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Nels : Histoire d'un mage sans passé : Chapitre 36

Les bruits ne cessaient pas, mais personne n'osait vraiment approcher le maître. Il était, après tout, le Grand Maître le plus ancien. Pour ce qui était de sa puissance, les quelques secondes qu'il mit à déclencher son aura purent convaincre tout le monde. Naëria n'avait pas du tout réagi, mais je savais bien qu'elle ne pouvait qu'être troublée de voir un homme aussi calme perdre contenance à cause du trône.

Maintenant que les lueurs de nos auras n'étaient plus, que nos yeux avaient laissé couler des larmes, il me fallait néanmoins une explication. Qu'avais-je ressenti à ce moment-là ? Quelle était cette douleur qui avait étreint les tréfonds de mon âme ? Je ne pouvais tout de même pas interroger Basaïn à ce moment si terrible. Il sortit de sa torpeur avant que mes interrogations ne se soient estompées.

- Moi qui t'ai si souvent tancé pour ton impertinence, ta fougue non maîtrisée?
- Peu importe. Je ne suis pas non plus un modèle de calme.
- Les raisons qui nous ont poussés à agir ainsi sont bien plus fortes que?
- Pourquoi dites-vous "nous" ? Et où sommes-nous actuellement ? Qu'est-ce que ce trône ?

Mes questions étaient légitimes. Je lui montrai la pièce d'un geste de la main.

- Nels, tu n'as pas à le savoir. Ceci est un sujet d'un autre âge.
- Je n'ai pas à savoir trop de choses, vous savez. Cependant, la légère irritation que je ressens encore à mes yeux et les larmes que j'ai versées sont des arguments que, cette fois-ci, vous aurez du mal à contester?
- Tu sais bien ce que tu as dans la nuque, n'est-ce pas ? Les sceaux que j'y ai posés.

Il se tourna vers moi d'un air très autoritaire, me faisant penser quelque peu à la pose de la tapisserie.

- J'ai posé ces sceaux pour ton bien. Tu vas devoir me croire?
- Sinon j'aurai le droit à de nouveaux sceaux ?
- Ne me fais pas dire ce que je n'ai jamais envisagé. Crois-moi, je t'assure que ça vaut mieux.
- Je vois ça?
- Ces sceaux sont un lien entre nous. Depuis, nos esprits ont été aussi en contact étroit?
- A travers cette distorsion ? Je me disais bien qu'une telle distorsion spatiale n'était possible qu'en modifiant la perception.
- Voilà, tu sais tout. Tu as réagi similairement à moi simplement parce que nos esprits ont été mis en contact à un moment donné.
- Voilà? C'est bien simple comme réponse. Je vais l'accepter à une condition?
- Laquelle ?

Il s'agissait de quelque chose à laquelle j'avais pensé depuis un certain temps déjà. Bien évidemment, si je revenais des prochaines batailles, ma route repasserait par le Mithland. Je commençais de connaître la ville, j'y ai travaillé, vécu. J'y ai des liens aussi. Or, quelque chose manquait au tableau.

- Ces batailles seront bientôt finies, n'est-ce pas Basaïn ? Une fois que j'en aurai fini avec le Sombre, aux côtés des Grands Maîtres, je veux que vous m'ameniez chez moi?
- Chez toi ?
- Là où vous avez pris quelqu'un, qui avait un passé, un corps qui était sans doute en mauvais état, et que vous avez amené jusqu'à l'Académie. Celui à qui vous avez posé des sceaux mémoriels, et duquel vous avez fait régénérer le corps.
- Quel intérêt sachant que tu as un chez toi qui t'attend ??
- Avant d'arriver, je dois partir. Accédez à ma demande et j'accéderai à la vôtre.

Il me fit face de nouveau. Je le voyais souvent vouté, il paraissait légèrement plus petit que moi. En se tenant droit, nous faisons la même taille et il me regardait exactement dans les yeux :
- Je vois. Tu me le demandes comme tu as toujours demandé les choses après tout?

Il tourna autour du trône, puis me montra une porte derrière celui-ci. Il me dit alors :
- Il y a un escalier qui mène à des appartements d'ici. Ce ne doit pas être les moins confortables si tout est encore en place. Monte l'escalier et prends les premiers appartements de gauche. Ce seront les tiens le temps que tu resteras ici. Je serai dans ceux en face, mais je te demande humblement de me laisser cette nuit sauf urgence?

