Après le succès de
Remember, Xiao Pan nous fait profiter du talent de Benjamin avec le one-shot
Orange, plus récent.
L'ouvrage en couleur est imprimé sur du beau papier glacé. Les onomatopées sont en français et intégrées proprement.
Orange est composé d'une histoire courte et d'une galerie d'illustrations commentées par l'auteur.
Comme dans
Remember, l'histoire est centrée sur le mal-être de la jeunesse qui se cherche une place dans la société et une raison d'exister. Bien que l'action se passe en Chine, elle pourrait se passer n'importe où, ce malaise de la jeunesse étant ce qu'on peut qualifier de mal de notre société, elle qui ne comprend pas ses jeunes, leur souffrance et qui ne fait pas grand-chose pour les aider alors qu'ils sont l'avenir.
Orange, c'est l'histoire d'une adolescente paumée, mal dans sa peau, prête à mettre fin à ses jours et d'un jeune homme en marge de la société qui va se sacrifier pour qu'elle ait un avenir. Orange est désespérée et va finir par se confier à Dashu qui se laisse vivre de cuite en cuite. Petit à petit d'étranges liens invisibles se tissent entre eux, alors qu'ils ne s'adressent quasiment jamais la parole. Le début de l'ouvrage révèle la fin de leur histoire, tragique, puis on remonte dans le temps pour suivre l'évolution de leur relation, de leur première rencontre sur un toit à leur dernière.
L'histoire a été refusée par l'éditeur chinois pour délit de déprime. Pourtant, je ne trouve pas qu'elle soit spécialement déprimante ; j'y trouve plutôt une pointe d'espoir, probablement à cause de cet amour étrange entre Orange et Dashu. L'histoire est touchante, poignante. Je l'ai ressentie jusque dans mes tripes.
Si le dessin de
Remember était magnifique, il est sublime dans
Orange. On peut dire sans hésitation que Benjamin a trouvé son style bien à lui et que sa maîtrise s'améliore d'album en album. On retrouve un dessin réaliste et vivant dans des teintes vives et puissantes à dominantes bleu-vert-rouge
(un mélange détonnant visuellement). Les aplats de couleur créent les mouvements et c'est tellement bien fait qu'on croirait voir l'action se dérouler sous nos yeux, comme dans un film. Les visages sont détaillés et expressifs.
Graphiquement,
Orange est plus qu'une réussite ; on ne peut que s'incliner devant tant de talent.
La galerie d'illustrations est splendide elle aussi. Elle présente à la fois des dessins de commande
(pour des jeux notamment) et des dessins personnels. Du coup, le style varie un peu mais la "patte Benjamin" est là. J'aime tout particulièrement le dessin "Nazha" et ceux de "Sous-Sol".
Benjamin est indubitablement un auteur incontournable dans le milieu de la BD. Sa maîtrise de la tablette graphique est à couper le souffle. Amoureux de l'art et de la vie, lisez
Orange !
Note : 19.
lecture : intégralité
