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Rouge et Noir : 07 - 31 juillet

La journée commençait et Ezeckiel se leva lentement pour ne pas réveiller sa compagne. Elle se donnait à fond pour préparer leur mariage. La veille, ils avaient discuté jusqu'à tard de ce qui allait se passer pendant et apres la noce.
Il passa dans la salle de bain et prit une douche froide pour se réveiller.
Un frisson lui parcourut la nuque.
Réveillé, il se sécha et passa devant le miroir pour finir sa toilette. Celle-ci effectuée, il resta devant son reflet. Ses cheveux et ses yeux noirs lui donnaient un air un peu inquiétant au premier abord. Il s'étira de tout son long et fit quelques mouvements pour réveiller aussi ses muscles.
Nu comme un ver, il sortit de la salle de bain et ouvrit le placard de la chambre.
« Une vision du paradis... », fit une voix derrière lui.
Il se retourna.
« - Encore plus intéressant, fit Emilie les cheveux en vrac et les yeux à moitié fermés.
- Excuse moi mon coeur, rendors toi, il est a peine 6h00, t'as besoin de te reposer. », répondit-il en montant sur le lit.
Il l'embrassa et la borda. Elle se rendormit de suite.
Il revint devant l'armoire et s'habilla.
Un jeans et un T-shirt noir, une paire de baskets et ses lunettes de soleil.
Un coup de gel dans les cheveux pour les faire tenir en l'air et il changea de pièce.
Dans le salon, il s'arrêta devant la commode et ouvrit la première porte à droite. Derrière, il y avait un coffre-fort avec un clavier numérique.
Il composa le code et ouvrit la porte. Il sortit son arme, la chargea et la plaça avec sa gaine sur la ceinture du jeans. Il passa ensuite devant le portemanteau de l'entrée et prit sa surchemise, histoire de planquer son arme de service.
Il sortit de l'appartement et descendit les escaliers jusqu'à la porte d'entrée qu'il passa. Dehors, Mickael l'attendait dans sa voiture.
Ils quittèrent l'avenue Crampel et, suivant le Canal du Midi, rejoignirent le commissariat
A peine arrivés à l'accueil, ils furent accueillis par le commandant Dirle qui jubilait.
« Il a fait une erreur, on l'a, il a fait une boulette, on le tient. »
Les deux co-équipier se regardèrent interdits.
« En tenue spéciale dans 20 minutes, on va le chopper directement chez lui. »
Ils se rendirent dans les vestiaires où ils passèrent leur tenue : un gilet pare-balle, un casque, un pantalon de protection et une arme automatique. Ils rajoutèrent les micros et les caméras de casque.
Ils montèrent ensuite avec le reste de la brigade spéciale à l'arrière d'un Boxer banalisé.
Les portes du véhicule fermé, le commandant prit la parole.
« Cette nuit, lors de l'autopsie de la dernière victime de Quasimodo, on a trouvé quelques traces d'ADN qui nous amène chez Laurent Cirap. Après une nuit à rassembler les éléments, il apparaît que notre homme est bien celui que l'on cherche. Il est embauché comme agent de sécurité de la préfecture, c'est donc pourquoi il nous file entre les doigts depuis quelques temps. Les chargés de l'affaire, Mickael Trofi et Ezeckiel Sedah, ont fait un travail remarquable bien que très fastidieux. C'est pourquoi ils seront en première ligne.
Notre destination est une maison dans le quartier Jules Julien. Mikey et Zek passeront par devant tandis que Rolling Stones et l'Italien passeront par la porte de derrière. Le reste de l'équipe reste en retrait en attendant le feu vert des premiers.
On sait qu'il travaille aussi au noir pour un particulier. Il doit donc être encore au lit et le réveil matin, c'est nous. »
Le véhicule s'arrêta quelques mètres avant d'être dans le champ de vision des fenêtres de la maison.
