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Choses sérieuses... : Deux parfums

Deux expressions pour deux fragrances, deux parfums pour deux passages de l'existence : « Ca respire la vie », et « Ca sent la mort ».
Sentiment de bonheur, impression de chaleur, il suffit d'un quart d'heure pour que cette douceur sente la froideur de la faux de malheur d'une mort qui fait peur. Adoucissement de l'esprit, apaisement de l'âme, mort dans un cri, corps dans des flammes, la mort a coupé sa gorge, l'outil sortait de la forge, gouttelettes de sang pur pour une vitre de voiture. Véhicule en débris, justice absente, inhumation ; courte vie, mort lente, coma profond. Quelques années de misère pour finir sous terre, ces quelques jours passés ici restent un mystère, pourquoi venir au monde pour partir aussi vite ? Réflexion immonde qui depuis longtemps m'habite, cette incertitude que nous avons tous en nous, doute qui rend notre vie floue, n'est-elle pas de nature à rendre fou ?
Démon de l'agonie, ombre du trépas, pourquoi t'en prendre à ceux qui ne le méritent pas ? Priver les innocents d'un instant clément, d'un moment charmant, avec le tranchant de ton instrument dément ? Par ta faute, l'Homme est un pantin que tu occis avec un plaisir malin, dédain certain, il devient entre tes mains celui qui, au matin de son existence respire de l'oxygène et, le soir même, n'est plus qu'une odeur qui gène, cadavre défait loin de son havre de paix.
Cette fille aux traits si doux, marquée par tes coups, peau couverte de cicatrices, gorge ouverte, sang qui glisse, sirènes rouges à tombeau ouvert et pneus qui crissent, qu'a-t-elle fait pour que tu décides de l'enlever de manière si rapide ?
Ambulance, peut-être une chance. Hôpital, ambiance glaciale. « Ca sent le sapin », aboie un infirmier, imaginant déjà le corps dans son écrin de bois, enterré à six pieds. N'aie crainte, être sans respect, l'heure de ton étreinte avec la mort va sonner.
Tendre silhouette dans un lit de fer, odeur âcre de remèdes médicaux, telle la blanche dans son cercueil de verre, douleur, massacre de ses organes vitaux. Trop de sang a coulé, commotion cérébrale, sous le choc a cédé sa colonne vertébrale ; l'innocence de sa jeunesse repose encore sur sa tête, l'absence de ses sens l'empêche de lutter contre la machette, instrument de la mort qui tranche toujours sans remords.
Ironie de la vie, jeu de la langue, qui offrent ici à son corps exsangue, une dernière rime avant que son souvenir ne tombe dans les abîmes : il y a vingt ans, ces quelques mots « au lit, sois sage, dors », maintenant tes yeux sont clos, joli visage mort.

Zeke

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