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Nouvelles : Polly

Avertissement : pour public averti.


Bienvenue en ces lieux inconnus des vivants.

Il fait froid, elle a froid dans le dos, tout le long, les jambes ramenées vers elle, la main droite posée sur son vagin, Polly respire, les yeux fermés, elle essaye de l'éluder, si loin d'elle, un vrai salaud, un salaud qu'elle aime. Polly est couchée sur le carrelage froid de sa chambre, la chaleur se fait sentir, mais Polly est ailleurs, c'est le froid du sol qui l'enveloppe tout doucement pendant qu'elle pense tout bas à l'autre. Comment s'appelle-t-il déjà ? Polly le sait, elle chuchote son nom au vide effrayant de sa chambre pâle. Aurélien !
Aurélien ! Aurélien ! Aurélien !

Aurélien qui meurt entre ses cuisses, Polly a mal, elle repense au jour où Aurélien lui a fait l'amour, elle l'avait écouté jouir toute la nuit, ne plus respirer pour l'écouter aimer, entendre son coeur s'emballer, ne pas jouir de lui mais être à lui, le serrer dans ses bras comme s'il avait été son enfant. Elle aurait voulu le garder au fond d'elle toute la matinée qui avait précédé la copulation, mais Aurélien est parti, et Polly mourait chaque jour un petit peu, elle attendait son coup de fil en se rongeant les ongles jusqu'au sang, mâchouillait la peau de ses doigts et regardait le sang se sécher sur ses ongles.

Polly vomissait pour chasser Aurélien de son ventre, elle raclait sa gorge avec son doigt pour faire venir la bile, parce que Polly n'avait plus faim que d'amour, elle croyait faire partir le sperme d'Aurélien qu'elle ressentait encore à l'intérieur d'elle, chasser sa présence définitivement.

Polly n'osait bientôt plus l'appeler, elle laissait des messages sur le répondeur de son portable, il ne décrochait pas, il ne l'aimait plus. Polly avait pleuré, c'était la première fois de son existence, elle ne s'arrêtera plus, Polly était devenue défaillante, comme une pile qui s'usait, elle ne savait plus où donner de l'énergie, alors elle s'enfermait chez elle et cherchait Aurélien dans son coeur, son esprit et son ventre.

« T'es dans ma chatte ! », cria-t-elle un jour en se masturbant dans le noir, « C'est puéril », avait-elle pensé plus tard avant de se mettre à chialer comme une gosse qu'elle n'avait jamais connue.

Polly attendait Aurélien, Polly attendait la folie qui viendrait la peloter, elle se regardait dans le miroir de la salle de bain, elle le faisait vraiment pour la première fois, ce qu'elle voyait n'avait pas de nom, c'était tout mort à l'extérieur comme à l'intérieur, ça avait les cernes rouges, les blancs des yeux jonchés de nervures sanglantes, l'air triste, la bouche sèche, elle pensait qu'elle aurait aimé sucer la grosse queue d'Aurélien pour se réhydrater, elle aimerait lui sucer la langue et Polly avait fermé les yeux très fort pour se souvenir du pénis de son adoré, elle sentait comme une énorme boule de chaleur lui parcourir tout le corps, ça lui faisait mal, mais ça lui faisait tout aussi plaisir, ses jambes tremblaient, elle s'était laissée tomber par terre, son corps se soulevait tout seul, elle avait vraiment très mal, c'était pénible, elle n'était pas en état pour une crise, elle avait senti un liquide chaud se déposer dans le fond de sa culotte, elle mouillait en pensant à Aurélien. Son corps était pris de violents soubresauts, elle voyait ses mains s'agiter, s'accrocher à l'ampoule de la salle de bains. Polly sentait un filet de bave chaude glisser le long de sa joue. Mais maman était là, maman hurlait, Polly ne l'entendait pas, mais Polly sentait l'eau sur son visage, les doigts de maman dans sa bouche, les cheveux de maman sur son visage, le parfum de maman, Polly respirait, ne voyait plus vraiment la lumière, mais tout ceci est parfaitement normal.

Polly était obligée de manger, elle ne tenait plus vraiment debout, Polly ne s'ennuyait pas sur son lit d'hôpital, elle rêvait les yeux grands ouverts d'Aurélien, qui lui disait qu'elle ressemblait à un ange, qu'il aimerait lui dévorer le clitoris, Polly était euphorique, sa mère dubitative, elle pleurait en la voyant si hagarde, et Polly pleurait lorsqu'elle revenait à la réalité, Aurélien n'était plus là, ce n'était plus qu'une voix dans sa tête.

« Je ne suis pas folle ! Je ne suis pas folle ! », essayait-elle de se persuader lamentablement.

Polly ne jubilait pas lorsque la folie l'avait étreinte, elle haïssait l'amour qui l'avait rendue si pathétique. Elle criait le nom d'Aurélien dans ses cauchemars, elle se cachait pour mouiller son oreiller de larmes, pour mouiller sa culotte quand elle se masturbait pour le remplacer, lui qu'elle avait toujours entre les cuisses, toujours dans le coeur, elle avait Aurélien partout.

La voix d'Aurélien dans sa tête chaque instant, pauvre petite conne ! Polly est couchée sur le carrelage froid de sa chambre, elle vient d'enlever tout doucement ses doigts de son sexe, elle vient d'uriner sur le sol blanc cassé de l'asile, elle ne quitte pas des yeux le plafond immaculé, elle ne veut pas voir ces murs capitonnés pour ne pas voir la vérité. Son corps maigre se redresse avec difficulté, elle ne cesse d'entendre les mots d'Aurélien, à moitié nue dans sa cellule, Polly essaye de verser quelques larmes quand elle comprend qu'elle vient de faire des saletés sur le sol, le docteur n'allait pas apprécier, Aurélien non plus...


Fin

Kei

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