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Divine Opportunité : Session Prime : Partie 3 - Is my Soul for Sale ?

Yorik perdit pied alors que son corps se défendait contre la volonté d'Ïos. Toutefois, la puissance de la pensée du Divin ne fut pas amoindrie par le corps de l'enfant. Pendant tout le combat, Yorik eut l'impression de tomber dans une lumière de plénitude et de perfection. Ça ne lui parut pas particulièrement désagréable. Il apprenait de la lumière les choses qui lui seraient indispensables pour survivre. Ce qu'il était capable de contrôler et ce qu'il ne pourrait pas ne serait-ce qu'imaginer. Il comprit que la présence du Divin en lui n'était pas une possession, mais une bénédiction : Ïos était lui, et il était Ïos. Son esprit et son âme avaient été construits par l'espoir des Dieux. Il n'était pas son esclave, mais son doux rêve, un rêve intime et délicat.

Lorsqu'il revint à lui, il vit le visage de l'homme qui avait combattu les miliciens avec lui. L'homme semblait assez inquiet. Pourquoi l'était-il d'ailleurs, ils ne se connaissaient pas.

« - Ca va, petit ? », demanda-t-il

« - Je... Je ne sais pas trop, je me sens bizarre. », répondit Yorik, « Je me sens nouveau. »

Le terme ne lui convenait pas particulièrement, mais il n'avait pas d'autre mot pour décrire ce type de sensation. Il se sentait puissant, comme si sa mémoire était revenue et que tout ce qui se cachait à l'intérieur de lui était enfin libre. Mais étrangement, il n'était pas un autre. Il avait toujours vécu avec cette puissance en lui, mais il ne savait pas qu'elle était une autre entité pensante. Il avait un frère jumeau qui vivait profondément en lui et il se sentit soutenu depuis la première fois depuis la mort de ses parents.

« Il va falloir partir très vite. », commença Jophen, « Ils ne savent pas ce qui vient d'arriver, mais ils vont comprendre, les émissions psychiques indiqueront rapidement que je ne suis pas le seul sur le coup. Il va falloir te mettre à l'abri. ».

Yorik était encore perdu dans son propre esprit. Il commençait d'ailleurs à se demander si c'était réellement le sien. Il regarda Jophen sans réellement comprendre ce qu'il venait de dire.

« Je vais être plus clair, je crois que tu es en danger de mort. Les Remens ne te laisseront pas filer comme ça, tu transportes l'un des plus puissants divins ayant jamais existés. »

Yorik regarda le visage marqué de l'homme en face de lui, se demandant s'il devait lui faire confiance. Ce fut son instinct qui lui suggéra qu'il devait le suivre, qu'il n'avait pas le choix. Étrangement, Yorik comprit que cette partie de lui était un peu plus que lui. Une sensation si incroyable qu'il aurait été totalement incapable de décrire cette partie si parfaite et incongrue de lui-même. Il savait qu'Il avait toujours été là maintenant mais il était toujours incapable de concevoir qu'il était plus qu'un humain.

« Je crois qu'il veut que je parte avec vous... »

Il cacha à l'homme qu'il avait un peu peur de lui faire confiance, ce qui était parfaitement normal vu qu'il ne le connaissait pas. Enfin, il connaissait une partie de lui tout de même. Il tenta de faire le vide dans son esprit, il voulait que tout redevienne comme avant. Finalement, il trouva à cet instant que la mine était un paradis, il l'aimait après tout.

« Il faut que je me prépare... Que je donne mon congé... Que je ... »

« Tu ne feras rien de tout cela. », dit Jophen, le visage grave. « Nous n'avons ni suffisamment de temps pour s'apitoyer ni suffisamment de larmes pour pleurer ce que tu as perdu ce soir. »
Il fit une pause, laissant l'épaisseur de l'atmosphère peser sur les épaules de Yorik.

« Tu n'as pas non plus le loisir d'attendre le trophée que tu viens de gagner. Si tu regardes derrière toi maintenant, tu trouveras cette vie agréable, presque belle. C'est une erreur, tu verras la vérité quand tes pieds auront parcouru un peu plus de chemin. »

Yorik fit semblant de ne pas comprendre. Son coeur battait un peu trop fort pour qu'il puisse se dire que ce que venait de dire l'homme n'était pas vrai. Il avait envie de partir mais il n'était pas sûr d'en avoir le courage.

« Allons, il faut partir au plus vite. Nous avons au plus deux ou trois heures avant qu'ils ne réalisent ce qui vient de se passer. Ils lâcheront les chasseurs juste après. »

Il se laissa entraîner vers son destin.

*
* *

Cela faisait plusieurs jours qu'ils marchaient vers une destination incertaine dans une sorte de désert sans fin. Le sol était de poussières, de cendres plutôt, légères et volatiles, terribles pour les poumons et encore plus pour les yeux. Rien ne se dessinait devant eux, parce que le mur de poussières était constant à cause du vent qui ne trouvait aucun obstacle vivant pour le ralentir.

Le moral de Yorik était aussi sombre que le ciel au milieu de cette nuit glaciale, battu par un vent inconcevable. Jophen s'approcha de lui et lui tendit une tasse couverte comme une chope de bière. Elle contenait un café très odorant, d'un délicat arôme de noisette, comme si Yorik savait ce qu'était le goût de la noisette. C'était la seule chose qu'il appréciait vraiment depuis son départ, en dehors d'une chose vivant au plus profond de son âme, quelque chose qui n'avait pas encore fait surface.

« Demain, le décor sera différent. », dit Jophen, comme une affirmation.

« Il y aura plus de pierres ? », ironisa Yorik.

« Je pense que tes yeux fatigués auront une douce surprise. Dors, nous repartons à l'aube. »

L'aube vint bien trop vite pour que le corps fatigué et douloureux de Yorik se soit revigoré. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il se retint pour ne pas lâcher un sanglot, c'était bien la vérité, il n'était pas dans son lit.

Ils reprirent la marche sans prendre le temps de manger. Yorik comprit que Jophen ne lui avait pas joué un tour quand il le vit accélérer le rythme, comme si, pour une fois, il ne pouvait contenir son impatience. Yorik commença à peiner en arrière. Jophen se rendit compte finalement de son comportement et ralentit la cadence.

« Qu'est-ce que tu me caches ? », demanda Yorik en tentant de retirer la poussière de ses yeux.

« Nous y sommes presque. », répondit Jophen en guise de réponse, « Encore dix minutes de marche. »

Les dix minutes furent plus de la course que de la marche, mais Yorik se rendit compte qu'il avait envie de connaître cette chose qui pouvait faire tant d'effet à Jophen d'ordinaire si froid.

« Nous y sommes. » exulta finalement Jophen devant lui.

« De quoi tu ... »

Devant eux s'étendait une falaise d'où provenait le vent terrible qui les frappait depuis tant de jours. Il était à l'à-pic, et en bas, le sol n'était pas brun ou gris, mais vert, d'une couleur si pure qu'elle en brillait presque à travers le rideau de fumée légère qui restait pour leur couvrir l'horizon.

C'était une sorte de canyon qui s'étendait à perte de vue et dans lequel était construit une forteresse de maisons et de palais étranges et anciens, au coeur d'un paradis végétal luxuriant. Des créatures étranges, des oiseaux aux ailes multicolores flottaient au-dessus de la couverture de verdure, rois volant au-dessus d'un pays de beauté.

« Nous y sommes, voici Frontière. », ajouta Jophen.

Nehwon

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