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Rouge et Noir : 03 - Avant l'attaque

- Qui c'est qui t'a averti ? demanda Zek.
- Noémie, de son bureau de l'I.J. Les ordis ont aussi condamné toutes les issues.
- Attends-moi deux secondes.
- Mais j'ai d'autres trucs à te dire, fit Matt alors que son collègue s'en allait vers l'ambulance.
Ezeckiel lui fit signe qu'il revenait dans deux secondes et continua jusqu'à l'ambulance.
Max était assis à l'intérieur avec son amie et se faisait contrôler la tension. Laetitia, elle, prenait un anxiolytique.
Zek fit un signe de la main et interpella l'infirmier qui s'occupait du jeune homme :
- Je peux te l'emprunter un moment ? lui demanda-t-il.
- Bien sûr, mais faites vite, on part dans deux minutes.
Max descendit de l'ambulance et s'étira de tout son long. Il mit ses mains dans les poches et leva les yeux sur Zek.
- Je voulais te demander un petit truc. Vu le matériel que tu as dans ta piaule, tu dois t'y connaître en piratage, non ?
- Je me débrouille, répondit-il.
- Ca te dirait de pirater le commissariat ?
L'intéressé écarquilla les yeux.
- Hein? D... De quoi ?
- T'inquiète, je t'expliquerai en route, dit Zek avec un clin d'oeil. Laeti', viens, je t'emmène aussi.
Elle descendit à son tour.
L'ambulancier, qui n'avait rien suivi, les rappela.
- Hey, non, je dois les ramener à Rangueil.
- T'inquiète, fit Zek, je te les ramène d'ici quelques heures...
Il passa devant les deux jeunes et marcha rapidement vers son collègue.
- Alors mon petit, qu'est-ce que tu voulais me dire ?
- Comme je te disais dans le chapitre précédent, Noémie m'a donné le nom du tueur qui a aussi foutu le bordel au commissariat.
- Ah oui, j'avais oublié. Au fait, je te présente un jeune pirate Maxime et sa copine Laetitia.
- Enchanté, mais maintenant est-ce que tu vas m'écouter Ezeckiel ? s'exaspéra Matthieu.
Le sourire de Zek s'effaça légèremement, il n'aimait pas le regard de son collègue.
- Si Noémie a réussi à trouver si rapidement le nom du tueur, continua-t-il, c'est qu'il a laissé suffisamment de traces génétiques mais en plus, il s'est nommé lui-même en plaçant deux morceaux de papier dans l'oesophage des victimes.
Le sourire de Zek s'effaça complètement.
- Sur le premier, il y avait marqué "Coucou, je suis re-là" et sur l'autre...
Ezeckiel ferma les yeux n'espérant pas entendre ce qui allait suivre...
Matt reprit une inspiration.
- Il y avait marqué : "Le Sonneur de Cloche".
Zek arrêta de respirer.

- Le Sonneur de Cloche vous condamne à la peine capitale.
- Connard, relâche-la.
- Oh mais oui, je vais la relâcher, car vos peines sont complètement différentes...

Une détonation retentit.
Matthieu vit Maxime à genoux, une tache rouge sur son tee-shirt.
Matthieu se jeta sur Laetitia et la mit à l'abri à l'intérieur.
- Ezeckiel !! cria Matthieu. Mets-toi à couvert !!
Ce dernier restait sans bouger, les yeux toujours fermés remuant légèrement les lèvres.
Il leva la tête vers le ciel et rouvrit les yeux.
- Pas la peine, il ne me tuera pas. Ca n'est d'ailleurs certainement pas Quasimodo.
- Comment ça?
- Regarde.
Zek se retourna et fit face à la rue. Il écarta les bras et attendit. Il resta ainsi quelques secondes puis baissa les bras en se tournant vers son ami.
- Son but n'est pas de me tuer, expliqua-t-il, mais de faire en sorte que je n'existe plus.
Il s'approcha d'eux et regarda la blessure de Maxime.
- T'en penses quoi ? demanda Zek à son ami.
- Qu'on aurait pas dû renvoyer l'ambulance.
- Matt...
- La balle est ressortie, mais je pense qu'il vaudrait mieux qu'il passe par l'hosto...
Matt prit son téléphone et appela l'hôpital.

