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Starwars - Galactic Princess : Sid - Partie 1

Personne ne doit dire que tous les esclaves sont maltraités et que la vie dans la servitude est toujours une douleur. J'en prends pour cas ma propre expérience, chanceuse certainement.

Je ne connais ni la forêt ombrageuse de ma planète d'origine ni les endroits humides des contrées de Falleen. La raison en ait que j'ai subi l'avidité de mes semblables, en tous cas de quelques uns d'entre eux. J'ai été débarqué quelques jours après ma naissance sur une planète du système Almania, du nom d'Almania II. Cette planète, hors de la zone contrôlée par l'Empire Galactique, comprend une importante population peu fréquentable de mafieux, rebelles, voleurs, assassins, contrebandiers, Hutts, et autres vermines dans ce genre. Les lois impériales ne sont d'ailleurs pas le souci majeur pour l'ensemble de cette population, ce qui, du reste, est assez compréhensible.

L'esclave est donc un commerce courant et répandu dans un certain nombre de systèmes de la Bordure. Sur Almania, c'est le cas. Je suis d'ailleurs tombé rapidement sur un acheteur qui n'a dû m'avoir comme possession que quelques secondes, le temps de finir dans un caniveau. Allez savoir la raison, je ne m'en souviens d'ailleurs pas, je n'étais qu'un bébé à cette époque. Cette mésaventure a été consignée dans le dossier de vente qui m'a été remis bien plus tard. Mais cet environnement provoque forcément des remous dans une existence. Surtout quand vous êtes la marchandise et que l'on retire la vie autour de vous aussi facilement qu'on déleste d'un crédit-tube.

Les Falleens grandissent très rapidement dans les premières années de leur vie pour arriver à une maturité vers 16 ans standards. C'est pour cette raison que j'ai été vendu après 4 ans "d'élevage" à un barman d'Al'heemok tenant la "Cantina", réplique de celle de Tatooine, un des seuls rades intergalactiques de ce type dans les environs. C'était un Chevin de près de 3 m 50, tentant de se faire passer pour un dur. Je n'ai jamais réussi à savoir pourquoi Hagalor m'avait acheté, mais c'est à partir de là que ma vie a réellement commencé.

A l'âge de 8 ans, Hagy me fit devenir son assistant. Comprenez son aide-barman. Ayant pour moi la petitesse de mon âge et l'agilité de ma race, je servais en salle. J'appris rapidement à différencier les tables vers lesquelles je pouvais m'avancer et celles vers lesquelles je devais envoyer un Droïde-serveur pour éviter de me mettre en danger.

La vie était assez simple, j'avais une chambre propre, près de celle de mon Maipa - comprenez Maître-papa, en raccourci enfantin -, un peu d'argent de poche, à peu près 3 ou 4 crédits standards par jour de travail en pourboire, le logis et le couvert. Vous conviendrez que ce n'est pas une existence des plus déplaisantes, surtout que Hagalor était un Maître assez affectueux - bien que ma race aime la retenue, ce n'est pas particulièrement mon cas - et surtout ni une brute ni un bourreau. J'en remercie encore la Force.

Alors que les années passaient, les clients changèrent. Les petites-gens laissèrent la place à une faune plus hostile et vaguement plus agressive. Une majorité de contrebandiers et de chasseurs de primes, prompts à placer la main sur le blaster. C'est à cette époque, vers 13 ans, que j'ai rencontré Lucius. Ce petit humain, au visage zébré d'une cicatrise étrange, habitait près du spacio-port à portée de vue des baies de déchargement. C'était un mercenaire à la retraite, grand buveur devant la Force et spécialiste de toutes sortes de techniques de combat qu'il ne pouvait plus pratiquer à cause d'un tir de blaster lourd qui lui avait emporté une partie de la jambe droite. Il avait d'ailleurs trouvé un autre métier en échangeant des pièces de vaisseaux de provenance plus ou moins claire contre des marchandises diverses dont il faisait ensuite le commerce.

