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Another World War II

Another World War II : 3 Avis

Tout d'abord présenté sur le site www.donga.com, Another World War II est le premier titre du Label Brun des Editions Paquet. Ce label est dédié aux titres ayant un format inhabituel. Si au premier abord l'ouvrage pourrait sembler un peu cher, force et de reconnaître qu'au niveau qualité prix l'acquéreur y trouvera son compte. Il suffit de simplement prendre ce manhwa en main pour s'en apercevoir. Tout en couleur, imprimé sur du papier blanc, épais et de bonne qualité (le poids de même), au format 22 x 29 cm (difficile de le rater), on voit bien que l'éditeur ne se moque pas de nous.

Le sujet des dix histoires présentées dans ce manhwa aurait de quoi en rebuter plus d'un. En effet la seconde guerre mondiale avec ses horreurs est encore vivace dans les esprits. Mais ici on n'a pas affaire à une reconstitution, mais à une uchronie dans laquelle les protagonistes sont des animaux représentés de façon anthropomorphique avec un trait rondouillard et des couleurs douces. De plus à aucun moment Moon Hyo Seop ne tombe dans le manichéisme ; il se contente de montrer tour à tour les deux camps sans porter de jugement de valeur. Les soldats sont ici des "hommes" (ou plutôt chiens pour les Américains et les Britanniques, chats pour les Allemands, ours pour les Soviétiques) de terrain qui ont des préoccupations parfois très éloignées des décideurs. Ils sont plus préoccupés par leur condition (nourriture, espoir d'avancement ou de permission) que par une vision d'ensemble des événements, ce qui est bien compréhensible.
Ne vous y trompez pas, c'est quand même la guerre, les situations restent rarement longtemps tranquilles et les balles fusent de toutes parts, mais les dégâts sont souvent matériels et les morts ne sont pas montrés.

Si on s'en tient au premier niveau de lecture, qui peut très bien suffire si on ne cherche rien d'autre que la détente, on peut ne voir dans ces histoires que des anecdotes sans importance. Une sorte de guerre entre enfants dans laquelle le sang serait absent et les soldats joueraient à chat ou à cache-cache. Les différents véhicules, en particuliers les loaders qui font immanquablement penser au jeu vidéo Metal Slug, n'étant que de gros jouets que ces enfants passeraient leur temps à casser aux quatre coins de la partie européenne du théâtre des opérations. Le tout saupoudré de nombreuses explosions, de personnages un peu caricaturaux, d'une pincée de surnaturel, d'un humour léger et de jolies couleurs.

Si par contre on y regarde de plus près, on s'aperçoit que les choses sont pas aussi simples ni aussi roses que ça. Les situations sont plutôt graves, manque de nourriture, transmission de renseignements, bombardements, isolement,... On remarque alors que l'humour est surtout là pour désamorcer le sérieux des événements.
A noter que l'histoire dans laquelle l'humour et l'exagération sont les plus présents montre jusqu'où est prêt à aller un scientifique fou furieux pour lequel tout ce qui compte est le bon fonctionnement de son invention. De même la première histoire qui pourrait passer pour une simple course divertissante avec un ancêtre imaginaire d'un pilote de Formule 1 actuel est en fait un parallèle entre la compétition et la guerre. Ce personnage Reibel Schumacher est aussi présent dans une autre histoire pour laquelle l'auteur s'est inspiré du film 60 secondes chrono et dans laquelle ces références dédramatisent de nouveau la situation de départ qui est des plus sérieuses. Parmi les autres références utilisées on notera La grande évasion dans l'histoire du même nom pour laquelle le stratagème employé par les fugitifs vient de nouveau désamorcer le sérieux de la situation ; ou encore La guerre des mondes d'H.G. Wells (même si l'auteur a plutôt pris le film réalisé par Byron Haskin comme modèle) dans laquelle c'est au tour d'une équipe de télévision et des différents protagonistes de rendre une énorme menace moins effrayante. Dans une autre histoire encore, c'est le surnaturel qui vient détendre l'atmosphère en amenant une explication farfelue à la présence d'un lieutenant à plusieurs endroits éloignés les uns des autres d'un même champ de bataille. Sûrement un clin d'oeil à la difficulté de savoir qui était où dans la confusion des combats.

L'ouvrage se fini sur quelques notes et dessins (toujours en couleur) de l'auteur présentant le mecha design des loaders et autres tanks.
En conclusion Another World War II est pour moi une découverte fort agréable et moins légère qu'elle n'en a l'air au premier abord.
J'ai pris plaisir à lire cet ouvrage et attends d'autres oeuvres du même auteur.


Note : 15,5.

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