« Messieurs, fit le commandant en écartant les bras, que le spectacle commence. »
Le premier duo, Stones et l'Italien, partit devant. Ils passèrent par la maison voisine et s'insinuèrent discrètement jusque dans un angle mort de la maison.
Mikey et Zek se lancèrent ensuite vers l'avant de la maison, courbés derrière le muret jusqu'au portillon d'entrée. Un coup de chance, celui-ci était déjà ouvert. Il s'ouvrait sur les marches menant à la porte d'entrée.
Ils s'avancèrent jusqu'à celles-ci et Zek sortit son "kit du crocheteur".
En quelques secondes, il ouvrit la porte et passa l'entrée suivi de son supérieur. Ce dernier passa devant son subalterne et s'assura que l'entrée était sûre puis laissa passer son collègue pour qu'il aille ouvrir la porte de derrière.
Cela fait, il rejoignit Mickael et se plaça derrière lui. Ce dernier lui fit signe de passer dans la cuisine pour s'assurer qu'il n'y avait personne. La vision qui l'accueillit le laissa perplexe
« Mikey... Je crois qu'il y a une couille là... »
Son collègue s'approcha, un brin furieux
« Oh, c'est quoi la première règle dans ce type d'intervention ?... »
Pour répondre à son supérieur, il pointa le doigt sur le mur nord de la cuisine.
Mickael appuya sur l'interrupteur et illumina la pièce.
En face d'eux, Laurent Cirap était crucifié sur le mur. Les mains et les pieds accrochés par des clous de charpentier et tous les couteaux, fourchettes et autres objets pointus de la cuisine dans l'abdomen.
Mickael s'approcha du cadavre et le toucha.
« Il est encore chaud, le meurtrier est peut-être encore ici. »
Il se tourna ver son co-équipier.
« Toi, tu vas à l'étage. Je vais m'occuper de la cave tandis que les deux autres vont faire les extérieurs. »
Il passa un message radio tandis que le jeune lieutenant montait à l'étage. Arme au poing, il arriva au sommet de l'escalier.
Il entendit un grondement sourd.

« Un orage d'été, ça risque de faire mal. », pensa-t-il.

Il tourna la tête et fut percuté par une ombre. Il descendit les escaliers de la mauvaise façon et se retrouva en bas les quatre fers en l'air. Celui qui l'avait poussé l'enjamba. Ezeckiel tendit les mains et lui attrapa une jambe. L'autre perdit l'équilibre et embrassa violemment le sol.
A moitié sonné par la descente, le lieutenant se releva en secouant la tête et lui sauta dessus essayant de lui arracher la cagoule qu'il portait. Alors qu'il allait y arriver, l'homme lui assena un direct au menton qui le mit à moitié KO pour le compte.
Il se dégagea comme il pouvait mais perdit quelque chose que lui arracha Zek.
L'homme cagoulé courut vers la porte mais fut plaqué par Mickael qui sortait de la cave en courant.
La bagarre détruisit en bonne partie le mobilier du salon.
Pendant ce temps, Ezeckiel était assis en bas des escaliers essayant de retrouver ses esprits. Il se passa une main sur le visage. Il aperçut sur son poignet un pendentif et sa chaîne. Il le regarda un peu plus attentivement. C'était un pendentif en argent avec pour motif l'étoile polaire. En plus de ce pendentif, il y avait une plaque avec deux séries d'initiales d'un côté et un petit mot sur l'autre face.

Un petit porte bonheur
E.P et E.L.S

Le jeune homme n'en crut pas ses yeux. Il pensait que c'était une hallucination due au choc du coup et à la chute et regarda plus attentivement.

Emilie Portal et Ezeckiel Logan Sedah


Il se leva serrant dans sa main droite le bijou. Il retira son casque et son gilet pare-balle le gênait.
« ERIC !! », cria-t-il.
L'homme à la cagoule s'arrêta et se tourna vers le jeune officier. Mickael, à moitié groggy se releva et sauta sur son adversaire. Celui-ci esquiva d'un geste félin et posa son pied sur la gorge du flic à terre. Il sortit alors un couteau et le planta dans le crâne du capitaine avant de s'enfuir
« NON !! », fit Ezeckiel en lâchant son arme automatique et partant à sa poursuite.
