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Contes Spalliens : Chapitre 00 - La Fin

Le crépuscule éclairait le ciel de son feu flamboyant, mais quand le soleil disparut à l'horizon, la lumière rougeoyante sembla comme prisonnière de Hautes-Cimes.
Depuis l'estuaire où brûlait la barge funéraire, le Feu Sacré illuminait la nuit d'une couleur qui semblait se rapprocher de plus en plus de celle du sang.
Sur la barque la plus proche du brasier, Arilyire pleurait, ce n'était pas dans ses habitudes, mais la tristesse ambiante semblait affecter même la forêt, qui elle aussi observait en silence. Dans la ville, la vie s'était arrêtée. Humains, Sarais, riches, pauvres, voyageurs ou citoyens, tous se massaient en silence sur les quais ou les remparts, tous fixaient les flammes, immobiles.

Puis Fiou parla, et bien que faibles, ses mots retentirent dans le silence comme la sentence d'une divinité.
"- C'est terminé."
Et avant que Arilyire ait eu le temps de répondre, la barge commença à sombrer, emmenant les corps des deux formidables adversaires dans les profondeurs du fleuve, noyant à jamais les rêves de tout un peuple.
C'était un signe. Raphaël avait joué avec les Dieux. Et il avait perdu. Il n'y avait pas vraiment à être triste, tous les soldats le savaient. En un sens, le combat avait été gagné, tous voyaient maintenant leur puissance, dans peu de temps la situation allait bouger.
Il y aurait encore des combats, encore des luttes, des héros et des traîtres. La guerre allait commencer.
Mais cela ne les concernait plus. Tous étaient venus, guidés par un homme, et maintenant qu'il n'était plus, l'ensemble n'avait plus de sens. Une bâtisse a besoin de sa pierre de faite, un royaume a besoin d'un roi.
Ils allaient donc rentrer chez eux, retrouver leurs familles, leurs amis et tous apprendront la réponse de l'univers à leur volonté.

"- Et maintenant, tu rentres toi aussi ?, demanda Fiou.
- Oui, c'est tout ce que j'ai. Je ne suis pas d'ici, malgré mon apparence, je n'arriverais jamais à me faire accepter.
- Hum ! Dommage, tu aurais encore pu faire beaucoup parler. Devenir immortel dans les champs des bardes, explorer le monde.
Arilyire rit. Elle rit comme si le Sarais venait de lui raconter une totale absurdité.
- Désolé, mais je n'ai jamais vraiment compris l'intérêt de l'immortalité, quelle que soit la forme. Et il y a déjà plus de choses dans le moindre village que je ne pourrais en connaître.
- Tu as raison, tu n'es pas d'ici." dit Fiou, sachant que son ami ne pourrait le prendre mal.
Ils restèrent un moment silencieux, car c'était le dernier qu'ils passaient ensemble, ils le savaient. Ce n'est qu'au moment de débarquer que Arilyire lui retourna la question.
"- Et toi que vas-tu faire ?
- Je ne sais pas, le monde est vaste. Plus vaste même que ce que les Dieux l'ont imaginé dans leurs rêves déments."
Au loin, sur une des hautes branches de la ville, il vit un mouvement. Elle était là, elle aussi.

Nina sourit quant elle capta le regard de l'Homme Serpent. Elle savait que sa présence aurait pu choquer, mais, en un sens, elle aussi avait fait le grand rêve. Elle l'avait même vécu. Mais elle savait aussi que les grands rêves doivent rester secrets. Du moins pour un temps...
Quand le silence revint, elle s'envola vers le futur, vers l'incertain.

Dvorak

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