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Nouvelles : Tout est calme

Et d'un coup, elle s'envole...

Nathalie. Mon premier amour. Mon seul amour. Elle était magnifique dans sa petite robe flottante. Chaque fois que je posais mes yeux sur elle, mon coeur palpitait jusqu'à m'en faire vaciller. Quand je pense à tout ce que j'ai fait pour la séduire, le jour où elle m'a dit "oui" fut le plus beau de toute ma vie.
J'ai ainsi commencé à Vivre quelque chose de formidable. Ceci rattrapait grandement les années collège et lycée qui s'étaient plutôt mal passées. J'étais constamment brimé par la même bande d'abrutis, Thomas Grer, Philippe Miché et Sébastien Acoch. Trois gamins boutonneux qui se ressemblaient tant qu'on aurait juré qu'ils étaient de la même famille.
Sans savoir pourquoi, pendant mes cinq années de collège, ils ne m'ont pas lâché les basques. Ce n'est pourtant pas par jalousie de mes résultats, les trois premières années, je suis passé uniquement grâce à un miracle qui s'estompa en troisième vu que j'en fis deux. Cela aurait pu être intéressant si les trois autres zozos n'avaient pas fait de même...
De même avec la gente féminine, j'avais autant de succès qu'un lépreux sur la place du marché à l'heure de pointe. Si bien que ma première, et éphémère, aventure me tomba dessus en première. J'étais au lycée Sainte Marie des Champs. Un lieu très spécial avec un internat uniquement féminin. Cela aurait pu être un bonheur, et ça l'était pour un bon nombre, mais pas pour moi. Malgré le fait que je n'ai eu que deux aventures pendant mes études, ce n'est pas ça qui me gâcha vraiment la vie au lycée. Mon plus gros problème étant les études elles-mêmes. Dans quelque matière que ce soit, je n'ai jamais dépassé les 9/20.
Pourtant, j'obtins quand même mon Bac, avec juste la moyenne, mais je l'ai eu.
C'est ainsi que je laissai tomber les études pour partir sur le dur chemin de l'emploi.
Je passais d'un petit boulot à un autre, mettant un maximum de côté, au cas où... Pour cela, l'intérim a du bon.

Et d'un coup, elle ralentit...

La mer. Montant et descendant éternellement, suivant les affres de la lune. La mer salée et pleine de vie. C'est là où j'ai demandé la main de Nathalie. Ah, ma belle, je n'ai jamais compris pourquoi tu avais dit "oui"... ni même comment j'avais réussi à te séduire. J'ai tout fait pour y arriver, mais j'étais persuadé que ma maladresse aurait raison de mes tentatives.
Et pourtant...
Alors que je passais par là, j'avais décidé de t'inviter au restaurant. J'étais gonflé à bloc. Enfin, jusqu'à ce que je me retrouve devant toi. Là, j'ai perdu tout mes moyens et n'ai pas été capable d'aligner quatre mots.
Et pourtant...
On s'est retrouvés dans un petit resto que tu connaissais bien et pour me mettre à l'aise, tu avais réservé la table la plus à l'extérieur du monde. Et la soirée était passée tout doucement.
J'étais charmé. Tu portais une petite robe claire qui t'arrivait au-dessus des genoux. Elle faisait ressortir tes yeux qui pétillaient. Je buvais tes paroles mais n'arrivais qu'à bégayer.
Une soirée inoubliable.
Quand je t'ai déposée chez toi, je n'espérais rien, même pas qu'on se revoit, j'étais persuadé que tu ne voyais en moi qu'un... qu'un... pauvre type.
Quand tu m'as embrassé, j'ai cru que j'allais sauter au plafond...
Le lendemain, je saisissais une occasion en or. Je me demande souvent si tu n'es pas mon porte-bonheur. Depuis que je te connais, tout va bien. Je ne sais qui remercier pour t'avoir rencontrer.
La mer était basse. Tu portais de nouveau une robe courte, mais plus légère celle-ci. Tel un voile, elle ne faisait qu'effleurer ta peau hâlée par le soleil du mois de juin. C'est là que j'ai sortit la bague.
Je me souviens surtout de tes yeux brillants comme mille feux.
La mer qui remonte, mouillant nos deux corps enlacés...

Et soudain, le silence...

Deux yeux bleus. Deux petit bras qui s'agitent. Deux petites jambes qui ne le portent pas encore et le calme de la clinique. Tout est blanc, du sol aux infirmières. Ca faisait neuf mois que je n'en revenais pas. Je revois encore ce petit bout dans tes bras. Toi, malgré la fatigue et tes yeux gonflés, qui reste magnifique.
Le temps a passé et il a grandit. Nous, on vieillit tranquillement, le regardant faire sa vie.

Et soudain, les lucioles....

Je ne sais pas pourquoi, mais ce matin, en me levant, j'étais persuadé que ce serait une journée pas comme les autres.
C'est le cas, j'ai appris que Jérémy allait avoir un petit frère (ou une petite soeur d'ailleurs), mon patron me donne une promotion et pour une fois, j'ai l'impression de pouvoir vraiment me rendre utile.
Quand j'ai vu ce jeune couple dans la panade, je n'ai pu me résoudre à les laisser tomber.
Je me suis arrêté en laissant les feux de détresses, des fois qu'un imbécile arriverait trop vite.
Elle était tout mignonne, essayant de défaire les écrous de la roue crevée. Son compagnon aurait pu l'aider s'il n'avait eu le bras cassé.

Et puis, doucement, les lucioles se rapprochent...

Je vois plein de lumières de toutes les couleurs. Elle brillent mais restent fixes. Tout est calme autour de moi.
Je me demande si les deux jeunes vont bien... Je ne connais même pas leur nom.
C'est bizarre comme tout peut foutre le camp en si peu de temps. On file un coup de main gratuit, retardant le moment où l'on reverra sa femme adorée, son fils et faire la fête à l'occasion de l'arrivée du prochain.
Et puis une voiture s'envole, vous emportant avec elle. Elle aurait pu passer entre nous, nous éviter, voire être récupérée par son conducteur....mais non.
Elle vous pousse jusque dans la rivière qui passe en dessous du pont où on s'était arrêté...
Je vais me faire engueuler par Nathalie, j'ai ruiné mon costume le plus neuf.
Tout est calme.
Mais au fait, comment vais-je lui annoncer...

Drizzt

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