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Starwars - Galactic Princess : Cendro - Partie 1

Un jeune homme aux cheveux blonds et aux yeux d'un bleu de menthe glaciale se penche sur l'objectif d'un holodesk, tapote le côté et le regarde en tout sens.

« Ca marche là ? Heu... on va faire comme si...

Nous sommes au printemps de l'an 2 de la Nouvelle République.

C'est Aline qui m'a conseillé de raconter tout ce que je peux à un holodesk, histoire de mettre les choses à plat... »

Il a l'air passablement gêné, se gratte le menton en regardant l'appareil, tentant de trouver quelque chose à dire pour commencer.

« Mais je ne suis pas certain que ça serve à grand-chose.

Bon, pour ceux qui pourraient m'écouter et me regarder, je m'appelle Cendro. Mon vrai nom est Alexandre Matice Illiana. Ma famille, enfin de ce que j'en sais, était une famille de commerçants sur Druckenwell, planète riche du système du même nom. Je n'ai malheureusement pas eu le bonheur de les connaître. Ce que j'en ai appris, c'est que Mormak, un Hutt, a utilisé le besoin d'argent de ma famille pour les rendre dépendants, jusqu'au jour où cela leur a coûté la vie. J'ai été pris en esclavage alors que je n'étais encore d'un nourrisson. Mormak et ses sbires ne se sont pas privés pour me rappeler la bassesse de mon sang.

Comme tous les esclaves des Hutts, j'étais un objet, un jouet ou un serviteur, au bon plaisir de mon maître. Je ne connaissais que cela mais je voyais d'autres enfants autour de moi qui vivaient des vies normales et je les enviais. Ma plus grande passion était de me glisser dans les conduits d'aération pour regarder les immenses fêtes qui étaient organisées par Mormak pour ses "amis" de travail.

C'était toujours un moment où je rêvais d'être un autre, pas d'être libre - je n'y avais même jamais songé - mais bien d'être l'un d'entre eux et de pouvoir m'adresser à Mormak d'égal à égal. Dans ma plus tendre enfance, je servais uniquement des plateaux à mon maître, comme une table sur roulette ou un droïde serveur sans plus d'importance. Quand je suis devenu capable de courir et d'esquiver les coups directs de Mormak, je suis devenu un jouet plus agréable pour lui.

Il avait l'habitude de me faire courir contre ses chiens, contre lesquels je n'avais bien sûr aucune chance. Il était évidemment hors de question que je blesse ses animaux. C'était un concept qui, cependant, ne semblait pas les déranger à mon égard. Eux avaient droit à de la nourriture et à un endroit correct pour dormir, ce qui n'était pas mon cas.

Quand je perdais - ce qui arrivait presque à chaque fois - j'étais puni pour mon manque de moyens, même si j'avais fait de mon mieux et si j'avais couru plus vite que les chiens bien plus longtemps que d'habitude. C'était généralement une longue humiliation qui s'ajoutait aux douleurs de morsures et des coups. Il m'arrivait parfois d'avoir du mal à me relever et j'étais traîné hors de la salle par d'autres jeunes esclaves. C'était chacun son tour, et la fois suivante c'était moi qui tirais un autre corps en dehors de la pièce, le temps que je me remette.

Puis, un jour, contre toute attente, et bien que les chiens soient assez bien dressés, l'un d'entre eux m'a sauté à la gorge pendant notre course autour de la salle. Alors que je croyais mourir sous la pression des mâchoires et sous la douleur des crocs, j'ai pris un objet que je n'ai pas réussi à identifier et j'ai perforé le crâne de l'animal en rentrant celui-ci dans son oeil gauche. C'était une parfaite réaction de survie, incontrôlable et hasardeuse. Alors que j'étais en train de me vider de mon sang sur le sol, la gorge coupée par les mâchoires de l'animal, Mormak hurla qu'on fasse venir un droïde médical. En plus de cet ordre, j'ai aussi compris un mot : "Arène". »

Cendro recadre l'image.

« Je me suis réveillé trois jours après dans une cuve à bacta. Jamais un esclave n'était traité avec ce type de médecine, c'était bien trop cher pour nous. Remarquez que Mormak n'était pas un spécialiste de l'attention concernant la santé de ses esclaves, puisque pour lui c'était un commerce comme un autre. Il pouvait se permettre de perdre quelques unités de temps en temps.

J'étais en fait sur un vaisseau à destination de Lineane. Une fois sorti de la cuve, le capitaine m'apprit que Mormak m'avait fait admettre dans le camp d'entraînement de Maître Irken Vriil, que cette personne était l'entraîneur officiel des esclaves de Mormak qui participaient aux combats de l'Arène spatiale et que je devais faire mes preuves au plus vite pour pouvoir payer mes dettes.