Il sauta au dessus de son capitaine et passa la porte d'entrée. Dehors, il croisa ses deux collègues.
« Allez à l'intérieur, leur fit-il sans s'arrêter, et appelez une ambulance ! Le capitaine a besoin d'aide. »
Il redoubla d'effort. Avec sa condition physique, il arrivait à le rattraper petit à petit, mais si c'était bien Eric, il allait le courser longtemps. Alors qu'il sortait du quartier, la pluie commença tomber.
Ils embranchèrent sur l'avenue de l'U.R.S.S et continuèrent sur le long de la route. Ils allaient passer sous le pont St Agne quand l'homme à la cagoule passa sur la route.
Il n'était pas loin de huit heures et les rues commençaient à se remplir de véhicules en tout genre.
Apparemment, cela ne dérangea en rien le coureur de tête qui galopait comme un dératé, suivi de près par Ezeckiel. Ils se frayaient un chemin à travers les voitures et les klaxons. Ils attaquaient maintenant la grand rue St Michel.
Une voiture qui sortait d'une rue adjacente freina sec en voyant débouler la cagoule. Celui-ci prit appui sur le capot, effectua une pirouette et sauta par dessus le véhicule. Il atterrit sur ses deux pieds et repartit de plus belle évitant de justesse une mobylette.
Ezeckiel gagna pas mal de terrain mais n'eut pas le temps de réagir comme l'autre et ne put éviter la voiture qui sortait d'un parking. Il eut cependant le réflexe d'éviter le pare-choc et finit sur le pare-brise. Le choc le projeta sur une autre voiture stationnée de l'autre côté.
Il eut de la chance en passant entre deux autres véhicules en mouvement.
L'adrénaline faisant son effet, il se releva de suite.
Il vit à quelques mètres de lui son adversaire qui revenait pas à pas vers lui.
Ezeckiel sortit son arme de poing.
« Bouge pas !! », cria-t-il le souffle court.
L'autre s'arrêta lui aussi essoufflé. Il avait toujours sa cagoule sur le crâne. Il baissa la tête et mit ses mains dans ses poches.
« - Enlève la !
- Je croyais que je ne devais pas bouger ?
- Ta gueule, c'est moi qui donne les ordres.
- Que tu crois. », fit l'homme en sortant une main de sa poche.
Il la porta au sommet de son crâne et tira sur le tissu noir.
Ezeckiel eut un haut le coeur.
Un visage aux traits fins et doux était apparu. Eric se trouvait devant son ami de longue date avec un sourire magnifique.
Le jeune flic tenait toujours son arme droite mais commençait à trembler.
« - P... pourquoi ?!
- Attrape-moi et tu le sauras... », lui fit Eric en souriant de plus belle.
A ce moment, il sortit une arme et la braqua sur le flic.
« Ce n'est pas toi qui mènes la danse et ça ne sera jamais le cas. », continua-t-il.
Toujours sur la route, les voitures s'étaient arrêtées derrière eux. Personne ne bougeait d'un iota, les armes à feu avaient refroidi les plus grosses colères. Le gens courraient un peu partout et on entendait des sirènes au loin. On se serait cru dans un téléfilm à la française.
Les deux adversaires ne se quittaient pas des yeux. D'un côté, la panique avait laissé la place à la colère, une colère profonde.
De l'autre, un regard bleu et très froid, presque vide ou du moins irréel.
Au loin, quelqu'un klaxonna et le monde explosa.
Les deux commencèrent à tirer en même temps. Les balles fusaient autour d'eux.
Quand on n'a jamais touché une arme à feu, on pense qu'il suffit de viser un peu et la balle va direct dans sa cible. La réalité est toute autre, surtout dans une fusillade.
Ezeckiel passa derrière une voiture pour s'abriter tout en continuant à tirer.