Je ne savais pas quoi répondre, vu qu'il semblait éluder ma question. Il fit un hochement de la tête qui ne me laissa aucun doute : ma demande avait été acceptée. Je me surpris moi-même à en être totalement ravi. En ayant parcouru les mers et les terres, je m'étais souvent bien senti au bord d'un océan et cela ne me faisait aucun doute que je venais d'un village encaissé entre les monts et les eaux. Que ma maison était au sommet d'une colline, d'où l'on entendait la mer. Que les jours de tempête on sentait l'odeur des vagues qui se brisent au loin.
Enfin, je pourrais montrer une partie de moi à quelqu'un. Près du Royaume des Hauteurs, là où les plaines agricoles de l'Inca s'étendent, je voyais exactement ce que je désirais. Une sorte de vallée du paradis, d'où l'on voyait la mer et où les vignes poussent?

J'entendis des bruits de pas qui venaient de l'escalier. Je me suis décidé de voir de qui il s'agissait. Le bruit des pas était trop léger pour que je ne sache pas de qui il s'agissait.

- Tu as eu peur Naëria ?
- Comment sais-tu que c'est moi ?
- Toi seule dans le camp royal de Lelanide pourrait survivre à ce qui a été déployé par Basaïn? De plus, le bruit de ta respiration quand tu es nerveuse est parfaitement perceptible par le mage du Vert que tu m'as aidé à devenir.
- Dans ce cas, tu aurais pu prévenir Basaïn que j'étais là, pourtant tu ne l'as pas fait. J'ai apprécié ta participation à son feu d'artifice, avec tes cinq couleurs, ça a complété la lumière de la magie et?
- Je parie que tu n'es pas venue pour me parler de la lumière qu'émet ce trône, n'est-ce pas ?
- Je suis inquiète. J'en ai assez. Je suis fatiguée de devoir servir de tampon entre les mages de l'Académie et mon époux.
- Je suis fort peu compatissant en cette matière. Tu te sens fatiguée ?

Je m'étais approché d'elle.

- Je ne peux plus rien faire pour toi à ce niveau de compétences. N'oublie pas que je suis fort attaché à l'éthique de notre Académie?
- Que penses-tu que je pense ?
- Je ne tuerai pas Lemba.

Elle s'éloigna quelque peu.

- Tes capacités mentales sont fort développées pour que?
- Je ne lis pas dans ton esprit, je ne te connais que trop bien.
- Je vois, ton esprit n'est pas aussi compatible avec le mien qu'il ne l'est avec Basaïn?
- Pourquoi me poses-tu cette question ?
- Tu le sais bien. Malgré le fait que vous ayez été en stase ou malgré les sceaux?
- Tu étais au courant?
- Je savais qu'on avait effacé ta mémoire, mais je ne pensais pas à ça. Je voulais connaître la personne que tu étais devenu. Je voulais que l'on passe plus de moments comme à Mithland, avant que?
- C'est facile d'évoquer de vieilles mémoires.
- Ce n'est cependant pas le point sur lequel je voulais insister. Ce que je voulais te dire c'est que vos esprits doivent être excessivement compatibles pour qu'une liaison psychique se soit formée. Et encore, le fait que tu aies pleuré?
- Décidemment tu espionnes beaucoup trop, je crois.
- Je suis sérieuse. Basaïn a menti aux autres membres de l'Académie. Il a toujours défendu les mesures d'éthique afin que l'on n'utilise pas la magie de façon inconsidérée. Je?
- Laisse-moi simplement le plaisir de découvrir mon passé.
- J'aurais bien un arrangement à passer pour mon secret?

Cela faisait un moment que je sentais qu'elle comptait jouer avec mes nerfs. Je me dirigeai ostensiblement vers l'arrière du trône et elle semblait vouloir me suivre. Je me retournai et sautai d'un coup sur Naëria qui ne comprit pas de suite, mais qui m'entoura le cou de ses bras tandis que je refis un nouveau bond.

-Ne te méprends pas sur mes intentions, reine de Lelanide, observe juste ce qui nous entoure?

Elle ne sentit pas le déplacement rapide d'une masse de mana Noir. La nuit était tombée avec toutes ces discussions et les ombres l'aidaient. De plus, je ne risquais pas de le toucher avec une arme conventionnelle.

- Naëria, tu sais ce que c'est ?
- Non?

Basaïn apparut derrière le trône, il s'était lui-même déplacé excessivement vite et me cria :

-Des tueurs Dauthis sont sur nous? Ils ont dû sentir nos auras tout à l'heure et sont sans doute là pour nous éliminer.

Je me décidai d'agir tandis que je sentis deux ombres se glisser derrière moi. Je lançai littéralement Naëria vers Basaïn.