Zek se releva et se frotta la tête.
Son ami laissa Max et Laetitia au soin des ambulanciers revenus en quelques secondes.
Il regarda Ezeckiel dans les yeux et lui dit :
- Ca fait maintenant pas mal de temps qu'on bosse ensemble et je ne t'ai jamais demandé de vraies précisions sur ce qui t'était arrivé il y a trois ans. Surtout qu'on croyait l'autre jobard dans un autre monde, chose que tu aurais fait il y a trois ans.
Il s'arrêta quelques secondes et continua:
- Je n'ai jamais voulu te poser la moindre question pour ne pas t'embarrasser. Mais là, je crois qu'il va te falloir tout me raconter.
- Ok, de toute facon, vu que tu me supportes tous les jours, t'y as droit plus que n'importe qui d'autre, répondit Zek. Mais je vais te demander un service, attends qu'on ait mis de l'ordre au commissariat s'il te plaît.
- Ah oui, le commissariat, mais comment tu vas faire pour zapper les protections reliées au serveur du central ?
- Il faut d'abord passer à l'I.J. et demander au Divisionnaire de m'écouter, pour une fois.
- Là, je te souhaite bon courage. On y va ?
Zek fit oui de la tête et se dirigea vers sa voiture suivi de son ami.
Ils entrèrent dans la voiture et Zek démarra en trombe, deux tons et gyrophare dehors.
Ils descendirent l'avenue Crampel et passèrent le pont des Demoiselles pour tourner à gauche et suivre les berges du Canal du Midi. Ils les suivirent jusqu'au boulevard de l'Embouchure, empruntèrent la rue adjacente au commissariat et, au bout de celle-ci, tournèrent à gauche pour entrer dans le parking d'un vieil immeuble à la peinture délavée.
Ils prirent une place au hasard et descendirent du véhicule.
- Ca me fait toujours bizarre de savoir que l'un des meilleurs laboratoires se trouve dans un immeuble à l'apparence si pitoyable, fit Matt.
- Bah, tu connais les grands chefs, ça sert à rien de trop dépenser dans les apparences... répondit Zek. Que dis-je, ça sert à rien de dépenser tout court.
Ils arrivèrent devant le sas d'entrée. Celui-ci semblait sorti d'une autre dimension tant il faisait tache dans le parking. Les murs gris foncés voire noirs par endroits, et le revêtement du sol auraient mérité un grand coup de nettoyage. Des cartons traînaient dans certains coins et la plupart des néons étaient complètement éclatés.
La porte du sas, elle, était d'un bleu électrique et vitrée. Sur le mur de droite, à hauteur d'épaule, se trouvait un carré du même bleu que l'encadrement avec une forme de main noire au milieu.
Matt s'avança et posa sa main sur la plaque. Une lumière bleue électrique lui entoura la main et déclencha le mécanisme du sas.
Matt eut un petit rire.
- Ca me rappelle la première fois qu'on est venu ici tous les deux, fit-il en regardant son camarade.
- M'en parle pas. Mais j'ai eu de la chance, je n'avais presque plus d'énergie dans le corps, je n'ai détruit que le système d'éclairage et celui des portes automatiques...
- Comme tu dis, "que ça".
Matt continua à rire alors qu'ils sortaient du sas d'entrée.
Devant eux, un grand hall avec juste trois chaises et quatre portes d'ascenseur. Les deux de gauche pour les trois premiers étages concernant la morgue, le petit bureau du légiste et sa salle d'opération et le labo principal, le troisième pour les laboratoires du troisième étage spécialisés dans la génétique et l'informatique et enfin le dernier ascenseur qui mène aux
bureaux des patrons dont celui du chef de la police scientifique et aussi légiste à ses heures.
Au-dessus de chaque porte, une petite caméra était positionnée entre un micro et un haut-parleur.
Les deux compères s'avancèrent devant la quatrième porte et levèrent la tête vers la caméra.
- Capitaine Sédah et Lieutenant Bréau, fit Zek en haussant la voix .
- Bonjour capitaine, bonjour lieutenant, fit le haut-parleur alors que les portes s'ouvraient.
Ils entrèrent tous les deux et montèrent doucement au dernier étage, accompagnés par Linkin Park en musique de fond.
L'ascenseur s'ouvrit sur un grand couloir. De chaque côté, de grandes baies vitrées laissaient transparaître les différents bureaux, occupés pour la plupart par deux personnes et de grandes armoires pleines des dossiers en cours ou classés.
Ils avancèrent tous deux dans le couloir. La climatisation, légèrement présente au rez-de-chaussée battait des records dans ces couloirs. Habitué à la grande chaleur extérieure, Zek se frotta les bras, parcouru de frissons.
- Ils sont pas bien de baisser autant la température, fit-il, ils vont finir par chopper la mort.
Au fur et à mesure qu'ils avançaient, dans chaque geste qu'ils faisaient pour saluer les différents bureaux, ils sentaient la tension de plus en plus forte qui régnait en ce lieu.
Ils arrivèrent devant le bureau du chef de la police scientifique. Ils entendaient plusieurs voix s'élever du bureau. Certaines n'étaient que murmures, mais une en particulier résonnait au-dessus des autres tel un orage de grêle.
- En effet, dit Matt, il semblerait que le Divisionnaire soit bien présent...
Ils entrèrent dans la pièce et furent accueillis par un vent de tempête. Le brame du commissaire les arrêta net. A leur entrée, Le Divisionnaire s'était retourné et, fulminant, avait commencé à les engueuler.
- Et toi aussi Sédah, avec ton abruti de gominé, t'étais où quand l'autre Quasimodo a débarqué ?
Encore en train d'essayer en vain de faire ton boulot...
- Exactement, je faisais mon boulot Commissaire Dirle et si ma façon d'enquêter vous emmerde, virez-moi! répondit l'intéressé.
- Ne commence pas à...
- Fermez-la et écoutez-moi pour une fois. Je vous propose une idée pour récupérer votre bureau sans que les médias ne soient au courant trop tôt.
- Vous, une idée pour sauver la face de la Police Francaise... Je n'y crois pas, fit le commissaire.
Du haut de ses deux mètres, il dominait entièrement l'assemblée réunie et avec ses cent dix kilos de barbaque graisseuse, il prouvait à tout le monde qu'il y avait longtemps qu'il n'avait pas mis le nez dehors hormis les conférences de presse qu'il affectionnait particulièrement.
- Oui, contrairement à vous apparemment, Ô grand stratège.
Dirle le regarda dans les yeux et, un sourire ironique aux lèvres, écarta les bras, invitant le jeune à exposer son idée.
Zek expira un bon coup et balaya la pièce du regard. Il n'avait pas remarqué qu'il y avait autant de monde dans ce bureau.
Noémie était là, ainsi que Durand, chef des scientifiques, Le Divisionaire Dirle et cinq de leurs collègues.
Zek regarda la jeune femme.
- Noémie, racontez exactement ce qu'il en est.
La jeune femme se tourna vers l'ordinateur du bureau et pianota sur le clavier.
- Ce matin, vers 10h45, quelqu'un s'est introduit dans la base de données du commissariat principal et, on ne sait encore comment, a réussi à pirater le serveur des lieux prenant le contrôle du nouveau système de sécurité. Il a ainsi libéré tous les détenus du sous-sol sans pour autant leur ouvrir le dernier passage vers la liberté. Seuls ceux qui étaient à l'extérieur du bâtiment, c'est-à-dire les différentes personnes, hormis la mienne, qui sont présentes dans ce bureau ont échappé à la prise d'otages. Donc, nous avons tout un commissariat pris en otage par différents types de méchants garçons.
Elle se passa la main sur la nuque et continua.
- Il y a de cela un peu moins d'une heure, le pirate en question a envoyé un message à l'intention d'une personne ici présente... Capitaine Sedah, ce message vous est adressé:

