangement, je n'avais jamais vu le visage du Maître aussi sombre pendant un affrontement avec un élève, ou un futur élève, ce qui me fit penser que Sid serait potentiellement un opposant réaliste pour lui.

Comme le Maître, je vis que Sid avait une déficience de porter, sa perforation du poumon le faisait encore souffrir.

« Tu es encore souffrant. », dit-il comme une note pour lui-même, « Ameck surestime ses compétences. »

Il attaqua Sid sans la moindre annonce, rapidement, précisément et avec force, mais c'était un assaut simple... qui aurait certainement mis à terre la plupart d'entre nous qui avions deux à trois ans d'entraînement intensif. Ce ne fut pas le cas de Sid, qui ne parut pas s'en émouvoir outre mesure. Il limita ses mouvements, dévia le coup de son bras et glissa sous l'attaque avec agilité. Il n'avait pas encore utilisé le bâton d'entraînement qu'il avait reçu d'un élève au moment où nous arrivions de l'infirmerie. L'efficacité de sa défense fit passer des commentaires plus ou moins étonnés dans l'assistance.

« SILENCE. », cria le Maître pour faire revenir le calme.

Sid eut un léger temps d'hésitation, le Maître bougeait étrangement, comme si il y avait une forme de communication entre eux qui ne passait ni par les mots ni par des signes. Une sorte d'explication subtile, qui fit corriger à Sid une partie de sa garde. Pour moi, celle-ci était parfaite, mais une fois qu'il fut repositionné, je compris que ça aurait été une erreur. Mon voisin vit mon étonnement, c'était l'homme que j'avais combattu dans l'arène.

« Sa garde est trop haute, le Maître lui a indiqué par sa première attaque. Il n'a pas corrigé complètement, parce que ça lui donne un avantage. Regarde son pied d'appui, il va tenter d'en profiter à la prochaine passe. », me dit-il, « J'aimerais te parler après l'entrainement si c'est possible. »

Je lui fis signe de la tête que je serais à sa disposition, et je revins au combat.

Le second coup partit plus vite, je vis que Sid en était décontenancé, mais il ne sembla pas pour autant baisser les bras. Il para le bâton du Maître en le laissant glisser sur le sien, comme il l'avait visiblement prévu, le Maître fit volter son bâton pour doubler le coup. Sid se retrouva en équilibre sur l'arme grâce à son propre bâton, tête en bas et jambes écartées. Le talon de sa jambe gauche passa très près du visage du Maître qui esquiva promptement.
L'assemblée reprit son murmure. Plusieurs personnes commentaient cette action en disant qu'il n'était pas aussi débutant qu'il souhaitait le faire croire.

« Etonnant. », dit le Maître, « Ton Maître précédent t'a bien formé. Mais il te manque encore une partie du Sens du Combat. »

Le Maître enchaîna par sa spécialité, une technique qui consistait en une volée de coups d'une vitesse incroyable. Plusieurs touchèrent Sid, et je me dis qu'il n'avait certainement aucune chance contre l'attaque préférée de notre Maître. L'un des coups frappa même son visage de plein fouet. Il vacilla un moment, et nous pensâmes tous qu'il allait tomber au sol. Il resta debout. Le Maître avait reculé, mais il nous sembla qu'il souhaitait ne pas faire s'éterniser cette démonstration.
Il reprit l'initiative de l'attaque et lança à nouveau sa technique contre Sid. Celui se mit à esquiver les coups à une vitesse phénoménale, comme si l'on passait un film en accéléré, bloquant certains et laissant passer ceux qui ne faisaient que le frôler. Lors d'une volte, il plaça un coup, un seul, qui figea le Maître. Ce fut son tour de vaciller, il recula et tenta de reprendre son souffle. Nous étions tous étonnés, ne comprenant pas clairement ce qui venait de se passer. Mon voisin se pencha vers moi.

« Il a touché le Maître. Il aurait pu le tuer si ça n'avait pas été un bâton d'entraînement. », dit-il avec un certain émerveillement dans la voix.

Les murmures, plus importants que jamais, glissaient à travers la foule, qui cherchait à comprendre. Plusieurs autres groupes avaient assisté à cet assaut.

« Bravo ! », articula le Maître en reprenant son souffle, « Ce sera un plaisir que d'avoir quelqu'un comme toi pour m'aider dans ma tâche. Les choses que j'aurai à t'apprendre concerneront la tactique et certainement d'avoir plus conscience de tes limites et de tes forces. »

Il lui tendit la main et lui adressa la parole en aparté.

Nous fûmes libérés plus tôt par le Maître pour qu'il puisse parler plus librement à Sid des responsabilités qu'il comptait lui donner. Comme il me l'avait demandé, je retrouvai mon adversaire de l'arène près de la tente des novices. Il devait me chercher, je suppose.

« Je voulais te parler, je suis passé te voir à l'infirmerie mais tu étais encore inconscient. », commença-t-il, « Je suis désolé d'avoir dû te faire subir ce type de chose, mais Mormak n'est pas des plus tendres. »

Je regardai son visage. Il semblait réellement désolé.

« Je... Je ne sais pas réellement par où commencer. Je m'appelle Battou, je suis un des esclaves de Mormak, moi aussi, je ne suis pas destiné à l'Arène mais à sa garde personnelle, ce qui me permet d'avoir un peu plus de latitude dans mes mouvements. Je te connais aussi. Je sais que tu es le jeune esclave qui a été attaqué par les chiens dans le palais. Ce n'était jamais arrivé avant. », ajouta-t-il très vite.