C'est comme ça que j'ai fait mes premières armes dans le développement corporel et le combat au corps à corps. C'est encore grâce à Lucius et à l'insu - je le croyais alors - de mon Maipa que je me suis inscrit vers l'âge de 17 ans à mon premier tournoi officiel. Ces événements étaient en général développés autour de plusieurs compétitions : Pod-Race, tournoi de Sabaac. Vous comprendrez facilement que ce type d'événements n'attirait pas que les plus délicates créatures de la galaxie. Mais pour moi, ça changeait tout. Il y avait la liberté au bout de la course et surtout un moyen d'aller sur la Planète Universitaire pour suivre des cours : le rêve de ma vie.

Malheureusement, j'ai vite compris que les combats étaient truqués et que je ne gagnerais rien d'autre que l'honneur de me faire acheter ou de mourir. Ayant refusé l'argent qu'un homme de main Hutt me proposait, j'ai été ramené chez Hagy, les deux jambes brisées et le reste du corps dans un état pitoyable après une "explication très claire".

C'est ce jour là que Hagy m'a indiqué qu'il savait pour mes escapades, que Lucius lui avait parlé de mes compétences et que je n'avais pas de raisons de mettre ma vie en danger pour gagner ma liberté puisqu'elle m'était déjà acquise.

Hagy m'avait affranchi lors de mon passage à l'âge adulte et ne m'avait rien dit. Je suppose que c'était pour que je reste avec lui un peu plus longtemps. Il m'a indiqué qu'il avait cherché un Maître capable de m'apprendre plus que Lucius et m'indiqua une adresse dans un système proche.

Après quelques semaines de convalescence, à ronger mon frein avant le départ, je me retrouvai en route pour mon destin.

J'arrivai quelques semaines plus tard, après un voyage assez peu agréable dans la soute d'un navire de commerce qu'un commandant sans scrupule avait qualifié de "place économique", sur Lineane, satellite naturel d'une planète gazeuse à forte densité, nommée Argos. Je devais trouver un personnage assez haut en couleur, Irken Vriil, spécialiste, m'avait-on dit, des combats à mains nues.

Il me fallut plusieurs jours de recherche pour finalement apprendre que cette personne vivait dans un ancien temple dans la forêt environnant une petite bourgade de mineurs, Arhéate, à plusieurs heures de transport de la ville. Je pris donc, avec ce qui me restait comme argent, un billet de train à sustentation, en direction de la capitale, ayant prévu de rajouter une gare sur le trajet.

Je sautai donc en marche à plusieurs kilomètres de toute civilisation. Me laissant rouler sur le côté, je me relevai, engourdi par la chute et la vitesse. Je compris après avoir retrouvé mes esprits que la chance était avec moi puisque j'aurais dû me rompre les os. J'étais un peu moulu mais je me relevai et le désir qui m'animait de devenir enfin un être avec une existence me fit marcher à travers une forêt luxuriante en serrant les dents à cause de la douleur.

Je dois dire que je ne me souviens pas réellement de ce qui s'est passé ensuite. Je me souviens juste m'être réveillé dans un endroit étrange où se côtoyaient un équipement médical de pointe et des murs de pierres lourdes et antiques. Autour de moi, plusieurs dizaines de lit avaient été disposés, un seul était occupé. Le jeune garçon, qui devait avoir douze ou treize ans portait un énorme hématome sur le visage et semblait terriblement triste de son état. Il me vit ouvrir les yeux et tenta de sourire. Le geste sembla lui faire mal.

« Salut. », commençais-je, « On est où, exactement ? »

Il répondit en commun.

« Dans le camp d'entraînement de Maître Vriil. », répondit-il, « Je ne crois pas t'avoir déjà vu ici. »

« Je me nomme Sid. Je cherchais cet endroit, mais je dois dire que je ne me souviens plus de grand-chose après avoir sauté du train-speeder. », répondis-je en tentant de faire le point sur ce qui me restait de mémoire.

« C'est dur, mais Maître Vriil est très fort. », dit-il au bord des larmes.

Il se prépara à dire quelque chose sans y parvenir. Je remarquai aussi qu'il portait un collier d'esclave autour du cou.

