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Les Novices : Livre III - Enfants Damnés (partie V)

Monstres de haines [2]


Onze


Carine lui souriait, il venait de se réveiller, elle était très soulagée.
- Faut-il que je sois au bord de la mort pour que tu sois aussi inquiète et prévenante avec moi ?, persifla-t-il.
- Tu sais bien que ce n'est pas vrai.
- Vois-tu ! Peut-être que j'étais très mal, mais cela n'était pas une douleur normale, c'était doux, j'avais l'impression d'être protégé.
Elle n'ouvrit pas la bouche pour lui parler de sa mère, surtout pas, les « enfants rebelles » la tueraient.
- Allons voir Maman, dit-il en se levant de son lit, en pleine forme.
- Tu as faim ?, lui demanda t-elle en le suivant à travers le couloir.
- Et toi ?
Elle acquiesça.
- Je mangerai ce qui te fera envie.
Il vit apparaître sur son visage, ce sourire malicieux qu'elle affichait lorsqu'elle commandait des pizzas sur le compte de la Comtesse.
- Vas-y ! Fait ce que tu veux, lui dit-il gentiment en lui tournant le dos.
Il continua sa route jusqu'au salon. La Comtesse se leva de sa chaise, surprise de le voir.
- Tu te décides enfin à venir me voir, commença-t-elle, cela va faire plus de quatre semaines que tu m'évites, sans compter que ta chienne de garde m'empêche l'entrée de ta chambre.
- C'est pour mon bien, souffla-t-il.
Elle continuait à se plaindre alors qu'il ne l'écoutait plus, il pouvait d'un seul coup la faire disparaître, la tuer pour qu'il s'en aille enfin avec Carine, très loin, mais il savait que ce n'était pas à lui de le faire.
- Comtesse !, fit Carine en se présentant à son tour, nous sortons.
- Où allez-vous ?, demanda-t-elle presque affolée, elle avait constamment peur de perdre ses enfants.
- Pizza Hut.
Carine attrapa la main de François, il aimait beaucoup sa peau. Elle l'entraîna vers la sortie.
La Comtesse enrageait, elle ne l'aimait pas du tout, un jour elle lui ôtera la vie, lorsque l'enfant sera né, et François oubliera.


