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Le Monde des Ténèbres - Rencontres : 01 - Ombres

Voici la première partie d'un petit cadeau spécialement préparé pour TSD, permettez moi de vous exposer la façon dont je comptes le présenter.

D'abord, en amuse-bouche, quelques petits textes qui vous feront comprendre de quoi il retourne. Ensuite, en hors-d'oeuvre, une fiche de personnage. Puis, le plat de résistance qui est encore en cuisine et dont je ne me permettrais de parler qu'au moment où vous pourrez sentir son fumet. Et pour finir le repas, un dessert interactif, uniquement pour les membres de TSD.

Voici donc la première partie de l'apéritif.

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Milla regardait par la fenêtre de sa chambre. Elle n'aimait pas voir la lune monter dans le ciel nocturne sans être au coeur de l'action. Mais cette fois-ci, elle n'avait pas le choix. Elle tira la lunette de visée de son étui et fixa le parvis devant elle. Rien ne bougea. Ils étaient en retard. Elle souffla la fumée de sa cigarette vers la fenêtre. Le nuage blanc ne calma pas son impatience. Pour la énième fois, elle vérifia le chargeur de son fusil Enfield n°6, une arme de précision dont elle ne montait jamais la lunette. Elle était prête, il lui manquait juste la cible.
Dehors les ombres s'étiraient sur le parvis de la cathédrale gothique. Il était presque minuit. Une voiture progressa jusqu'au milieu de la place puis s'immobilisa. Le conducteur, caché derrière des vitres fumées, coupa les phares et attendit.
Une personne, une chose plutôt, sortit de l'Eglise et se dirigea d'un pas étrangement chaloupé vers la voiture. Son corps semblait tordu, mal proportionné, sous une longue cape qui faisait penser aux anciens moines de l'Age Sombre.
De son perchoir, Milla vit que le conducteur ouvrait la fenêtre. Son commanditaire lui avait dit que cela arriverait ainsi. Elle l'avait pris au mot. L'argent qui allait arriver sur son compte était plus important que le sang qu'elle allait verser ce soir. Elle épaula sans prendre le temps de mettre la lunette en place. Comme à chaque fois qu'elle faisait ces choses atroces, il y avait une partie de son âme qui y prenait plaisir. La bête furieuse remontait lentement pour faire vibrer tout son être. Elle détestait cela mais c'était ainsi. La bête avait des avantages non négligeables. Elle voyait comme en plein jour maintenant et surtout elle percevait parfaitement sa cible : l'homme en costume gris qui se trouvait dans la voiture à la place du passager et ce, à travers les vitres fumées.
Elle prit une inspiration et tira une première fois. L'arme émit un claquement sourd, le pare-brise explosa et la tête qui se trouvait derrière aussi. La balle incendiaire que son commanditaire lui avait fournie fit son office et le siège ainsi que le cadavre prirent feu en un éclair de phosphore. Le passager sortit de la voiture comme un démon de sa boite. C'est là qu'elle comprit que quelque chose clochait dans le tableau. Le cri quil poussa n'était pas humain.
Elle mit prestement le fusil dans un sac qui se trouvait près d'elle et le plaça sur son dos. Elle prit appui sur le rebord de la fenêtre pour attraper la gouttière au dessus d'elle et en un salto parfaitement exécuté, elle se retrouva sur le toit. Elle se mit à courir. Elle se dit intérieurement qu'elle ne prendrait plus de mission sans savoir parfaitement à qui elle s'attaquait. Elle se sentit sotte. Son travail était aussi de tout savoir, mais cet homme avait tellement de charisme, elle n'avait rien pu lui refuser. Elle avait même accepté une mission sous-payée.
En fait, en y réfléchissant, toute cette histoire semblait étrange. Elle se concentra sur le chemin qu'elle prenait sur les toits et laissa de côté ses états d'âme. Elle eut juste le temps de sauter sur un autre toit avant de voir la silhouette qui la suivait. Trop rapide, l'homme en costume sur mesure aux chaussures parfaitement cirées la suivait à une allure qui ne semblait pas naturelle. Il feulait comme un félin. Il lui fallut à peine une seconde pour réfléchir à la situation. Il était trop rapide pour qu'elle ait une chance de s'enfuir. Alors elle allait combattre.
Elle fit face, en position de combat. L'homme arriva à portée mais, au lieu de prendre la mesure de son adversaire, il lui sauta dessus comme une bête enragée. C'est là qu'elle vit ses yeux, rouges comme le sang et lumineux, ses dents, longues comme des crocs et ses ongles, longs comme des griffes de tigre. Il bougeait à une vitesse surhumaine. La conscience perdit le dessus, elle laissa l'instinct prendre le contrôle. Sa main frappa la chose humaine à la carotide après avoir esquivé sa première attaque avec facilité. L'être ne sembla pas particulièrement désemparé, ni même affecté.
L'homme bougea un peu trop vite et, d'un formidable coup de pied retourné, elle l'envoya rouler près du bord du toit. Il évita la chute en plantant ses griffes dans l'ardoise, les enfonçant profondément comme dans de la terre meuble. Elle frissonna, si ces armes plus ou moins naturelles devaient trouver sa chair, elle ne résisterait certainement pas aussi bien que son adversaire. La peur s'insinua en elle. La chose pivota sur elle-même pour lui faire face à nouveau. A quatre pattes sur l'ardoise l'homme semblait attendre un mouvement comme un animal, feulant, Les yeux brûlant d'une lueur surnaturelle.
Le deuxième assaut fût plus rude. D'un bond extraordinaire, l'homme se retrouva au contact et la frappa une seule fois, avec une force monstrueuse. Elle vola littéralement sur plusieurs mètres atterrissant douloureusement sur le milieu du toit. Son esprit se brisa et le peu de contrôle qui lui restait sur l'instinct disparut. Elle sentit au plus profond de son âme la bête jouir au moment où son propre pouvoir surnaturel se déclencha. Ses maîtres appelaient cela « des cendres aux cendres ». Aucun humain n'avait jamais survécut à cette technique.
L'homme se figea, immobile dans la position d'un prédateur qui prépare son attaque. Elle tomba à genou. La bête venait de lâcher son âme pour retourner se cacher au plus profond d'elle-même, repu de souffrance. Elle se prit à prier que la technique tant redouter eut marché au mieux. Elle remarqua finalement que l'homme-bête partait en petit morceau grisâtre. C'était donc cela « des cendres aux cendres », il avait été brûlé de l'intérieur ?

