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Dead Like Me

Dead Like Me : 3 Avis

Pour ceux que le sujet, des faucheurs d'âmes faisant leur travail, rebuterait, il faut savoir que Dead Like Me, c'est avant tout l'histoire de Georgia "George" Lass qui découvre ce qu'elle a manqué durant sa courte vie après l'avoir perdue à environ dix-huit ans. De son vivant, elle était plutôt spectatrice et essayait de se tenir éloignée de tout et de tous, alors qu'après sa mort, alors qu'elle devrait avoir un rôle de spectatrice, elle se retrouve à tisser des liens avec certains vivants, avec ses collègues non-morts et à découvrir les membres de sa famille sous un jour qu'elle ne leur connaissait pas.
Si le travail des faucheurs d'âmes (grim reapers en VO) n'est a priori pas très gai, il est grandement dédramatisé la plupart du temps par la façon dont la mort survient. Le grand jeu pour le spectateur et de deviner qui va mourir et de quelle manière. Les morts sont très inventives et à quelques exceptions près souvent assez stupides. Ce qui dédramatise encore plus ces morts, c'est le fait que l'âme sort du corps et qu'à partir de ce moment c'est sur elle que la situation se concentre et non plus sur le corps qui est parfois prétexte à une touche d'humour et qui passe très vite au second plan, le faucheur et l'âme s'en éloignant. De plus les faucheurs ne sont pas responsables des décès, ils sont là pour aider l'âme à sortir du corps et parfois pour la réconforter avant son départ pour une destination que les faucheurs ne connaissent pas puisqu'ils sont restés sur Terre après la mort. Une âme tourmentée ne part pas et continue à hanter le monde des vivants, restant souvent accroché aux basques des faucheurs d'âmes qui sont les seuls à les voir et à pouvoir leur parler. C'est pourquoi le rôle des faucheurs d'âmes est important, ils agissent un peu comme une unité de soins palliatifs en adoucissant la mort des personnes sur le point de mourir, allant même jusqu'à les réconforter avant celle-ci quand ils en ont le temps. Une âme sortant du corps dans l'état d'esprit où elle était quand le faucheur d'âme l'en a retiré, ils se doivent de l'ôter avant que la mort ne survienne en cas de mort violente pour éviter que l'âme ne soit tourmentée. Le problème est de trouver qui va mourir et pour cela les faucheurs d'âmes ne disposent que d'un post-it indiquant le nom de famille de la personne, l'initiale ou les initiales quand il est composé, de son prénom, le lieu et l'heure estimée de la mort. Ce post-it leur est attribué par Rube, qui est le chef du groupe de faucheurs d'âmes dont fait partie George et qui reçoit les informations dans une enveloppe apportée par un mystérieux coursier. Ceux qui provoquent les morts, ce sont les sépulcreux (gravelings en VO), créatures à l'aspect monstrueux qui ne sont pas sans rappeler les gremlins qui sont invisibles aux mortels et que la plupart des faucheurs ne peut voir que du coin de l'oeil. Elles semblent éprouver un malin plaisir à faire survenir la mort dans les conditions les plus ridicules possibles en modifiant un détail qui crée une cascade d'événements aboutissant au trépas de la personne dont l'heure de la mort est arrivée.
Si Dead Like Me est une série à l'humour grinçant, elle évite pourtant l'écueil de s'appesantir sur l'aspect religieux. A part dans certaines expressions toutes faites prononcées par les protagonistes, il n'est pas fait mention de dieu, mais seulement de la mort. L'humour est présent dès le premier épisode, plus long que les autres en raison de sa qualité d'épisode pilote avec l'explication sur pourquoi tout le monde doit mourir et sur le ridicule de la survenue de la mort de George qui d'ailleurs lui vaudra la célébrité ainsi qu'un surnom peu reluisant dans le monde des faucheurs d'âme. Cet humour est présent également dans le générique qu'on voit apparaître dès le deuxième épisode et qui montre des faucheurs, en habit à capuchon noir comme on se représente communément la mort, vaquer à des occupations que l'on penserait réservées aux mortels, telles que faire du sport, travailler dans un bureau ou faire leur lessive. Ce générique montre que bien qu'ils aient un statut particulier, les faucheurs d'âmes ne sont pas exemptés des contingences de la vie quotidienne. Hormis leur capacité à guérir vite (même de blessures qui seraient mortelles pour d'autres) et leur faculté à ôter les âmes et pouvoir communiquer avec elles, les faucheurs n'ont aucun superpouvoir. Ils doivent donc trouver un moyen de subvenir à leurs besoins (nourriture, logement...) en plus de répondre à leurs obligations de faucheurs d'âmes. Pour gagner l'argent nécessaire à leur assurer une non-vie décente, ils se retrouvent obligés de travailler ou de voler les morts qui n'ont plus besoin de leurs affaires étant donné leur nouvel état. La limite fixée par Rube au niveau de la morale est qu'il est interdit de se servir des connaissances des morts pour exploiter les vivants, ce qu'il inculque de manière assez brutale aux membres de son équipe pour lesquels il exerce plus une fonction de père que de patron.