Douze


Kay Line ne savait pas ce qu'elle faisait là, elle ne voulait plus s'endormir, pour ne plus avoir de visions, mais l'infirmière lui avait injecté le somnifère dans le sang. Ces affreux villageois l'avaient attachée et bâillonnée pour l'emmener on ne sait où. Ils lui avaient entaillé la peau pour laisser couler le sang, pour laisser son odeur s'évaporer.
Ils l'avaient attachée ensuite à un arbre devant une vieille tour, et ils l'avaient laissée là, Stlana était au bord de la crise.
- Je veux me réveiller !, hurla-t-elle.
- Tais-toi !
Elle sursauta, et leva les yeux droit devant elle. Un homme qui se déplaçait comme une ombre, s'approcha d'elle en regardant à droite et à gauche.
- S'il vous plaît ! J'ai besoin d'aide.
- Tu es Roumaine ?, lui demanda-t-il.
Elle se surprit à lui répondre oui.
Il s'approcha plus près pour la regarder, ce qui la frappa, c'était la couleur de sa peau, trop pâle pour être humain, et ses cheveux ressemblaient plus à des fils d'or, et ses yeux, trop clairs, trop brillants, ses mains trop parfaites.
- Vampire, hurla-t-elle, ne t'approche pas ! Fils du diable, ne...
Il mit la main devant sa bouche, il avait l'air triste.
- J'ai été humain autrefois, dit-il, ne sois pas aussi sotte que tes compatriotes, qui viennent te donner en offrande parce qu'ils croient que je suis un démon de cette Comtesse Érzsébeth. Je crois même qu'en ce moment, je suis la personne la plus humaine que tu n'aies jamais vu de toute ta vie.
Il arracha les cordes sans difficulté. Elle recula, ce qui le fit sourire.
- Tu peux partir, dit-il en lui tournant le dos.
Stlana se mit à courir dans la forêt, mais elle s'arrêta net, elle ne pouvait plus retourner chez elle, ses parents l'avaient vendue contre de la nourriture. Elle se retourna, le vampire avait disparu, il était sans doute dans la tour. Stlana se précipita vers elle, de peur que les villageois l'aperçoivent et l'attrapent de nouveau. Elle ferma la porte en bois derrière elle et se mit à arpenter les escaliers, il y avait plus de 600 marches dans cette maudite tour. Mais elle arriva enfin au bout, essoufflée. Le vampire était assis dans un coin, sur un lit de paille, il se moquait d'elle.
- Je ne suis pas là pour toi, je veux seulement dormir, et je m'en vais demain, dit-elle avant d'aller s'asseoir loin de lui sur le sol froid.
- Tu as la beauté du diable, mais moi tu ne m'auras pas.
- As-tu faim ?, lui demanda-t-il.
- Je préfère mourir plutôt que de boire et de manger la chair de tes victimes.
Il attrapa un gros morceau de pain et un bol en terre cuite fumant.
- C'est juste du pain et du potage, il y a seulement de la viande de veau, lui dit-il.
Elle se tut quelques instant, il tenait toujours le bol et le pain dans ses mains, les yeux rivés sur elle.
La faim la tenaillant, elle se précipita vers la nourriture et l'engloutit.
- Mange doucement, sinon ça ne passera pas, conseilla-t-il.
- Il y avait de l'ail dans le potage !, s'exclama-t-elle ensuite.
- Oui.
- Tu ne crains pas l'ail ?
- Non, il n'y a que les « sangs chauds » qui le craignent. Avant d'être vampire, je me nourrissais d'ail, et je ne vois pas pourquoi j'arrêterais, je ne sens même plus son goût.
- C'est vrai ? Tu étais humain avant ?, demanda-t-elle.
- Oui.
- Qui est ton maître ?
- La comtesse Valérie de Goodelfman.
- La Hongroise ?! Descendante de la famille Rawskassie Anastass ?!...
- Oui, celle là même.
- Les Rawskassies sont maudits, depuis toujours, c'est un démon qui s'est penché sur le berceau de la première comtesse, elle a forniqué avec le mal, et toutes ses filles, et même après.
- C'est bien son genre, ricana Kurt.
Elle s'était assise près de lui, ils avaient parlé. Et le soleil s'est levé ensuite, Kurt alla s'enfermer dans un grotesque cercueil en bois, il lui avait laissé un mouchoir blanc pour qu'elle le mette sur le poignet que les villageois avaient entaillé, pour arrêter le sang et Stlana devait veiller sur son sommeil, mais l'infirmière la réveilla pour lui faire une prise de sang, qu'est ce que c'était que cet endroit, elle avait hurlé en proférant des menaces dans sa langue natale. Laure se leva, elle se dirigea vers elle.
- Mademoiselle !, avait crié l'infirmière, retournez à votre lit.
Laure ne l'écoutait plus, elle posa sa main sur le visage de Stlana.
- Pas maintenant, pas maintenant Stlana, calme-toi !, chuchota-t-elle en anglais.
Kay Line se calma, elle ferma les yeux en murmurant des mots dans une langue inconnue de l'infirmière.
Laure se tourna vers l'infirmière.
- Arrêtez de nous faire peur, laissez-nous dormir !
L'infirmière emporta son matériel lorsqu'elle s'en alla atterrée.


Treize


Raphaelle attendait Mimi devant l'établissement, elle ressemblait à une morte à présent, complètement vêtue de noir, les cheveux teints de la même couleur, ce qui faisait ressortir totalement sa peau blanche.
- Il ne te manque plus que le rouge à lèvres noir, avait dit Mimi en la voyant.
- Oui, je sais, je n'en ai pas..., tu ne me demandes pas si j'ai été mordue ?
- Non, tu ne l'as pas été, je sais qui est Saphir.
- Kurt te l'a dit ?!
- Oui, ça t'étonne ?
- Ah oui !, répondit Raphaelle sceptique, dis-moi qui il est.
- C'était un ami de Kurt, il n'est pas mauvais, c'était un « sang chaud », qui est mort malheureusement depuis 100 ans, alors soit tu me racontes des conneries, soit tu es amoureuse d'un fantôme.
- Kurt ne t'a rien dit d'autre ?
- Il n'en a pas eu le temps, il continue à disparaître, à me montrer des choses écoeurantes...
Raphaelle aurait voulu lui raconter, lui dire qu'elle avait un fils, qu'elle l'avait aperçu et même approché avant-hier soir à la cave, c'était complètement dément.
- Je sais que Saphir est mort, tu peux savoir que c'est un fantôme, mais c'est tout.
- Il t'a dit des choses ?, demanda Mimi intriguée.
- Il m'a dit que si tu voulais entendre Kurt te parler sans mal, il fallait simplement que tu l'écoutes, ne cherche pas à lui poser des questions, assieds toi dans ce pré et écoute-le, répondit Raphaelle.
- Je deviens folle Raphaelle, gémit son amie, je deviens folle, je vais finir comme ma mère.
Oh, oui, sa mère, il faudra lui expliquer pour elle.


