La Grande Punition : Confrontation - Partie 2

--- C'est alors que l'ange de la prophétie détruisit le faux guide, les flammes de l'Enfer devinrent un souvenir si tragique que personne ne chercha plus à les évoquer. ---
Codex Maleficarum - L'avènement du nouveau monde


Alors que la musique dans sa tête revenait doucement cette fois, il vit qu'elle résonnait en notes harmoniques dans l'esprit des êtres armurés autour de lui. L'armée des Inquisiteurs tanguait sous la force de l'arme mélodique qu'il produisait. Il se sentait étrangement léger comme s'il s'élevait au-dessus du sol. Il commençait aussi à se sentir un peu à l'étroit dans ses vêtements pourtant trop grands. Il lui sembla que ce que son père avait fait à son corps était en train d'apparaître, mais pour une fois, ce n'était pas douloureux ; pourtant, c'était si violent qu'il commençait à avoir un peu peur de ce qu'il allait devenir.

Autour de lui, les Inquisiteurs avaient stoppé leur avance. Concentrés sur la chanson, les êtres étranges et chitineux semblaient se balancer d'avant en arrière comme des serpents prêts à attaquer charmés par un dresseur agitant sa flûte. Lui se sentait différent sans être capable de baisser la tête pour regarder son corps. Ses yeux, restaient fixés sur Abel qui, loin de s'être préparé à combattre l'arme que son bon ami avait réalisée pour lui, s'était recroquevillé les yeux écarquillés sur la menace prenant forme. Rien ne semblait plus exister pour lui, rien d'autre que le nouveau destin, dessiné par son père et prouvant sa puissance et la marge qu'il avait maintenant prise sur l'humanité.

De la foule des Inquisiteurs provenait maintenant des bruits disgracieux, comme si les plaques solides qui couvraient leurs corps, étaient maintenant en train de fondre pour les laisser sans protection aux yeux du groupe qui occupait la salle. Coloss pouvait voir que la peau poussait presque à vue d'oeil sur les zones qui avaient été couvertes de chitine. A leurs spasmes, il put sans se tromper affirmer que le processus n'était pas sans douleur. Lorsqu'il se tourna vers Destin, il eut un haut-le-coeur, son jeune ami était maintenant un être différent, gracieux, mais aussi peu humain que l'étaient les Inquisiteurs. C'était une forme humanoïde au corps couvert d'un cuir presque bleu comme la peau d'un dauphin, son visage était lisse, sans bouche, sans nez et sans yeux. Une bande blanche traversait l'intégralité de son corps en commençant par le visage le divisant en trois parties. Ses bras étaient maintenant reliés à son corps par une membrane de ce même cuir bleu, assez clair, formant des drapures de peaux semblables à des ailes.

Devant le nouveau Destin, la dalle de verre se fissura pour finir par exploser et répandre ses morceaux dans l'ensemble de la pièce, sans pour autant faire de victime. La créature qu'était Sid s'approcha d'Abel et se pencha sur lui. Il n'émit qu'un cri, un seul, avant de laisser son corps se détendre et, ses yeux ouverts et fixes, accepter son châtiment éternel.

« Je ne peux pas encore redevenir moi-même, », entendirent les compagnons de Destin dans leurs esprits, « Il me faut libérer l'ensemble des Inquisiteurs existant avant de redevenir humain. Mon père avait prévu l'ensemble de ce qui devait arriver. Je crois maintenant qu'il était aussi marqué que moi. Je suis juste triste de ne pas avoir eu plus de temps pour faire la paix avec lui. »

La créature s'envola, détruisant sur son passage le plafond de la salle de réunion sans autre forme de procès laissant le ciel comme seul reste de son passage. Les Inquisiteurs, humains, sans souvenir, commencèrent à chercher des réponses aux douleurs qu'ils ressentaient encore, à leur présence dans les lieux et à ce qui s'était passé depuis qu'ils avaient été arrêtés.

« Aidons-les maintenant qu'ils sont libres. », dit Coloss.

Il passa la main dans le dos de Morphée et ajouta :

« Ne t'inquiète pas pour lui, je crois qu'il est de taille pour se défendre, il sait parfaitement où nous trouver. »

Elle soupira et regarda la salle où l'ensemble des anciens Inquisiteurs semblaient en proie à une terreur grandissante. Il lui faudrait à elle aussi du courage pour réussir à réparer ce que son père avait fait avec son cadavre sous les yeux.