Il me fallut plusieurs jours pour reprendre des forces. Je n'eus pas le loisir de faire la connaissance du Maître ni de lui exprimer ma demande pendant ce temps. Les seules personnes qui je côtoyais furent Cendro, le jeune esclave, et Mar Ameck, le médecin du camp.

J'appris que Cendro n'avait pas été blessé par le difficile entraînement qui se déroulait dans le camp, mais par son maître, un Hutt, qui trouvait qu'il ne progressait pas assez vite. Ma constitution de Falleen et mes caractéristiques innées pour la régénération de mon corps, me laissèrent sortir de ma convalescence en même temps que lui.

Irken Vriil était un humain d'une stature imposante, assez âgé, certainement la soixantaine d'années standards, mais d'une prestance, d'une rapidité et d'une souplesse incroyable. Il m'accueillit d'un grand sourire. Il dit à l'assemblée, une dizaine d'élèves plus ou moins vieux et de toutes les races :

« Voici un jeune homme qui promet. Vous vous plaignez souvent des quelques kilomètres de marche que vous faites tous les jours. Ce jeune Falleen vient de faire 15 kilomètres avec deux cotes cassées et un poumon perforé. Prenez-en de la graine. »

Il se tourna vers moi :

« Ce qui ne va pas m'empêcher de te demander de prouver ta valeur, pour que je t'accepte comme élève. », dit-il en souriant.

Un des élèves m'envoya un bâton d'entraînement, alors que Cendro rejoignait les rangs. Le Maître en prit un aussi.

Je me campais sur mes jambes, la douleur n'était pas encore partie, je serais les dents tentant de ne pas montrer mon malaise. Je savais que le Maître avait déjà remarqué que je ne bougeais pas normalement. Il allait falloir compenser. Nous nous observâmes. Le sourire du Maître avait disparu, il se concentrait. Ce qui me fit comprendre qu'il n'allait certainement pas me faire de cadeau.

« Tu es encore souffrant. », dit-il, « Ameck surestime ses compétences. »

L'assaut suivit. Rapide, précis, mais simple pour un début. Il me testait, c'était clair. Je limitais mes mouvements, je déviais le coup sans problème tentant de ne pas lui permettre de trouver une ouverture. Un murmure passa dans l'assemblée.

« SILENCE ! », cria-t-il.

Il m'observait avec un oeil tactique. Il venait de m'indiquer ma faiblesse, ma garde était trop haute. Je décidai d'en profiter. Le second assaut fut identique au premier, mais je savais qu'il allait doubler le coup, ma garde chancelante n'y résisterait pas. Il allait falloir que je fasse abstraction de ma douleur pour le surprendre. Le coup partit si vite que j'eus le sentiment que je n'arriverais pas à faire ce que je souhaitais. Ma parade fut bonne, le bâton du maître revint vers moi comme prévu. Je poussai violemment sur mes jambes prenant appui sur le bâton de mon adversaire et effectuai une attaque acrobatique qui le surprit, mais qu'il esquiva. Mon talon gauche effleura son nez. Il sauta en arrière pour reprendre une position plus stable.

« Etonnant. », dit-il, « Ton maître t'a bien formé, mais tu n'as pas encore le sens du combat. »

Il y eut encore des murmures dans l'assemblée. L'attaque suivante fut d'un autre niveau, les coups volèrent à une telle vitesse que je ne pus que choisir de ne pas éviter ou en parer l'ensemble. J'économisais mes forces et ne choisis que ceux qui pouvaient véritablement être dangereux. Cette technique était certainement mon point faible. L'un d'eux toucha mon visage de plein fouet et bien qu'il aurait dû me coucher, il me laissa dans un état second. Je sentis, pour la première fois, une sensation bizarre. Le Maître s'était reculé pour me laisser reprendre mes esprits, mais il revenait à la charge, certainement pour voir ce que je choisirais de faire dans ces conditions. Bizarrement, alors que j'aurais dû être incapable de quoi que ce fut, je bougeais en écoutant les murmures de ma conscience, je ne savais pas réellement ce que je faisais, peut-être vaguement contrôlé par elle, peut-être trop groggy pour réussir à comprendre la situation. Je frappai une seule et unique fois, alors que je vis clairement le plexus du Maître.

