Dipsy au pays des ... : Episode 9

Le désert... J'étais dans le désert. Je marchais. Et c'était tout. Rien que le désert et moi, qui marchais. Je n'ai jamais compris ce rêve. Jusqu'à aujourd'hui.
Le réveil a sonné trop tôt, comme tous les réveils. Je me suis levé dix minutes après, le temps d'émerger et d'écouter les infos du jour. Je me souviens m'être demandé si un homme seul dans son coin cesserait de vouloir tuer tout ce qui lui ressemble ou s'il se pendrait. Je crois que la nature humaine exige le sang. Nous sommes tous des vampires qui se nourrissent avec leurs yeux. Une journée normale a donc débuté. Je me suis lavé, me suis habillé et je suis sorti. Tout ça sans même y penser, par habitude.
Et c'est là que tout a commencé à aller de travers. J'aurais juré qu'il faisait clair quand j'ai regardé par la fenêtre avant de sortir et pourtant il pleuvait. Tout du moins il pleuvait sur moi. J'ai regardé au-dessus si des fois un des appartements des étages n'avait pas un problème de canalisation, mais non. Il pleuvait. Sur moi et pas ailleurs. Personne d'autre aux alentours pour témoigner bien sûr.
Je commençais à avancer pour sortir de la zone mais il s'est avéré qu'elle me suivait. Enfin... j'ai plutôt eu l'impression que le reste de mon environnement se déplaçait autour de la zone de telle sorte que je bougeais sans vraiment me déplacer. Sensation étrange.
Et puis la pluie est devenue froide. Vraiment froide. Et puis il m'est tombé dessus. Je serais incapable de dire si j'ai perdu connaissance, et si tel est le cas combien de temps. Toujours est-il que je me suis relevé avec un sacré mal de crâne et que j'ai vu ce qui m'était tombé dessus. J'ai d'abord cru que c'était un enfant. Il était petit, des cheveux très clairs et des habits plutôt... anciens. C'est le premier détail qui m'a choqué. Puis j'ai fait plus attention à sa carrure et à ses mains. On aurait plutôt dit un adulte en format de poche. Il était couché face contre terre et je l'ai retourné. Son visage était celui d'un jeune homme, une grande cicatrice barrait son oeil gauche, lequel avait l'air valide pourtant. Il respirait. Je n'avais pas eu le temps de me demander ce que j'allais faire qu'il a brusquement ouvert les yeux, s'est relevé d'un bond et a hurlé : "C'est pas du jeu ! T'as pas le droit de faire ça ! Reviens si t'es un lapin d'abord !"
Et il s'est planté là l'air d'attendre. J'ai attendu aussi, ne sachant pas trop ce que je pouvais faire ou dire. Il m'est finalement venu à l'idée de lui demander ce qui s'était passé. Je risquais un :
"- Bonjour.
- Hein ? Euh... Bonjour. Oui c'est ça, bonjour.
- Il se passe quoi là ?" demandai-je
Il parut interloqué. Mais pas longtemps.
"Il se passe quoi !!? Qu'ils aient décidé de dominer le monde passe encore. Mais y'a une de ces saletés qui pratique la danse de la pluie !! Vous vous rendez compte !! Une vraie qui fait pleuvoir et tout !! C'est pas juste mon dieu à moi me laisse jamais faire à moi. Alors que ça me permettrait de faire boire les chiens et de réhydrater le pain sec. Pis maintenant que j'y pense peut-être même que je pourrais transporter des poissons, y'en avait pas beaucoup par chez moi et je sais pas leur parler. Et puis..."
Je le laissais à ses considérations quelque peu étranges pour m'en retourner aux miennes. J'étais trempé, j'avais mal à la tête et j'allais être en retard. J'allais lui dire que je partais quand je l'ai entendu dire : "Ca sent le ragoût, hum le bon lapin on va bien manger..."
Il y a eu un éclair. Je n'ai pas souffert. Et maintenant je marche dans le désert, et j'espère que je suis déjà mort...