Il s'accroupit et attendit qu'Eric s'arrête de tirer à son tour, ce qu'il fit quelques secondes plus tard.
Ezeckiel se releva à ce moment et pointa son arme vers son ancien ami. Il vit alors que celui-ci détallait comme un lapin.
A son tour, il reprit la course. Il le vit qui tournait à gauche à l'intersection. Il prit donc sa suite, se demandant si, par hasard, il ne faisait pas le jeu d'Eric. Il passait maintenant sous l'allée de platane du boulevard des Recollets.
Mais cette idée s'en alla aussi vite qu'elle était arrivée, il fallait qu'il se concentre sur sa course pour le rattraper. Le fait de savoir maintenant qui était son adversaire le réconfortait un peu : Ezeckiel l'avait toujours battu en course de fond.
Il sentait qu'il gagnait du terrain et il n'allait pas le lâcher de si tôt.
Alors qu'il allait atteindre la fin de l'allée boisée, un coup de tonnerre retentit et la foudre s'abattit sur un platane.
Il passa sur la route et évita une moto de justesse. Il continua de courir de plus belle et passa à côté de l'arbre foudroyé qui menaçait de tomber sur la route.
Encore une fois, Eric avait repris un peu d'avance mais lui aussi était gêné par le temps.
La pluie s'accentua accompagnée encore du tonnerre et des éclairs.
Le vent fit alors son apparition.
Ezeckiel entendit un craquement derrière lui : l'arbre avait finit par tomber. D'après le bruit occasionné, il comprit qu'il était tombé sur la route.
Ce qu'il vit alors le fit accélérer. La chance avait quitté Eric, il venait d'être percuté par une moto qui entrait sur le boulevard. Ezeckiel dépassa l'ancienne station service. Il ne lui restait que quelques mètres à franchir pour arriver à hauteur d'Eric.
Pourtant, il s'arrêta net quand il vit la réaction du jeune homme après s'être relevé. Il traversa la route en se tenant le bras, s'approcha du motard, désarçonné par le choc, et lui tira dessus à bout portant.
Le lieutenant prit son arme et tira à son tour.
Eric fut projeté quelques pas plus loin quand une des balles vint se loger dans son bras droit.
Mais ça ne le dérangea pas plus que ça, il se releva et repartit ; moins vite, mais il repartit.
Il finit de traverser la route et s'en fut vers la vieille zone industrielle. Ezeckiel fit un pas et faillit se faire écraser par un bus qui klaxonna bruyamment.
Le coeur palpitant à 220, il traversa la route, non sans avoir regardé à deux fois de chaque côté.
La pluie et le vent redoublèrent de force.
Complètement trempé, il continua en mettant un pied devant l'autre.
Il pensa soudain à sa future femme qui devait être tranquillement dans la douche, sans aucune idée de ce qu'allait lui annoncer son flic de fiancé en rentrant ce soir.
Il chassa immédiatement cette pensée et se reconcentra. Il finit de traverser les quatre voies et emprunta les escaliers comme son prédécesseur. Il atterrit entre plusieurs usines désaffectées.
Quelques mètres plus loin, il vit Eric entrer dans la cour d'un de ces bâtiments délabrés. Il vint se planquer derrière un vieux container éventré. Il risqua un oeil et aperçut le jeune homme devant les grilles d'entrée.
Ezeckiel ne comprenait pas tout, Eric attendait appuyé sur le mur à côté de l'entrée.
« - Alors Zek, qu'est ce que t'attends, viens ! Tu n'as pas envie de comprendre ?
- Si ! », répondit l'officier de police en sortant de derrière la benne en pointant son arme sur son interlocuteur.
Eric leva les mains et se déplaça légèrement sur la droite, jusqu'à être dans l'encadrement de la porte où il disparut.
« Merde. »
Il fouilla dans ses poches pour chercher son portable. Il devait avertir son chef de l'identité du meurtrier présumé et surtout d'où il se trouvait.
