Ushijima, l'usurier de l'ombre : 3 Avis

Avec Ushijima, Manabe nous plonge avec brio dans l'univers des "yamikins", plus communément appelés usuriers.
Sombre et psychologiquement violent, ce titre ne fait pas que nous montrer le quotidien d'un usurier tokyoïte lambda. Il s'intéresse également au devenir de ses "victimes consentantes", à savoir ceux qui lui empruntent de l'argent.
Et c'est parfois avec du dégoût que le lecteur découvre des vies littéralement brisées par des emprunts irremboursables.
En effet quand la spirale se met en marche, quand Ushijima décide de "presser comme un citron" un de ses clients, il est déjà trop tard pour ce dernier. C'est ainsi qu'on découvrira dans le premier volume la descente aux enfers d'une classique "salary girl" qui va finir par se prostituer pour rembourser ses dettes, tout en prenant de la drogue pour supporter cette insoutenable situation.

Un scénario très froid, très dur... Tout comme les dessins d'ailleurs qui retranscrivent particulièrement bien l'ambiance générale : Manabe sait dépeindre à la perfection le désespoir sur le visage des emprunteurs, tout comme la froideur calculatrice sur le visage d'Ushijima. Il faut également noter (c'est assez rare) un certain réalisme graphique s'exprimant entre autres par le fait que l'auteur donne des traits asiatiques à ses personnages.

En définitive, Ushijima ravira les amateurs de récits sombres. Le héros (ou plus exactement anti-héros) semble avoir un passif intéressant (quelques éléments dans le récit accréditent cette idée, mais il est sans doute trop tôt pour l'affirmer catégoriquement, étant donné l'avancement du récit pour l'instant). Dans tous les cas, notre prêteur remplit allégrement son rôle, sans être caricatural ni monopoliser le récit.

Ushijima est un seinen implacable et dégueulasse, qui s'intéresse à la déchéance humaine, en relatant ses excès et ses addictions, sans jamais tomber dans la surenchère. Ca change des poncifs habituels. J'adore.


Note : 17.

Lecture : volume 1