Il ne savait visiblement pas savoir quoi dire.

« Je suis désolé. », finit-il par résumer, « Je ne souhaitais pas que tu subisses le sort de Vaal, mais mon comportement t'a fait subir bien pire. J'aimerais que nous soyons amis, jusqu'au prochain tournoi, où j'espère, tu prendras ta revanche. »

Que devais-je répondre à cela ? Il m'avait mis dans une sale position mais il semblait le regretter, et puis, je n'avais pas réellement d'amis.

« Ce serait un honneur. », répondis-je simplement.

Il repartit sans un autre mot, l'air content.

Je retournai dans la tente des novices, prendre quelque temps de réflexion sur ce qui venait de se passer, c'était assez étrange de la part d'une personne telle que Battou de venir présenter ses excuses. Et avoir dit qu'il me connaissait, ça aussi c'était étrange, surtout que j'étais persuadé qu'il ne m'avait pas tout dit sur ce point. Alors que je retournais la conversation dans ma tête encore et encore, Sid entra dans la tente avec Mak. Celui-ci lui indiqua un lit dans la partie avant de l'installation, la partie des personnes libres, puis il sortit. Aussi étrange que ça puisse paraitre, il se dirigea vers moi et s'installa sur le pied de mon lit.

« Tu ne devrais pas être ici. », lui dis-je très rapidement, « C'est la partie des esclaves. »

Il jeta un coup d'oeil autour de lui et prit note que l'ensemble des personnes qui l'entouraient portaient des colliers de soumission.

« Ce n'est pas grave pour moi. », me répondit-il, « De toute façon, je ne suis pas libre depuis très longtemps. »

« Tu risques de t'attirer des ennuis, si tu restes ici. », ajoutai-je pour être plus clair.

« Je suis venu chercher des ennuis en venant ici. », contra-t-il, « Je suis prêt à tout affronter pour choisir mes amis. »

Il me tendit la main. J'hésitai un instant, c'était la deuxième personne de la journée, et de ma vie qui me proposait de devenir mon ami. Je pris finalement sa main, qui me paru assez froide. Les larmes vinrent seules à mes yeux, des larmes de joie, mais je n'en suis pas réellement sûr. Etait-ce cela la liberté ?

Mak et Sid étaient alternativement mes entraîneurs. Bien que l'exercice fût rigoureux et difficile, dans l'ensemble ce furent les plus beaux jours de ma vie d'enfant et d'esclave. Dans mon groupe, il n'y avait que des jeunes gens, depuis mon âge, parfois plus jeunes, jusqu'à 17 ou 18 ans. Les adultes avaient leurs propres entraîneurs. Les entraînements physiques ressemblaient plus à des jeux qu'à autre chose. C'était assez agréable même si, une fois le jeu terminé, l'ensemble de nos muscles nous faisait souffrir. Pour les entraînements au combat, c'était un peu plus strict, le Maître y prenait souvent part et c'était un vrai travail. Mais comparé aux conditions de vie dans le palais de Mormak, c'était un paradis.

Quelques semaines plus tard, lors d'un de nos jours de repos, alors que je prenais, seul, mon petit déjeuné, Sid s'installa en face de moi, ce qui fit tourner pas mal de têtes.

« Tu ne devrais pas... », commençai-je.

« Bonjour à toi aussi. », répliqua-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Il m'avait coupé la parole, ce qu'il ne faisait jamais. C'était un moyen de me signifier qu'il ne voulait plus entendre mes récriminations concernant les castes du camp.

« J'ai une affaire à te proposer. », ajouta-t-il.

Je relevai les yeux de mon assiette en tentant de percevoir ce qui se cachait dans la tête de Sid. Ses yeux miroir me renvoyèrent juste mon propre étonnement.

« Je te propose... », dit-il, « de tenter de trouver un moyen d'impressionner ton Maître, la prochaine fois qu'il viendra. Veux-tu que nous y travaillions ensemble ? »

Je le fixai d'un air certainement ridicule, puis mes efforts sans succès me revinrent, en particulier les quelques échecs lors des affrontements du jour précédent. Il me restait une honte profonde et une certaine déprime, comme un goût de sang dans la bouche. J'évitais son regard.

« Je suis bon à rien en combat, je n'y peux rien. », répondis-je, « Ne perds pas ton temps avec moi. »

Contrairement à ce que je pensais, il me sourit.

« Je pense qu'il y a certainement un style qui te conviendrait mieux que ce que tu étudies actuellement avec Mak. », dit-il pour me convaincre, « Je veux tenter de te l'apprendre. »

Quel autre style ? Il n'y avait pas trente moyens de combattre un adversaire. Je me demandai si ce qu'il me proposait n'était pas une astuce pour se ficher de moi.

« Laisse-moi t'aider. », ajouta-t-il doucement.

Cette phrase signifiait bien plus, comme s'il savait ce que c'était d'être un esclave, je repensais à certaines phrases qu'il m'avait dites depuis que nous nous étions rencontrés, mais aussi la façon dont il m'avait raconté sa vie lors de notre convalescence. Je compris soudain. Je hochais simplement la tête en guise d'assentiment. »

Cendro coupe la connexion, un sourire aux lèvres.

Nehwon

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