Je revins complètement à moi alors que la foule avait gonflé et les murmures s'intensifiaient. Je regardais la situation, tentant de comprendre ce qui venait d'arriver. Le Maître était plié en deux tentant de reprendre son souffle. Il releva le visage.
« Bravo ! », dit-il, « Ce sera un plaisir que d'avoir quelqu'un comme toi pour m'aider dans ma tâche. Les choses que j'aurai à t'apprendre seront simplement des points de tactique, certainement aussi à avoir plus confiance en toi. »

Il me tendit la main.

« Qui était ton Maître avant moi ? »

« Il s'appelait Lucius. », répondis-je

Il sourit.

« Alors, je comprends. C'est un ami de longue date. Et il est largement aussi compétent que moi. »

C'est comme cela que commença une autre vie, comme aide-instructeur dans le camp de Vriil. Pendant le temps que je pris pour faire connaissance avec l'environnement, je fus affecté à la tente des novices, comme tous les nouveaux du camp. J'y retrouvais Cendro, qui évitait consciencieusement ses petits camarades. Dans les novices, il y avait des hommes d'âge mûr, des adolescents bagarreurs qui m'évitaient avec attention et des jeunes gens, comme Cendro, qui, pour je ne sais quelle raison semblaient me regarder avec admiration.

Je vins m'assoir sur le lit qu'occupait Cendro pour engager la conversation. Il me devança.

« Tu ne devrais pas être ici. », dit-il de suite, « C'est la partie des esclaves. »

Jetant un coup d'oeil à la volée, je m'aperçus que chaque personne de cette partie de la tente portait un collier de soumission.

« Ce n'est pas grave pour moi. », répondis-je, « Je ne suis pas libre depuis très longtemps. »

« Tu risques de t'attirer des ennuis, si tu restes ici. », dit-il un peu surpris par ma réponse.

« Je suis venu chercher les ennuis, en venant ici. », dis-je, « Je suis prêt à tout affronter pour choisir mes amis. »

Je lui tendis la main. Il la serra et ses yeux s'embuèrent. Il était clair à cet instant qu'il n'était pas fait pour être un combattant et qu'il ne faisait que se soumettre à la volonté d'un maître tyrannique.
Je ne savais que trop ce qu'il ressentait, même si jamais je n'avais été obligé de subir ce type d'humiliation. J'en avais tellement vu autour de moi, que je savais repérer les signes qui ne trompaient pas.

Le reste de la vie du camp était réglé comme du papier à musique, depuis le lever, le déjeuner et les entraînements du matin, jusqu'aux rares moments de liberté et de repos. Nous avions toutefois une journée par semaine standard pour nous. Je pris vite ma place en tant qu'entraîneur. Je faisais de mon mieux pour guider les jeunes gens qui m'étaient confié, et il sembla que ma technique d'apprentissage n'était pas si mauvaise. Le Maître suivait ma progression avec un peu plus d'attention qu'il n'aurait certainement dû, mais Mak, un des autres entraîneurs avec qui j'avais sympathisé m'informa que j'étais le seul à avoir réussi à toucher le Maître lors du test d'admission.

Un jour, par curiosité, je demandai à Mak comment certains jeunes gens, comme Cendro, étaient entrés dans le camp, alors qu'ils n'avaient clairement pas la fibre du combattant.

« Les esclaves sont un moyen pour le Maître de garder ce camp ouvert. », dit-il en réponse, « Les Maîtres ont payé leur admission. »

Je compris mieux les raisons de la présence d'enfants dans les rangs d'entraînement.

« Que comptent-ils faire de combattants physiques ? », demandai-je, « L'apprentissage du blaster est bien plus efficace pour faire des gardes du corps. »

Il me regarda avec un sourire triste sur le visage.