Vous comprenez maintenant que Mormak ne m'avait pas offert une survie, il m'avait offert les dettes que je devais payer en me battant pour lui : le contenu de la cuve qui, à lui seul, coûtait plus cher que ma vie, le voyage pour Lineane et l'entraînement qui allait avec.

Bien sûr, il y avait aussi une incroyable chance : si j'arrivais à survivre à l'Arène ne serait-ce qu'une année avec des scores pas trop mauvais, je serais en mesure d'acheter ma liberté. En même temps, je n'avais pas vraiment de raison de la vouloir. Je n'avais pas de famille, pas de lien, pas de raison de vivre...

Cela changea assez rapidement après mon arrivée.

Je fus débarqué assez rudement par les hommes de main de Mormak dans le campement de Maître Vriil. Ce fut la raison de mon premier choc. Alors que l'un d'entre eux me rouait de coup pour être tombé de la passerelle du vaisseau - il est évident qu'il m'y avait grandement aidé - je vis Vriil s'approcher de nous un peu vite. Je me préparais à un autre choc, un coup de pied d'accueil par cette personne au visage dur qui s'approchait de façon si agressive. Mais le "ouf" ne sortit pas de ma bouche. On ne me tapait plus dessus non plus. Quand j'osai relever la tête, mon bourreau était au sol et le second porte-flingue avait un blaster lourd sous le nez. Je reconstituai assez vite la scène, Vriil venait de frapper violemment celui qui me tapait dessus au plexus et s'était prémuni contre une réaction négative du second. Il regarda l'homme au sol.

« Ce jeune garçon est certainement la personne que vous deviez accompagner ici. Alors, je vais vous rappeler les règles du camp. Je décide qui doit se battre et avec qui. Dans le cas contraire, c'est moi qui punis. Si je vous reprends à taper sur un de mes élèves esclaves hors de la présence de son maître, je vous fais la peau. C'est clair ? »

Contrairement à moi, les hommes de main furent assez mal accueillis par la population du camp. Ils ne restèrent d'ailleurs pas longtemps. Ce qui me soulagea grandement.


Le campement était divisé en deux parties, une première qui comportait les parties communes, une sorte d'hôpital, une tente de commandement, des douches et sanitaires en dur, un poste de communication, une tente qui servait de cantine, et une seconde qui comportait plusieurs tentes de grande taille qui servaient de dortoir. Le tout était entouré des murs gigantesques d'un temple colossal. Ce fut un jeune homme, qui devait avoir entre 20 et 25 ans qui m'aida à me relever. Il m'aida aussi à marcher, ce qui me parut bizarre.

« Nous ne sommes pas tous comme ces malades. », dit-il, « Je m'appelle Mak, je suis l'un des aides de camp de Maître Vriil. Je vais éviter de te souhaiter la bienvenue, ce serait déplacé. »

Il m'emmena jusqu'à la tente des novices. Elle était spacieuse, comportait des lits austères mais confortables. Il me laissa m'asseoir sur l'un des lits qu'il m'indiqua.

« Ce sera ton lit, en tout cas pour les deux premières années de ton entraînement. », ajouta-t-il, « Il y a quelques petites choses dont tu peux être sûr. La première c'est que personne ne te tapera plus dessus sans que tu puisses te défendre. Les punitions de Maître Vriil sont douloureuses, mais généralement on en ressort plus fatigué que blessé. »

Je dois dire que je ne comprenais pas vraiment ce que disait cet homme, mais il semblait assez sympathique. Quelques minutes plus tard, Maître Vriil revint avec mon paquetage. Il le posa près de mon lit. Au moment où je tentais de me lever pour me confondre en excuses pour ne pas l'avoir ramassé, il leva la main.

« Stop ! C'est de leur faute, pas de la tienne. Pendant tout le temps que tu passeras avec moi, dans ce camp, je veux que tu me regardes dans les yeux... »

Je dus faire un énorme effort pour affronter son regard.

« Souviens-toi, maintenant tu n'es plus un esclave, même si tu en portes toujours le collier, tu es un élève comme les autres. »

Mon visage devait en dire long sur l'étonnement que je ressentais à ses paroles, parce qu'il éclata de rire.

« Comment t'appelles-tu, bonhomme ? », me demanda-t-il d'un ton paternaliste.

« Cendro, Maître. », répondis-je de façon forte et claire, comme on me l'avait appris.

« S'il y a une chose que je n'aurai pas à t'apprendre, c'est à répondre clairement aux questions que l'on te pose. Quel âge as-tu ?»

Je fus assez gêné pour répondre.

« Je crois que j'ai 12 ans, Maître », finis-je par dire.

Il ne s'éternisa pas sur la question.

« Très bien. Mak sera ton instructeur pour les premières semaines. Lever 7 heures chaque matin, petit-déjeuner dans la foulée, repas à midi, repas le soir vers 20 heures, extinction des feux à minuit. Je veux que tu fasses de ton mieux pour devenir un vrai combattant. C'est compris ? »

« Oui, Maître. », dis-je.