Il découvrit avec horreur que son portable n'avait pas spécialement aimé l'éphémère contact avec le pare-brise quelques minutes plus tôt. De rage, il le balança au loin.
Il souffla un bon coup et avança, toujours sous la pluie, vers la porte par où l'autre était passé.
Il s'approcha lentement puis se lança dans les ténèbres.
Le tonnerre gronda.
En attendant que sa vue s'habitue à la pénombre, il resta immobile dans l'ombre. Quand ce fut fait, il s'avança un peu plus.
Il entendit un sifflement.
Une voix se fit entendre dans l'usine désaffectée.
« - Bienvenue dans mon antre, mon petit prophète..., firent les haut-parleurs. Ca te plaît ?
- Un peu sombre quand même..., répondit le flic.
- Oh, excuse moi... Comment tu dis d'habitude ? »
Ezeckiel resta silencieux
« - Allons, ne fais pas ton timide, continua la voix.
- Que la lumière soit ! »
Toute l'usine s'éclaira.
Ezeckiel plissa légèrement les yeux le temps que sa vision se réhabitue à la lumière. Quand il put les ouvrir, il resta pantois devant le spectacle offert. Comme il l'avait pensé, Eric l'avait mené là où il le voulait.
On avait l'impression qu'un ouragan avait emporté tout l'intérieur de l'usine. Seuls les quatre murs extérieurs étaient en briques. Eric avait, ou avait fait, monté un enchevêtrement de poutrelles et de passerelles tel que les angles morts ne manquaient pas.
Malgré l'éclairage très puissant, la surface à éclairer était trop importante tout comme le nombre de rambardes métallique.
« - MONTRE-TOI !!, hurla Ezeckiel.
- Je te manque tant que ça ?
- M'emmerde pas et viens prendre ta branlée.
- Oula, le héros qui s'énerve, j'ai peur... », rigola la voix d'Eric.
Le jeune flic s'avança entre les poutrelles.
« - Pas marrant !, fit Eric.
- De quoi ?
- C'est toi le héros et sans personne à sauver, la bataille n'en vaudrait pas la chandelle. »
L'officier de police se sentait mal à l'aise face au discours de son ancien ami.
« Et c'est pas toi le maître du jeu... », fit une voix derrière lui.
Zek se retourna mais ne put éviter le coup qui l'assomma direct.

Un cri.
La douleur.
Une douleur aiguë.
Un autre cri, plus fort.
Le tonnerre qui gronde.

Où suis-je ? Qu'est ce qu'il...

« ERIC !! »
Il leva la tête brusquement ce qui lui provoqua une nouvelle douleur.
Il serra les dents. En essayant de bouger, il s'aperçut qu'il était encordé à une poutre.
L'interpellé apparut sur une passerelle au-dessus du flic. En dessous de lui, accroché à la passerelle, un grand drap sale pendait doucement.
Le tonnerre gronda de nouveau et un éclair zébra le ciel.
« Excuse la violence du coup, mais il fallait ça pour t'attacher, je ne pense pas que tu aurais été très...partant. »
Il effectua quelques pas de danse et attrapa quelque chose qui ressemblait à une corde.
« Tu sais quoi, je t'aime bien mon petit prophète, fit Eric. Tu peux pas savoir comment c'était dur de ne pas rigoler quand tu nous racontais tes déboires avec "le Sonneur de Cloches". En plus, toi et tes collègues avez sauvé sans le savoir quelques vies.
Je n'avais absolument pas prévu que cet incapable de Laurent foirerait mon petit plan aussi tôt. J'avais prévu notre rencontre, mais j'avais l'intention de t'en faire baver encore un moment.
Enfin, pas la peine de s'en faire, tout ça n'a fait que précipiter la finalité de cette histoire. Enfin, vu que tout ça était imprévu, je me suis dit qu'un beau final irait tout à fait. Je me demande ce qu'en pense Emilie... »
En finissant la phrase, il sauta par dessus la rambarde métallique, accroché à la corde. En descendant, il accrocha au passage le drap.
