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Contes Spalliens : Chapitre 07 - Présence psychique

L'épée s'abattit, mais le cri de Charles ne fut pas sans effet et au lieu d'un coup violent à la tête l'Ogre reçut un coup normal à l'épaule droite, ce qui lui fit lâcher son arme.
«- Attrape-le ! Vivant !
- Pour analyse. », rajouta Frédéric.
Dans la plupart des cas, maîtriser un Ogre sans le tuer est plutôt ardu, mais pour trois Spalliens en pleine forme, entièrement en armure, à cheval, c'est plutôt facile ; surtout quand l'Ogre est adolescent et déjà blessé. En deux secondes, l'Ogre se retrouva vivant mais écrasé sous environ 400 kilos de soldats, qui, en plus, lui appliquaient une prise de maintien simple mais efficace. Le milicien observait la scène dans son ensemble et vérifiait que rien ne se passait à côté, au cas où.
«- Putain de merde, il essaie de s'étouffer avec sa langue cet abruti !
- Assommez-le !
- Voilà !
- Quelqu'un a des cordes ?
- Toujours dans le paquetage d'un cavalier.
- Bon, on le saucissonne et on rentre ou on en cherche d'autre ?
- Hum... Le mieux est de déjà mettre celui-là en sécurité, en plus y a vraiment quelque chose de pas normal ; ça peut aussi être dangereux pour nous. On rentre.»

Henri et Georges étaient encore en train de manger quand ils virent le reste de la patrouille arriver. Quant à Alren, il venait d'en finir avec sa dissection sommaire, qui n'avait vraiment rien donné. Henri laissa Georges pour aller aux nouvelles tandis que le milicien, Eric et Frédéric allaient le rejoindre.
«- Alors ?
- On a trouvé deux juvéniles, Eric en a tué un mais on a capturé l'autre. Deux choses anormales ; petit un, les Ogres semblent s'être armés juste avant d'attaquer le village et petit deux, celui que l'on a capturé a essayé de se suicider avant qu'on ne l'assomme.
- Y a vraiment quelque chose alors ?
- Bien sûr, vous autres Spalliens n'avez pas l'habitude de déranger l'armée pour rien. Vous devriez le savoir mieux que moi.
- Stop ! Pas de guéguerre interne, on a mieux à faire. Alren, soyez plus compréhensif avec Henri, il manque encore d'expérience ; et je continuerai à vous vous vouvoyez car je ne vous connais pas encore et que je respecte vos compétences. D'accord ? Bien ! Alors l'un d'entre vous a t'il une idée sur comment apprendre pourquoi ses boules de pus cherchent à mourir ?
- Je peux essayer de le charmer pour l'interroger, cela nous permettra de voir s'il est encore conscient ou si quelque chose a pris possession de lui.
- Je peux essayer de voir si les vivants sont sous l'effet d'un quelconque effet magique ou maléfice. Je peux aussi interroger le Primus Imperator pour voir s'il y a danger à rester avec lui.
- Bien, Henri commence par voir pour un éventuel danger, moi je l'attache solidement dans une position qui lui permettra de répondre aux questions, ensuite on le réveille.
- Pas la peine de le réveiller tout de suite, il me faut du temps pour préparer le sortilège.
- Combien ?
- Environ une heure.
- Et toi Henri ?
- J'aurai la réponse dans environ le même laps de temps.
- OK. Eh les gars, qui vous a dit que vous pouviez manger ! Venez m'aider à installer l'autre petite brute sur un fauteuil solide, on mangera après. Et il faudra le surveiller en permanence pour pas qu'il meurt. »

Après une heure, pendant laquelle Eric avait décidé de surveiller seul l'Ogre, au cas où il y ait un vrai danger à l'approcher, Henri obtint enfin une réponse claire.
« - C'est bon, il n'y a pas de danger immédiat pour toutes les personnes présentes, du moins pas à cause des Ogres.
- Je vais quant à moi bientôt pouvoir l'ensorceler, est-il conscient ?
- Non, je l'ai réassommé pendant ma garde. Il a encore essayé de s'étouffer avec sa langue, sans même d'abord vérifier la solidité des liens.
- Ennuyeux, j'ai besoin de son attention. Quelqu'un a un seau d'eau ?
- Je vais en chercher un.
- Au fait, en quoi c'est anormal un suicide d'Ogre ? Après tout ils ont peut être failli à leur honneur et ... »
Quatre regards surpris se portèrent sur Frédéric.
«- D'accord, mais si c'est pas dangereux pourquoi faire tout ça ?
- On ne sait jamais trop de choses, ça pourrait se reproduire, mais affectant toute une de nos garnisons ou toute une ville.
- Réponse pertinente, je rajouterai que si le fait que les Ogres cherchent à se suicider n'est pas dangereux, l'origine de ce comportement peut l'être, un puissant magicien par exemple, ou peut-être s'agit-il d'un signe de l'apparition de Fées dans la forêt.
- Au non, tout mais pas ça !
- Et si on n'obtient pas de réponse maintenant, on livrera l'Ogre aux techniciens.
- Le pauvre.
- Très mauvais humour, Frédéric. Poussez-vous, j'arrose !
- Uaevin reimerp, emrahc ed egélitros !», incanta Alren, tandis que l'ogre reprenait conscience.
«- Pourquoi veux-tu mourir ? Nous sommes ici pour t'aider !
- Vous pas vouloir moi souffrir au-delà supportable ?
- Pourquoi voudrions-nous ça ?
- C'est ça vous toujours faire !
- Mais non ! Qui t'as dit ça ?
- Personne dire ça à moi, moi savoir. D'ailleurs vous être en train de vous moquer de moi, moi préfère mourir.
- Mince, réassommez le, vite !
- Paf !
- On va finir par vraiment l'abîmer.
- Il y a beaucoup plus préoccupant, il a surpassé mon sort de charme, il ne m'a pas cru. Ce n'est pas une idée ou un ordre qu'on lui a implanté, mais quelque chose qui fait évoluer les réactions des Ogres de manière à ce qu'ils meurent.
- Pourquoi dîtes-vous ça ?
- Les premiers ne sont pas morts parce qu'on allait les torturer, cette idée a dû lui venir quand on l'a fait prisonnier, et l'idée qu'on se moquait de lui et qu'on lui mentait lui est venue pendant la discussion. Et c'était suffisamment fort pour rompre le charme
- Il a quelque chose dans la tête ?
- Peut-être !
- Plutôt dans son esprit, la tête on a regardé et il n'y a rien.
- Dans le corps non plus, du moins rien de visible a l'oeil nu.
- Bon alors on le ramène avec nous à Knôll, les techniciens se débrouilleront mieux que nous avec lui. Je vais prévenir les miliciens.
- Dites-leur de noter tout ce qui leur paraît anormal, l'idée des Fées est un peu alarmante mais n'a rien d'impossible. »
Et la patrouille repartit vers Knôll, après avoir fait les bagages et leur compte rendu à la milice.

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