banniere

Retour

Nouvelles : Une journée spéciale

Alors que le soleil était levé depuis quelques heures, la ville de Toulouse se réveillait tout doucement. Les pavés de la rue Saint Rome finissaient d'être nettoyés à grands coups de lance à eau par les cantonniers, pendant que les dernières patrouilles de nuit finissaient leur ronde.
Les étudiants et autres lycéens avaient presque tous déserté la ville rose pour partir se dorer la pilule et faire la fête au bord de l'Atlantique ou de la Méditerranée.
Sébastien était réveillé depuis bien une demi-heure mais restait allongé sur son lit. Les yeux fermés, il rassemblait ses pensées pour se remémorer tout ce qu'il avait à faire dans la journée. En "vacances" depuis une semaine, il avait passé la plupart des jours à préparer cette journée.
27 ans.
Il aurait 27 ans ce soir à 23h59 et pour une fois, il avait décidé de passer voir toute sa famille et ses amis pour enfin finir la soirée avec Amanda. Petit repas en amoureux aux chandelles préparé personnellement.
Sébastien ouvrit les yeux et sauta du lit. Il passa dans la salle de bain, enleva son caleçon et entra dans la douche. Il ouvrit l'eau sur le froid et fut pris d'un frisson quand l'eau glacée tomba sur son corps réchauffé par les draps.
Il en sortit quelques minutes plus tard, se brossa les dents et se rasa en fredonnant un air entraînant. Un coup de parfum plus tard, il sortit de la salle de bain et s'arrêta devant son armoire. Il prit un T-shirt vert un peu moulant ainsi qu'un bermuda gris sombre accompagné d'un boxer noir et d'une paire de chaussettes grises.
Ainsi habillé, il se prépara un café. Pendant que l'eau coulait doucement, il saisit un jeu de draps dans son armoire et changea les draps de son lit. Cela fini, il attrapa une tasse et se servit un café noir. Il but une première gorgée et attrapa son paquet de clopes sur le bureau. Il alluma une cigarette et la savoura en même temps que son café.
Quand il eut fini, il lava la tasse et écrasa la cigarette dans le cendrier.
Il s'étira, se chaussa, prit son sac et ses clés puis sortit de sa maison. Il descendit au garage et entra dans sa voiture. Derrière le volant, il ferma les yeux quelques secondes puis démarra. Il sortit sur l'avenue Jean Rieux et prit en direction de Toulouse centre. Il roulait tranquillement avec Staind en musique de fond quand son portable vibra. Il brancha l'oreillette et répondit.
A l'autre bout du fil Amanda lui demandait si il mangeait avec elle à midi. Il lui répondit qu'il devait passer voir ses parents et sa soeur et qu'il ne pouvait donc honorer cette invitation, mais qu'il se rattraperait ce soir.
Quelques centaines de mètres plus loin, il s'arrêta sur une place de stationnement et descendit du véhicule. Il entra chez le fleuriste, Marcel de son prénom, où il s'arrêtait toutes les semaines depuis quelques mois.
Ils discutèrent de choses et d'autres avant que Sébastien ne prenne trois bouquets : un de rose passion, un bouquet de bleuet et un de lys. Chacun des bouquets contenait treize fleurs et était entouré d'un ruban rouge et noir.
Sébastien et Marcel discutèrent encore un moment puis le jeune homme prit congé et revint à sa voiture. Il posa délicatement les trois bouquets sur le siège arrière et monta derrière le volant. Il redémarra et partit en direction du périph' extérieur vers Castanet Tolosan.
La radio toujours en fond, le bras sur la fenêtre ouverte, il sortit au Palays et prit la N113 jusqu'à Castanet. Arrivé au village, il monta sur les coteaux, passa devant l'ancien collège et poursuivit encore plus haut pour arriver devant un grand mur gris fermé par un grand portail vert. Il arrêta sa voiture sous un arbre, prit les fleurs et sortit du véhicule.
Le soleil était presque à son zénith et commençait à taper sec. Sébastien passa le portail et se retrouva dans l'allée principale du cimetière. Il avança, prit à droite et s'en fut au bout de l'allée, sous le peuplier. A l'ombre, sous les branches, trois grandes plaques de marbre avec dessus trois prénoms : Michel, Evelyne, Aurore ainsi que l'inscription "Beaucoup trop tôt".