Ezeckiel ne comprit pas de suite ce qu'il voyait, ou plutôt il ne voulait pas le voir.
Une personne était pendue à la passerelle par les mains. D'après le physique, il s'agissait d'une femme... et pas n'importe quelle femme.
« - Je peux te paraître peut-être un peu con ?, demanda Ezeckiel la voix tremblante de colère.
- Oui, bien sûr.
- QU'EST CE QU'ON T'A FAIT, PUTAIN ? ON A TOUJOURS ETE LA...
- Justement, c'est là qu'est le hic, vous savez qui j'étais et vous me le rappelez à chaque fois que je vous vois...
- Et alors ?
- Et alors rien, c'est tout. », s'exclama Eric en rigolant.
Il recommença à danser.
« Tu... pardon, vous devez vous demander pourquoi j'ai tué toutes ces personnes, qu'est ce qu'elles m'avaient fait...? »
Ezeckiel le fusillait du regard, essayant de se libérer de ses liens.
« - Pour rien, c'est ça qui est magnifique. Juste parce que j'en avais envie.
- Encore moi, je suis flic... mais pourquoi Emilie ?
- Pareil, parce que j'en ai envie. »
Quelque chose se brisa chez Ezeckiel. Sa force plus le fait d'y tirer dessus depuis dix minutes eurent raison de l'encordage.
Délivré, il sauta sur le meurtrier. Celui-ci surpris eut un léger mouvement de recul mais cela ne suffit pas pour éviter le coup de poing.
A ce moment-là, le tonnerre éclata et la foudre tomba sur l'ancienne usine, faisant éclater la moitié des lampes allumées.
Eric était allongé de tout son long sur le sol. Ezeckiel se jeta sur lui et lui assena plusieurs coups au visage.
D'un mouvement, Eric se dégagea et frappa le flic à la gorge.
Le souffle coupé, l'officier de police s'écarta en se tenant le cou. Eric se releva et cracha sur le sol. Il se passa une main sur les lèvres et sentit qu'elles étaient ouvertes à deux endroits.
La foudre tomba de nouveau et fit exploser un morceau de la toiture. Les deux hommes levèrent la tête en même temps. Ils partirent en courant à l'opposé l'un de l'autre quand ils virent les débris tomber sur le sol du bâtiment.
Avec le trou, l'eau tombait à l'intérieur faisant éclater encore quelques ampoules, mettant ainsi l'usine encore plus dans la pénombre.
Ezeckiel regarda autour de lui mais ne vit aucune trace d'Eric Il s'avança un peu puis entendit un grand rire.
Eric apparut au dessus du flic et de la femme pendue à la passerelle.
« - Le Sonneur de Cloches vous condamne à la peine capitale.
- CONNARD, RELACHE-LA !!
- Oh mais oui, je vais la relâcher, car vos peines sont complètement différentes...
- Condamne ?... Peine ?... Mais qu'est ce que tu racontes ? »
Ezeckiel semblait devenir fou.
« Tu ne comprends toujours pas, petit prophète ? Demande lui alors... »
Il fit un mouvement et la corde lâcha.
« NON ! »
Il se jeta en avant et rattrapa Emilie au vol. La violence du mouvement les projeta tous les deux par terre ; sous le coup, Zek sentit sa cheville droite qui partait en vrille.
Il se redressa et la prit dans ses bras. Il lui ôta le bâillon et le bandeau sur les yeux puis défit ses liens.
Elle était en larmes, complètement trempée et les poignets sanguinolents.
« - P....Pour...quoi ?, balbutia-t-elle
- Il a pété un câble. Qu'est ce qu'il t'a fait ?
- Rien... Enfin, quelqu'un a détruit la porte et... m'a assommée. Je... Je me suis réveillée peu de temps a...vant que tu arrives.
- Je... »
Une détonation retentit, la balle atteignit l'épaule gauche. Il eut un mouvement mais serra les dents.