Quatorze


Sombre se réveilla, il faisait beau dehors, elle n'avait pourtant pas le droit de sortir, Kurt le lui avait dit. Elle risquait de se faire de nouveau agresser.
Malgré cela, ils sont venus la chercher jusque dans le fond de la grotte.
Les quatre hommes l'avaient attrapée, et ils l'avaient assommée avant qu'elle n'appelle son amant, son esprit sombra dans le chaos.
Lorsque Sombre ouvrit les yeux, elle se trouvait dans une petite cellule sale et obscure, elle pensa à Kurt, elle l'appelait même, mais il faisait jour, il ne pouvait pas sortir.
« Je t'en prie ! Pardonne-moi ! Pardonne-moi ! » disait-il et Sombre pleurait.
La porte de sa cellule s'était ouverte alors qu'elle se lamentait dans un coin, une femme s'est approchée d'elle, une très belle jeune femme, elle possédait les mêmes caractéristiques que Kurt.
« Vampire ! », pensa-t-elle.
- Oui, c'est vrai. Jeune fille, il faut que tu saches que c'est moi qui t'ai fait mander, je leur ai donné beaucoup, pour que ces sots d'humains puissent te ramener et te tuer comme bon leur semblera, parce que toi, misérable créature, tu as osé toucher à ce qui m'appartenait.
Qui es-tu ?
- Si jamais je te le disais, ce ne serait plus une surprise pour Kurt.
La Comtesse recula dans un coin très sombre, et la porte s'ouvrit de nouveau sur deux hommes armés d'épées, ils l'attrapèrent méchamment et l'emmenèrent, Sombre ne quittait plus des yeux l'endroit où s'était cachée la femme.
Il y avait une foule de gens qui l'attendaient, ils avaient l'air en colère ou heureux, c'était leur façon d'exprimer leur haine envers elle.
S'il te plaît, ne pleure plus !
Elle lui obéit. Les hommes armés la firent monter sur un tabouret en bois. Ils lui passèrent la corde autour du cou, Kurt l'entendait prier.
Je t'aime.
Puis elle ne vit plus, la corde l'étouffa.
Géraldine, aide-moi !...


Quinze


Harmony avait 12 ans, elle s'ennuyait lorsque Kurt allait dormir dans sa boîte, il lui interdisait de sortir, mais les autres enfants sortaient, elle les apercevait par la fenêtre. Si seulement Saphir était là, il lui apportait toujours des cadeaux, et ils s'amusaient la journée, il l'emmenait se promener dans les rues de Naples, « les sangs chauds » ne craignaient pas la lumière du soleil, ils n'étaient pas damnés eux et puis il avait toujours de nouveaux jeux.
Kurt dormait dans son cercueil, elle détestait cela, il se regardait dans les miroirs qui polluaient les murs de la chambre sans jamais s'y refléter, c'était trop de souffrance. Elle détestait ça, se mettre devant la fenêtre, mais être toujours éloigné de la lumière du jour, il n'était plus humain, il fallait bien qu'il l'accepte.
Harmony de toutes ses forces poussa le cercueil, c'était vraiment dur, mais elle essaya jusqu'à ce qu'il bouge et qu'il glisse formidablement sur le parquet, et se retrouve complètement exposé aux rayons du soleil.
Harmony entendit les gémissements de Kurt, ça fumait, et bientôt il hurla. Elle avait peur.
Kurt hurla et sortit de son cercueil, pour aller se réfugier dans un coin non exposé, il était couvert de plaques rouges, les larmes aux yeux, il regardait Harmony qui sanglotait.
- Je m'excuse !
Kurt se calma.
- Je dois être très laid maintenant, souffla-t-il.
Harmony tira tous les rideaux noirs avant de se précipiter vers lui pour se réfugier dans ses bras.
- Ma douce, tu me fais du mal, si tu veux me tuer, il faut seulement me haïr, dit-il.
- Pardon !
Elle l'embrassa, il la repoussa.
- Tu t'ennuies autant ?, demanda-t-il.
- Oui.
Elle recommença à l'embrasser.
- Jamais, aucun humain ne posera la main sur moi, ce ne sont que des illusions. Ce sera toi mon mari.
Kurt se mit à rire.
- Tu es trop jeune pour ça.
- Non.
Elle s'accrocha à lui.
- Non, je ne suis pas trop jeune.
- C'est Saphir qui te met toutes ces idées dans la tête.
Elle ne répondit pas, elle attendait qu'il réagisse.
- Tu manques de me tuer parce que je refusais de jouer avec toi et tu...
- Joue avec moi amour...
Elle se serra contre lui, et malgré les brûlures sur tout son corps, elle aima sentir sa peau contre la sienne.


