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Starwars - Galactic Princess : Cendro - Partie 8

Lorsque j'ouvris les yeux, je me sentis étrangement serein, calme, froid et tellement différent de ce que j'étais avant ce carnage, comme si toutes les choses qui comptaient avaient disparu de cette vie.

Je pense que je ne suis pas loin de la réalité, comme je l'ai expliqué avant, mais ce sentiment était différent. J'étais seul, déprimé et la rage avait disparu de mon âme comme si le départ de la femme rousse avait détruit l'emprise qu'elle avait sur moi.
C'était sûrement, et après plusieurs années de recul, quelque chose comme cela. J'ai appris avec mes amis bien des choses sur la profondeur de l'univers que je ne savais pas à l'époque.

On m'avait remis dans une chambre de luxe, comme celle que je possédais avant qu'elle ne soit ravagée et on m'avait adjoint un nouveau page, qui ne devait pas être beaucoup plus vieux que Yolis. Il avait les mêmes yeux que lui... Je crois que je voyais la réalité de ma condition d'esclave et que je devais aussi avoir ces yeux-là au moment où j'avais posé pour la première fois le pied dans le camp d'entraînement de Maître Vriil.

Il ne m'adressa pas la parole et regarda le sol quand il comprit que j'avais les yeux ouverts, et je lui en fus reconnaissant. A la réflexion, je ne risquais aucunement qu'il s'adressa à moi. C'était un esclave. Je me redressai sur le lit et regardai droit devant moi, sans trop percevoir mon environnement. Le garçon me regarda de biais, l'air inquiet et ne sachant trop ce qu'il devait faire. Toujours le même dilemme, s'il s'adressait à moi sans y être invité, la correction pouvait être très douloureuse ; si je n'allais pas bien et que je venais à retomber dans le coma, il serait puni pour n'avoir rien fait.

« Ne t'en fais pas, je vais aussi bien que possible. », dis-je.

Il n'osa pas relever les yeux. Je sortis du lit en me demandant où j'en étais. Mon corps avait été nettoyé et soigné. Ça ne m'étonna pas réellement. Mon âme, elle, souffrait toujours.

« Maître, je devais vous donner ça à votre réveil, je suis désolé. », murmura le garçon.

C'était encore cette voix blanche, où suintaient la peur et un manque d'assurance. Il me tendait un plateau avec un petit holodisk, comme du bout des doigts dans l'espoir vain d'avoir le temps d'esquiver mes coups si je venais à mal prendre son manque d'empressement. J'esquissai un sourire de remerciement et le pris. Je l'activai. Mormak apparut.

« Je sais que tu ne t'en veux pas pour la mort du Chambellan Tor et je le comprends. De ton côté, tu dois comprendre que je ne peux pas me permettre de ne pas te punir pour cela. Normalement, tu mériterais la mort, si je n'avais pas appris que Tor me trahissait auprès de bien de mes adversaires commerciaux mais aussi qu'il avait pris quelques millions de crédits dans mes caisses. Etant donné que tu ne pouvais pas le savoir, je vais m'arranger pour que la peine qui te sera infligée ne soit qu'une forme de compensation. Prépare-toi à l'arène, tu es mon champion maintenant. »

L'Holodisk s'arrêtait là. Je regardais le gamin, interloqué par ce que je venais d'entendre. Cela signifiait que j'étais maintenant prisonnier pour plus longtemps, peut-être pour la vie. Mais je n'en avais pas vraiment grand-chose à faire à cet instant-là.

« - Je devais aussi vous informer que l'holoprojecteur est relié à l'arène pour que vous puissiez voir les combats de la nouvelle session qui commence aujourd'hui.
- J'ai dormi combien de temps ? », demandai-je surpris.
« Presque deux mois, Maître. Les med-droids ont stimulé vos muscles pour que vous perdiez le moins possible de vos capacités. », répondit l'enfant.

Je pris quelques instants pour assouplir mes bras et mes jambes. C'était du bon travail.