"Eh oui mon petit prophète Ezeckiel, il semblerait que je ne sois pas mort, ou peut-être suis-je tel le phénix ressuscité de ses cendres...
En tout cas, la partie recommence. Je suis bon joueur et te laisse un indice, mais sauras-tu le trouver...?

Quasimodo"


Lorsque Noémie eut fini, tous se tournèrent vers le jeune homme aux cheveux blancs.
Celui-ci les regarda tour à tour, baissa la tête et retira ses lentilles colorées. Quand il eut redressé la tête, pas un ne resta statique, entre froncement de sourcil et hoquet de surprise.
- Il faut que je vous explique un truc, fit Zek en s'éclaircissant la voix. A part monsieur le Divisionnaire et ma gueule, personne n'est au courant des faces cachées de cette affaire. Vous êtes tous rentrés il y a moins de trois ans et à part des bruits de couloirs vous ne connaissez rien à cette histoire. Quasimodo et moi nous sommes affrontés pendant quelques mois et ça s'est soldé par la mort de ce psychopathe et un séjour à l'hôpital pour moi. Je reste pour le moment persuadé que je l'ai bien tué mais même si on a en face de nous un imitateur, je vous demanderai de rester vigilants en toute circonstance. Que vous soyez en service ou chez vous à faire la sieste, ne vous baladez jamais sans votre arme et l'intime conviction qu'on vous observe.
Ce type est particulièrement vicieux. J'en ai la preuve encore aujourd'hui, c'est à lui qu'on doit le bordel qui règne dans notre commissariat, c'est à lui qu'on doit aussi les deux meurtres de cette nuit et le coup de feu qui a blessé Maxime Plérin il y a quelques heures.
Zek s'avança dans la pièce, écarta les bras et continua.
- Pour le moment c'est tout ce que vous avez besoin de savoir au sujet du Sonneur de Cloches, surtout qu'on a un problème plus urgent que l'histoire de mes aventures à Toulouse. A quelques centaines de mètres, il y a une des plus grosses prises d'otages qu'ait connu la ville. Ils sont 49 preneurs d'otages mais si on compte tous ceux qui ont vraiment les couilles de profiter de la situation, seulement une dizaine risque de nous embêter. Alors voici comment on va s'y prendre...

Drizzt

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