« - Zek !, s'affola la jeune femme.
- T'inquiète, ça ira. »
Une autre détonation. Encore l'épaule gauche. Là aussi l'officier ne dit rien.
« - J'ai... quelque chose à faire. Reste planquée ou si tu peux, enfuis-toi sans te préoccuper de moi.
- Mais...
- Pas de mais, fais ce que je te dis ! »
Son regard ne laissait pas la place à la moindre argumentation.
« - D'accord... je t'aime, fit la jeune femme en pleurs.
- Moi aussi je t'aime, à tout à l'heure. »
Le jeune homme lui fit un clin d'oeil prenant sur lui. La douleur lui vrillait l'épaule.
Alors qu'il se relevait, une autre détonation retentit. Un coup de chance, la balle ne fit qu'effleurer son crâne et vint se ficher dans le sol.
« File !! »
Il partit en direction de ce qu'il pensait être le point de départ du projectile. Le problème restait l'acoustique du lieu ainsi que l'atmosphère ambiante.
Il partit droit devant, mettant difficilement un pied devant l'autre et se tenant l'épaule.
Il continua à marcher quand il entendit un cri derrière lui.
Il se retourna et vit son ancien ami tenir la jeune femme par la nuque. Son sang, déjà bien chaud, se mit à bouillir.
Jusque là, il n'y avait pas prêté attention, mais bien qu'il ait été assommé, on ne lui avait pas retiré son arme.
Arrêtant de se poser des questions, il la sortit et la pointa sur Eric qui se planqua encore plus derrière Emilie.
« - Allons mon petit poulet, tu ne vas quand même pas prendre le risque de tuer ta future femme... Hein ?
- Ta gueule, connard. Relâche-la !, répondit Ezeckiel sans ciller.
- Oh! Quel langage..., fit le jeune homme. Tu m'insultes?
- Et si tu continues, je vais faire bien plus que ça.
- Oh, j'ai peur. »
Il fit tourner la jeune femme sur elle-même et l'embrassa avant de lui donner un grand coup de tête. Il la laissa tomber par terre et pointa son arme de poing sur le corps inanimé.
« - Et maintenant que vas-tu faire ?, lui demanda Eric toujours en souriant.
- Relâche-la.
- Mmmh... Non, j'ai pas envie. Et puis sans elle, tu vas me tuer.
- Relâche-la et je te laisse partir... Ou du moins je te laisse quelques heures pour détaler. Après, tu feras ce que tu veux.
- Ce que je veux ?
- Oui !
- Y a un truc que tu n'as pas compris... »
Il fit une pause et baissa les yeux
« Je n'ai besoin d'aucune autorisation, je fais ce que je veux. »
En finissant la phrase, il appuya quatre fois sur la détente.
« NOON !! »
Le corps d'Emilie eut autant de soubresauts et s'arrêta inerte.
De son bras valide, Ezeckiel commença à tirer sur le meurtrier. Ce dernier prit sept balles dans l'abdomen et s'affala sur le sol.
Ezeckiel ne s'arrêta de tirer que lorsque le chargeur fut vide. Il resta immobile quelques secondes, le bras tremblant.
Il lassa tomber son bras et lâcha son arme.
Il avança doucement, incapable d'émettre le moindre son. Arrivé à hauteur du corps, il s'agenouilla et porta sa main droite sur la bouche, les yeux trempés. Sous le choc, il n'osait la toucher.
Il était tellement absorbé par la mort d'Emilie qu'il ne vit pas ce qui arrivait sur sa droite.
Quelque chose le frappa violement au visage. Il perdit l'équilibre et s'étala de tout son long.
« Allez, relève-toi qu'on en finisse. », fit Eric, respirant difficilement.
Entendant la voix, Zek se redressa immédiatement, ce qui lui arracha un cri de douleur quand son épaule gauche se tordit.
« - Comment...?