« Tu as un nom ? », demandai-je finalement.
« Nuan, Maître. »

Je regardais l'environnement, la pièce n'était pas médicalisée, ils devaient me transporter pour effectuer les séances, je préférais cela.

« Je veux que tu fasses très attention à ce que je vais dire. J'ai perdu mon précédent esclave parce que j'ai été incapable de le protéger. Je veux que tu t'arranges pour ne pas te mettre en danger, tu comprends ? »

Je m'aperçus que ma voix était un peu dure, mais j'avais encore du mal à me contrôler.

« Je suis esclave comme toi, mais je jouis de quelques privilèges qui sont liés à mon état. Je les paie très cher, crois-moi. Je me suis fait des ennemis très puissants, même si la plupart sont morts à l'heure qu'il est. Ils avaient des amis qui sont certainement prêts à les venger. Tu es malheureusement tombé sur le mauvais maître, jeune Nuan. Tu risques ta vie auprès de moi. »

Je vis dans ces yeux qu'il savait déjà tout cela. Je compris aussi qu'il préférait vivre auprès d'un maître comme moi que de servir de jouet à Mormak.

« Nous allons prendre des précautions pour que tu ne risques pas de devenir une cible. »

Je sortis de la chambre et me dirigeai vers le salon. L'holoprojecteur s'alluma à ma demande et je vis l'arène. J'affichai les combats de sélection en cours et regardai rapidement mes adversaires potentiels. Il y avait peu de bons combattants. Je m'arrêtai sur les scores d'un esclave extraterrestre qui me paraissait prometteur et affichai le match. Je dus m'asseoir en voyant son visage. C'était Sid.

Je le regardais combattre pour m'assurer de ce que je voyais. La définition de l'image n'était pas terrible, mais ça ne pouvait pas être quelqu'un d'autre. Il avait cette souplesse et ces mouvements étranges qu'il m'avait enseignés, il avait aussi cette transparence dans le combat qui le rendait si dangereux pour les adversaires comme s'il suivait les impulsions des coups qu'on lui portait pour les esquiver, comme une feuille dans l'eau suit les vagues. En regardant le combat, je compris qu'il n'avait pas passé ses journées à s'amuser. Il était tellement plus fort qu'avant, il faisait tout pour que ça ne se remarque pas, mais moi, je le voyais. Et je lui en voulus instantanément.
Si j'avais eu la présence d'esprit à l'époque de me demander la raison qui le poussait à venir ici pour défier l'Arène alors qu'il était libre, j'aurais compris qu'il avait fait tout ce chemin pour moi, et presque uniquement pour moi. Mais mon esprit était encore troublé et je ne le compris pas sur le moment. Je n'eus qu'une envie, pouvoir l'affronter, un peu pour lui prouver que je vivais encore et aussi un peu pour me venger de son abandon.

Il était si loin en dessous de ses capacités réelles que je me posais la question de savoir pourquoi il faisait ça...

Nuan regardait le match puis moi, alternativement. Mes sentiments se voyaient certainement très clairement sur mon visage : la surprise, une forme de joie, la rancœur et l'esprit du combat. Il était étonné de me voir changer d'état à une telle vitesse. Il se demandait s'il devait craindre pour sa vie.

« Je n'ai aucune raison de te faire souffrir, Nuan. », dis-je.
« Je suis désolé, Maître. », répondit-il en baissant les yeux.
« - Qu'est-ce qui te fais croire que je pourrais te faire du mal ?
- Maître Mormak a fait courir le bruit que vous étiez son bras armé... »

Et en langage hutt, « bras armé » signifiait « tueur à gage ».

« Active l'holonet... », dis-je au projecteur.

L'image de l'Arène se modifia pour me donner accès aux informations du réseau interplanétaire global. Il me fallut quelques secondes pour voir apparaître mes exploits sur grand écran. Mon dernier combat devait avoir fait le tour du système hutt et avait été téléchargé et consulté des millions de fois. Je n'avais pas besoin d'aller faire un tour dans la rubrique « faits divers » pour savoir que la mort des mafiosi locaux faisait, elle aussi, la une de l'actualité de la frange.