- Protégez-vous?
-
Il eut à peine le temps de lancer un cercle de protection Blanc, destiné à contrer le Noir. Naëria avec un certain brio avait aussi lancé un sort de protection Vert. Elle ne s'attendait certainement pas à se trouver englobée dans un cercle Noir. Les Dauthis essayèrent de me toucher, la matérialisation ponctuelle de leurs lames leur permettait d'assassiner généralement sans bruit. Mon bras droit m'indiqua que l'un d'entre eux avait atteint sa cible. J'eus l'idée de crier fortement : ils étaient trois et venaient vers moi.

- Sort de Peste !

Les lignes de vie s'immobilisèrent très rapidement. Basaïn à travers sa stase m'avait fait observer comment créer des distorsions, mais aussi à atteindre à travers une attaque une dimension parallèle. J'avais tué avec mon attaque à travers toutes les dimensions. Le sort de Peste déclencha la maladie du même nom en eux, de façon aggravée et beaucoup plus rapide. Je coupai le cercle Noir et on y vit plus clair.

- Vous allez bien ?, m'inquiétai je tout de même.
- Pour ma part je vais bien, me rassura la voix de Basaïn qui semblait avoir tout à fait repris son calme.
- Pareil pour moi, je crois?
- Retourne auprès de ton mari Naëria. Il risque de s'inquiéter.
- Messieurs, rassurez-vous il a l'habitude de ne pas me sentir à ses côtés dans la nuit?

Elle sembla faire une courte révérence, tourna les talons, mais Basaïn ne sembla pas vouloir la laisser en paix pour le moment :

- Si je suis certain que Nels sait garder un secret, je m'assurerai que dans votre cas ce soit respecté aussi.
- J'essayais de négocier quelque condition agréable avec un ami, Basaïn. En tant que Grand Maître je ne puis pas non plus révéler certains secrets de l'Académie.

J'étais soulagé de la voir s'en aller. Basaïn, lui, semblait de nouveau de mauvaise humeur, mais il s'agissait d'une mauvaise humeur que je lui connaissais déjà plus. Le voir de nouveau ronchonner un peu ne me déplaisait pas :

- Tu ne devrais pas aller à l'encontre de certaines choses et je te voyais déjà la laisser t'accompagner dans les appartements?

Je ne l'écoutais pas beaucoup. J'étais éreinté. J'avais moi-même subi lourdement les effets de mon sort Noir. Basaïn l'avait compris et m'aida à me rendre aux appartements qu'il m'avait indiqués. Il me faudrait encore une fois régénérer quelque peu mon corps, mais je comprenais de mieux en mieux comment je devais faire. Basaïn ouvrit rapidement la porte, puis m'assit sur un fauteuil qui était là. Il utilisa je ne sais quel sort mais j'avais senti un sort qui agissait comme une pellicule protectrice. Il me demanda de faire l'effort de me lever quelques secondes et retira la dite pellicule qui avait agi un peu comme un filtre électromagnétique. Fallait être réellement tordu pour prévoir un sort qui servirait bêtement à ce que la poussière n'empêche pas d'utiliser la pièce? Je le signalai à Basaïn.

- Le connaissant, le concepteur de ce sort serait peu étonné que tu le dises. Il le pensait lui-même, mais il appréciait de pouvoir venir ici sans forcément que l'on doive apprêter longuement ses appartements.
- Si vous le connaissiez vous en étiez proches?
- Tu m'as promis de ne pas poser trop de questions. Profite du fait que tu puisses dormir dans un endroit confortable. Ca risque de ne pas forcément durer.

J'avais annulé quasiment tous les effets du sort Noir sur moi-même, mais j'avais réussi à encore plus me fatiguer. Basaïn me guida à travers une première pièce, puis j'aperçus un lit. Je m'y allongeai et ne mis que quelques secondes à m'endormir.

Je me réveillai assez vaseux. Les douleurs avaient disparu, mais j'avais encore des courbatures. Basaïn entra dès que je fus réveillé. Chose étrange, sa présence ne me gênait jamais. Il était souriant et avait des nouvelles à son air impatient.

- Ils vont bientôt arriver en fait?
- C'est-à-dire?
-J'ai communiqué notre position à nos représentants auprès des grands Royaumes et il avait été convenu que nous nous rejoignions un peu plus au Nord. Cependant, nous pouvons rester ici encore quelque peu.
- On va nous reprocher d'avoir pressé le Roi Lemba maintenant?
- J'ai demandé à ceux qui s'occupent de la logistique de monter ici maintenant. Visite un peu tes quartiers, tu verras que c'est très confortable.