On en arrive à la grande force de Dead Like Me, les relations entre les différents personnages qui se trouvent renforcées par la qualité du jeu des acteurs.
George qui a pour consigne de se tenir éloignée de sa famille, ne résiste pas à la tentation d'aller constater de visu comment elle évolue depuis sa mort. Elle a même quelques contacts avec eux, mais ceux-ci ne peuvent la reconnaître car, bien que les faucheurs d'âmes se voient entre eux avec l'aspect qu'ils avaient de leur vivant, ils apparaissent tout autrement aux yeux des vivants.
Elle prend ainsi conscience de tout le mal qu'elle a fait à sa mère en passant son temps à la rabrouer. Elle s'intéresse plus que tout à sa petite soeur de onze ans, Reggie, qui était devenue pratiquement invisible à ses yeux de son vivant. Elle comprend également pourquoi elle a perdu la relation privilégiée qu'elle entretenait avec son père. Les membres de sa famille ont énormément de mal à surmonter la mort de George et encore plus de mal à s'entendre entre eux. La non-communication entre Joy et Clancy Lass rend l'ambiance au sein de la famille très lourde, d'autant plus que Reggie se met à s'isoler comme le faisait sa soeur. On a une famille qui n'allait déjà pas bien du vivant de George et qui là est au bord de la rupture. Les scènes impliquant Reggie et Joy sont souvent très poignantes, puisqu'elles se blessent l'une l'autre de manière continuelle. Beaucoup de non-dits parsèment leurs relations et énormément d'émotions passe par les jeux de regards.
Une autre relation très forte est celle qui s'instaure entre George et sa patronne Dolores Sapair (Dolores Herbig en VO) qu'elle déteste à sa première rencontre sous les traits de Georgias "George" Lass, mais à laquelle elle va s'attacher malgré son côté un peu excessif après s'être faite embauchée en tant que Mildred "Millie" Hagen. Les scènes réunissant les deux actrices sont souvent très drôles, le ton volontairement monotone d'Ellen Muth (une vraie performance d'actrice) contrastant à merveille avec le jeu enjoué de Christine Willes. La société Happy Time par laquelle George découvre le monde du travail est à mourir de rire, tellement on se demande quelle est vraiment son utilité avec tous ces employés qui passent leur temps à éviter de travailler, apportent les objets les plus incongrus sur leur lieu de travail et se comportent parfois de manière surréaliste.
La dernière relation forte est celle qu'entretient George avec Rube qui se comporte comme un père avec les membres de son équipe, mais encore plus avec George qui est la plus récemment éveillée à la non-vie, mais aussi celle qui est morte la plus jeune. On sent une profonde affection s'instaurer entre les personnages qui passent pourtant leur temps à se disputer du fait des rebellions de George qui n'accepte pas tout ce qu'implique son nouveau statut et n'en fait souvent qu'à sa tête.
George va aussi se rapprocher de ses autres collègues faucheurs d'âmes qui sont maintenant sa nouvelle famille. Au début ils sont tous très froids avec elle et de nature plutôt cynique, mais on se rend vite compte que c'est leur travail de faucheur d'âme qui les a rendu comme ça. Ils sont tous d'époques et de milieux différents, le genre de personnes qui même sans tenir pas compte de l'époque à laquelle ils ont vécu ne se seraient sûrement pas adressés la parole. Pourtant leur condition de faucheur d'âmes les rapproche et aussi invivables qu'ils puissent paraître au début, ils vont tous évoluer au fil de leurs missions et au contact les uns des autres faisant de Mason un grand frère un peu irresponsable pour George, de Betty une amie très proche, de Daisy une colocataire plus attentionnée et de Roxy quelqu'un avec qui il est possible de discuter malgré sa mauvaise humeur presque permanente.