Il posa les fleurs au-dessus des plaques, s'assit en tailleur et commença à parler.
Il resta ainsi pendant plus d'une heure. Quand il prit congé, il s'arrêta pour saluer le gardien du lieu. Ils discutèrent pendant un temps puis Sébastien repartit à sa voiture.
Il démarra et repartit vers Toulouse.
En route, il s'arrêta dans une boulangerie pour acheter un panini, histoire de se caler le ventre pour l'après-midi.
Il prit le périph' intérieur jusqu'à l'aéroport de Blagnac. Arrivé à destination, il s'arrêta au parking extérieur et entra dans le hall d'accueil.
Là, il acheta un billet aller-retour pour Toulouse / Narita et ressortit de l'aéroport. Il reprit sa voiture et repartit une nouvelle fois sur le périph', mais extérieur cette fois-ci.
Il sortit à Saint-Simon et prit la route d'Espagne direction Muret. Il s'arrêta dans une station service et prit un grand pack de bière bien fraîche.
Il régla et reprit la route.
Il continua sur quelques kilomètres, puis tourna sur un petit chemin de terre qui menait à un petit bois à quelques centaines de mètres de la N117. Il entra dans le bois et s'arrêta sur une grande place de terre battue. Six voitures stationnaient déjà à cet endroit.
Depuis maintenant presque un an, il rénovait, avec quelques copains, un ancien château pour en faire une auberge de jeunesse nouvelle génération. Leur contrat était simple, le propriétaire leur avait légué le château et le bois en échange de la rénovation des lieux. Tant que les travaux ne seraient pas finis, la mairie de Muret resterait le propriétaire sans possibilité de vendre.
Ils s'étaient connus pour la plupart chez les Compagnons et même si chacun avait sa propre spécialité, n'importe lequel était capable de se construire sa maison. Il fut d'abord accueilli par ceux qui s'occupaient de la charpente à qui il fit un signe de la main puis emprunta le grand escalier qui menait à l'entrée.
Il passa la porte et regarda les progrès qu'avaient faits ses amis. Le hall d'entrée commençait enfin à ressembler à quelque chose. Il ne restait plus qu'à mettre une jolie couche de peinture sur les murs et ça serait bon.
Il attrapa une poignée sur le côté de la porte principale et tira plusieurs fois.
Un carillon retentit dans toute la maison. Ce carillon servait à signaler l'arrivée d'un camarade ou de la pause bière. Il avait pris avec lui le grand pack qu'il posa sur une grande plaque en bois posée sur deux tréteaux. La table ainsi improvisée accueillit bientôt une dizaine de personnes.
Ils accueillirent le jeune homme ainsi que les boissons alcoolisées avec enthousiasme.
Ils trinquèrent à l'anniversaire de Sébastien et l'embrassèrent chacun leur tour. Ils restèrent à boire et à discuter pendant à peu près deux heures avant de reprendre le travail.
Seb prit congé et eut droit à une autre embrassade de la part des quatre filles du groupe.
Il partit en lançant quelques coups de klaxon.
Il reprit le petit chemin de terre et rattrapa la N117.
Il s'en alla sur Roque et s'arrêta au Leclerc pour faire les dernières courses pour le repas du soir. Même en essayant de faire vite, entre la sortie des bureaux et le choix des produits utilisés, ça lui prit plus d'une heure pour faire ses courses.
Lorsqu'il fut dehors, il s'aperçut qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps pour préparer le repas ainsi que le reste de la soirée.
Il rentra immédiatement chez lui. Heureusement, trois ans de livraisons et deux de Poste lui avait permis de connaître Toulouse et les alentours comme sa poche. Il arriva ainsi à traverser la ville rose en moins de trente minutes.
Arrivé chez lui, il descendit au parking, sortit de la voiture et monta les courses en quatrième vitesse. Amanda serait là d'ici moins d'une heure et tout restait à faire.
Il vida les courses, rangea les sacs plastiques sous l'évier puis alluma le four. Il déballa tout ce dont il avait besoin, sortit son attirail de cuisine et commença à préparer le repas après s'être lavé les mains.
Deux melons au porto, un rôti en portefeuille accompagné de pommes de terre chasseur, une salade du chef, fromage et fraisier fait maison.