« Ils ne deviendront pas des gardes du corps ou des combattants à la solde de leurs Maîtres, mais des gladiateurs. », me détrompa-t-il, « Ce qui signifie que, pour la plupart, ils mourront dans l'Arène. »

Je serrai les poings imperceptiblement.

« Ne te prends pas trop d'amitié pour le jeune Cendro. », ajouta-t-il sur le ton du conseil, « C'est certainement son Maître qui le tuera bien avant l'Arène. »

« Qui est-ce ? », demandai-je.

« Un Hutt, du nom de Mormak. », répondit-il.

Je regardai vers la tente au fond du camp, celle où dormaient les plus jeunes. Je soupirai. Au matin, lors de notre jour de repos, je vins voir Cendro. Je m'installai ouvertement en face de lui et il baissa le regard vers le bol de soupe qui lui servait de déjeuner.

« Tu ne devrais pas... », dit-il en guise de bonjour.

« Bonjour à toi aussi. », répliquai-je sur le ton de la plaisanterie, « J'ai une affaire à te proposer. »

Il releva les yeux, surpris et gêné.

« Je te propose de tenter de te trouver un moyen d'impressionner ton Maître, la prochaine fois qu'il viendra. », dis-je rapidement, « Veux-tu que nous y travaillions ensemble ? »

Il me fixa incrédule, puis évita mon regard, rapidement.

« Je ne suis bon à rien en combat. Je n'y peux rien. », dit-il penaud, « Ne perds pas ton temps avec moi. »

« Je pense qu'il y a certainement un style qui te conviendra bien mieux que ce que tu étudies habituellement. », repris-je comme s'il n'avait rien dit, « Je veux tenter de te l'apprendre. »

Il me fixa à nouveau, tentant de voir dans mes yeux une pointe de moquerie ou un piège que je lui tendais.

« Laisse-moi t'aider. », dis-je plus doucement.

Il finit par hocher la tête en signe d'accord. Je passais le début de matinée à tester les compétences de Cendro sans trop lui en demander. Il m'apparut clairement qu'il était très souple mais d'une constitution légère qui ne lui permettait pas d'encaisser les coups facilement. Je décidai de tenter une autre approche du combat.

« Mon ancien instructeur m'a enseigné une partie d'une technique qui se base sur l'esquive et la souplesse. », dis-je, « Il paraît que cette technique était employée par certains Jedi pendant l'Ancienne République et que c'était incroyablement efficace. »

« Ce n'est pas interdit par l'empire ? », demanda-t-il.

« Je ne pense pas, je ne suis pas un Jedi, et je ne l'utilise pas avec un sabrelaser. », répliquais-je, « Crois-tu vraiment que l'Empire viendrait nous chercher dans la Bordure pour l'utilisation d'une technique de Jedi ? »

Il rit. Je préférais nettement son visage avec cette expression.

« Allons, au travail. », dis-je.

Nous nous employâmes à travailler ensemble sa souplesse et ses réactions bien avant son attaque. Cela porta ses fruits rapidement. Il fut bientôt capable d'esquives incroyablement rapides et précises, capable aussi de se positionner très vite au mieux pour l'assaut. Malheureusement, sa pauvre constitution ne lui permettait pas de donner suffisamment de puissance à ses coups.

Le Maître Vriil, un jour ou Cendro travaillait ardemment avec moi, s'approcha et regarda l'étrange technique avec un intérêt non dissimulé.

« Qui t'a enseigné cela ? », me demanda-t-il.

« C'est Lucius. », répondis-je simplement.

« Alors, il ne t'a pas tout montré. », ajouta-t-il avec un sourire, « Mais tes suppositions sont proches de la réalité, et bien étudiées. »

Il regarda mon élève appliquer la technique avec beaucoup de concentration.

« Tu as fait un travail admirable avec ce garçon. », dit-il, « Laisse-moi maintenant reprendre les rênes et redeviens un élève. »

Il nous apprit énormément en quelques heures sur cette technique ancienne que je pensais maîtriser.

« Cela suffit pour aujourd'hui. », dit-il finalement alors que le soleil disparaissait complètement derrière l'horizon.