En ce qui concerne le côté technique maintenant, les effets spéciaux sont peu nombreux, mais bien intégrés, que ça soit les sépulcreux ou les visions qu'ont les âmes avant leur départ de ce monde. L'image est en 16/9e et sa qualité irréprochable. Pour la musique, elle est peu abondante mais bien choisie. Celle du générique est assez entraînante et ne se laisse pas facilement oublier. A noter la présence dans certains épisodes de la chanson Boom boom bâ du groupe Metisse qui vient accompagner des moments tristes de façon assez poignante.
Pour le son, si vous avez l'équipement adéquat préférez la VO qui est en 5.1 alors que la VF n'est qu'en stéréo.
Le 5.1 n'est pas la seule raison de préférer la VO à la VF. En effet, la traduction, loin d'être mauvaise, est bourrée de faux sens et toutes les références aux marques (alcool, suite bureautique, bonbons...) sont zappées, peut-être pour des raisons de législation française en ce qui concerne la publicité, et a même obligé les adaptateurs à broder dans certains cas. De plus la voix très particulière d'Ellen Muth avec sa manière monotone de parler pour montrer le caractère je-m'en-foutiste de George, justifie à elle seule de regarder la série en VO. On notera que la traduction française édulcore un peu la façon de parler de certains personnages, ce qui leur enlève une part de leur personnalité. Dans la première saison, lors de l'un des épisodes une personne parsème parfois ses paroles de mots français, ce qui est impossible à rendre à la traduction alors que ça ajoute au côté snob du personnage en VO.
En ce qui concerne les bonus, ils sont légers. J'en retiens principalement l'épisode pilote commenté dans la bonne humeur par les acteurs. Les scènes coupées n'apportent que peu de choses, la galerie photo est anecdotique et le faux magazine "Dead like us" plus que dispensable. Restent les petits reportages habituels sur la musique et les coulisses du tournage.
Notez, pour ceux que ça intéresse, que le menu français amène à visionner une longue série de bandes annonces de différents films et séries présentes seulement dans les bonus de ce menu français.

Dead Like me est une série atypique avec des acteurs talentueux. On peut lui reprocher parfois quelques légères incohérences scénaristiques, mais rien de bien grave.
Son humour est plutôt grinçant. A la fin de la première saison il reste de nombreuses questions sans réponse. Il est à craindre que la deuxième saison laisse certaines de ces questions sans réponse et en pose de nouvelles. La série a malheureusement été arrêtée à la fin de la deuxième saison, mais ce n'est pas une raison pour bouder son plaisir et passer à côté. Le peu de temps passé en compagnie des personnages suffit largement à s'attacher à eux et à passer un bon moment.
Dead Like Me vient donc s'ajouter à la liste des excellentes séries n'ayant pas de fin, mais elle marquera sûrement tous ceux qui auront pris le temps de s'y intéresser.
Enfin, s'il est un message à retenir de cette série, c'est qu'il faut profiter de la vie et des gens qu'on aime tant qu'on le peut.


Note : 18.

Shikata ga nai

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