Seize


Kurt errait dans la forêt, à la recherche de Stlana.
- Si tu n'arrêtes pas de me suivre, tu dois au moins me laisser te tuer, gronda-t-il en se tournant tout à coup vers une jeune femme.
Elle n'était pas humaine, sa peau était translucide, plus encore que les vampires, on voyait quelques veines sous sa fine chair, ses yeux bien trop blancs, ses lèvres étaient violacées comme les mortes, ce n'était pas non plus un vampire, elle émanait une odeur, c'était bon, ça sentait l'églantine.
- Arrêtez de me suivre, toi et ton compagnon !, ordonna Kurt.
- Nous sommes là pour t'aider, répondit-elle de sa voix douce.
Kurt réprima un sourire.
- Douce Émilie, tu ne devrais pas essayer de m'aider, toi et Damien ne savez pas être humain.
- Tu ne l'es plus toi-même et tu essaies pourtant de leur ressembler de nouveau, ce qui te diffère de nous, c'est que nous vivons de nuit et de jour, voudrais-tu que je te rappelle ce qu'est le soleil ?
Son visage s'assombrit d'un coup par la tristesse.
- Si tu veux être humaine, il faut que tu apprennes à ne pas faire du mal au gens qui t'entourent....
- Et que j'aime...
Damien s'approcha doucement.
- Crois-nous, mon ami, nous t'aimons beaucoup, que cherches-tu ? Nous pouvons te venir en aide, pour toi ce sera sans dette, dit-il.
Kurt les observa tous les deux. Damien Éternelle venait d'Écosse, il était né immortel et les gens de son village le considéraient comme un Dieu vivant. Émilie Da Lucia était la fille d'un mortel et d'une sibylle, née en Italie et achetée comme esclave par les sorcières les plus généreuses, elle et lui s'étaient rencontrés pendant un voyage en Angleterre, Damien était tombé amoureux, il trucida son maître, la libéra pour l'emmener avec lui et depuis ce temps, les gens les craignaient ou les adoraient, mais toujours par peur, leur obsession commune était de posséder les mêmes émotions que les êtres humains.
- Je recherche une femme, commença Kurt, on me l'a enlevée, et je veux confondre le coupable.
- La jeune femme dont tu parles, je l'ai vue dans mes rêves, elle est en grand danger, cette autre femme la retient prisonnière, pour lui voler son sang, répondit Émilie.
- Un vampire ! La Comtesse ?
- Non ! répondit Damien, Érzsébeth Bathory très cher, elle occupe le château qui s'élève au loin, sombre et hideux comme la maîtresse des lieux, cette sotte s'est mise dans la tête que le sang de jeunes vierges pouvait lui rendre sa jeunesse. Elle boit leur sang et se pâme dedans, corps et âme.
- C'est un être humain !, s'exclama Kurt.
- Oui, ce qui donne à réfléchir sur leur nature, nous ne voulons pas être à leur image s'ils ressemblent à des monstres.
- Je vais lui rendre visite...
- Ce serait malvenu, il est tard !, conseilla Damien.
- Stlana n'est pas immaculée, elle ne peut donc pas lui être utile, intervint Kurt.
- Stlana a offert son innocence à un vampire, un être puissant, elle est beaucoup plus utile que les autres vierges, répliqua Émilie.
- Je veux me rendre près d'elle, s'entêta Kurt.
- Tu es faible, cela va faire maintenant plusieurs jours que tu ne t'es pas abreuvé de sang, tu seras bien tenté si tu te rends là bas, dit-elle.
- Je n'ai pas besoin de vous, fit-il en se dirigeant vers le château.
- Quel nigaud !, soupira Damien en le voyant s'éloigner, tu iras voir cette jeune fille pour qu'elle ne se sente pas très seule jusqu'à son arrivée, je vais essayer de prévoir une émeute au village.
Émilie acquiesça, elle suivit les traces de Kurt avant de disparaître dans un nuage de brouillard.

