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Contes Spalliens : Chapitre 16 - Dépités

La troupe rentra lentement, en surveillant ses arrières, vers Knôll. Les portes en acier étaient fermées, mais on les ouvrit bien vite devant les premiers blessés. A vrai dire, c'était plutôt la consternation dans la ville quand on vit le nombre de chevaliers et de prêtres qui avait été mis hors combat, certains définitivement. Quant à la mort d'un baron, c'était assez traumatisant.
Très mauvais pour le moral tout ça, pensa Charles, alors qu'il rentrait dans les derniers, ayant laissé son cheval à un blessé. Il avait récupéré une arme plus à sa taille pour couvrir ce qu'on ne pouvait pas qualifier de retraite, car c'était l'ennemi qui s'était enfuit, mais qui y ressemblait beaucoup.
Alren semblait encore plus dépité que lui, car non seulement lui non plus n'avait pas été d'une grande efficacité, mais sa fierté de Ferior ne le supportait pas. Il aurait au moins dû en blesser un, c'était dans ses capacités, son sort aurait pu les atteindre, d'autres y étaient arrivés. C'était insupportable. Il lui fallait comprendre son échec. Et surtout ne plus jamais le reproduire. Cinq s'en étaient réchappés, il en aurait au moins un !
Charles lui se posait plus des questions quant à l'avenir de la garnison. Elle avait fortement diminué, non pas dans son nombre d'hommes, mais dans ses capacités d'action. Sans les chevaliers, il ne voyait pas comment faire en cas de nouvelle attaque sérieuse. Il existait de nombreux cas où le nombre et le courage des hommes ne servent à rien, il fallait une élite, possédant des capacités hors normes.
La seule solution c'était de faire venir des chevaliers d'autre garnison, en attendant que d'autres soient nommés et formés. Mais si les autres garnisons avaient aussi souffert, ce n'était pas possible. Et beaucoup de prêtres étant morts, il n'y avait que peu de monde pour soigner ou ranimer les blessés.
Là encore il faudra faire venir du monde.
En y repensant, il se disait qu'il avait sous estimé leurs adversaires. Ils n'auraient dû envoyer que l'élite de l'élite, les barons et Arilyire, ils auraient... Non, seuls ils auraient été dépassés ou l'ennemi se serait enfui trop facilement. Il était si rapide, si agile. C'était ça surtout le problème.
Il alla ranger son arme à l'armurerie, avant de rentrer dans ses quartiers. En passant devant les geôles il entendit des hurlements peu humains, ce qui se remarquait d'autant plus que les soldats, bien que d'humeur sombre, restaient plutôt silencieux. Tous ayant à faire.
En se rapprochant, il vit que les cris venaient de la cellule où il avait enfermé l'Ogre. Eric était devant, avec un vieux technicien, spécialiste du psychisme.
«- Et il a commencé quand ?
- Il y a 20 minutes environs. Au début, quand il s'est réveillé, j'ai voulu le réasommer, pour pas qu'il tente de se suicider. Mais il a tout de suite commencer à se lamenter, comme s'il pleurait sa famille ou autres choses.
- Bizarre. Ah ! Chef de patrouille Charles, vous tombez bien. Vous pouvez me rappeler les conditions de sa capture ?
- Vous comptez vraiment continuer à vous occuper de lui alors que la situation est aussi critique ?
- Jeune homme, une situation n'est jamais assez critique pour qu'on en oublie tout le reste. Et puis, je ne vois pas ce que je pourrais faire d'autre en ce moment. De plus, il m'empêche de dormir, les autres aussi d'ailleurs. Alors c'est pour savoir si on le tue de suite ou si on le réassomme pour plus tard.
- Bon,... » et il lui raconta tout en vitesse
«- Intéressant. Mais cela demande plus d'étude. Je vais l'endormir jusqu'à demain. Comme ça tout le monde pourra aller dormir. On en a besoin. Surtout vous. »

Charles ne comprit pas tout de suite la remarque, puis il se souvint que lui et Eric (ainsi qu'Alren) étaient debout depuis bientôt 24 heures, et qu'ils ne s'étaient guère ménagés dans l'intervalle.
«- Tu pourrais même aller faire soigner ta blessure par les infirmiers, elle risque de s'infecter à la longue.
- Quelle blessure ?
- T'es vraiment pas frais ! Tu n'as pas remarqué que tu avais une bonne entaille au flanc gauche. Ce n'est pas bien profond, mais faut quant même s'en occuper.
- Ca doit être quand l'autre méduse a atterri entre Alren et moi pour récupérer l'épée. Elle nous a repoussé pour prendre son envol, mais je n'avais pas remarqué que ça avait été aussi violent.
- Elles étaient aussi terrible que ça ces machines ?
- Pire que tu peux imaginer.
- Hum... Tu avais raison quand tu disais qu'il fallait du monde partout et pas seulement au front. Tu sais si des patrouilles sont prévues pour aller à la recherche des survivants ?
- Tu ne compte quand même pas y aller. Elles te réduiraient en morceau avant que tu n'aies le temps de remarquer leur présence.
- Pas sûr. Et puis il faut bien que quelqu'un y aille. En plus ils ont récupéré une vingtaine de leurs armes. Apparemment, elles sont plutôt facile à manier.
- Ce n'est pas un problème de puissance de feu. Elles sont simplement trop agiles et trop rapides pour que l'on ait le temps de les viser, regarde l'état des chevaliers si tu veux une preuve.
- Alors qui ira ? Tu sais que beaucoup d'autres se sont infiltré vers le nord, on parle de près d'une centaine.
- Je ne sais pas, ça dépend de la manière dont elles vont nous attaquer. Avec de la chance elles vont arriver une à une, et les barons pourront s'en occuper.
- Avec beaucoup de chance.»

Charles arriva dans sa chambre. Il avait une chambre pour lui tout seul, mais ce n'était pas vraiment un privilège, c'était qu'on lui accordait moins de temps pour dormir, donc il devait être au calme. Elle faisait 16 m², et contenait une petite bibliothèque ainsi qu'une penderie armoire, plus sa malle sous le lit.
Il sortit de l'alcool et du tissu propre pour sa plaie, pas la peine de déranger les infirmiers pour si peu. La blessure était vraiment nette, l'armure de cuir avait été traversée sans rien ralentir, certains des filaments de ces méduses devaient être affûtés comme des rasoirs.
Efficaces à distance comme au corps à corps, rapides, intelligentes, autonomes. Dommage qu'elles soient hostiles. Il comprenait vraiment l'intérêt du Cratère : comprendre et maîtriser de telle machine, pour en avoir aussi de son côté. Une idée qui avait mis du temps à être acceptée.

Dvorak

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