J'avais dormi tout habillé en me roulant dans une couverture. Je vis qu'en fait de chambre, j'étais dans une sorte de suite. Il y avait une bibliothèque de travail dans l'une des pièces, avec un bureau et une multitude de rouleaux. Ils semblaient classés, mais je n'y prêtais que peu attention : les serviteurs de l'Académie allaient et venaient tandis que je visitais. Une autre des pièces semblait être destinée aux bains et à la toilette vu qu'une grande baignoire s'y trouvait. D'ailleurs de l'eau chaude y avait été préparée. Basaïn qui donnait quelques indications sur la manière d'apprêter les chambres m'encouragea à prendre un bon bain, me disant que les autres n'arriveraient que dans deux jours et qu'il fallait que je me repose le plus possible.

Un plateau contenant mon petit déjeuner me fut apporté au moment où je me plongeai dans mon bain. L'effet combiné de la fatigue, de ma blessure au bras que j'avais à peine guérie et du voyage me firent m'endormir de nouveau, plongé dans l'eau chaude. On avait veillé à laisser dans l'eau des plantes qui allaient me détendre.
Un couloir sombre et obscur, et au fond de ce couloir, une voix qui en ce lieu, paraît irréelle. Qui aurait imaginé que sous le palais lumineux de l'Urbs se situaient ces sombres catacombes, qui semblaient contenir mille secrets. Trois hommes étaient descendus, bardés de leurs tenues de combat. Le Roi avait tenu à emmener ses deux enfants vers ce qui était selon ses dires le secret le plus lourd des héritiers de la Lignée. Le Second avait rechigné mais accepté les ordres de son Roi. Le prince Lupus quand à lui avait encore moins le choix vu qu'il avait été décidé qu'il prendrait bientôt de plus en plus de place au sein des instances dirigeantes.

- Mes fils, que savez-vous de Nevinyrral ?
- A part le fait qu'il a créé la Tour d'Ivoire sur l'Ile qui est tout au Sud du continent, pas grand-chose père? répondit Lupus
- Il est le premier à avoir utilisé puis théorisé le Noir, ajouta le Second.

Le Roi savait bien que son fils aux cheveux noirs savait énormément de choses sur le Noir. Magnus s'était toujours interdit depuis qu'il était Magnus de trop se plonger dans une des couleurs qu'il maîtrisait le mieux, mais qu'il craignait le plus. Il fallait néanmoins qu'il explique qui était Nevinyrral.
Nevinyrral était considéré par les mages, même les plus puissants, comme une légende créée de toutes pièces par la Lignée. Pour les historiens, Nevinyrral ne pouvait être qu'une sorte d'agglomération de récits concernant des mages différents. Or, le Roi indiqua à ses enfants que ce mage avait bel et bien existé. Au moment où la Terre était dans le chaos, les hommes forts risquaient de s'entretuer. Or, certaines familles maîtrisaient parfaitement les quatre formes de mana présentes à l'époque : Bleu, Blanc, Rouge et Vert. Nevinyrral était un chef de clan qui s'était rendu compte à un moment que la décomposition de la matière lui apportait de l'énergie. Il serait resté des semaines près d'un marécage sans se soucier de l'odeur de décomposition des végétaux pour observer les sources de mana. Il se lia d'amitié avec un jeune prince des environs qu'il prit sous son aile. La Lignée a été formée quand ce jeune homme se maria avec une jeune princesse d'un royaume voisin. Ce couple développa une cité qu'ils voulaient magnifique, l'Urbs. Nevinyrral, mage et roi, prêta allégeance au couple royal. Le jeune Roi se nommait Magnus, car son père avait l'ambition qu'il soit le plus grand. Cela ne tarda pas : en quelques générations et généralement sans coup férir, la Lignée s'était imposée comme une évidence.
Nevinyrral avait fait plus que d'asseoir le couple fondateur de la Lignée. Une fois qu'il fit allégeance au jeune Roi, il le forma au nouveau mana qu'il avait appris de maîtriser.

- Est-ce que Nevinyrral avait aussi compris la dérive du Noir ?

Le Prince Noir avait tendance à se méfier fortement des Sombres et il avait notamment constaté que ceux qui y cédaient étaient généralement ceux qui arrivaient à peu de résultats en temps normal.

- Il l'avait certainement pressentie, mais nous ne disposons pas forcément de tout son savoir.
- La Tour d'Ivoire a été construite par lui, il devait être excessivement érudit, ajouta Lupus.