- Pauvre con, le gilet pare-balles ça existe. Tu crois que je t'aurais laissé ton arme sinon ? Ce que j'avais pas prévu, c'est la perte de connaissance et à quel point ça fait mal. »
La bouche en sang, il cracha sur le sol où l'eau continuait de s'étaler. Zek parvint tant bien que mal à se relever, le sang dégoulinait de son bras.
Les deux adversaires se jaugeaient, immobiles.
Soudain, Eric jeta quelque chose sur Ezeckiel. D'un mouvement, celui-ci évita l'objet, un morceau de toiture.
Eric en profita pour se jeter sur le jeune flic et le frappa sur l'épaule sanguinolente.
Zek laissa échapper un petit cri mais contre-attaqua derechef.
Malgré la fatigue et leurs blessures réciproques, les coups fusaient avec une violence inouïe.
D'un côté la folie, de l'autre la colère. Les deux s'affrontaient sans se soucier de ce qui les entouraient.
Aveugle, le duo revenait sous le trou creusé par la foudre.
Brusquement, ils s'arrêtèrent en même temps.
Quelque chose avait changé dans l'atmosphère lourde de l'orage. Des deux côtés, ils restaient paralysés. C'est alors que tout s'éclaira en même temps qu'un coup de tonnerre explosa. Un énorme éclair passa par la trouée et frappa les deux ennemis. Ils se retrouvèrent englobés dans une boule d'énergie bleue qui leur provoqua une grimace de douleur sans bruit.
Tout les deux se retrouvèrent en lévitation à quelques centimètres du sol, les bras en croix et se rapprochèrent doucement l'un de l'autre.
Ils s'arrêtèrent net à deux millimètre l'un de l'autre et restèrent immobiles quelques secondes puis leurs corps se touchèrent.
C'est alors que la boule d'énergie explosa dans une déflagration gigantesque qui envoya Eric et Ezeckiel et plusieurs dizaines de mètres l'un de l'autre. Les passerelles et les poutrelles souffrirent aussi de l'éclatement électrique se retrouvant éparpillées aux quatre vents.
Plus rien ne bougea dans l'usine. Dehors, l'orage n'était plus. La pluie avait cessé et le tonnerre comme les éclairs n'étaient plus qu'un souvenir.
Ezeckiel n'avait rien compris à ce qu'il s'était passé. Il ne voyait pratiquement plus rien, tout était flou et en mouvement.
De tout son corps, il ne sentait plus rien. Dans sa tête, des tamtams de guerre s'étaient levés et frappaient dur.
Au bout d'un moment, il réussit à bouger et commença à se lever.
Il avait l'impression d'évoluer dans un autre monde, il n'avait plus aucune sensation et ce qui l'entourait semblait sorti d'un cauchemar.
Il mit un pied devant l'autre et avança tant bien que mal. Au loin, une faible lumière bleutée semblait rayonner à quelques mètres de lui. Avec son pied, il heurta quelque chose. Il baissa la tête et fit un énorme effort de concentration pour voir ce que c'était. N'y arrivant pas, il s'accroupit lentement et porta la main devant lui. Il tâtonna à droite et à gauche puis toucha un objet.
Son arme.
Il la prit et se releva.
De sa main libre, il toucha son dos au niveau de la ceinture. Il ne trouva rien, les chargeurs avaient dû tomber plus tôt. Il passa alors sur ses poches de devant et sentit quelques petits cylindres pointus. Par habitude, il sortit le chargeur vide et y plaça les trois balles qui lui restaient. Il replaça le chargeur et d'un geste ramena la culasse qui plaça en même temps la première balle dans la chambre.
Ainsi armé, il s'avança toujours avec difficultés.
Il s'approcha encore de la lumière et se posta au-dessus. Il tendit la main armée et tira lentement les trois balles. Il lâcha de nouveau son arme et resta planté la. La lumière était toujours présente.
Il se laissa tomber et parvint, fournissant un effort surhumain, à s'asseoir. Intrigué, il toucha la lumière.
Celle-ci explosa.

Drizzt

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