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Magara

Magara : 3 Avis

Magara ou un monde sans espoir, tel est le one-shot prédécesseur de C (si:), du même auteur, que nous propose Doki-Doki.

D'un point de vue technique, papier épais, impression de bonne qualité. Les onomatopées sont sous-titrées, le style employé dans les dialogues est adapté à la situation (je pense notamment à l'utilisation du mot "condés" par les jeunes quand ils parlent de la police).

Magara est l'un des premiers titres de Yûkô Osada. Dans ce one-shot, l'auteur pose les bases de son style graphique ainsi qu'un sujet qui lui tient à coeur puisqu'on retrouvera des thèmes semblables dans C (si:) (série en deux volumes, chez le même éditeur).
Violence, désespoir, insouciance et désinvolture de la jeunesse, Magara, c'est tout cela à la fois. Dans ce pays uniquement ouvrier, fabriquant d'armes, tout est gris et sans saveur. La bande de Kôsei est composée de jeunes fous, un peu comme celle de Tetsuo et Kanéda dans Akira. Leur but : fuir la morosité de leur vie à grands coups d'adrénaline, en jouant au chat et la souris avec la police. La baston et la débrouille, ça les connaît. Mais ils sont loin de se douter de ce qui se trame réellement. Kôsei, le personnage central de l'histoire, n'est pas forcément le plus futé, il n'a pas d'idéal politique. Tout ce qu'il veut, c'est être libre, libre d'aller voir ailleurs si le ciel est plus bleu. Et c'est pour ça qu'il va se battre. Les seuls adultes présents font partie de la police (qui ressemble étrangement à une bande de voyous bien organisée) ou de la résistance (ils sont peu nombreux et leurs motivations sont, disons, pas forcément très nettes). Chose étrange, on ne voit aucun personnage féminin.
Magara, c'est un peu l'histoire d'un monde souillé par les adultes et sauvé par la jeunesse. Quand on découvre à mi-volume la véritable nature de cette ville, l'expression « L'ironie de la situation » prend tout son sens. On comprend la grisaille sur les murs et dans les coeurs, et surtout la noirceur de ceux qui sont à l'origine de Magara. Ca donne d'ailleurs à réfléchir sur le cercle vicieux de la violence et les conséquences du regroupement d'une catégorie de personnes. Ce serait aller un peu loin (et dévoiler trop sur l'histoire) de lancer une comparaison avec des camps de concentration mais la similitude de certains points est assez logique.
En fin de volume, l'auteur nous présente un recueil de quelques histoires courtes, carrément non-sensesques et absurdes, annonciatrices sans aucun doute d'oeuvres comme Magara et C (si:).

Le style graphique de Yûkô Osada prend forme et montre déjà toute son originalité. Il sera bien meilleur dans C (si:). Les cases sont denses, les décors chaotiques à souhait. Certains plans de dessus lors de conversation sont originaux.
Les personnages ne sont pas spécialement "beaux" (cet effet n'est pas recherché) mais ils dégagent quelque chose ; leur dégaine leur donne un style approprié.

L'avenir, c'est la jeunesse ! Tel est le leitmotiv de Magara.


Note : 15.

lecture : intégralité

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