« Vous avez disparu depuis deux mois de l'Arène ce qui prouve que vous êtes devenu plus qu'un simple combattant. », ajouta Nuan.

Mormak avait déjà trouvé un moyen de se rembourser sur ma personne. Le massacre que j'avais fait était la meilleure solution pour faire croire à ses adversaires commerciaux qu'il était le plus puissant. J'avais tué le combattant sponsorisé par l'un d'entre eux sans le vouloir et j'avais du même coup détruit la mafia locale et sorti une énorme épine de la queue du Hutt, en les faisant passer pour les traîtres à l'Empire. De quoi mettre le secteur sous son contrôle total et entier.
Peut-être que mon temps n'allait pas se rallonger autant que j'avais pu le penser en fait. Je revins au combat dans l'Arène. Sid venait de vaincre son adversaire et semblait accuser le coup. Toutefois, pour quelqu'un comme moi qui savais comment il se comportait en fin de combat, il était facile de dire qu'il jouait la comédie.
Dans le fond de l'Arène près de son banc, il y avait une petite créature, un Chadra-Fan qui fanfaronnait au bras d'une belle Humaine aux cheveux blonds. Elle paraissait très triste de son état d'esclave - je pouvais voir clairement son collier de soumission. - et semblait attacher beaucoup d'importance à la personne de Sid.

On sonna à la porte. Nuan se déplaça et ouvrit le panneau. C'était Mormak, qui dégagea le jeune humain d'un coup violent. Je me levais.

« Tu es remis, je vois. », gronda-t-il, « Très bien ! »
« Oui, Maître, je vous remercie. »

Il fit signe à Nuan de refermer la porte. Ce que l'enfant fit tant bien que mal. Son nez avait dû se briser sous le coup.
« C'est moi qui devrais te remercier, Cendro. », répondit-il, chaleureux comme jamais, « Tu as été un esclave merveilleux. Je suis sûr que tu sais que tu m'as, en un seul jour, rendu ma gloire perdue.
« - Je m'en suis rendu compte, mon Maître.
- Comme je te l'ai dit dans l'holo, maintenant que je suis le redouté seigneur Hutt de la région, je ne vais pas pouvoir officiellement te libérer. Tu le comprends j'espère !
- Je m'en doutais, Maître.
- Mais, j'aimerais te proposer un arrangement mutuellement profitable. Tout d'abord, j'aimerais te rendre ce que tu as perdu. »

Il me tendit le contrôleur du collier de Nuan.

« - Je l'accepte, Maître, mais vous savez qu'un être humain n'en remplace pas un autre.
- Peu m'importe, Cendro, tu feras ce que tu veux de celui-là. C'est une forme de gratitude de ma part.
- J'en suis touché, Maître. »

J'avais surtout une sensation de nausée qui montait lentement en moi.

« - J'ai quelques travaux à te faire faire, j'aimerais que tu sois prêt pour la semaine prochaine. Repose-toi et prépare-toi au combat.
- Maître ?
- Tu es mon champion maintenant, tu es celui qui combattra pour moi lors des combats de pari... Tu connais les règles, n'est-ce pas ? »

Je hochais la tête. Tous les esclaves combattants connaissaient parfaitement les règles de ces affrontements. Le débiteur choisissait les armes, l'autre partie, le lieu. Il n'y en avait pas d'autres, sauf peut-être que l'opposition se terminait par la mort d'un des deux protagonistes. Il sourit béatement, je ne pus réprimer un frisson. Puis, il fit simplement demi-tour et s'arrêta devant Nuan, qui se prépara à recevoir un autre coup. Le Hutt fit bien pire :

« Tu as intérêt à bien préparer ton Maître. S'il meurt, tu le suis. »

Nehwon

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