Nous tombâmes sur les genoux tentant de reprendre nos esprits, tellement l'entraînement que nous venions de subir avait été intense. Bien plus que tout ce que j'avais enduré avant. Mais je vis mon plaisir fatigué se refléter sur le visage de Cendro, qui avait suivi l'entrainement sans défaillir et qui avait aussi très largement montré ses compétences. Il allait pouvoir affronter son Maître sans avoir peur du châtiment cette fois.

C'est aussi ce soir-là que j'appris qu'il y avait, tous les deux ans, un grand tournoi qui opposait les élèves du camp et que les Maîtres des esclaves étaient conviés pour apprécier l'évolution de leur placement. Il restait à peine quelques mois avant la prochaine rencontre, juste assez pour faire de Cendro le combattant que le Hutt jugerait digne de lui. Ou en tout cas, juste assez pour tenter l'affaire. C'était à la veille de ma 19e année que le tournoi devait se dérouler. Parmi les élèves que j'avais pris sous ma protection, Cendro était certainement le meilleur. Il était d'ailleurs le meilleur de l'assemblée des esclaves et très certainement bien classé parmi les entraînés en général. Nous avions compensé sa faiblesse physique par des techniques de prises et de projections qui utilisaient la puissance de son adversaire. Plus celui-ci était fort, massif et rapide, plus la technique était efficace.
Il affectionnait les solutions qui permettaient de bloquer l'adversaire pour le faire abandonner, plus que celles qui pouvaient servir à le blesser. C'était un garçon calme et réfléchi, même dans les pires circonstances et surtout qui ne se laissait pas submerger par l'ivresse du combat. Un adversaire dangereux pour résumer. Je ne veux pas m'en accorder les lauriers, Maître Vriil avait fait une large part du travail. Il m'avait aussi appris à devenir plus audacieux en combat et nous étions aussi passés au combat armé, discipline qui me déplaisait énormément, mais qu'il m'avait appris à aimer.

J'étais inscrit dans la catégorie des confirmés, bien que je n'avais pas manifesté l'envie de me donner en spectacle dans ce type de rencontre loin d'être amicale. Le Maître Vriil m'avait toutefois fortement conseillé d'aller tester mes nouvelles acquisitions lors de cette rencontre, il m'avait aussi clairement dit que ça me permettrait de prendre confiance en mes compétences.
Cendro était, lui, inscrit d'office dans la catégorie des esclaves, qui, chose importante, ne comportait pas de classes d'âge, contrairement à l'autre partie du tournoi.

Mak m'avait expliqué que la raison était simple, dans l'Arène des Hutts, que l'on ait 10 ans ou 60 ans, c'était pareil. Un échec signifiait souvent la mort et Maître Vriil tentait de les préparer à cet état de fait.

Pour moi, tout se déroula très simplement, les éliminatoires furent rapides, ma poule étant composée de novices. Les règles du jeu étaient simples. Un grand cercle de plastacier trônait au milieu de la piste d'entraînement et des gradins avaient été montés autour de celle-ci. Le gradin central comportait une loge à disposition des invités de marque, parmi lesquels trônait ignominieusement Mormak, un Hutt des plus abjects... A moins bien sûr qu'ils soient tous aussi immondes que lui.
Le principe était clair : il y avait trois façons de gagner un match. Premièrement, faire sortir l'adversaire de la zone du cercle ; deuxièmement, lui faire crier qu'il abandonnait ; troisièmement, le mettre KO. C'était un tournoi sans arme, seule la finale offrait la possibilité d'utiliser des armes d'entraînement, tels que les bâtons et les ton-fa. Les armes à énergie étaient bien entendu interdites, que ce soit les neurofouets ou les blasters.