Ce que je venais d'entendre me poussait à me dire que j'aurais quelque temps de répit dans ma vie. 7 heures de sommeil, c'était 3 de plus qu'à mon habitude, 3 repas par jour c'était le paradis. Je compris finalement qu'il avait dit ça pour me faire comprendre que je n'étais plus le même, plus cette chose sans importance qui survivait dans le palais de Mormak. Il m'avait simplement dit : « ce n'est pas merveilleux, mais c'est toujours mieux que de se faire taper dessus à longueur de journée. ».

Et lorsque je posai mon regard sur Mak, j'eus pourtant la réaction instinctive de baisser les yeux.

« Hé, je ne fais pas exception. », dit-il aussi tôt d'un ton amusé, « Tu veux bien me regarder en face ? »

« Oui, Maître », répondis-je.

Il éclata de rire.

« Pitié, je ne suis pas ton maître. Juste Mak, ça ira. »

Cendro corrige l'angle de l'enregistreur holographique une nouvelle fois.

« Les premières semaines d'entraînement furent assez agréables pour moi. Le but était d'obtenir un groupe de jeunes gens homogène au niveau physique pour permettre ensuite au Maître de dispenser des cours de combat au corps à corps. Nous courions beaucoup, renforcions nos corps et nos esprits. Pour le corps, ce n'était pas trop compliqué pour moi, avec une nourriture équilibrée et de l'exercice intensif, je pris rapidement de la corpulence, du muscle et du poids. J'avais l'avantage de connaître la fatigue et d'être habitué à la douleur, ce qui m'évita aussi les agressions en provenance des autres novices.

Je n'étais toutefois pas fait pour l'apprentissage du combat tel que l'enseignait Mak. Tout ce qui touchait à l'esquive et au déplacement était facile pour moi, mais je répugnais à utiliser la violence contre les autres élèves. Ce qui n'aidait pas, évidemment.

Après quelques mois, j'avais appris les techniques mais n'arrivais clairement pas à les appliquer sur mes petits camarades. A l'exception des techniques qui permettaient d'immobiliser, je n'avais pas assez de force physique pour appliquer les techniques de projection en force et je n'arrivais pas - pour des raisons plus psychologiques que physiques - à frapper fort sur les autres élèves.

Je me souviens très clairement la façon dont Mak me parla, 22 mois après mon intégration.

« Ecoute-moi bien, Cendro ! Si tu continues à t'opposer à ce que l'on t'enseigne ici, ton Maître ne te fera pas de cadeau. », dit-il, « Je sais que tu ne souhaites pas blesser les autres, mais tu n'as pas le choix. Tu sais aussi bien que moi que s'il te considère comme inutile, tu seras abattu sans la moindre hésitation. »

Il me regarda un moment.

« Dans deux mois, il y aura un grand tournoi, qui a lieu tous les deux ans. Tu affronteras les autres novices de tous les âges, et ton Maître sera présent. », ajouta-t-il finalement, « Il décidera en fonction de tes résultats ce qu'il doit faire de toi. Il a déjà décidé d'abattre des esclaves sur le champ. »

A mon tour, je le regardai, à la limite de la crise de larmes.

« Je crois que je préférerais mourir. », dis-je.

Il me retourna une gifle qui me fit résonner les oreilles pendant un instant. Plus que la douleur, c'est la honte d'avoir obligé Mak, d'ordinaire si gentil avec moi, à cette extrémité qui me frappa en pleine poitrine.

« Jamais tu ne rediras cela devant moi ! Si je suis ici, c'est que j'ai passé deux ans à me battre dans l'Arène alors que j'avais quelques années de plus que toi. J'ai payé la dette que mon Maître m'avait appliquée pour l'entraînement et je suis libre maintenant. », dit-il, « Ce n'est pas plus hors de ta portée que ça ne l'était pour moi. Tu es même certainement plus doué que moi. Je veux que tu fasses de ton mieux à partir de maintenant et que tu gagnes le respect de ton Maître le jour du tournoi. »

Je ne pus que hocher la tête de façon affirmative.

Ce qui se passa ensuite reste assez flou dans mon esprit, ce furent deux mois de travail et d'entraînement intensif. Je n'eus pas réellement de problème et la vie au camp me sembla incroyablement douce par rapport à ce que j'avais vécu avant. Alors qu'arrivait la date du tournoi, j'avais acquis une bonne partie des techniques mais je ne me sentais toujours pas prêt à faire du mal à quelqu'un d'autre qu'à moi-même.

Puis ce fut le premier tournoi... »

Cendro refoule une réaction d'émotion et coupe la connexion avec l'enregistreur.

Nehwon

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