banniere

Retour

L'Arcane des Epées (cycle) : 5 Commentaires

* Genre

L'Arcane des épées, ou "Du Svardenvyrd" en rimmersleute, est un cycle de fantasy en 8 tomes. C'est un style de fantasy bien particulier, que l'on pourrait qualifier de "réaliste". Que peut vouloir dire "réaliste" alors même que l'on parle de magie, de dragons ? Tout simplement que ce monde, sorti de l'imagination foisonnante de l'auteur, suit aussi ses règles bien précises, pour la plupart semblables aux nôtres, si l'on excepte des différences précises qui font son originalité. Le regard porté sur le métier des armes à l'époque, sur les conditions de paysan, de fermier ou même de sans-abri, sur les inconvénients d'une chevauchée à cheval ou d'un voyage en solitaire est d'une acuité rare. Au résultat, on obtient forcément quelque chose de très dur. On est loin des visions idéalisées et rêveuses qui ne prennent que le bon côté de toutes ces choses, comme il est si fréquent d'en rencontrer dans ce genre d'oeuvres. Elle se place donc en opposition quasi totale avec les odes à l'héroïsme de l'héroic fantasy. Car après avoir lu L'Arcane des épées, vous ne souhaiterez plus jamais être un héros... Et Simon est d'ailleurs la plupart du temps bien plus proche de l'anti-héros que d'autre chose.

* Scénario

Le mot qui me vient à l'esprit en y repensant est "béton" ; bien ficelé, plein de surprises, et ce, jusqu'aux dernières pages du huitième tome. Il est d'autant plus imprévisible que l'on peut véritablement s'attendre au pire dans chaque situation. Tad Williams n'hésite pas à faire mourir des personnages qui paraissent d'une importance capitale, et ce dès le premier tome. L'une de ses habitudes les plus éprouvantes pour le lecteur est de faire monter l'espoir pour les héros, jusqu'à ce que l'on soit persuadé que plus rien ne peut arriver de mauvais sur cette partie de l'histoire, avant d'éteindre ledit espoir et de noircir encore plus le tableau général... Et lorsqu'un heureux évènement se produit, on est tout autant déstabilisé car l'auteur ne nous y a pas habitué. ^ ^
On sent en relisant l'oeuvre que tout a été pensé depuis le départ. Des tas de petits détails, annonciateurs parfois du dénouement, sont présents dès les premiers tomes mais ne peuvent êtres perçus et compris qu'après avoir lu la fin... La relecture est donc tout aussi intéressante, et si vous avez déjà lu L'Arcane des épées, je ne puis que vous conseiller de la lire une seconde fois, vous serez certainement assez surpris...

* Caractère des personnages

L'Arcane des épées oppose en permanence deux mondes très différents : celui des "puissants", composés de Ducs, Seigneurs, Comtes, Marquis, Princes et autres Rois, et celui des "faibles", c'est-à-dire servantes, fermiers, mais aussi soldats, bûcherons... Les personnalités des premiers, rompus pour la plupart aux ruses de l'art politique, sont plutôt tortueuses et déroutantes, leurs buts souvent difficiles à cerner (Eolair et Aspitis en sont des exemples frappants, sans parler du comte Streàwe). Celles des seconds sont bien plus simples. Il y a bien entendu des exceptions dans les deux groupes, comme le simple et direct duc Isgrimnur par exemple, ce qui fait que l'on ne sombre pas non plus dans la généralisation.
Lorsque des personnes des deux cercles sont obligées de voyager ensemble, cela donne donc lieu à des rapports parfois un peu déroutants. Au-delà de leur complexité, ce sont des gens comme vous et moi, rêveurs, terre à terre, prompts à la colère, flegmatiques, énergiques et souvent leur personnalité n'est pas simplement là pour meubler mais sert directement le scénario principal à un moment ou à un autre, et ce même pour les personnages secondaires.

* Sentiments

Aah, l'amour, la haine... ^ ^ Ils sont abordés ici avec le même sérieux que le reste. Personnages bourrus et peu démonstratifs, rongés par de vieilles haines ou aveuglés par des préjugés racistes, tout semble devoir séparer les différents compagnons de voyage, qui devront alors réellement réapprendre à être ensemble, à surmonter leur inimitiés séculaires, car la réussite n'aura de cesse de passer par la confiance respective. Dans la nuit noire, les amis semblent soudain les seules personnes sur qui l'on peut encore compter...

* Qualité du background

Puisque l'on y coupera pas, autant s'en débarrasser tout de suite : la traditionnelle comparaison avec les Terres du Milieu des oeuvres de Tolkien. Le background est ici bien moins détaillé. Cependant, le monde créé par Williams n'en est pas pauvre pour autant, bien au contraire : il est simplement assez simpliste, puisqu'il ne montre qu'un territoire relativement réduit. L'oeuvre laisse planer l'incertitude sur les autres régions de ce monde, comme les terres natales des Sithis et des Norns, sur leur histoire. Elle laisse presque totalement dans l'ombre certains peuples, comme les Tinukeda'ya (Dwarrows et Niskies), qui est pourtant à mon avis avec les Qanucs le peuple dont il aurait été le plus intéressant de parler. Des tas de pistes sont ainsi à peine dévoilés, peu exploités, mais elles sont tout de même présentes, et ce qui est révélé au cours du récit sur les terres d'Osten Ard est bien assez consistant pour donner du poids au récit. Simpliste donc, mais très complexe dans cette même simplicité...

K.O.Ru

Précédent