Je suivais les matchs de Cendro avec intérêt, tentant d'interpréter les mimiques sur du visage larvaire du Hutt. Lors du premier combat, la position de défense de Cendro le fit rire. Cette réaction le décontenança, c'était mauvais. Bien qu'il ait progressé de façon spectaculaire, il était encore trop troublé par ce qui se passait autour de lui, ça pouvait être dangereux. Il se reprit facilement vu le niveau de son adversaire, il le battit sans violence excessive. J'aimais sa façon de faire, ni humiliante ni agressive, un simple constat de supériorité. Le Hutt en fut visiblement étonné, agréablement à son sourire immonde et à sa langue qui passa de nombreuses fois sur ses lèvres fines. Il remporta aussi, haut la main, l'ensemble de ses combats de poule. Ce qui surprit non seulement son maître mais aussi les autres instructeurs que nous n'avions pas avertis de sa progression.

« Tu dois avoir des prédispositions pour l'enseignement de l'art du combat, Sid. », me glissa le Maître Vriil, « C'est un autre garçon que je vois là. »

« Je n'ai rien fait d'autre que lui faire aimer ce qu'il était obligé de faire. », répondis-je, « Ce n'est pas un exploit. »

« Toujours pas assez de confiance en toi. », rétorqua-t-il, « Souviens-toi qu'il se pourrait que ce soit préjudiciable un jour. »

Nous continuâmes à suivre les combats qui se déroulaient dans l'arène des esclaves avec attention. Je n'épiloguerai pas sur mes propres combats puisqu'ils ne furent pas palpitant, m'apprenant juste que j'avais atteint une maturité dans l'art martial que je n'avais pas en arrivant au camp de Maître Vriil.

Ce qui importe plus dans ma mémoire, mais aussi pour les conséquences en découlant, c'est certainement le combat que menait Cendro pour faire comprendre à son Maître qu'il n'était plus l'inutile petit esclave qu'il avait envoyé dans un camp d'entraînement par défaut.

Il réussit brillamment le test qu'était le tournoi et battit l'intégralité de ses adversaires sans trop de difficulté, même des adultes mieux entraînés que lui. La technique que nous lui avions enseignée était suffisamment déroutante pour ne pas permettre une analyse simple. Ce qui obligeait les adversaires à faire face à des réactions qu'ils n'étaient pas prêts à intégrer.

Alors que le dernier combat prenait fin par un abandon, Cendro, fatigué mais heureux, se présenta devant son Maître dans l'espoir que celui-ci le complimente.
C'était une erreur. Les Hutts sont des êtres abjects qui ont autant de compassion qu'un Wookie en fureur. La différence entre le Wookie et le Hutt, c'est que le Wookie ne le fait généralement pas par pure cruauté.

Il baragouina donc quelque chose à un de ses hommes de main, et avant que nous ayons eu le temps de comprendre ce qu'il se passait, Cendro était retombé sur le cercle de plastacier qui nous servait d'arène, le corps secoué des spasmes provoqué par les neurofouets. L'homme de main venait de sauter dans l'arène et avec un grand sourire, il changea la charge de l'arme souple, pour en faire un outil de mort. Le coup suivant, alors que le Maître me retenait pour ne pas que j'intervienne, traça une grande blessure sur la poitrine de l'adolescent.

Mon esprit brûlait de haine, je voyais mon meilleur - seul - ami, mon petit frère, en train de mourir alors qu'il avait tout donné pour cette chose. Le garde du corps portait deux blasters à la ceinture, une armure de d'actakevlar et une combinaison anti-G. Autant dire que Cendro n'avait aucune chance contre ce type de personnage.

Je repoussai le Maître et sautai à bas de l'arène. Ce qui provoqua la fureur du Hutt qui cria dans sa langue à l'adresse de son homme de main. Je vis, du coin de l'oeil, Vriil faire des signes aux autres enseignants dans le langage de combat qu'il nous avait appris. J'étais tellement hors de moi que je ne réussis pas à comprendre les mouvements de ses mains, bien que parfaitement entraîné à ce type de choses.

L'homme de main avait encore augmenté la charge du neurofouet, et lorsque j'arrivai sur place, Cendro crachait du sang. La seconde blessure sur son torse était bien plus profonde. Il se prépara à frapper une nouvelle fois. Porté par ma colère, j'attrapai le fouet à la main, l'enroulant autour de mon bras. Loin de ressentir la douleur cuisante qui brûlait mes chairs, j'eus l'impression que l'énergie m'insufflait de la colère, et une haine plus grande pour cet être, en face de moi, qui se délectait de la douleur d'un enfant.