Stlana avait très mal, elle était attachée par de grosses chaînes, on lui avait mit des fers aux poignets et aux pieds. L'intérieur de ces veines avait été tailladé par une vieille femme immonde, le sang ne débordait plus comme tout à l'heure, il séchait lentement. Émilie lui apparut.
- Ton aimé vient te trouver, dit-elle.
Stlana lui sourit, son espoir lui revenait.
- Il a l'air très fatigué, ici, l'odeur du sang règne en maître, Kurt est faible, il ne résistera pas, il risque même de devenir mauvais, et cela, personne ne le souhaite, continua Émilie.
- Libère-moi alors, ainsi, il n'aura aucun besoin de s'aventurer ici.
- Il se trouve déjà à l'intérieur du château, j'ai pensé à quelque chose, et cela pourrait lui venir en aide, mais je ne sais pas si cette idée est une atrocité ou si c'est un bon plan. Es-tu prête à l'aider ?
Stlana acquiesça.

Kurt entra dans la sixième salle du château, la mort était ancrée dans chaque parcelle de cet endroit, l'odeur du sang s'élevait comme une douce agonie, mais Kurt essayait de se contenir, il voulait oublier sa faim. Puis il trouva enfin la femme, la Comtesse, elle était plongée dans un bain de sang, et le considéra avec étonnement, une vieille femme, très petite et apparemment bossue se tenait près d'elle, une serviette à la main. La Comtesse lui sourit bientôt.
- C'est le vampire ?, demanda-t-elle à sa servante.
- Oui, Madame.
- Venez donc me rejoindre, c'est plus qu'il n'en faut pour vous et moi, fit la Comtesse en s'adressant à Kurt.
Une autre femme plus grande, mais aussi laide que la servante bossue fit éruption dans la salle avec un seau remplit de sang. Elle le vida dans le petit bassin où se trouvait la Comtesse.
- Vous êtes aussi mauvaise que celle qui m'a engendré, fit Kurt, je suis... Je suis venu récupérer ce que vous m'avez enlevé.
- Justement, Madame la comtesse Rawskassie Anastass m'a fait cadeau de cette chose impure, qui devait être une de mes victimes et non la vôtre, révéla la Comtesse, elle m'a garanti une jeunesse éternelle, si je m'abreuvais d'elle.
Il manquait de discernement, l'odeur du sang lui faisait tourner la tête, il s'approcha du bassin.
- Vous et moi sommes identiques, souffla la Comtesse, abreuve-toi du sang chaud et délectable de ces vierges, il y a tant de beauté sur cette terre, tant de sang pur, tu peux te servir.
- Ne bois pas !, ordonna Émilie qui tenait fermement Stlana pour qu'elle ne tombe pas.
Kurt se reprit, il s'éloigna du bain sous le visage contrarié de la comtesse.
- Vous allez vous enlaidir à force de faire la grimace, lui dit Émilie.
Stlana se laissa glisser sur le mur. Kurt s'empressa de venir la soutenir.
- Cela ne sert à rien Kurt, je vais rendre l'âme, dit-elle.
- Je t'offre mon sang, tu ne rejoindras pas la rive des morts.
La Comtesse voulait se lever de son bain, son corps était rouge écarlate, les gouttes perlaient comme des diamants sur sa peau pour retomber lourdement dans le bain.
- Pourquoi ne pas les arrêter ?, hurla-t-elle en s'adressant à ses servantes.
- Il y a la femme sibylle, maîtresse, répondit la plus petite.
Émilie leur tenait tête. Stlana repoussa le bras de Kurt.
- Je te chéris plus que tout, mais pour rien au monde, je ne veux devenir comme toi. Je suis mourante, c'est à toi de m'achever, la morsure d'un vampire est paraît-il, si douce. Achève-moi !
Stlana ferma les paupières, Kurt enfouit sa tête au creux de son cou sans autre jugement, la faim s'éprit de lui, et il enfonça ses crocs dans sa chair, à la recherche de sa veine jugulaire.