« Intéressant... » fit une voix craquante et sifflante derrière elle.

Milla se retourna lentement, faisant l'inventaire des forces qui lui restaient. Et l'inventaire était maigre. Bien trop maigre pour lui permettre d'affronter un enfant.

« Je pensais que votre race était une légende, mais visiblement ce n'est pas le cas. » continua la voix dérangeante.

Devant elle se trouvait la forme abjecte encapuchonnée qu'elle avait vue près de la voiture.

« Faisons les choses dans les règles, Je suis Léodisius, ancien du clan Nosferatu, vampire de mon état. » dit la chose en retirant sa capuche et en s'inclinant, chose dont Milla se serait bien passé.

L'être était encore pire que sa forme pouvait le faire penser. Son crâne, complètement chauve, était couvert de veines bleuâtres qui saillaient et pulsaient au rythme de son coeur. Son visage était difforme. Son nez semblait être un trou béant d'où saillait un morceau d'os à peine recouvert d'une peau verdâtre. Son visage portait les stigmates du feu, crevassé par endroit de longues balafres. Elle se retint de vomir.

« Je sais... » continua-t-il « Vous n'avez plus la force de m'affronter. Je vais donc passer un pacte avec vous. »

Il laissa un moment de silence de façon à ce qu'elle intègre sa proposition après le choc de son visage.

« Je vous laisse le reste de la nuit pour me raconter ce que vous savez sur votre race et je vous laisse en vie à condition que vous quittiez la ville au plus vite. Dans le cas contraire, je me verrais dans l'obligation de vous tuer et de goûter votre sang pour avoir les renseignements que je veux. »

Elle ne put qu'acquiescer.
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A suivre...

Nehwon

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