Le récit du Roi confirmait ce fait. Le mage avait formé une sorte de groupe d'étude soumis à la volonté du Roi Magnus. Peu à peu, ils voulurent s'éloigner comprenant que leur proximité du pouvoir royal nuisait à leur indépendance. Alors Nevinyrral demanda la possession d'une île au sud du continent, sur laquelle il construirait une forteresse dédiée à la magie. Cependant, il avait aussi prévu un système destiné à préserver le Royaume d'une agression.

Le Roi avait emmené les Princes jusqu'à une pièce souterraine qui était dans l'obscurité la plus totale. D'un geste, il alluma des sortes de torches magiques qui illuminèrent à la fois la pièce et une sorte de portail. Il alla vers le portail devant lequel était posé un lourd codex qui était intitulé « le Disque ».
Le fameux disque recouvrait environ la moitié de la pièce. Il était composé d'une matière sombre et brillante. Les sculptures très précises ainsi que des sortes de pointes qui entouraient ses bords ne laissaient pas de doute : il avait été fabriqué magiquement.

- Mes fils, voici la solution ultime en cas d'assaut. Maintenant vous avez intérêt à m'écouter.

Les deux jeunes hommes avaient parfois l'habitude de moquer quelque peu la solennité de la cour. Ce coup-ci, ils n'auraient pas l'occasion de le faire et ils le sentaient bien.

- Ceci est le disque de Nevinyrral. Ce portail est le seul moyen de fuite que la Lignée ne ce soit jamais accordé. Le disque en soi est un puissant artefact. Les pointes que vous voyez dépasser en sont des parties.

Tendant sa main, il déclencha un sort d'une puissance terrible. Les princes s'entraînaient souvent avec leur père depuis que leur niveau avait augmenté, mais ils furent tout de même surpris de sa capacité d'accumulation. Les pointes surgirent du sol : il s'agissait de colonnes hautes de trois mètres environ, complètement couvertes de gemmes très travaillées.

- Ceci est la forme déployée du disque. A partir de là, soyez prévenus, vous pouvez encore reculer. Activer le disque est une manœuvre désespérée. Il?

Il semblait excessivement troublé par ce qu'il avait à dire à ce moment là. Il savait néanmoins que l'information devait être enfin confiée aux Princes.

- Il détruira toute forme de vie, tout ce qui existe, dans un vaste rayon. S'il est si profondément enterré c'est pour qu'il ne serve que dans le cas ou la Lignée devait disparaître. Trop de secrets sont contenus dans le Palais pour qu'il tombe entre de mauvaises mains. Le portail sert de lien avec une salle de la Tour d'Ivoire. Il faut l'activer pour y accéder?

D'un geste il fit s'abaisser les colonnes de gemmes.

- Un de ces jours, je vous emmènerai visiter l'Ile. Cependant, nous ne pouvons y aller pour le moment, ils tiennent un Grand Conseil.

La remontée dans les escaliers sombres de ces catacombes parut être une éternité pour le jeune Lupus. Il avait peur désormais : si le Royaume venait à céder sous une attaque, la seule solution serait alors une destruction massive que peu avaient imaginée. Andrus semblait quant à lui moins affecté. Il avait après tout passé plus de temps sur les champs de bataille contre les Sombres.

Une fois sortis, Andrus se rendit compte qu'il était attendu. Aurora avait sans doute des choses à lui dire et elle se tenait à la sortie de l'un des couloirs auquel elle savait ne pas avoir accès.

L'eau sur mon visage me réveilla tout à fait. Je vis le malicieux Bardéak continuer de m'asperger d'eau tandis que j'essayais de me couvrir le visage.
- Alors gamin, on fait un somme dans son bain ?
- Bardéak, que faites-vous déjà ici ?
- J'ai su que du Dauthi avait trainé dans le coin. Fallait que je vienne vite pour voir si y en avait pas d'autres.
- Ah ?
- J'ai deux trois trucs à te montrer, mais habille-toi pour ne pas m'en montrer trop?

J'étais assez en forme, et c'était normal parce qu'il n'était pas loin de midi quand je m'extirpai de mon lourd sommeil dans cette baignoire. Des gardes de l'Académie montaient la garde à l'entrée des appartements derrière le trône et ne laissaient que le personnel de l'Académie entrer. Cela me fit du bien de me retrouver en terrain connu avec Bardéak. Je découvris alors que d'autres pièces étaient disponibles et qu'un repas avait été servi. Cela me ferait le plus grand bien.

Nels

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