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Nouvelles : Tueur...

La nuit descendait lentement sur la ville. L'homme accoudé au balcon sirotait un rhum cola tout en regardant en contrebas la rue qui finissait de s'animer.
Il est de ces moments où même les villes les plus animées s'endorment quelques minutes avant que la faune du moment sorte de sa tanière.
Pour Didier, c'était le moment de sortir de son antre et de commencer son nouveau travail.
Il avait reçu l'Enveloppe ce matin par la poste comme d'habitude. Il ne connaissait pas l'expéditeur et ne s'en souciait guère. Tout ce qui l'importait était le virement bancaire qui s'ensuivrait.
Quand il était gosse, jamais il n'aurait envisagé de faire une carrière de tueur à gages. Comme tous les enfants, il souhaitait être pompier ou encore super héros... Un métier qui protégeait les innocents.
Dans un sens, se disait-il, je protège les innocents, mes missions ne concernent uniquement que des grands pontes ou des personnalités gênantes.
C'était plus un faux-fuyant qu'autre chose, il le savait, mais il faut bien se remonter le moral de temps en temps.
Il descendit à la cave où l'attendait sa « garde-robe du soir ».
Il ouvrit son garage et alluma la lumière. Le faible éclairage de la lampe donnait à toute la pièce une ambiance très sombre. Au fond du garage, seul un placard, prenant toute la largeur de la pièce trônait dans la pièce. Didier avança d'un pas sûr et ouvrit les portes de l'armoire.
Sur la droite une penderie d'habits exclusivement noirs et sur la gauche des habits plus visibles en cas de « mission » de jour.
Il enfila un pantalon moulant et un tee-shirt de la même couleur. Et referma les portes de l'armoire. Il se retourna et, faisant face à l'entrée de la remise, aperçut les prémices du bruit de moteur d'une voiture.
D'un geste rapide, il traversa le garage et ferma le portail métallique. Sur le passage, il rencontra l'ampoule qui le brûla légèrement au front.
Le portail du garage fermé, il retourna à ses petites affaires. Il fit de nouveau demi-tour et revint vers l'armoire en jurant.
Il se baissa et, donnant un coup de poing sur le bas du bahut, ouvrit la trappe secrète.
Il en sortit une grande valise noire rectangulaire. Un léger sourire sur les lèvres, il l'ouvrit.
Toutes sortes d'armes apparurent. Sur la partie haute de la malle, un Glock 19, deux Magnum .357 et plusieurs couteaux étaient bien rangés par ordre de préférence.
Sur la partie basse était posé un grand fusil à lunette avec visée laser et deux chargeurs remplis de part et d'autre de l'arme.
Il prit le Glock et le fusil. L'arme de poing finit dans l'aménagement du pantalon et le fusil sur l'épaule.
Il referma le coffre et le rangea à sa place.
Il revint devant le portail et, expirant un grand coup, l'ouvrit.
D'un coup d'oeil rapide, il vérifia que rien ne bougeait dans le sous-sol.
Personne, pensa-t-il, allons-y.
Didier se félicita intérieurement d'avoir choisi un immeuble où presque tous les occupants étaient partis en vacances.
Le fusil battant sur son dos, il avança d'un pas rapide jusqu'à la partie parking du sous-sol.
Une des premières leçons qu'il avait apprise était une phrase toute simple :

Pour se déplacer sans attirer l'attention, rien ne vaut un véhicule voyant.

Ainsi, il avait opté pour une grande berline « blanc antarctique ». D'un coup de clé, Didier ouvrit la voiture et s'y engouffra.
Il posa son fusil derrière son siège et mit la clé dans le contact.
Chaque tueur a sa façon d'opérer.
Didier, lui, prenait toujours cinq minutes avant de quitter son parking. La tête sur le volant, il se massait les tempes d'un geste appuyé.

Demain, ça fera dix ans que je suis passé du côté obscur. Que j'ai effectué mon premier contrat.
J'ai commencé par des petits poissons sans distinction de statut pour en arriver à choisir mes contrats.
Et maintenant me voilà faisant partie de l'organisation « Darkness ». Je suis censé réguler la présence des Génants et des Obstacles...


Didier démarra et rouvrit les yeux.

Il est temps.

Il sortit du parking tambour battant et prit la direction du centre-ville.
La cible de ce soir était la personne qui porterait un oeillet rouge à sa veste.
Il arriva sur la grande place, là où avait lieu le discours de la cible.
Didier descendit dans le parking public du parc. La cible avait vraiment bien choisi l'endroit pour faire son discours, juste en face du plus grand parc de la ville... où la mairie de la ville ne changeait jamais les ampoules des réverbères lorsqu'elles étaient grillées ou cassées.
Dans l'après-midi, il était venu faire un repérage. Il connaissait exactement quelle place serait la meilleure.
Un arbre juste en face de l'estrade dont une des branches donnait directement sur la place.
Didier vérifia que personne ne rodait aux alentours et grimpa dans l'arbre.
Il se revoyait gamin, avec son jeune frère. Ils faisaient la course à savoir qui serait le premier en haut.
Il revit aussi son frère Francis tomber de la dernière branche et se briser le cou sur le sol.
Didier secoua la tête et sourit en s'installant sur la branche.
La cible commençait juste son discours.

Allez, murmura-t-il, mon cher Premier Ministre, ça n'a rien de personnel, mais il faut y passer.

Il mit son fusil sur l'épaule et ajusta le viseur.
Didier avait toujours été patient, il savait attendre le bon moment... Une très grande qualité dans son métier.
L'oeil dans le viseur, alors qu'il attendait, il vit un liseré rouge apparaître. Il sortit de sa cible et leva légèrement le fusil.
De l'autre côté de la place, au-dessus du beffroi de la ville, un point lumineux rouge brillait.

Non...

Une détonation retentit.
Didier sentit une douleur dans la gorge avant de tomber de sa place.
Il ne sentit même pas le choc avec le sol.

Voilà comment ça finit... dommage..., se dit-il avant de rendre son dernier soupir.

Sur le beffroi, Vincent déchargeait son arme et la rangeait dans la valise à ses pieds.
Il se releva et descendit tranquillement les marches avant de rejoindre la rue et les passants affolés.

Se fondre dans la foule...

Telle était la première leçon que lui avait apprise Didier, son mentor...

Drizzt

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