Nicolas s'arrêta, il se redressa lentement. Il se trouvait dans un cercueil, le goût du sang sur la langue, il était nu.
Nicolas écarquilla bientôt les yeux, Laure était sous lui, elle le regardait avec tout autant d'étonnement.
- Mais...
Le fond du cercueil céda, Nicolas crachait du sang, son ventre était rouge, Laure se serra contre lui.
- Pardon Rob !
Ils tombèrent de la falaise.

Nicolas s'assit dans un coin de la maison, complètement secoué.
- Nico ! Laisse moi appeler l'hôpital, priait son frère.
- Je t'en prie ! Non, non.
- Je t'en prie ?... Nico, t'es malade?...
Ses yeux restaient désespéramment accrochés au plafond.


Dix-Sept


Harmony avait une voix très douce, elle s'obstinait à chanter si fort lorsque Kurt se reposait, qu'il avait décidé à la fin de l'emmener à l'Opéra. Il l'avait habillée comme il le fallait. Mais elle avait toujours l'air d'avoir 15 ans.
- Connais-tu l'Opéra de Mozart, ma douce ?
- Oui.
- Alors, je te souhaite bonne chance.
Il l'avait emmenée quelque part, lui commandant de bien fermer les yeux.
Le rideau s'était levé, et Harmony avait ouvert les yeux complètement pétrifiée, elle se trouvait sur la scène devant tous ces gens, un très grand nombre de spectateurs. Même les autres comédiens ne savaient pas ce qu'elle faisait là.
Elle entendit l'orchestre débuter la première symphonie.
Fie-toi à moi, regarde-moi, et chante !
Elle posa les yeux sur lui, elle allait le tuer plus tard, pour ce qu'il venait de lui faire. Mais c'était totalement impossible de lui en vouloir, Saphir était assis à ses côtés et ils avaient l'air de vouloir qu'elle réussisse.
Harmony ouvrit la bouche, sa voix alla se résonner dans tout l'amphithéâtre, elle était si jeune et si fine que l'on avait peur qu'elle tombe raide morte, cette voix était trop puissante pour pouvoir appartenir à une si jeune et frêle personne.
C'est comme ça qu'elle était devenue cantatrice, l'une des plus jeunes, la fierté de son pays.
Elle était partie à Paris sans Kurt parce qu'il n'aurait pas supporté un voyage comme celui ci, il y avait trop de monde, ils auraient tout de suite remarqué quelque chose. Mais Harmony s'ennuya vite à Paris, elle était revenue bien vite pour lui.
- J'ai rencontré Nicole Berry, une des plus grandes chanteuses d'Opéra qu'il puisse y avoir dans toute la France, elle me ressemble tellement, si tu savais, raconta-t-elle à Kurt, elle aussi lorsqu'elle chante, c'est pour l'homme qu'elle aime, moi, je chante pour toi Kurt.
- Ce n'est pas pour Saphir ?
- Saphir aussi, chante pour toi, avait-elle répondu la joue dans le creux de sa main.
Et puis un jour, en rentrant chez elle, seule dans son carrosse, quelqu'un était entré dans la diligence.
- Veuillez descendre !, hurla-t-elle en se tenant le ventre en proie à une terrible douleur.
La Comtesse s'était dévoilée.
- Qui êtes vous ?, demanda Harmony.
- Tu as très mal, c'est si exceptionnel, ce grand jour est enfin arrivé, je vais avoir un fils.
Harmony avait levé les yeux sur elle, très surprise.
- Tu portes un enfant, celui de Kurt.
- Aidez-moi !, s'étrangla t-elle.
- Cependant, je ne veux pas que tu sois là pour cet enfant, ce sera le mien.
La Comtesse lui écarta les jambes.
- Arrêtez ! Arrêtez !, hurla Harmony horrifiée.
Le cocher s'arrêta. Il descendit et alla s'enquérir auprès de la jeune fille.
Son ventre était bien rond, elle essayait de pousser. Elle avait du sang qui lui jaillissait d'entre les cuisses, et du sang sur les mains.
- Mon Dieu ! Mademoiselle !
- Aidez-moi !, souffla t-elle, Mon enfant... Aidez-moi !...
Elle avait accouché dans la diligence, mais elle était morte sans avoir vu son fils ni Kurt.

Kei

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