Il mit le rôti au four, coupa et prépara les pommes de terre chasseur puis les plaça dans une poêle sans allumer le feu. Il finit de préparer le fraisier, le plaça dans le frigo et passa au melon au porto, le plus facile.
Quand il eut fini les préparatifs culinaires, il passa à ceux de la table et du salon.
Une nappe sombre, quelques bougies par ci, une lumière tamisée et les couverts de ses parents.
Tout était prêt.
Alors qu'il se déshabillait, le téléphone sonna. A l'autre bout du fil, Amanda lui annonça qu'elle serait là dans quelques minutes.
Sébastien lui répondit calmement avant de raccrocher. Il posa son téléphone sur le meuble d'entrée et courut jusque dans la salle de bain. Il se doucha en quatrième vitesse et finit sa toilette en s'habillant.
Il sortit de la salle juste quand la sonnette d'entrée sonna. Il claqua ses mains devant son visage pour se calmer et s'en alla ouvrir la porte.
La jeune demoiselle lui adressa un sourire magnifique. Une jupe noire et un petit haut violet sombre et ses cheveux noirs à moitié attachés, elle passa la porte et posa son sac à côté du téléphone de son compagnon.
Ils s'embrassèrent et Sébastien l'invita à s'installer à table. Il attrapa alors une bouteille de vin débouchée au préalable et lui servit un verre avant de se servir à son tour.
Ils passèrent l'apéro et commencèrent le repas. Ils discutèrent de choses et d'autres et au fur et à mesure que le temps passait, l'ambiance se réchauffait.
Le fraisier dégusté, Amanda se leva et attrapa dans son sac un petit paquet. Elle le tendit à son amour et lui souhaita un heureux anniversaire en l'embrassant. Il prit le présent, l'ouvrit délicatement et découvrit un pendentif en argent avec une chaîne. Il le passa autour de son cou et embrassa sa compagne.
La tenant dans ses bras, il défit doucement les lanières qui tenaient le petit haut et le laissa glisser jusqu'au sol. D'un geste il défit ensuite le soutien-gorge et prit Amanda dans ses bras.
Il la porta jusque dans la chambre, la posa sur le lit et finit ce qu'il avait commencé. Déshabillé à son tour, il se glissa avec sa compagne sous les draps. Ils firent l'amour passionnément pendant une éternité, aucun des deux ne voulant s'arrêter. Ereintée mais sur un gros nuage, la belle s'endormit doucement dans les bras de son compagnon. Celui-ci la serra dans ses bras pendant un instant puis relâcha sa douce étreinte. La jeune femme laissa échapper un soupir puis se tourna un petit sourire aux lèvres.
Il sortit du lit, réajusta le drap puis, après avoir saisi une lettre dans son bureau, s'habilla et s'en alla dans le salon. Il prit les billets d'avions, les glissa dans une enveloppe, prit ensuite une feuille de papier et griffonna quelques mots avant de la glisser à son tour dans l'enveloppe.
Il posa les deux lettres sur la table et s'approcha du meuble d'entrée. Il s'accroupit, passa sa main entre les deux pieds et actionna le mécanisme d'ouverture de la trappe. Il en sortit une petite mallette qu'il prit sous son bras avant de sortir.
Sur le petit carré de pelouse qui lui servait de jardin, il s'assit en tailleur et posa la mallette devant lui.
A l'intérieur, Amanda s'aperçut de l'absence de son amant. Elle pensait qu'il était aux toilettes, mais un doute la prit soudain à la gorge. Elle se leva en prenant les draps comme vêtement et entra dans le salon. Les bougies finissaient de s'éteindre mais l'absence de son amoureux la mit mal à l'aise. En s'approchant, elle aperçut sur la table les deux enveloppes. Une était à l'intention de Sébastien et l'autre marquée "Pour mon coeur".
Elle ouvrit la deuxième enveloppe.
"D'abord l'autre s'il te plait."
Interloquée, elle prit l'autre lettre et l'ouvrit.
Elle la parcourut et au fur et mesure que ses yeux finissaient l'écrit, ses yeux s'embuèrent. Elle secoua la tête et recommença la lecture en faisant attention à l'expéditeur marqué en haut à gauche : "Docteur Vantage".
Elle revint alors en bas de la lettre : "quatre semaines au plus".
Une détonation retentit.

Drizzt

Précédent - Suivant