Mon attaque fut plus brutale que jamais, plus rapide aussi, envoyant l'humain s'arrêter dans le mur des gradins. Il avait lâché son fouet que je jetai négligemment vers les entraîneurs du camp, pour m'assurer qu'il ne serait pas récupéré par mon adversaire.

Je courus vers lui, qui vacilla du premier coup, en grondant comme un animal. J'étais incapable de me contrôler. Je frappai une première fois au niveau du plexus. Un craquement violent se fit entendre. Je l'attrapai par le col de sa combinaison, le projetai vers le centre de l'arène et le cueillis en plein vol de mon genou au niveau de la glotte. Il fit un tour complet sur lui-même et s'écrasa lourdement au sol. Je frappai une dernière fois son thorax et il y eut un deuxième craquement.

Ce qui se passa ensuite, on me l'a raconté. La fureur était telle, stimulée par la douleur et par sa propre présence, que mon esprit n'était plus guidé que par cette liqueur brûlante. Les gardes du Hutt m'ont donc empêché de lui sauter dessus en me tirant dans le corps à bout portant.
Alors que je retombai au sol, étrangement protégé des effets létaux de leurs armes, le reste du camp devint un champ d'armes pour me protéger. Lorsque j'ouvris les yeux, j'étais dans le centre médical du docteur Ameck. Mon bras gauche était bandé, ainsi que mon torse.

« Vous avez eu une chance incroyable. », dit Ameck lorsqu'il vit que j'étais réveillé, « Je connais peu d'êtres vivants capable de subir trois tirs de PBL et de s'en sortir avec de simples brûlures au second degré. »

Il me laissa m'assoir et vit à mon regard étonné que je ne savais pas ce qui c'était réellement passé.

« Votre adversaire n'a pas eu la même chance. », continua-t-il sur un ton purement professionnel, « Vous lui avez brisé les cervicales, écrasé la pomme d'Adam, détruit la trachée et explosé coeur et poumons. »

A mon regard, il ajouta.

« C'est d'ailleurs encore incompréhensible pour moi, surtout à travers une armure conforme en Actakevlar. », termina-t-il.

Quelques jours plus tard, j'eus la visite de Vriil.

« Je suis désolé, mais je vais te demander de partir. », dit-il, « Le plus vite possible. Je ne tiens pas à avoir une armée de mercenaires à la porte du camp dans les prochains jours. »

Il me regarda.

« Tu devrais chercher un autre type de Maître, mon garçon. », dit-il.

« Comment ça ? », demandais-je, « J'ai encore bien des choses à apprendre de vous. »

« Je ne suis pas compétent dans ce type de choses. », prononça-t-il.

Il laissa le temps à Ameck de sortir.

« Tu as des capacités qui touchent à la Force, jeune homme. C'est un adepte de la Force qu'il te faut. », ajouta-t-il plus bas.

Il me tendit un ticket pour Almeria.

« J'ai parlé de toi à un de mes contacts sur la Planète Universitaire, ils cherchent des intervenants pour apprendre les rudiments du développement physique. Tu as le niveau et avec cette foule, tu échapperas facilement aux Hutts. », dit-il, « Retourne sur ta planète natale et attends la venue du recruteur. »

Il se dirigea vers la porte.

« Je dois aussi te dire... », commença-t-il en se retournant, « Ils ont emmené Cendro, je pense qu'il allait bien, mais il est évident qu'après la démonstration qu'il a fait, il sera bon pour l'Arène. »

Il fit une pause.

« Et ce sont des combats à mort. Il n'est pas prêt pour ça. Je suis désolé. »

C'est comme ça que se termine mon histoire. Je suis sur Almeria, dans la "Cantina" de mon Maipa, en face d'une très belle humaine qui attend un "ami" à elle, et j'attends personnellement le recruteur de l'Université. J'ai certainement des chasseurs de prime à mes trousses, une dette d'honneur à effacer, un ami à sauver et un Hutt à tuer.

Nehwon

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