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redEyes

redEyes : 5 Commentaires


* Genre

Il y a bien des manières de dénoncer la futilité des guerres. La première et sans doute la plus utilisé par les auteurs est de faire une oeuvre moraliste, prônant le pacifisme. Mais une autre, qu'utilise ici Jun Shindo, est de faire exactement l'inverse, en poussant la violence jusqu'à ses extrêmes limites, jusqu'à ce qu'elle devienne sa propre et unique raison d'être, sans que l'on puisse lui trouver d'autres justifications. L'auteur dépeint ici la guerre comme une bête aveugle et absurde, où hommes et femmes voient leur vies broyées par le cycle sans fin de la vengeance, de la barbarie dans un monde ravagé qui ne sait plus vraiment comment faire la paix. A travers cette vision dure et pessimiste d'un futur apocalyptique où l'homme a renié son humanité pour se laisser aller aux pires sauvageries, il fait passer aux lecteurs son inquiétude sur notre avenir à tous, sur le chemin qu'emprunte l'humanité, énième révolte contre l'indifférence que les hommes éprouvent de plus en plus face aux horreurs de la guerre. Oeuvre de science fiction ultra violente, redEyes est certainement l'un des manga les plus durs actuellement, autant par ses multiples scènes de violence que par la totale gratuité de celles-ci, parce qu'elle nous fait comprendre que les pires monstres sont humains. Le background dans lequel évoluent les personnages est très fouillé, et les bonus de fin de volumes sont nombreux, allant des listes de caractéristiques des SAA à des chronologies de plusieurs pages sur le conflit qui s'est achevé au début de l'histoire. Un nombre impressionnant d'armes nouvelles y apparaît, certaines n'ayant d'autre utilité que celle d'empêcher une autre arme d'être contrée par l'adversaire, montrant une fois de plus l'ingéniosité dont sait faire preuve l'homme lorsqu'il s'agit de s'entretuer...

* Scénario

redEyes s'appuie sur un background détaillé, sur des scènes d'actions ultra violentes, et a tendance à laisser le scénario de côté. Il est présent, malgré tout, mais plutôt classique et l'intérêt de ce côté repose surtout sur les raisons qui poussent chacun des ex-Chacals à se battre - et de quel côté - ou à cesser le combat, ainsi que sur les manigances de Kraiz.

* Caractère des personnages

Le nombre de personnages qui restent en vie assez longtemps pour que leur personnalité soit développée est relativement peu élevé. Parmi ceux ci, Génocide est de loin celui qui a bénéficié le plus de l'attention de l'auteur (même si Saya est présente depuis le premier tome, elle ne parle presque pas et reste très mystérieuse). C'est un homme qui a conscience de sa supériorité sur la plupart des adversaires, et donc extrêmement confiant. Il a accepté que ses multiples expériences dans des conflits fassent de lui petit à petit une véritable machine de guerre, pratiquement dénuée de sentiments. Mais c'est aussi un homme qui refuse de voir ses amis ou des innocents mourir, et qui fera tout pour les sauver, mettant sa vie en danger sans la moindre hésitation. Héros guerrier ? Monstre sanguinaire? La différence est parfois bien mince...

* Sentiments

Des sentiments ? Hein, où ça ? ^ ^ Non, il est vrai, les personnages ont parfois des sursauts d'humanité. Refus de voir mourir ses hommes de Mills, quasi-incapacité de prendre les vies humaines de Lars Odd, peur pour sa soeur de Lenny... De plus les Chacals tuent certes sans hésiter les soldats qui s'opposent à eux, mais certains sont horrifiés à l'idée qu'un combat puisse mettre en danger des civils innocents. On pourrait presque dire que le conflit oppose les Chacals ayant un reste d'humanité à ceux d'entre eux qui n'en ont plus du tout... Car la plupart en ont tellement peu que la moindre différence parait énorme.
Alors, au travers de cette fresque apocalyptique, où la loyauté est sans cesse bafouée, c'est la haine, la jalousie et la colère qui dominent, cédant parfois à regret un peu de terrain à l'amitié...

* Character Design

Bien que les visages accusent de temps à autre une légère dissymétrie, le dessin de Jun Shindo reste magnifique. redEyes est sans conteste l'un des manga les mieux dessinés que je connaisse à tout point de vue. La représentation des mouvements n'égale certes pas celle de Kishiro Yukito (Gunnm, Ashman), mais cela reste d'un très bon niveau. Les couvertures des tomes méritent d'être mentionnées, surtout celles du deuxième et troisième volumes, car elles sont tout simplement splendides.

* Mecha Design

Si le charac design est excellent, il n'existe pas de mot pour qualifier le design des SAA. Le FR-A12 "Zebra" (qui fait la couverture du troisième tome d'ailleurs) est de très très loin la plus belle armure que j'ai jamais vue (je veux la même! ^ ^) et les autres, sauf le modèle Barmé (que l'on ne voit de toute façon que durant quelques pages), sont pourtant à couper le souffle. Le reste (tanks, hélico, fusils) est dessiné avec un soucis du détail ahurissant. Avec pour conséquence immédiate que chaque page de redEyes, entre les personnages et les armures, devient d'une qualité exceptionnelle, un véritable régal, surtout que la trame est, elle aussi, vraiment de très bonne facture, et que Génération Comics publie cette oeuvre dans un format plus large que la plupart des autres éditeurs.
Alors, le prix de redEyes (presque 9 € en France) est certes élevé, mais il suffit de feuilleter un tome pour s'apercevoir qu'il est nettement justifié...

K.O.Ru

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